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Full text of "Numismatique. Égypte ancienne .."

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COLLECTIONS  G.  DI  DEMETRIO 


NUMISMATIQUE 


COLLECTIONS  GIOVANNI  BI  DEMETRIO 


NUMISMATIOIIE 


EGYPTE  ANCIENNE 


PREMIERE    PARTIE 


MONNAIES  DES  ROIS 


F.  F  EU  ARDENT 


~-CL5-eXS^- 


PARIS 

HOI.LIX  ET  KEUAEDENT,   12.  RUE  VlVIKNxNE 

Mf.ME    .MAISON    A    LONDRES  :    IHVMAIIKKT,    27 


La  collection  de  monnaies  antiques  dont  nous 
publions  le  catalogue  appartient  à  un  négociant 
grec  amateur  d'objets  d'art  et  de  science  qui 
depuis  plusieurs  années  habite  l'Egypte  qui  a 
bien  voulu  nous  confier  le  travail  de  la  classifi- 
cation des  médailles  égyptiennes (1). 

Son  but  a  été  de  fournir  les  éléments  d'un 
catalogue  sérieux  et  méthodique,  pouvant  être 
utile  aux  savants  et  même  aux  artistes.  Il  nous  a 
recommandé  surtout,  de  nous  aflfranchir  de  ces 
pratiques  adoptées  par  un  grand  nombre  d'ama- 
teurs qui,  sous  forme  de  catalogue,  font  rédiger 


(1)  La  S(^rie  comprenant  les  monnaies  de  tontes  les  autres  parties 
du  monde  connu  des  anciens  est  encore  plus  importante  que  colle 
que  nous  de'crivons.  La  collection  Duprc^,  célèbre  à  si  juste  titre,  est 
déjà  dépassée  ;  celle  de  M.  Démétrio,  promet  dans  un  avenir  très- 
prochain,  d'être  l'égale  des  collections  les  plus  célèbres.  La  rédaction 
du  catalogue  a  été  confiée  au  fils  d'un  des  antiquaires  les  plus  émi- 
nents  de  l'époque  contemporaine. 

I 


VI 


en  réalité  des  notices  succinctes,  destinées  à  faire 
ressortir  la  valeur  et  la  rareté  des  pièces  impor- 
tantes . 

M.  Giovanni  di  Demetrio,  ne  pouvant  à  cause 
de  la  distance  qui  le  sépare  de  la  France,  mettre 
sa  collection  à  la  disposition  de  tous,  tient  ce- 
pendant à  établir  qu'il  n'a  pas  agi  dans  un  but 
égoïste  en  acquérant  tant  do  merveilles.  Il  le 
prouve  par  la  publication  de  nombreuses  plan- 
ches gravées,  qui  reproduisent  les  spécimens  les 
plus  remarquables  de  la  suite  égyptienne.  Si 
notre  texte  doit  subir  le  sort  des  publications  de 
nos  devanciers,  ce  qui  n'aurait  rien  d'étonnant, 
en  une  matière  aussi  discutable  que  cette  partie 
de  la  numismatique,  les  figures  dont  M.  Deme- 
trio n'a  voulu  épargner  ni  le  nombre  ni  la  con- 
sciencieuse exécution  (1),  resteront  du  moins 
comme  un  témoignage  de  ce  qu'un  chercheur  pas- 
sionné peut  faire  pour  la  science.  Le  catalogue. 


(1)  Non -seulement  M.  Demetrio  montre  le  plus  grand  désintéres- 
sement en  mettant  tout  le  monde  à  même  de  connaître  les  rirhesses 
qu'il  possède,  mais  encore  il  n"a  reculé  devant  aucun  sacrifice  pour 
cjue  les  types  des  médailles  soient  rendus  aussi  parfaitement  que 
possible;  il  a  chargé  un  de  nos  artistes  des  plus  distingués,  un  des 
doyens  de  l'art  de  la  gravure  en  France,  M.  A.  Masson,  connu 
de  tous  par  ses  nombreuses  planches,  de  la  chalcographie  et  aussi 
par  toutes  nos  expositions  annuelles  depuis  plus  de  vingt  ans.  Selon 
nous,  et  au  dire  de  tous  les  savants  numismatistes  auxquels  nous 
avons  soumis  ses  planches,  l'artiste  s'est  admirablement  acquitté  de 
la  mission  qu'il  avait  à  remplir;  nul  doute  que  des  travaux  plus  im- 
portants dans  le  même  genre  ne  lui  soient  confiés  parla  suite. 


—  vn 


dans  ce  qu'il  a  de  caractéristique  par  les  mar- 
ques de  la  plastique  égyptienne,  restera  comme 
un  (les  ouvrages  illustrés  les  plus  utiles  aux  sa- 
vants. 

Les  personnes  qui  s'occupent  de  l'art  moné- 
taire antique,  trouveront  dans  l'étude  des  types 
fis'urés,  le  moven  facile  d'être  initiées  à  cet  art 
égyptien  qui,  limité  pour  nous  à  ses  derniers  sou- 
verains, est  encore  enveloppé  des  mystères  quasi 
hiéroglyphiques  dont  aimait  à  s'entourer  ce  grand 
peuple  de  l'antiquité. 

En  entreprenant  la  publication  d'un  catalogue 
détaillé  des  monnaies  des  rois  d'Egypte,  depuis 
la  conquête  grecque,  nous  ne  nous  sommes  pas 
dissimulé  que  la  tâche  était  des  plus  ardues.  Nous 
avons  souvent  regretté  notre  complète  ignorance 
des  langues  de  la  haute  antiquité;  le  sujet  si 
riche  que  nous  abordons  aurait  pu  nous  fournir 
l'occasion  de  tenter  la  création  d'un  livre  numis- 
matique sérieux.  Nous  avons  pensé  qu'à  défiiut 
de  science,  notre  longue  pratique  dans  l'obser- 
vation de  ces  monuments  de  l'histoire,  nous 
aiderait  peut-être  à  jeter  un  nouveau  jour  sur 
le  classement  de  la  série  égyptienne. 

On  sait  que  jusqu'en  ces  derniers  temps,  la 
classification  des  monnaies  de  la  dynastie  des  La- 
gides,  était  resté  presque  à  l'état  de  chaos  ;  tous 
les  savants  qui  ont  essayé  d'éclairer  la  question. 


—    VIII 


nous  paraissent  s'être  laissés  de  plus  en  plus 
entraîner  dans  l'erreur  et  n'avoir  fait  que  suivre 
la  routine  dans  leurs  livres  et  dans  leurs  catalo- 
gues. Nous  ne  confondons  pas,  cependant,  au 
nombre  de  ces  compilateurs,  plusieurs  savants 
contemporains  ,  comme  MM.  Lenormant  père  et 
fils  ,  et  surtout  M.  R.  Stuart  Poole,  conservateur 
du  musée  britannique, et  M.  J.  P.  Six  d'Amster- 
dam (1).  Ces  deux  derniers  savants  nous  parais- 
sent avoir  étudié  les  textes  et  surtout  les  monu- 
ments, avec  un  esprit  de  critique  remarquable; 
nul  doute  que,  leurs  recherches  une  fois  publiées, 
nous  ne  soyons  définitivement  en  possession  d'un 
classement  certain  et  logique  de  cette  suite  nom- 
breuse de  monnaies  que  l'on  peut  considérer 
comme  une  des  plus  riches  de  la  numismatique 
antique. 

Comme  nous  le  disions  plus  haut,  le  classe- 
ment rationnel  des  monnaies  qui  nous  occupent, 
encore  très-incomplet  et  discutable,  nous  a  paru 
pouvoir  être  tenté  comme  suite  chronologique  et 
surtout  comme  recherche  de  caractères  de  têtes 


(I)  M.  Stuart  Poole,  a  déjà  publié  dans  le  Nuniismatic  Chronicle, 
de  1864  à  1866,  sept  articles  très-savants  sur  le  commenceraeut  des 
rois  Lagides  de  Soter  à  Phjscon;  M.  Six  seulement  une  petite  bro- 
chure en  hollandais  ;  mais  il  a  démontré  dans  une  dissertation  très- 
importante  intercalée  dans  un  des  articles  de  M.  R.  S.  Poole,  qu'il 
était  passé  maître  dans  l'art  d'écrire  en  très-bon  français  et  aussi 
dans  la  parfaite  connaissance  des  monnaies  d'Egypte  et  des  textes  de 
l'histoire  ancienne. 


—  IX    — 


différentes  dans  un  type  complètement  immobi- 
lisé. Ce  classement,  nous  ne  nous  le  dissimulons 
pas,  est,  non-seulement  une  difficulté,  mais  pres- 
que assurément  un  écueil  ;  nous  craignons  même 
qu'on  ne  nous  accuse  plus  tard  d'avoir  précipité 
la  question  dans  de  nouveaux  embarras,  mais 
nous  serions-nous  trompé  sur  certains  points 
en  litige  (et  hélas  !  il  faut  l'avouer,  tout  nous  a 
paru  être  complètement  contestable),  que  nous 
nous  applaudirions  d'avoir  affirmé  par  nos  re- 
cherches le  classement  réel  de  quelques  règnes 
restés  dans  les  énigmes  du  passé.  Dussions-nous 
avoir  échoué  dans  nos  prétendues  découvertes, 
nous  aurons  du  moins  jeté  quelques  lumières  sur 
la  classification  artistique  de  ces  grandes  époques 
d'émissions  monétaires.  Nous  pensons,  répétons- 
le,  à  défaut  de  la  connaissance  des  textes  origi- 
naux, avoir  scrupuleusement  observé  la  valeur 
des  travaux  plastiques,  la  nature  et  la  spécialité 
des  métaux  ;  bref,  nous  croyons  en  homme  du 
métier,  pouvoir  participer  à  ce  précieux  travail 
de  reconstruction  chronologique  qui  préoccupe 
tant  notre  époque,  et  avoir  pu  apporter  notre 
pierre  à  cette  grande  œuvre  qui  tend  à  déterminer 
les  époques  réelles  de  la  grandeur  et  de  la  déca- 
dence de  l'art  monétaire  chez  la  nation  mère  de 
la  civilisation. 

Il  y  a  sept  ans,  avant  d'entreprendre  le  travail 


X    — 


que  nous  avons  publié,  sur  les  médailles  grecques 
denotrefonds(l),nous  avions  déjà  tenté  de  clas- 
ser les  monnaies  des  rois  d'Egypte,  cela  en  partie 
d'après  les  travaux  connus  alors;  nous  avions 
déjà  indiqué  par  plusieurs  notes,  que  les  classe- 
ments ndoptés  nous  paraissaient  erronés  ;  qu'il 
était  à  peu  pris  impossible  de  les  suivre  ;  et  ce- 
pendant une  partie  de  nos  rectifications  n'étaient 
que  de  nouvelles  fautes  à  ajouter  aux  autres. 
Les  grandes  découvertes  signalées  depuis  por 
MM.  Poole  et  Six,  l'ont  prouvé  suffisamment. 
Des  trouvailles  très-importantes  de  pièces  d'ar- 
gent et  de  'bronze,  faites  depuis  cette  époque 
(trouvailles  qui  sont  encore  aujourd'hui  presque 
intégralement  entre  nos  mains),  sont  également 
venues  renverser  nos  attriljutions;  mais  aussi 
elles  nous  ont  fait  entrevoir  sous  un  jour  tout 
nouveau,  le  classement  de  cette  si  intéressante 
série  de  rois,  par  règnes  et  même  par  date  de  ces 


règnes. 


Pour  arriver  à  des  résultats  sérieux,  nous 
avons  employé  une  méthode  complètement  en 
dehors  des  procédés  scientifiques  en  usage  jus- 
qu'ici. 

La  collection  de  ^L  G.  di  Demetrio  était  classée 


(1)  Catalogue  d'une  collection  des  roiset  villes  de  rancienne  Grèce, 
1  fort  vol.  in-18,  donnant  la  description  de  plus  de  10,000  médailles. 
Paris,  1862. 


XI 


selon  l'ancien  système,  nous  en  avons  confondu 
pêle-mêle  toutes  les  pièces,  que  nous  avons 
réunies  en  un  seul  tas  !  Celui  qui  nous  eut 
observé  opérant  une  telle  confusion  de  types  et  de 
têtes  sur  une  des  plus  belles  suites  de  pièces 
égyptiennes  que  put  posséder  un  simple  parti- 
culier, et  qui  serait  digne  d'un  musée  de  souve- 
rain, nous  eut  traité  certainement  de  vandale  (1). 
Nous  avons  ensuite  procédé  au  classement  par 
caractère  de  physionomies,  de  la  tête  perpétuée 
de  Ptolémee  Soter,  et  nous  avons  cru  distinguer 
seize  types  parfaitement  différents,  (jue  nous 
avons  cependant  fini  par  réunir  en  douze  groupes 
ou  règnes  très-distincts.  Cet  arrangement  ainsi 
fait,  en  suivant  très-minutieusement  la  dégrada- 
tion du  travail  artistique,  car  sans  une  observation 
minutieuse  de  la  grandeur  et  de  la  décadence 
de  l'art,  la  classification  de  cette  série  de  rois 
H  un  tyiie  immobilisé,  parait  impossible,  nous 
avons  aussi  tenu  généralement  compte  de  la  na- 
ture et  des  alliages  du  métal,  etc.,  nous  avons 
étudié  avec  le  plus  grand  soin  les  dates  inscrites 
sur  chacune  des  pièces  ;  nous  les  avons  rappro- 
chées, répétons-le,  des  nombreuses  trouvailles 
rangées  dans  nos  cartons.  Tout  cela  nous  a  paru 


(1)  Plus  de  cinq  cents  pièces  seulement  pour  la  série  des  roi?, 
celle  des  NJmes  et  des  empereurs  frappe'e  à  Alexandrie  étant  compo- 
sée de  près  de  trois  mille  pièces. 


XII 


former  un  classement  certain,  et  c'est  celui  que 
nous  venons  proposer  aujourd'hui. 

Ce  résultat  nous  donne  cependant  lieu  de 
croire  que  nous  avons  constaté  un  fait  qui  restera 
acquis  :  c'est  que,  presque  toutes  les  dates  obser- 
vées sur  les  pièces,  concordent  exactement  avec 
la  durée  de  chacun  des  règnes  relatés  par  l'his- 
toire. Nous  Rivons  eu  soin  de  mentionner  ces 
preuves  dans  des  notes  placées  à  chaque  règne 
aux  dates  correspondantes.  Le  travail  d'art  se 
dégrade  aussi  très-visiblement  depuis  le  premier 
Ptolémée  jusqu'à  la  dernière  Cléopàtre;  ces  rap- 
prochements nous  paraissent  amener  à  une  con- 
clusion décisive,  comme  classement  méthodique 
et  simplifié;  quelques  séi'ies  sont  cependant 
restées  encore  pour  nous  à  l'état  de  doute.  Nous 
citerons  les  dates  des  premières  années  du  règne 
d'Arsinoé  Philadelphe,  cinq  ou  six  pièces  seule- 
ment ,  des  deux  Evergètes  ,  d'Epiphane  et  des 
deux  fils  d'P>ergète  II  pendant  qu'ils  régnaient 
ensemble,  l'un  en  Chypre,  l'autre  en  Egypte  ; 
mais  les  seules  pièces  réellement  embarrassantes 
comme  attribution  sont  les  numéros  418  et  sui- 
vants jusqu'à  436.  Ces  monnaies  sont  d'un  style 
diamétralement  opposé  à  celles  de  Soter  II,  ou 
d'Alexandre  son  frère,  elles  ont  un  peu  de  la 
manière  de  fabrique  de  celles  d'Aulètes;  mais  si 
elles  sont  de  ce  prince,  elles  ont  àù  être  émises 


XIII 


par  un  atelier  très-éloigné  du  centre  de  la  civi- 
lisation. Nous  avons  d'abord  pensé  à  les  attri- 
buer à  Soter  II  pendant  son  long  exil;  mais  à 
l'époque  mentionnée  par  les  dates  inscrites  sur 
ces  médailles,  ce  souverain  était  en  Phénicie.  Or, 
ni  le  travail  artistique,  ni  la  nature  du  métal  ne 
peuvent  faire  supposer  qu'elles  aient  été  frappées 
dans  cette  contrée.  Si  les  dates  étaient  plus  rap- 
prochées, nous  pourrions  suppaser  et  même  ad- 
mettre franchement  que  ces  monnaies  auraient 
été  frappées  par  le  frère  de  la  célèbre  Cléopâtre 
(la  fabrique  et  la  nature  du  métal  d^s  pièces  datées 
20  à  23,  nous  font  présumer  que  leur  émission  est 
tout  à  fait  contemporaine  de  ce  dernier  souverain); 
mais  ce  jeune  prince  n'a  régné  que  quatre  années, 
tandis  que  le  Ptolémée  qui  nous  occupe  aurait 
régné  au  moins  vingt-trois  ans.  Nous  avons  donc 
été  forcé  de  grouper  ces  pièces  à  la  fin  de  la  série  ; 
nous  ne  doutons  pas  qu'un  jour  on  ne  trouve  un 
document  éclaircissant  ce  point  litigieux.  De  nou- 
velles découvertes  sont  donc  préparées  aux  sa- 
vants qui  sauront  dire  le  dernier  mot  sur  une 
foule  de  problèmes  restés  sans  solution. 

Notre  classement  achevé,  nous  avons  voulu 
avant  d'en  entreprendre  la  publication,  lire  tout 
ce  qui,  à  notre  connaissance,  avait  été  écrit  sur 
le  même  sujet  depuis  les  grands  numisraatistes 
des  siècles  précédents. 


XIV 


Vaillant  nous  a  semblé  plein  de  sagacité,  lors- 
qu'il s'efforçait  de  grouper  les  statères  d'argent 
par  caractères  de  tètes;  c'est  à  peu  près  cette 
idée  que  nous  tentons  de  suivre  aujourd'hui  ;  si 
ce  savant  avait  possédé  toutes  les  variétés  de 
monnaies  de  cette  série  que  nous  connaissons 
actuellement,  il  aurait  certainement  jeté  les 
fondements  sérieuN  d'une  monographie  complète. 

Ceux  qui  sont  venus  après  lui  auraient  dû 
suivre  le  côté  pratique  de  cette  idée,  c'est-a-dire 
le  classement  par  types.  Ils  ont  ni;ilheureusement 
presque  tous  fait  fausse  route,  en  déterminant 
seulement  le  classement  géographique  aux  ate- 
liers de  Cifluïii,  Pa/j/tos  et  Salamiiic  de  l'île  de 
Chypre;  Pellerln,  le  successeur  de  Vaillant,  dé- 
cidait avec  raison  ne  vouloir  tenir  aucun  compte 
de  ces  attributions.  Il  ne  pouvait  admettre  que 
les  dix-neuf  vingtièmes  des  monnaies  d'argent 
portant  le  nom  des  derniers  Ptolémées  aient  été 
frappés  en  Chypre.  Il  proposait  au  liea  des  trois 
villes  citées  de  cette  ile  ;  Panojwlis  et  Sais,  villes 
de  l'Egypte,  pour  les  pièces  portant  les  abrévia- 
tions MA  et  -A  ;  quant  à  celles  avec  Kl,  il  avouait 
ne  trouver  aucune  localité  pouvant  les  revendi- 
quer. Nulle  raison  majeure  n'autorisait  cepen- 
dant à  repousser  complètement  ce  nouveau  clas- 
sement. Qui  ne  sait  que  la  plupart  des  villes 
importantes  de   l'antique    Egypte  surtout,  sont 


—    XV   — 


restées  de  nos  jours  complètement  inconnues. 
Et  lorsque  nous  consultons  les  géographes  an- 
ciens et  modernes,  nous  sommes  étonnés  de  voir 
un  nombre  aussi  restreint  de  localités  citées  chez 
cette  nation  si  populeuse,  si  riche  et  l'une  des 
plus  puissantes  de  rantif|uité  ;  personne  n'ignore, 
que  chaque  jour,  les  inscriptions  et  la  numis- 
matique nous  restituent  des  noms  de  cités  com- 
plètement inconnues  dans  les- auteurs  anciens; 
nous  même,  dans  ce  petit  travail,  nous  enrichis- 
sons la  géographie  du  n(im  exact  du  Nôme,  Nè- 
si/k'S,  ville  assez  importante  pour  que  l'empereur 
Hadrien  ait  conservé  le  nom  de  cette  localité 
sur  une  monnaie  avec  l'effigie  impériale.  Nous 
pensons  aussi  avoir  découvert  à  l'aide  d'une 
monnaie  de  Cléopàtre  la  date  positive  de  l'ère  de 
Baryte. 

Eckhel,  le  grand  savant ,  l'ancêtre  de  tous  les 
numismatistes  contemporains  ,  ce  colosse  en  fait 
de  classification  (Doctn'na  Ntan.  tv^,  tome  iv, 
page  25),  semble  adopter  les  vues  de  Pellerin, 
mais  il  n'ose  se  prononcer  d'une  manière  positive 
sur  le  différend  en  litige  entre  ses  deux  savants 
prédécesseurs. 

Visconti,  dans  sa  célèbre  Iconociraphie  grec- 
que, a  vainement  essayé  le  classement  par  ordre 
des  nombreux  souverains  de  cette  dynastie.  Ici 
encore  le  savant  archéologue  semble,  contre  son 


XVI    - 


habitude,  n'avoir  étudié  les  types  que  d'après  les 
livres;  son  classement  est  aujourd'hui  justement 
bouleversé  de  fond  en  comble;  un  seul  coup  d'oeil 
jeté  sur  ses  planches  suffit  pour  démontrer  le  peu 
de  discernement  artistique  employé  pour  sa  clas- 
sification ,  et  nous  citerons  seulement  comme 
exemple,  les  grands  et  beaux  statères  d'or  qu'il 
a  donnés  aux  derniers  Ptolémées  et  surtout  la  Sé- 
lènè  (pi.  54,  n°  17  et  page  599,  édit.  in-f°).  Cette 
pièce  de  Séléné  est  la  même  médaille  que  nous 
attribuons  à  Bérénice  II(n°228).  Tous  les  auteurs 
modernes  ont  donné  à  cette  même  reine  et  cela 
par  analogie  de  caractère  de  tète,  les  pièces  que 
nous  publions  pi.  IV,  n"*^  227  et  230.  Il  est  évident 
que  le  travail  d'art  est  de  beaucoup  antérieur  à 
l'époque  où  ces  pièces  se  trouvent  classées,  et  on 
est  en  droit  de  se  demander  comment  les  savants 
qui  les  ont  publiées  avant  et  depuis  Yisconti.  n'ont 
pas  vu  le  peu  de  probabilité  d'une  telle  attribu- 
tion. Il  était  crès-important  en  effet,  de  décou- 
vrir un  pareil  nom  dans  la  série  des  Lagides , 
mais  c'est  en  perpétuant  de  telles  erreurs,  que 
l'on  fausse  souvent  les  classements  ;  et  cette 
pièce,  surtout  aussi  mal  attribuée  a  peut-être 
maintenu  dans  la  mauvaise  route,  quantité  de^ 
numismatistes. 

Mionnet  n'a    rédigé  pour  la    suite   des   rois 
égyptiens,   qu'un   catalogue  conçu  avec  le  soin 


XVII 


minutieux  qu'il  apportait  dans  toutes  ses  des- 
criptions de  médailles  antiques. 

Le  célèbre  Letronne,  l'un  des  hommes  les  plus 
savants  de  notre  époque,  a  publié  dans  la  Revue 
de  numismatique  française,  année  1843,  un 
article  très-curieux  sur  plusieurs  règnes  de  cette 
série;  il  a  prouvé  dans  ses  attributions  des 
monnaies  des  Ptolémées  XI  et  XII,  qu'il  possé- 
dait une  très-grande  érudition,  mais  il  adémontré 
qu'il  n'appréciait  pas  suffisamment  les  monu- 
ments qu'il  décrivait.  Numismatiste  savant  d'a- 
près les  livres,  il  ne  se  trompait  que  de  deux 
siècles  seulement  sur  les  époques  d'émission 
de  ces  monnaies  :  Doctus  cura  lihro. 

Ainsi  que  nous  l'avons  fait  observer  page  viij, 
les  travaux  les  plus  importants  en  ces  derniers 
temps  et  qui  ont  eu  un  grand  retentissement 
parmi  les  archéologues,  sont  ceux  de  MM.  Char- 
les et  François  Lenormant.  Le  premier,  dans  le 
Trésor  de  mimismatique  et  de  glyptique  (1);  le 
second,  dans  la  Revue  numismatique  fran- 
çaise (2).  Ce  dernier  travail  est  d'une  grande 
importance,  il  est  rempli  de  très-savantes  recher- 


(1)  Rois  Grecs,  pages  160  à  170  et  pi.  81  à  89. 

(2)  Années  1853,  1854  et  1855,  et  aussi  en  publication  spéciale  sous 
ce  titre  :  Essai  sur  le  classement  des  monnaies  d'argent  des  Lapi- 
des. Blois  1855,  1  vol.  8.  pi.  C'est  cette  dernière  publication  que 
nous  citerons. 


—   XVIII    — 


ches  ;  la  partie  géographique  y  est  traitée  de  main 
de  maître;  mais  en  ce  qui  concerne  les  attributions, 
par  règnes  et  le  classement  des  monogrammes 
parvilles, quantité  de  noms  semblent  impossibles. 
M.  François  Lenormanty  afaitbriller  encore  plus 
d'imagination  que  n'en  dépensa  son  père  dans  cer- 
tains travaux  nuraismatiques.Le  classement  suivi 
par  ces  deux  archéologues  a  été  respecté  jusqu'à 
ce  jour  dans  les  cartons  du  Cabinet  impérial  ;  cet 
ordre  méthodique,  il  faut  le  reconnaître,  était 
certes  des  plus  ingénieux.  Une  connaissance  plus 
parfaite  des  époques  d'émission,  une  légère  trans- 
position d'un  seul  groupe,  celui  du  règne  d'Au- 
lètes,  (les  pièces  avec  le  lotus  devant  l'aigle),  et  le 
jour  se  fût  fait  certainement  sur  plus  de  la  moitié 
des  règnes,  surtout  sur  ceux  de  la  fin  de  la  dy- 
nastie. 

Il  eût  été  très-facile  pour  nous  de  suivre 
M.  F.  Lenormant,  dans  ses  attributions  à  des 
villes  alliées,  pour  les  pièces  portant  plusieurs 
monogrammes.  Notre  catalogue  eût  paru  beau- 
coup plus  intéressant,  eton  aurait  pu  lui  attribuer 
une  grande  importance  pour  les  règnes  des  deux 
premiers  Ptolémées;  mais  hélas,  l'invraisem- 
blance de  notre  travail  eût  élé  démontrée  par  un 
grand  nombre  de  monogrammes.  Il  nous  eût  été 
impossible  de  fournir  des  motifs  raisonnables 
pour  Justifier  les  alliances  entre  tant  de  cités  et 


XIX 


les  monarques  égyptiens.  En  effet,  comment 
expliquer  ces  témoignages  de  fédération  officielle, 
ces  liens  de  solidarité  et  ces  gages  d'autonomie 
entre  des  rois  puissants  comme  les  fondateurs  de 
cette  dynastie  et  des  villes  soumises  à  l'entière 
domination  des  mêmes  princes?  Le  nom  du  roi 
inscrit  en  toutes  lettres  sur  chacune  de  ces  mon- 
naies, n'était-il  pas  une  assez  grande  autorité 
pour  que  les  pièces  fussent  admises  dans  toute 
l'étendue  de  ses  possessions. 

En  principe,  le  système  de  l'alliance  des  villes 
avait  pour  but  de  donner  un  cours  régulier  aux 
monnaies,  mais  ces  conventions  monétaires  ne  se 
constatent  que  dans  des  cités  libres  ;  et  encore 
dans  toute  l'antiquitéon  ne  rencontre  ces  faits  que 
sur  quelques  points  de  la  grande  Grèce  et  de  l'Asie 
mineure,  et  cela  à  de  très-rares  exceptions  et  sur- 
tout entre  villes  tout  à  fait  voisines  qui  étaient 
naturellement  portées  à  s'entr'aider  par  un  cours 
réciproque  d'échanges  journaliers;  plus  tard, 
sous  l'empire  romain,  ces  alliances  des  villes  de- 
vinrent très-fréquentes.-  On  peut  en  compter 
près  de  cent  exemples,  se  rapportant  à  des  loca- 
lités souvent  très-éloignées  les  unes  des  autres. 
Mais  ces  alliances  caractérisaient  plutôt  un 
échange  de  pure  courtoisie,  que  le  besoin  d'un 
trafic  commercial.  En  ce  temps.de  décadence,  les 
cités  s'adressaient  entre  elles  des  témoiernaeres  de 


XX    — 

flatterie  :  elles  aimaient  à  constater  sur  leurs 
monnaies,  les  noms  respectifs  de  leurs  villes.  Sou- 
vent aussi  la  personnification  mythologique  et 
héroïque  des  provinces  et  les  noms  des  localités 
inscrites  sur  la  pièce  étaient  généralement  suivis 
de  03I0>'0IA.  Les  magistrats,  les  administrateurs 
locaux  s'adressaient  ainsi  des  témoignages  de 
politesse  réciproques. 

A  cette  époque,  la  valeur  des  monnaies  d'ai- 
rain se  calquait  généralement  sur  le  système 
monétaire  romain  ;  celles-ci  avaient  cours  dans 
les  provinces  limitrophes,  qu'elles  portassent  ou 
non  les  titres  des  villes  alliées.  La  domination 
romaine  avait  presque  imposé  le  cours  forcé  de  ses 
monnaies  dans  les  agglomérations  de  son  vaste 
empire.  Les  nombreuses  trouvailles  qui  nous  sont 
apportées  chaque  jour  le  prouvent  clairement. 

MM.  Lenormant,  nous  le  disions  plus  haut, 
avaient  à  peu  près  trouvé  le  classement  rationnel 
de  la  série  qui  nous  occupe.  Si  M.  F.  Lenormant 
surtout,  s'était  abandonné  à  ses  seules  inspira- 
tions, oubliant  les  recherches  de  ses  devanciers, 
il  eût,  sans  nul  doute,  répudié  ces  ères(l)  géné- 
ralement imaginaires  inventées  par  des  savants 


(1)  Ces  ères  chimériques  seront  suffisamment  expliquées  aux  règnes 
de  Philadelphe,  de  ses  deux  successeurs  et  surtout  à  ceux  de  Physcon 
d'Alexandre  et  d'Aulètes. 


XXI 


trop  fantaisistes,  et  fût  certainement  arrivé   à 
une  solution  sérieuse. 

Pour  nous,  les  dates  inscrites  sur  les  mon- 
naies d'Egypte  (1)  ne  sont  généralement  autre  chose 
que  les  dates  positives,  année  par  année,  du  règne 
de  chaque  souverain  ;  nos  recherches  dans  les 
ouvrages  déjà  publiés  et  surtout  dans  les  grands 
musées  nous  ont  suffisamment  démontré  la  jus- 
tesse de  ces  faits.  Nous  n'avons  trouvé  nulle  part 
une  seule  pièce  dépassant  d'une  année  la  durée 
des  règnes.  Pour  certains  souverains,  tels  que 
Physcon  et  Aulète  qui  furent  momentanément 
chassés  de  leur  royaume,  le  temps  que  dura 
cet  exil  est  témoigné  par  l'absence  de  monnaies  à 
leur  type. 

Ce  classement  rationnel  eût  aussi  amené  à 
découvrir  qu'il  était  de  toute  impossibilité  d'at- 
tribuer aux  ateliers  chypriotes  d'aussi  grandes 
émissions  de  numéraire,  et  à  admettre  avec  Pel- 
lerin,  etc.,  que  la  majeure  partie  de  ces  mon- 
naies avait  été  fabriquée  dans  des  ateliers  de 
l'Egypte,  ou  au  moins  dans  la  capitale  de  ce 
royaume. 

Comment  supposer,  en  effet,  que  pendant  plu- 
sieurs siècles  on  ait  transporté  tous  les  lingots 


(1)  Toutefois  eu  exceptant  les  monnaies  au  nom  de  Soter   portant 
des  dates  postérieures  à  Tannée  20  et  s'arrêtant  à  Tan  117. 

2 


—    XXII 

(" 


'argent,  de  l'Egypte  dans  Tile  de  Chypre  pour  y 
être  monnayés  ?  Comment  admettre  aussi  que  l'on 
ait  exposé  des  valeurs  aussi  considérables  aux 
dangers  de  la  navigation,  et  en  outre  de  ces 
risques,  quels  frais  énormes  n'aurait-on  j)as  eus 
à  supporter  ?  Cela  se  comprendrait  même  difti- 
cilement  pour  des  colonies  peu  importantes  ou 
barbares;  mais  pour  une  métropole  aussi  avan- 
cée en  civilisation  que  l'était  la  ville  d'Alexandrie, 
l'hypothèse  paraît  invraisemblable;  un  système 
aussi  exclusif  ne  nous  parait  même  pas  digne 
d'être  discuté. 

Nous  savons  parfaitement  que  l'iie  de  Chypre, 
ainsi  que  toutes  les  autres  provinces  dépendantes 
de  l'Egypte,  payait  de  très-forts  impôts  et  cela  en 
argent  monnayé  ;  des  documents  authentiques 
constatent  ce  fait  d'une  manière  indiscutable. 
Cependant,  nous  l'avons  dit  précédemment ,  il  ne 
nous  est  nullement  démontré,  même  en  présence 
de  ces  textes,  que  toutes  les  monnaies  d'argent 
aient  été  frappées  en  Chypre  ;  les  deux  tiers  des 
pièces  de  Physcon  et  surtout  celles  de  Soter  II, 
de  sa  mère,  de  son  frère  Alexandre  et  d'Aulète, 
sont  à  notre  avis  presque  toutes  de  fabrique 
égyptienne.  Que  l'on  veuille  bien  comparer  leur 
travail  avec  celui  des  autres  monnaies  des  villes 
voisines  de  l'ile  de  Chypre  et  avec  les  monnaies 
syriennes  des  époques  contemporaines  à  celles 


XXUI 


des  rois  d'Egypte,  et  notre  opinion  sera  probable- 
ment adoptée. 

Comment  aussi  admettre  que  sous  les  trois 
premiers  rois  de  cette  dynastie,  on  ait  frappé  hi 
plus  grande  partie  du  numéraire  d'argent,  spé- 
cialement en  Egypte  et  en  Pliénicie,  et  qu'une 
fois  cette  dernière  province  détachée  de  l'Egypte, 
on  ait  abandonné  et  fermé  les  ateliers  du  royaume, 
pour  donner  aux  Chypriotes  le  monopole  de  la  fa- 
brication des  monnaies  les  plus  répandues  ^  Ad- 
mettre une  pareille  théorie,  ce  serait,  disons-le 
encore,  reconnaître  que  le  grand  peuple  africain 
était  tombé  dans  la  plus  complète  barbarie.  Ici  en- 
core, les  trouvailles  des  monnaies  Lagides  vien- 
nent généralement  corroborer  notre  opinion.  Cha- 
cune des  découvertes  que  nous  avons  vues,  ou 
dont  on  nous  a  signalé  l'existence,  sont  toutes  de 
provenance  égyptienne  ;  les  pièces  avec  FIA  surtout 
y  abondent  et  jusqu'à  ce  jour  nous  n'avons  nulle 
mention  de  trouvaille  de  monnaies  d'argent  des 
Ptolémées  faite  dans  l'île  de  Chypre. 

Certes,  nous  sommes  cependant  très-éloigné 
de  refuser  une  importance  majeure  aux  ateliers 
de  cette  île  célèbre.  Le  voudrions-nous,  que  le 
travail  artistique  des  monnaies  ,  les  symboles  qui 
y  figurent  nous  donneraient  un  démenti  formel  ; 
nous  constatons  au  contraire  dans  le  cours  de 
nos  descriptions,  que  dans  cette  île,  on  a  non- 


XXIV    

seulement  frappé  des  pièces  d'argent  en  très- 
grande  quantité,  mais  encore  beaucoup  de  mon- 
naies d'or,  témoins  nos  n°^  195,  196,  197,  224, 
225,  231 ,  235  et  252 ,  etc.  Nous  admettons  aussi 
que  ces  émissions  pouvaient  parfaitement  sortir 
des  trois  ateliers  cités  :  Cithim,  Paphos  et  Sala- 
m/nc;  que  sous  les  premiers  rois  de  la  dynastie  les 
pièces  avec  Kl,  U\  et  lA  devaient  être  frappées 
très-vraisemblablement  dans  ces  trois  grandes 
villes, 'mais  que  plus  tard,  ces  marques  furent 
copiées,  du  moins  l'une  d'elles,  celle  aux  lettres 
HA  par  les  ateliers  alexandrins,  etc.,  et  qu'on  ne 
doit  admettre  comme  pièces  vraiment  chypriotes 
avec  ces  lettres  ILV  dans  la  basse  époque,  que  celles 
d'une  fabrique  particulière  et  justement  remar- 
quable, soit  par  la  rectitude  parfaite  dans  la  cir- 
conférence des  flans,  soit  qu'elles  portent  dans  le 
champ,  du  côté  de  l'aigle  des  signes  ou  sym- 
boles, comme  nos  n°'  252, 29G,  300, 301 ,  305,  347, 
348  ,  etc.  Ici  le  règne  d'Aulètes  est  complètement 
excepté;  le  symbole  qui  figure  sur  toutes  les  pièces 
que  nous  avons  classées  à  ce  souverain  ,  est  com- 
plètement égyptien,  et  la  médaille  d'argent  de  sa 
fille,  la  célèbre  Cléopàtre,  du  cabinet  impérial 
et  aussi  du  musée  britannique,  pièce  portant  le 
même  symbole  et  de  fabrique  identique.  Ces  mon- 
naies prouvent,  il  nous  semble,  d'une  manière 
incontestable,   que  malgré  les  lettres  ITA  qui  se 


lisent  sur  toutes,  elles  sont  cependant  bien  égyp- 
tiennes ;  on  se  rappellera,  en  effet,  qu'à  certaines 
dates  qui  y  figurent,  l'Ile  de  Chypre  était  déjà 
détachée  depuis  longtemps  des  domaines  des 
Lagides.  Nous  nous  permettons  d'insister  sur 
cette  interprétation;  pour  nous,  elle  est  capi- 
tale, puisqu'elle  doit  faire  triompher  ou  anéantir 
notre  système.  On  verra  surtout  aux  trois  der- 
nières Cléopàtres,  les  arguments  que  nous  four- 
nissons. 

En  résumé,  disons  encore  qu'il  nous  paraît 
impossible  que  le  pays  le  plus  riche  et  un  des 
plus  puissants  de  ce  temps,  ait,  h  sa  renais- 
sance, frappé  et  émis  d'immenses  quantités  de 
statères  d'argent,  soit  dans  sa  capitale,  ou  dans 
les  autres  grandes  villes  du  royaume,  et  se  soit 
laissé  déchoir  jusqu'à  cesser  de  produire  ce  mon- 
nayage et  cela  dans  un  temps  encore  très-pros- 
père ;  on  comprendrait  cela  à  l'époque,  où  sa 
splendeur  évanouie,  il  dut  subir  le  joug  des- 
potique de  la  domination  romaine,  mais  au  con- 
traire encore  à  cette  époque,  l'atelier  d'Alexan- 
drie continue  d'émettre  plus  de  monnaies  au  type 
impérial  que  tous  les  autres  peuples  de  l'Orient 
réunis,  et  cela  dura  encore  pendant  trois  grands 
siècles. 

Les  monnaies  chypriotes  comme  toutes  celles 
de  l'Asie  Mineure,  étaient  faites  avec  beaucoup 


—    XXVI   — 


d'art,  jusqu'au  premier  siècle  avant  J,-C,  Leur 
aloi  était  si  bon  qu'elles  durent  être  justement 
appréciées  et  recherchées  de  tous,  et  telle  fut  très- 
vraisemblablement  la  cause  qui  détermina  les 
Alexandrins  à  copier  leurs  types  et  même  les 
marques  de  fabrique.  Personne  n'ignore  qu'à  une 
des  époques  les  plus  célèbres  de  l'antiquité,  les 
monnaies  d'argent  d'Athènes  furent  pendant  des 
siècles  frappées  à  un  type  immobilisé,  et  qu'elles 
furent  exactement  imitées  jusques  sur  les  confins 
de  la  Phénicie.  Chez  nos  pères,  les  Gaulois, 
encore  pendant  plus  d'un  siècle  les  statères  d'or 
de  Philippe  de  Macédoine  fui-ent  servilement  re- 
produits, et  cela  par  presque  toutes  les  peuplades 
du  nord  au  midi  et  de  l'est  à  l'ouest.  Chez  un 
autre  peuple  non  moins  barbare,  les  Pannoniens. 
mêmes  faits,  mais  seulement  pour  les  tétradra- 
chmes  d'argent  du  même  règne  et  aussi  pour 
d'autres  drachmes  et  tétra drachmes  des  villes  de 
la  Thrace  et  de  la  Macédoine.  A  une  autre  époque 
encore  assez  ancienne,  sous  les  premiers  empe- 
reurs d'Orient,  leurs  monnaies  furent  copiées 
pendant  près  de  deux  siècles  dans  tout  l'Occident, 
avec  leurs  noms  et  titres,  et  de  plus  avec  les 
abréviations  du  nom  de  la  capitale  de  l'empire 
d'Orient,  COM.  OB.   (1)   Plus  tard  encore,  en 

(I)  M.  le  comte  de  Salis  prépare  en  ce   moment  un  grand  travail 
d'ensemblo    sur   cette  si    importante  série   de  monnaies.    Nous   ne 


—   XXVII 


France,  sous  les  premiers  carlovingieus,  la  mon- 
naie de  Charles  II  le  Chauve,  se  perpétua  pen- 
dant bon  nombre  de  règnes.  Sous  Hugues  Capet, 
on  frappait  encore  au  monogramme  carolin;  de 
là,  une  presque  impossibilité  de  distinguer  pour 
quantité  de  localités,  les  monnaies  des  règnes  de 
Charles  Chauve  avec  celles  de  Charles  le  Gros 
et  Charles  le  Simple.  Plus  tard  pendant  le 
XIII''  siècle,  il  en  fut  de  même  ;  le  type  tournois 
de  saint  Louis  fait  presque  le  tour  du  monde  ;  il 
est  copié  et  recopié  chez  tous  les  barons  de  TOc- 
cident,  et  même  par  les  princes  croisés  dans  les 
contrées  les  plus  éloignées  de  l'Orient.  Enfin, 
dans  lestemps  modernes,  sous  Henri  111, Henri  IV, 
Louis  XIII  et  même  Louis  XIV,  tous  les  petits 
seigneurs  français  et  étrangers  copient  encore 
à  l'envi  les  types  royaux,  parce  que  les  espèces 
qui  les  portaient  étaient  recherchées  par  le  com- 
merce. 

Il  nous  reste  encore  bon  nombre  d'arguments 
à  développer  pour  démontrer  la  justesse  de  notre 
classification  ;  mais  cette  introduction  étant  déjà 
d'une  longueur  inusitée,  nous  ne  pourrions  que 
fatiguer  la  patience  de  nos  lecteurs.  Nous  les 
jtrions  de  nous  excuser,  mais  nous  sommes  forcé 
de  continuer   nos  appréciations  sous  forme    de 


Joutons  pas  que  cette    publication    ne  produise  une  ve'iitable  re'vo- 
lutïou  dans  les  classements  suivis  jusqu'à  ce  jour. 


XXVIII    


notes  placées  à  chacun  des  l'ègnes,  surtout  à  la 
suite  des  descriptions  des  pièces  importantes. 
Nous  avons  essayé  de  le  faire  aussi  laconique- 
ment que  possible,  mais  cependant  de  façon  h 
démontrer  d'une  manière  positive,  le  système  que 
nous  avons  pris  à  tâche  de  faire  admettre. 


ARYANDES  (Satrape  d'Egypte) 

(Sons  Camliyse  et  Dariu'i  1"',  vers  ôiô  av.  J.-C.) 


Ce  satrape  célèbi'e  l'ut  de'sigue'  par  Cambyse,  pour  gouverner  l'E- 
gypte; les  riohesses  extraordinaires  qu'il  trouva  dans  ce  pays  1'^- 
blouirent  au  point  de  le  décider  à  s'y  rendre  complètement  indépen- 
dant. L'un  des  actes  les  plus  importants  de  son  autorité  fut  de  f:ire 
fabriquer  des  monnaies  d'argent  à  un  poids  et  surtout  à  un  titre 
supérieur  à  celles  de  son  souverain  le  roi  de  Pei-se  ;  de  là  une  faveur 
insigne  dont  jouirent  ces  monnaies  parmi  les  négociants  grecs  et 
phéniciens  qui  affluaient  à  Memphis.  Darius  se  vengea  cruellement 
de  la  témérité  d'Aryandès  en  le  faisant  mettre  à  mort.  Cet  acte  de 
légitime  répression  ne  corrigea  cependant  pas  les  satrapes,  collt^gues 
d';\ryandèa,dans  les  gouvernements  dos  autres  provinces  dépendantes 
de  la  monarchie  persane.  Ils  émirent  également  des  quantités  trés- 
considérables  de  numéraire,  en  concurrence  de  celui  des  rois  de 
Perse;  et  ceux-ci  ne  purent  arrêter  cette  révolution  monétaire  diri- 
gée contre  leurs  privilèges. 

].  —  Le  satrape  barbu,  anaé,  la  tète  couverte  d'une  mitre, 
avec  deux  ho[)lites  casqués  et  armés  de  boucliers,  dans  une 
galère  ayant  à  ra\ant  une  tète  de  cheval  et  voguant  vers 
la  gauche,  sous  cette  lialère,  un  hippocampe  allé,  a'iant 
également  à  gauche. 

r;.  —  Vautour  (en  relief)  battant  de-<  ailes  et  tenant  un  bé- 
lier dans  sesserres  (ce  bélier  en  creux.).  Poids  :  14  ofaniine>. 
(travée,  pi.  XI,  n.  1.  AR  "^ 

Duc  de  Luynes,  ym/iismutigiie  des  Satrapies,  pi.  XVI,  u.  4li  et 
pue  92,  d'après  le  Musée  de  Vienne:  ce  savant  auteur  donne  égale- 
ment au  numéro  suivant  de  cette  planche  la  drachme  au  môme  type, 
sur  laquelle  on  lit  .\rva\  en  lettres  archaïques  gravées  en  creux  sur 
le  bélier. 

Cette  rarissime  monnaie,  qui  d'après  Ch.   Lenormant,  au- 


4  LE    SATRAPE    ARVAXDES 

rait  été  frappée  en  Egjpte,  n'appartient  cependant  pas  précisé- 
ment à  la  série  rovale  dont  nous  allons  dérouler  la  chronologie 
monétaire  depuis  la  conqur-te  d'Alexandre  et  pour  laquelle  nous 
avons  pris  ri  tache  d'entreprendre  le  classement.  Nous  pen- 
sons que  cette  curieuse  [liéee,  ainsi  que  les  neuf  suivantes 
peuvent  être  parfiiitement  placées  ici  à  titre  d'introduction  ù 
l'étude  de  cette  belle  et  si  intéressante  série  des  rois  Lagides. 

Tous  les  auteurs  qui,  jusqu'en  ces  derniers  temps,  avaient 
traité  de  la  numismatique  de  ce  riche  pajs,  étaient  d'accord 
pour  reconnaître  que  ce  peuple,  célèbre  ii  tant  de  titres,  n'avait 
jamais  eu  de  monnaies  spéciales  avant  l'envahissement  de  son 
territoire  par  les  armées  grecques. 

On  pensait  généralement  que  son  commerce  consistait  en- 
tièrement en  échanges  de  matières  précieuses  comme  bijoux, 
pierres  fines,  etc.  Certains  auteurs  admettent  qu'il  se  servait 
de  monnaie,  mais  en  se  contentant  de  commercer  avec  les 
pièces  émises  par  les  autres  peuples. 

Nous  avons  souvent  consulté  les  marchands  et  les  collection- 
neurs qui  nous  soumettaient  de  véritables  merveilles  trouvées 
dans  ce  pays,  et  nous  n'avons  pu  ol)tenir  la  mention  de  décou- 
vertes de  monnaies  très-anciennes  faites  dans  cette  contrée  (1). 
Celles  de  la  plus  haute  antiquité,  trouvées  en  nombre,  datent 
généralement  d'Alexandre  ou  des  premiers  Ptolémées. 

L'absence  de  pièces  très-anciennes  frappées  dans  cette  contrée 
parait  un  fait  complètement  insolite,  disons  même  des  plus 
étranges;  mais  si  on  se  reporte  au  caractère  singulier  de  ce  peuple 
dont  l'organisation  politique  et  religieuse  était  complètement  en 
dehors  des  mœurs  et  des  usages  de  ses  voisins,  pajs  de  l'asile 
des  dogmes  mystérieux  et  cependant  source  de  lumières  et  de 
civilisation;  témoins  les  gigantesques  monuments  encore  debout 
dont  le  seul  aspect  nous  saisit  d'ëtonnement  et  d'admiration.  En 
raisonnant  sur  le  caractère  original  de  ce  peuple,  on  ne  serait 
pas  surpris  de  voir  que  cette  province  si  riche  et  si  prospère  ait 
pu,  grâce  peut-être  à  ses  merveilleuses  ressources  artistiques. 


(1)  Voir  dans  quelles  comlitions  exceptionnelles  fut  découvert  en  Egypte 
un  dépôt  de  monnaies  gro  qu'S  du  VI"  siècle.  Revue  numismatique, 
1861,  page  414;  trouvaille  de  Myt-Rahineh. 


LE    SATRAPE    ARVANDES  D 

se  priver  des  avantages  du  monnayage  et  maintenir  cependant  sa 
suprématie  sur  les  peuples  voisins. 

Ce  fut  seulement,  selon  la  généralité  des  savants,  trois  grands 
siècles  après  que  la  monnaie  était  en  usage  dans  toutes  les 
autres  contrées,  que  les  Egyptiens  se  décidèrent  A  l'employer 
pour  leurs  transactions  commerciales,  et  on  croit  générale- 
ment que  s'ils  se  refusèrent  avec  opiniâtreté  à  admettre  ce 
système  si  simple  et  si  commode ,  c'est  qu'il  devait  être  en 
opposition  avec  les  dogmes  religieux  du  pays. 

En  observant  minutieusement  la  religion  de  ce  peuple,  on 
constate  au  contraire  que  les  prêtres  devaient  recommander 
l'emploi  des  monnaies.  On  trouve  en  effet  dans  les  momies  de 
petites  parcelles  de  métal,  généralement  en  or,  qui  seniblent 
représenter  des  monnaies;  cela  parait  donc  démontrer  que  le 
culte  reconnaissait  la  nécessité  pour  le  défunt,  d'être  muni  de 
l'impôt  indispensable  pour  payer  son  passage  dans  la  barque  qui 
devait  le  conduire  dans  sa  demeure  éternelle.  Ces  plaques  d'or 
ne  portent  pas  cependant  de  signes  monétaires;  le  sujet  qui  y  est 
figuré  représente  généralement  une  feuille  d'arbre  ou  de  plante. 

Comme  nous  le  disions  plus  liaut,  les  numismatistes  ne  vou- 
laient pas  admettre  qu'il  eut  été  frappé  do  monnaies  en  Egypte 
avant  la  conquête  grecque.  Nous-mènies  ;1  la  première  inspec- 
tion des  pièces  classées  au  satrape  qui  nous  occupe,  nous  pro- 
testions contre  l'époque  assignée  a  l'émission  de  ces  monnaies, 
elles  nous  semblaient  frappées  près  d'un  siècle  après  l'époque 
indiquée  par  Ch.  Lenorraant. 

Hérodote  mentionne  cependant  que  do  magnifiques  monnaies 
d'argent  furent  frappées  par  le  satrape  d'Egypte  Aryandès,  qui, 
en  les  émettant,  voulait  éclipser  celles  du  roi  de  Persa.  Il  dit,  en 
effet  (IV,  page  16G)  :  «  Darius  ayant  frappi'  une  monnaie 
»  d'or  au  titre  le  jjius  élevé  possible.  Aryandès,  satrape  de 
»  l'Egypte,  voulut  faire  la  même  chose  j^our  l'argent,  et 
»  encore  aujourd'hui  la  monnaie  qui  contient  l'argent  le 
»  plus  pur  est  celle  d' Aryandès,  etc.  » 

C'est  à  Ch.  Lenormant  que  la  science  est  aujourd'hui  re- 
devable delà  précieuse  découverte  des  belles  et  rares  monnaies 
de  ce  satrape.  Ce  savant  tout  en  constatant  que  ces  pièces  ont 
été  frappées  en  Egypte,  pensait  qu'elle;  furent  destinées  aux 


6  ALEXANDRU      MGVi 

commerçants  de  l'Asie  mineure  qui  affluaient  à  Memphis.  Cette 
opinion,  dont  l'honneur  appariient  toute  entière  au  célèbre  aca- 
démicien, est  un  trait  de  lumière  pour  l'histoire  monétaire  de 
ce  pajs. 

M.  François  Lenormant,  auquel  nous  avons  beaucoup  em- 
prunté pour  notre  travail  sur  ce  satrape,  dit  p.  169,  après  la 
reproduction  du  passage  publié  par  son  père  :  «  Cette  conjecture 
>>  est  confirmée  par  l'existence  positive  des  lettres  grecques  ar- 
»  cliaïques  arvax  commencement  du  nom  d'Aryandès,  gravées 
»  sur  le  corps  du  bélier  incus  de  la  drachme  asiatique  de  la 
»  collection  de  M.  le  duc  de  Lujnes.  Les  mêmes  lettres,  mais 
»  rétrogrades,  se  lisent  à  l'exergue  d'un  médaillon  d'argent 
»  appartenant  à  M.  le  baron  Behr,  et  que  cet  amateur  distingué 
»  nous  a  permis  de  publier,  etc.  » 

Nous  pensons,  comme  M.  François  Lenormant,  que  cette 
conjecture  serait  parfaitement  justifiée,  mais  il  faudrait  pour 
cela  pouvoir  lire  le  mot  arvan  sur  la  médaille  citée,  nous  avons 
vainement  cherché  à  y  découvrir  cette  légende,  nous  avons 
constaté  au  contraire  à  l'aide  d'un  autre  exemplaire  plus  complet 
de  la  même  médaille  exposée  dans  une  des  vitrines  du  cabinet 
impérial,  que  cette  légende  n'a  jamais  existé,  et  cela  devait  être, 
car  cette  pièce  n'a  que  peu  de  rapport  de  fabrique  et  de  style 
avec  celles  publiées  par  feu  le  duc  de  Luynes.  Sur  la  drachme 
que  nous  avons  citée  d'après  ce  savant  distingué  on  peut  lire 
en  effet  le  mot  arvan,  placé  sur  le  bélier  en  creux,  on  peut 
même  le  lire  sur  deux  exemplaires  de  coins  différents,  qui 
figurent  dans  la  riche  collection  du  feu  duc,  cette  lecture, 
avouons -le,  nous  a  un  peu  ramené  à  l'opinion  émise  par 
MM.  Lenormant:  opinion  maintenue,  encore  aujourd'hui  par 
des  savants  des  plus  compétents  ;  donc  nous  ne  pouvons  que 
nous  incliner  après  leur  jugement. 

ALEXANDRE    .^gus    (fils    posthume 
d'Alexandre-le-Grand) 

(Règiie   avec   Aridee,   son   oncle,   de  323    à   316,    et   sous  la   tutelle  de 
Cassandre,  de  315  à  311) 

Lors  de  la  mort  d'.4lexaaJre,  son  frère  Aride'e  fut  leconnu  roi  sous 
nom  vénéré  de  Philippe.  Peu  de  temps  après,  Roxane  donnait  le 


PI  I 


A    Maascn    se  Inip.  Lemercier  et  C"  Fa 

ALEX.^MDRE  >EGUS  .  INTERREGNE  .  PTOLEMEE    SÛTER. 
SOTER  ET  BERENICE 


ALEXANDRE      .«GIS  7 

jour  à  un  fils  qui  fut  )iommé  Alexandre  et  associe'  à  la  souveraine 
puissance.  Eiiridice,  femme  d'Aridée  suscita  bientôt  une  d  vision  entre 
son  mari  et  la  mère  du  fils  du  grand  monarque,  et  força  la  veuve 
d'Alexaudre  à  aller  avec  son  fils  chercher  un  refuge  en  Epire.  Olympia? 
les  vengea  par  la  mort  d'Aridée  et  les  fit  rentrer  en  possession  de 
leurs  états.  Roxane  et  son  fils  ne  jouirent  que  peu  de  temps  de  leur 
puissance,  dès  l'année  suivante  l'ambitieux  Cassandre  fit  renfermer 
dans  une  prison  le  jeune  souverain  et  sa  mère.  Ils  _v  restèrent  près  de 
6  ans.  Le  peuple  enfin,  las  d'une  telle  oppression,  demanda  que  son 
souverain  légitime  fût  rendu  à  la  liberté  et  remis  en  possession  du 
trône  de  son  père.  Cassandie,  au  lieu  de  lui  lendre  cette  liberté,  fit 
mettre  à  mort  Jioxane  et  son  fils;  comme  on  le  voit,  le  malheureux 
Alexandre  ne  régna  effectivement  qu'une  seule  année:  c'est  vraisem- 
blablement pendant  ce  court  espace  de  temps,  que  les  généraux,  dé- 
voués comme  l'était  Ptolémee,  ont  pu  faire  frapper  des  monnaies  au 
nom  de  ce  jeune  prince  sans  porter  ombrage  au  tyran  qui  opprimait 
la  mère  et  le  flls  ;  de  là  une  rareté  réelle  pour  le  |ietit  nombre  de 
pièces  attribuées  à  ce  souverain  éphémère. 

2.  — Tète  jeune  et  cornue  d'AlexanJre  ;\  droite,  couverte  d'une 
peau  d'éléphant. 

^.  —  A;\.EïA>"AP0V.  Jupiter  Aetophore  assis  à  gauche;  de- 
vant lui  un  aigle  sur  un  foudre,  au  repos,  à  gauche.  Sous  le 
siège,  la  lettre  A.  Poids  :  17  grammes.  Gravée,  pi.  I.     AR  " 
Millier  Numismatique  d'Alexandre-le-Grand.  pages  29  et  31. 

^-  —  Même  médaille;  au  lieu  de  l'aigle,  un  foudre  placé  horizon- 
talement sous  le  siège.  HIA  en  monogramme.  Pi.  XII,  n.  1. 
Même  poids.  AR  " 

Miiller  même  page,  n.  24  et  Waddington,  Revue  Numisma- 
tique française,  1865,  pages  15  et  suiv.  et  pi.  II,  n.  3. 

Ces  deux  rares  médailles  ont  été  publiées  par  M.  Waddington 
dans  la  Revue  numismatique  ;  le  savant  académicien  n'hésite 
pas  à  les  attribuer  au  fils  du  célèbre  conquérant.  Dans  le  même 
article  il  classe  également  au  jeune  Alexandre  les  monnaies  sui- 
vantes; il  s'appuie  sur  les  témoignages  des  savants  compétents, 
tels  que  Borrell,  Cousinéry,  Pinder,  etc.  Nous  ne  pouvons  que 
nous  ranger  à  l'opinion  d'aussi  éminentes  autorités,  d'autant 
plus  que  nous  avons  constaté  nous-mêmes  que  ces  monnaies 
ainsi  que  les  10  pièces  portant  les  tjpes  qui  suivent  étaient 
toujours  apportées  soit  de  l'Égjpte  soit  de  la  Svrie. 


8  ALEXANDRE     ^GUS 

,  —  Même  tète. 

^.  —  AAEHANAPOY.  Pallas  combattant,  à  droite,  dans  le 
champ;  devant,  un  aigle,  un  casque  et  les  lettres  HP  en 
monogramme,  n.  19.  (Frappée  à  Héracléopolites.)  AR  '' 

,  —  Même  type,  avec  <l>AO   en   monogramme.    PI.    XII,  n.  2. 
Pièce  un  peu  oxydée.  AR  '^ 

—  Même   type,   sans    le  casque  devant  la  figure   avec    les 

lettres  ey.  AR  ' 

Mionnet  cite  seulement  la  drachme  avec  les  lettres  ev,  tome  2,  n.  41 . 
A  Alexandre  d'Epiro  nous  retrouvons  souvent  les  mêmes  initiales  du 
nom  de  la  ville  sous  les  Ptolemées,  témoins  lesu.  135,  136,  etc.  La 
pièce  a  pu  être  fiappe'e  à  Evesperis  en  Cyrénaïque. 

—  Même  type,  avec  oa^în  où  Aûm  en  monogrammes.  PI,  XII, 
n.  3.  AR  * 

.  —  Même  type,  devant  l'aigle  ai.  Pièce  fourrée.  AR  ' 

Mionnet  cite  seulement  un  tétradrachme  de  ce  module  avec  les 
lettres  AI,  tomeS,  n.  37.  Mais  nous  retrouvons  souvent  ces  initiales 
de  nom  de  ville  dans  les  monnaies  des  premiers  Ptoléme'es  et  aussi 
dans  celles  des  rois  de  Syrie,  frappées  àDiospolis.  Le  n.  2  a  dû  être 
également  frappé  dans  la  même  ville. 

,  —  Même  médaille,  avec  ev.  AR  ^ 

Mionnet,  tome  2,  à  Alex.  d'Epire,  n.  41,  probablement  frappée, 
comme  le  n.  6,  à  Evesperis.  Le  poids  du  tétradrachme  varie  de 
13  à  16  giamraes  selon  l'e'tat  de  conservation  de  la  pièce,  les 
drachmes,  3  gr.  5  decig.  même  celle  fourrée. 

Ces  belles  et  rares  monnaies  ont  été  classées  par  la  généra- 
lité des  auteurs  à  Alexandre  d'Epire  malgré  le  module  des  té- 
tradrachmes,  d'une  dimension  en  opposition  complète  avec  les 
monnaies  de  cette  province  ;  comme  nous  l'avons  mentionné  dans 
la  précédente  note  les  provenances  des  exemplaires  connus  sont 
complètement  orientales.  Borrell,  dans  le  Numismatia  chro- 
nicle,  constate  qu'il  a  vu  une  cinquantaine  d'exemplaires  de 
ces  monnaies  trouvées  en  Egypte,  et  pas  une  seule  dans  les 
■    fouilles  faites  enf  Europe.  "       ,  . 


INTERREGNE 


INTERREGNE 

(311  à  306  avant  J.-C.) 

Lors  de  la  mort  d'Alexandre,  les  peuples,  si  vite  soumis  à  la  do- 
mination de  ce  célèbre  conquérant,  retombèrent  généralement  dans 
une  complète  anarchie,  trois  souverains  éphémères  de  la  famille  du 
grand  roi  purent  seulement  s'asseoir  sur  le  trône  qu'il  avait  laissé  en 
mourant.  11  n'y  avait  pas  vingt  ans  que  la  terre  avait  recouvert  les 
cendres  3e  cet  homme  extraordinaire,  que  ses  vieux  généraux  se  dis- 
putaient son  héritage  et  élevaient  de  toutes  parts  de  nouveaux  trônes 
sur  les  débris  de  ceux  que  les  victoires  de  leur  vaillant  chef  avait  si 
vite  renversés.  De  nouvelles  divisions  territoriales  se  créèrent  alors 
et  formèrent  de  grandes  provinces  qui  furent  gouvernées  par  des 
dynasties  très-puissantes  ;  celle  dont  nous  décrivons  ci-après  les 
monnaies  fut  sans  contredit  la  plus  célèbre  et  celle  qui  résista  le 
plus  longtemps  à  l'esprit  d'envahissement  et  de  domination  du  peuple 
romain. 

1(1.  —  Tète  jeune  et  cornue  d'Alexandre,  à  droite,  couverte  d'une 
peau  d'éléphant. 

■^.  —  Sam  légende.  Proue  de  galère.  Poids  :  8  grammes,  5 
décigr.  Gravée,  pi.  I.  AV  ^  'A. 

Cette  splendide  médaille  connue  seulement  par  deux  exem- 
plaires (1),  a  été  publiée  par  M.  Waddington  dans  la  Revue 
nximismatique  (2),  il  la  clas-e  au  jeune  fils  d'Alexandre,  nous 
pensons  contrairement  à  l'avis  de  l'éminent  archéologue  que 
cette  monnaie  a  été  frappée  pendant  l'interrègne,  c'est-à-dire 
entre  les  années  310  à  306  avant  J.-C.  Nous  croyons  que  c'est 
avec  une  intention  parfaitement  arrêtée  que  le  chef  qui  en  a 
prescrit  la  fabrication  a  évité  d'y  faire  graver  les  moindres 
traces  de  titres  de  souveraineté;  elle  a  dû  être  frappée  vers  la 
fin  de  l'interrègne,  époque  à  laquelle  Ptolémée  était  tout-puis- 
sant en  Egypte  et  devait  malgré  sa  grande  probité  avoir  de  sé- 
rieuses aspirations  à  devenir  le  souverain  en  titre  de  cette  riche 


(1)  Le  second  figure  dans  les  cartons  du  Cabinet  de  France. 

(2)  Année  1865,  page  14  et  pi.  II,  n.  2. 


1(1 


PTOLEMliE,   SATRAPE     D"liGYPTn 


et  belle  contrée;  ce  grand  politique  devait  employer  tous  les 
moj'ens  possibles  pour  empêcher  ses  collègues  de  paralyser  son 
ambition.  Tous,  du  reste,  devaient  avoir  secrètement  les  mêmes 
aspirations,  et  tous  durent  émettre  des  monnaies  autonomes 
sans  nom  et  sans  titres,  conservant  seulement  l'image  du  célèbre 
rdnquérant.  De  là  les  innombrables  quantités  de  monnaies  do 
bronze  avec  la  tète  d'Hercule  jeune,  ayant  au  revers  la  massue, 
le  carqujis,  des  monogrammes  de  villes  où  d'agoranomes,  et 
seulement  les  lettres  B.  A.  ces  pièces  figurent  dans  toutes  les 
collections. 


PTOLEMEE   SOTER  (Gouverneur  d'Egypte) 

{32i  à  30G  avant  J.-C.) 


Eusèbe  fait  arri\ei'  PtoMmée  en  Egypte  vers  l'an  323,  l'anaée  qui 
suivit  la  mort  d'Alexandre;  il  gouverna  ce  riche  pays  comme  Satrape 
pendant  17  années.  En  l'an  307,  Antigone  de  Macédoine  ceignit  le 
diadème  après  la  victoire  qu'il  venait  de  remporter  sur  Ptolémée  ;  ce 
dernier,  piqué  d'une  telle  audace  et  voulant  montrer  à  son  vainqueur 
qu'un  revers,  quelque  terrible  qu'il  fût,  n'était  pas  capable  d'abattre 
son  courage,  se  déclara  roi  de  toute  l'Egypte.  Cet  exemple  fut 
vite  suivi  par  Séleucus,  Lysiinaque  et  par  lei  autres  généraux 
d'Alexandre. 

Tète  casquée  de  Pallas,  à  droite. 

^.  —  nTOAE>uiOY.  Victoire  debout,  h  gauche,  tenant  un 
étendard  et  une  couronne;  dans  le  champ,  devant,  une 
roue;  au  bas  de  chaque  côté  des  pieds  de  la  victoh-e  ey  *. 
(Monnaie  au  type  d'Alexandre,  frappée  en  Cyrénaïque?)  De- 
mi-statère.  Poids:  4  grammes,  2  déc.  Gravée  pi.  1.     AV.  ^ 

Voici  encore  une  médaille  de  première  rareté  et  qui,  comme 
les  précédentes,  a  aussi  une  très-grande  importance  historique; 
elle  a  du  être  frappée  vers  la  fin  de  l'interrègne  au  moment  où 
les  anciens  compagnons  d'armes  d'Alexandre  ne  cachaient  plus 
leurs  ambitions  et  s'apprêtaient,  d'un  commun  accord,  à  changer 
leurs  titres  de  gouverneurs  des  provinces  contre  ceux  de  sou- 


PTOLEMEE     I,    SOTER  II 

verains  effectifs,  et  c'est  à  cette  (époque  du  démembrement  de 
ce  grand  Empire  que  la  médaille  dont  nous  publions  la  repro- 
duction a  dit  être  émise  chez  les  Cjrénéens  qui  venaient  de  se 
soumettre  au  gouvernement  de  PtolémJe;  elle  est  encore  con- 
forme en  tout  point  comme  fabrique  et  comme  tjpe  aux  mon- 
naies d'Alesandre-lc-Grand,  qui  se  frappaient  sur  presque  tous 
les  points  du  monde  connu  à  cette  époque  mémorable. 

Le  Cabinet  Impérial  possède  un  statère  d'or,  au  même  type 
que  notre  demi-statère,  il  porte  également  le  nom  de  Ptolémée 
sans  aucun  titre,  et  ayant  seulement  une  mention  de  recon- 
-  naissance  des  Cjrénéens  à  ce  grand  capitaine;  il  a  été  publié 
par  MM.  de  Longpérier  (1) ,  François  Lenormant  (2)  et 
MuUer  (3). 

Ch.  Lenormant  a  aussi  publié  dans  le  Trésor  de  Gl]/ptique(4), 
un  tiers  de  statère  avec  la  même  victoire  au  revers  ;  un  crabe 
est  figuré  devant  cette  victoire,  mais  la  tête  est  celle  de  Soter; 
la  pièce  malgré  le  manque  du  titre  BASl.VEilS  à  dû  cependant 
être  frappée  après  que  Ptolémée  eut  pris  le  titre  de  roi. 


PTOLEMEE  SOTER  (roi  d'Egypte) 

(règue  21    ans  do  305  à  285  avant  J.-C.) 


Né  à  Eordëe  en  Macédoine,  l'an  360  avant  Jésus-Christ,  il  devint 
très-jeune  un  des  généraux  d'Alexandre  et  suivit  ce  grand  capitaine 
dans  toutes  ses  expéditions;  après  sa  mort,  on  lui  confia  le  gouver- 
nement de  l'Egypte,  de  la  Libye,  ainsi  que  de  toutes  les  provinces  de 
l'Arabie  et  de  la  Syrie,  limitrophes  de  l'Egypte.  L'histoire  men- 
tionne que  ce  grand  homme  fut  le  premier  parmi  les  lieutenants  d'A- 
lexandre, qui  fut  revêtu  de  la  pourpre  royale.  Il  fut  souvent  en  guerre 
avec  ses  anciens  compagnons  d'armes,  qui  étaient  jaloux  de  sa  grande 


(1)  Revue  numismatique,  1S44,  pag.3s  325  et  suiv. 

(2)  Monnaies  des  Lagides,  pages  97,  9S. 

(3j  Xumismatiçiue  de  l'Afrique,  tome  1,  page  70. 
(4)  Rois  grecs,  page  61,  n.  9. 


12  PTOLÉMÉE     I,     SOTER 

autorité.  Il  perdit  et  reprit  plusieurs  villes  de  la  Plu^nicie  et  finit 
enfia  par  réussir  à  recouvrer  toutes  les  localités  importantes  de  cette 
belle  contrée  ;  il  avait  même  ajouté  une  partie  de  l'Asie  à  ses  Etats, 
lorsqu'il  abdiqua  l'autorité  souveraine  en  faveur  de  l'un  de  ses  plus 
jeunes  fils,  Ptolémée  Philadelphe,  qu'il  installa  lui-même  sur  le  trône. 
Il  mourut  deux  ans  après  son  abdication,  l'an  283,  après  avoir  régné 
21  ans  comme  roi  et  gouverné  l'Egypte  pendant  17  années. 

I  '.  —  Tète  diadémée  de  Soter  à  droite,  l'égide  nouée  autour  du  cou. 

^.  —  HTOAEJiAiov  E.\i:iAEûs.  Aigle  au  repos  sur  un  foudre 

à  gauche;  devant  le  monogr.  figuré,  pi.  xii,  n.  4.         AV  " 

13.  —  Même  pièce  ;  un  bouclier  ovale,  placé,  au-dessus  du  mono- 
gramme. 

Mionnet,  VI,  n.  2,  et  François  Lenormant,  pages  41  à  45,  à  Mag- 
dolum. 

Ce  même  monogramme  se  retrouve  encore  sur  nos  n.  27  à  30  et 
50  à  61 .  Voir  au  n.  27  la  note  sur  l'explication  de  ce  monogramme. 

11. — Même  type;  devant  l'aigle,  la  lettre  h  au-dessus    d'une 

massue,  frappée  à  Heracleopolites'? Gravée,  pl.  1,         AV  "^ 

15.  —  Même  médaille;  ^  devant  l'aigle.  AV  " 

Mionnet,  VI,  n.  27. 

Les  mêmes  lettres  se  voient  également  sur  le  u.  129.  F.  Lenor- 
mant, à  Phacusa,  page  43.  Voir  aussi  n.  80  et  98. 

Ces  magnifiques  pièces  sont  toutes  d'un  poids  identique,  17  gram- 
mes 8  décigrammes,  et  les  suivantes  ue  varient  également  que  par 
l'usure,  leur  poids  est  de  1  grammes  0  décigr,  à  1  gramme  8  décigr. 

IG.  —  Même  type;  a  devant  l'aigle.  AV  '  '/s- 

Mionnet,  VI,  n.  7.  Frappée  à  Alexandrie? 
17.  —  Même  type;  devant  mi  en  monogr.  pl.  xii,  u.  5.Gravée,  pl.  I. 

AV  '  Vs- 

Mionnet,  VI,  n.  U. 

Le  même  monogramme  est  classé  par  nous  à  un  magistrat,  n.  116 
144  et  146. 

Si  on  lisait  là  un  nom  de  ville,  il  faudrait  attribuer  la  pièce  à 
Miletus  et  la  reporter  au  règne  suivant. 

IS.  —  Même  type;  WP  en  monogr.  n.  15,  devant  l'aigle.       AV  '  72- 

Mionnet,  VI,  n.  12.  Peut-être  Marathus?  Comme  le  n.  41. 

19.  —  Même  type;  devant  l'aigle  vn,  monogr.  n.  6.  AV  '  Vr 


PTOLÉMÉE    I,    SOTER  13 

Mionnet,  VI,  u.  10.  F.  Lenormant,  page  56,  57,  à  Hypaton. 

iO  —  Même  type  ;  devant  l'aigle  nPH?  monogr.  n.  7.         AV  '  '/j. 

21.  —  Même  tj'pe;  x.\  monogr.  pi.  xn,  n.  16.  AV  '  '/,. 

Mionnet,  VI,  n.  13.  F.  Lenormant,  page  103,  à  Carthage.  Cette 
attribution  paraît  impossible?  Le  niJme  monogramme  se  retrouve 
également  sur  les  n.  42,  76,  101,  134  et  391,  mais  souvent  en  seconde 
ligne ,  il  doit  par  conséquent  être  conside'rë  parfois  tout  simplement 
comme  nom  de  magistrat.  Lorsque  le  monogramme  eçt  seul,  on  peut 
admettre  que  la  médaille  a  pu  être  frappée  à  Characmoba. 

??.  — Même  tète. 

n).  _  nxoAEMAiov  BAïiAEiiî:.  Même  type  de  l'aigle  ;  devant 

'ri  ,  au-dessus  d'une  massue.  AR  ' 

Mionnet,  sup.    IX,  n.  5, 

Cette  pièee  et  la  suivante  ont  dû  être  frappées  â  Heracleopolitesî 

23.  — Même  médaille,  sans  la  massue.  AR  7. 

24.  —  Même  type;  devant  l'aigle,  ^"j  AR" 


DAP 

nTO 
n.  8  et  64.  '  AR  ' 


25. — Même  type  ;  devant  l'aigle,  „:j.,  en   deux  monogr.  PI.  xii, 


F.  Lenormant,  à  Paraetonium  et  Ptolémais. 

Le  second  monogramme  doit  être  tout  simplement  le  nom  d'un 
agoranome. 

26  — Même  médaille,  d'un  module  un  peu  inférieur,  deux  lettres 
gravées  à  la  pointe  dans  le  champ  du  revers.  AR  ^  '/j- 

Nous  avons  souvent  remarqué  sur  les  monnaies  des  deux  pre- 
miers Ptolémées  de  grandes  variantes  de  lettres  ainsi  gravées 
à  la  pointe.  Chacun  sait  que  dans  l'antiquité  quantité  de  mon- 
naies étaient  fourrées  ;  ces  graffiti  étaient  peut-être  des  mar- 
ques de  garantie  de  bon  aloi,  tracées  sur  les  pièces  par  des  négo- 
ciants renommés  ou  même  par  des  employés  de  l'administration 
des  monnaies.  Nous  constatons  de  nos  jours,  dans  un  pays  voisin 
du  nôtre,  un  fait  à  peu  près  analogue;  on  oblige  les  négociants  ;\ 
mettre  leurs  noms  ou  d'autres  marques  distinctives  sur  les  bil- 
lets de  banque. 

27.  —  Même  type;  MAFAr?  monogr.  n.  9,  placé  devant  l'aigle,  au- 


14  PTOLÉMÉE     I,    SOTER 

dessus  d'un  bouclier  ovale  ;  entre  les  jambes  de  l'aigle,  la 
lettre  P.  AR  ' 

Mionnet,  VI,n.  30,  varii^ti^.  Lenormant,  page3  41  et  45,àMagdolum, 
Le  monogramme  peut  en  effet  produire  les  lettres  WArAr  ?  ;  mais  nous 
y  trouvons  un  second  r,  qu'il  est  impossible  d'admettre  dans  le  nom  de 
Magdolum. 

28.  —  Même  médaille;  en  plus  ah,  monogr.  n.  10,   placé  derrière 

l'aigle.         *  Gravée  pi.  1.  AR  ' 

F.  Lenormant,  à  Magdolum  et  Héliopolis,  pages  45  et  46.  Le  second 
monogramme  doit  être  encore  un  nom  d'agoranome  et  peut  aussi  se 
lire  \\^. 

29.  —  Même  pièce,  derrière  l'aigle  ;  «tA,  ?  monogr.  n.  57,  pi.  xii. 

AR7. 
Mionnet,  VI,  n.  28,  et  F.  Lenormant.  page  41 ,  classe  ce  dernier  mo- 
nogramme à  Phatmis.  C'est  le  même  qui  figure  sur  le  n.  93. 

30.  —  Même  médaille  ;  seulement  MArir?,  monogr.    n.   9,    sans 

autres  lettres  ni  symboles.  AR  7. 

Ces  quatre  pièces,  d'un  poids  parfaitement  régulier,  14  gram- 
mes, paraissent  avoir  été  frappées  dans  la  même  localité,  malgré 
la  légère  variété  que  l'on  remarque  dans  le  monogramme.  Cette 
ville  a  dû  émettre  d'immenses  quantités  de  monnaies  en  tous 
métaux,  témoin  nos  n.  12,  13,  et  50  à  63. 

31.  —  Même  tête. 

F).  —  Même  aigle;  devant,  J'j^  en  monogr.  n.  11.      AR'' 

Mionnet,  VI,  n.  32.  F.  Lenormant,  pages  100  et  105,  à  Stratonos 
Pyrgos  et  Apollonie  de  Cjrénaïque,  la  première  ville  seule  paraît-pro- 
bable. 

32.  —  Même  tête. 

^. — Même  aigle;  devant,  hap,  monogr.  n.  8;  dessous  a.  AR  ' 

Mionnet,  VI,  n.  44.  F.  Lenormant,  page  44,  à  Paraetonium.  La 
lettre  A  doit  être  une  marque  monétaire. 

33.  —  Même  tête. 

^.  —  Même  aigle;  devant,  am  en  monogr.  PI.  xii,  n.  12. 

AR' 
Mionnet,  VI,  n.  35.  F.  Lenormant  pages  40,  41 ,  à  Magdolum. 


PTOLÉMÉE    I,    SOTEB  15 

M.  F.  Lenormant,  en  décrivant  ce  monogramme,  pages  40  et 
14,  prolonge  Tan^le  gauche  du  ^  de  manière  à  en  former  un  r. 
Nous  avons  vainement  cherché  dans  les  cartons  du  Cabinet  de 
France  et  partout  où  nous  connaissions  de  belles  séries  de  la  suite 
■  des  Lagides ,  et  nous  n'avons  pu  constater  nulle  part  l'existence 
dece  monogramme  avec  le  r.  Nous  citons  plusieurs  pièces  de  cette 
même  localité,  avec  le  même  monogramme,  témoin  nos  n.  79  et 
100,  108.  Sur  le  n.  100  bis,  le  A  est  barré  de  manière  à  pou- 
voir y  lire  A.VM.  Le  nom  de  Damascus  pourrait  parfaitement 
être  admis  comme  lieu  d'émission  ;  mais  cette  pièce  devrait 
alors  êire  reportée  à  Philadelphe. 

34.  —  Même  tète. 

Rj. — Même  aigle  ;  devant,  '^j    en  monogr.  Pi.  xii,  n.  13. 

AR» 

F.  Lenormant,  pages  102  et  103,  à  Carthage  et  Diospolis. 

Il  est  fort  difficile  d'admettre  le  nom  de  Carthage  dans  cette 
série  des  rois  d'Egypte.  Celui  de  Diospolis  serait  três-présu- 
mable;  r::ais  comme  nous  le  démontrons,  h  Ptolemée  II,  n.  lO.ô, 
127  et  157,  il  est  peu  probable  que  les  monogrammes  secon- 
daires indiquent  jamais  des  noms  de  villes.  Pour  le  monogram- 
me XAP,  nous  ne  le  trouvons  aussi  que  généralement  placé  en 
seconde  ligne.  Témoin  nos  numéros  47;  58  à  61 ,  130,  131  et 
S90.  Une  seule  fois  nous  le  voyons  sans  être  accompagné  ;  c'est 
au  n.  131  ;  mais  cela  n'infirme  nullement  l'opinion  qui  consiste  à 
ne  voir  dans  le  monogramme  secondaire  qu'un  nom  de  magistrat. 
Les  lettres  x.\p  des  n.  34  et  131  pourraient  cependant  indiquer 
la  ville  de  Characmoba.  Cette  opinion  a  été  soutenue  par  plu- 
sieurs numismatistes,  mais  cela  parait  très-hasardeux. 

35.  —  Même  tête. 

P 
Ri — Même  aigle;  devant,  m.,  monogr.  n.  11.  AR  ^ 

HA 

Mionnet,  VI,  n.  42,  et  F.  Lenormant,  page  94,  à  Rhinocorura  et  Apis 
de  la  Marmariquc. 

Cette  pièce  pomrait  aussi  être  classée  dans  la  s^rie  n.  111  à  129, 
malgré  l'absence  du  A  derrière  l'oreille  du  roi.  Voir  après  le  n.  127 
la  note  sur  la  localité  où  cette  pièce  a  pu  être  frappée. 

36.  —  Même  tète. 

^.  —  Même  aigle  ;  devant,  PE.  AR  ' 


16  PTOLÉMÉE    I,    SOTEF. 

37.  —  Même  tête,  même  type;  a  devant  l'aigb;  pièce  très-oxydée, 
poids,  12  gr.  9  décigr.  AR  " 

Toute  cette  série  de  pièces,  la  dernii>re  exceptée,  pèsent  entre  14  gram- 
mes et  14  gr.  5  décigr.  Pas  une  uo  donne  un  poids  moindre  do  14  gr. 

Comme  on  l'a  dL\j;"i  remcarqué,  la  généralité  des  auteurs  s'ac- 
corde à  reconnaître  qu'avant  les  Ptolémées ,  les  Égyptiens , 
lorsqu'ils  avaient  besoin  de  monnaies  pour  leur  commerce,  se 
servaient  de  celles  des  Rois  de  Perse,  dont  ils  étaient  les 
vassaux.  Nous  avons  démontré  au  n.  1  et  suivants,  qu'il  y  avait 
cependant  des  exceptions  h  cette  règle,  mais  nous  ne  pouvons 
nier  que  probablement,  pendant  les  premiers  temps  du  règne  de 
Soter,  on  dut  persévérer  dans  les  usages  suivis,  et  on  ne  devra 
pas  être  peu  surpris  du  petit  nombre  de  médailles  que  nous  don" 
nons  au  grand  règne  du  fondateur  de  cette  dynastie  ;  nous  som- 
mes en  eflet  en  opposition  flagrante  avec  tous  le  numismatistes 
qui  au  contraire,  classent  h  ce  souverain  la  presque  totalité  des 
monnaies  d'or  et  d'argent  connues  avec  les  noms  de  riTOAEMAlOY 

BA:ilAEa2   ou   nTOAEMAlOV   SiiTIIPOS. 

Nous  pensons,  répétons-le,  qu'à  l'époque  où  le  célèbre  fils  de 
Lagus  prit  les  rênes  de  l'Etat,  le  peuple  égyptien  était  peu  ha- 
bitué aux  échanges  à  l'aide  du  numéraire,  surtout  des  espèees 
locales;  il  fallut  donc  de  longues  années  ù  Soter  avant  d'organi- 
ser sérieusement  les  systèmes  monétaires  de  son  peuple.  Ce 
grand  capitaine,  d'une  probité  et  d'une  modestie  exemplaires,  dut 
sans  nul  doute  maintenir  le  monnayage  d'Alexandre,  pour  lequel 
tous  les  commerçants  avaient  une  grande  prédilection  ;  nul  n'i- 
gnore que  Ptolémée  lui-môme  avait  pour  son  ancien  chef  une 
vénération  qui  faisait  honneur  à  son  grand  et  noble  caractère  ; 
On  sait  aussi  qu'il  passa  les  plus  belles  années  du  commencement 
de  son  règne  à  guerroyer  avec  ou  contre  ses  anciens  collègues  : 
il  ne  dut  pas  trouver  le  temps  nécessaire  pour  réglementer 
toutes  les  lois  et  l'administration  en  général  du  peuple  dont  il 
refondait  en  entier  les  mœurs  et  les  coutumes.  Philadelphe 
seul,  par  son  caractère  paisible  et  organisateur,  dut  mettre  ordre 
à  toutes  les  choses  de  détail,  et  gn  constate  par  ses  monnaies  à 
quels  tâtonnements  il  fut  soumis.  On  verra  ;\  ce  règne  aux  mon- 
naies avec  le  A  et  aussi  aux  pièces  datées  les  raisons  que  nous 


PTOLÉMEE    I,    «OTER  17 

fournissons  pour  lui  attribuer  plus  de  monnaies  qu'à  son  père.  Il 
est  mêmetrès-vraisemblaOle  que  quantité  de  celles  que  nous  ve- 
nons de  décrire  devraient  être  reportées  au  règne  suivant.  Nous 
ne  sommes  du  reste  pas  seul  de  cet  avis.  Le  sarant  Cousinéry 
donne  à  ce  sujet  des  raisons  majeures.  Raisons  que  nous  repro- 
duisons dans  la  note  qui  précède  le  n.  139. 

38.  —  Tète  jeune  diadémée  et  cornue  à  droite. 

pj.  _  nioAEM.uov  BASiAEiiï.  Aigle  sur  un  foudre  ;\  gau- 
che; devant,  Vacrostoliuni.  A.E  * 

39.  —  Même  médaille  ;  un  casque  au-dessous  de  VacrostoUum.  AE  * 

Mionnet,  VI,  n.  139. 
40. — Même  tj^pe,   saus  VacrostoUum;  vn  en  monogr.   PI.  xii, 
n.  14,  placé  au-dessus  du  casque.  AE  * 

Mionnet,  sup.  I.K,  n.  59.  M.  F.  Lenormant,  p.iges  72,  73,75,  classe 
ce  monogr.  à  Stratonos  Pyrgos.  Nous  cioyons  qu'il  faut  y  chercher 
un  autre  nom  ,  comme  pour  notre  n.  395  ,  et  la  ville  d'Hvpaton  pour- 
rait ôtre  le  lieu  d'émission  des  pièces  avec  ce  monogramme. 

41.  —  Même  type,  avec  jip  en  monogr.,  n.  15.  (Marathus ?)    AE  * 

42.  —  Même  type,  avec  x.\  en  monogr..  n.  IG.  AE  ' 

Mionnet,  VI,  n.  140. 

Ce  monogramme  figure  encore  sur  les  n.  21  ,  76,  101,  134 
et  291.  Voir  les  notes  des  n.  21  et  102. 

43.  —  Même  type,  sans  le  casque  devant  l'aigle;  la  lettre  n  placée 

au-dessus  d'une  massue.  AE  ^ 

Mionnet,  VI,  n.  142. 

44.  —  Même  type;  devant  l'aigle,  lyre  et  ta  ou  at  monogr.,  n.  17 

de  la  planche  XII.  AE  ' 

45.  —  Même  médaille  sans  symbole;  mp  monogr.,  n.  18,  devant 

l'aigle.  AE  ■ 

46.  —  Même  type  avec  hp  devant  l'aigle  (Heracleopolites  ?)      AE  ^ 

Mionnet,  VI,  n.  141. 

47.  —  Même  médaille,   devant  l'aigle,    ^j^p  cette  dernière  ligne, 

monogramme  n.  13.  (Frappée  à  Clysma?)  AE  ' 


18  PTOLÉMÉE  I  OU  II 

48.  —  Même  type,  sans  lettres  ni  symboles,  gravée  pi.  1.     AE 

49.  —  Même  pièce,  quart  des  précédentes.  AE  '  '/j 

Cette  curieuse  série  de  monnaies  de  petit  bronze,  d'un  style 
très-remarquable  comme  beauté  de  travail,  paraît  de  fabrique 
très-ancienne;  ces  pièces  ont  dû  être  frappées  aussitôt  après  celles 
au  type  d'Alexandre;  elles  ressemblent  comme  faire  aux  mon- 
naies de  Philippe  Aridée.  Elles  ont  été  attribuées  tantôt  à  Pto- 
lémée  d'Épire,  tantiH  à  Ptoléinée  III  Évergètes.  En  observant 
scrupuleusement  la  fabrique,  il  paraît  hors  de  doute  qu'elles  ont 
dû  être  toutes  frappées  sous  Ptolémée  Soter,  et  très-vraisem- 
blablement dès  le  commencement  de  son  règne.  C'est  du  reste 
l'opinion  de  Cousinéry  (1). 

Ptoléinée  I.  Soter,  ou  Ptolémée  II  Philadelphe 

50.  —  Tète  laurée  de  Jupiter  à  droite. 

Rj.  _  nTOAEMAiov  BASiAEfls.   Aigle  éployé  à  gauche  sur 

un  foudre;  dans  le  champ,  devant  ^u^A^?  monogramme 
n.  4,  placé  au-dessus  d'un  bouclier  ovale;  entre  les  jambes 
de  l'aigle,  la  lettre  a.  '  AE  ' 

51.  —  Même  médaille;   entre  les  jambes  de    l'aigle,    ta,   en 

monogr.  n.  20. 

52.  —  Même  type, 

Mionnet,  VI,  n.  314. 

53.  —  Même  pièce;  entre 

54.  —  Autre  variété. 

55.  —  Même  type. 

Mionnet,  VI,  n.  325. 

56.  —  Autre  variété. 

57.  —  Nouvelle  variété 

58.  —  Même  pièce,  le  même  monogramme  au-dessus  du  bou- 

clier; dessous,  XAP  en  monogramme  pi.  XII,  n.  13,  entre 
les  jambes  de  l'aigle,  la  lettre  a.  AE  '^ 

Miouuet,  VI,  n.  316. 


AE' 

id.        id. 

o 

AE' 

jambes  de  1' 

'aigle, 

E 

AE' 

id.        id. 

A 

AE 

id-        id. 

1 

AE' 

id.         id. 

p 

AE' 

id.        id. 

1 

AE' 

(1)  Lettre  P»,  page  135,  et  gravée  en  vignette  p.  167. 


PTOLÉMÉE    I  OU  II  19 

59.  —  Même  pièce;  entre  les  jambes  de  l'aigle,   A  AE  ' 

60.  —  Autre  variété  id.        ni.  ©  AE  ' 

61.—      id.        id.  id.        id.  p  AE  ' 

Selon  M.  F.  Lenormant,  pages  41  à  45,  102  et  103,  ces  cinq 
dernières  pièces  auraient  été  émises  par  les  villes  de  Magdo- 
lum  et  de  Carthage;  il  nous  parait  impossible  de  voir  dans  le 
second  monogramme  autre  chose  qu'un  nom  de  magistrat.  Ce 
même  monogramme  figure  encore  sur  les  n.  34,  47.  130  à 
131  et  390.  Disons-le  encore  ici,  il  est  difficile  d'admettre  que 
le  monnayage  des  Lagides  ait  pu  avoir  un  cours  régulier  à 
Carthage.  Yoir  la  note  du  n.  34,  et  aussi  celle  du  n.  27  pour  le 
premier  monogramme. 

G2.  —  Même  type,  sans  lettres  ni  monogrammes,  un  bouclier 
ovale  seulement  devant  l'aigle.  Gravée,  pi.  I.  AE  ' 

Mionnet,  YI,  n.  312. 

63.  —  Même  type,  le  bouclier  devant  l'aigle;  derrière  la  lettre,  A. 

AE' 

Cette  belle  série  de  1 4  monnaies  sortant  des  mêmes  ateliers 
que  les  pièces  d'or  et  d'argent  n.  12,  13,  27,  28,  29  et  30  était 
restée  rangée  aux  incertaines  des  rois  d'Egypte.  Nous  avons 
pensé  devoir  les  classer  ici,  ainsi  que  les  17  pièces  suivantes  qui 
sont  également  de  même  style,  du  môme  module  et  d'une  fa- 
brique identique;  elles  ont  dû  être  frappées  toutes  vers  la  fin 
du  règne  de  Soter  ou  au  plus  tard  sous  celui  de  Philadelphe. 

64.  —  Le  tj'pe  précédent,  sans  le  bouclier  ;  devant  l'aigle, .,.  ^  ' 

TA 

65.  —  Même  type  ;  devant  l'aigle,  ^^  ou  nE,  monogrammes  n.  21 

et  22,  pi.  XII.  ^' 

Le  second  monogramme  est  attribué  à  la  ville  de  Petra  par 
M.  F.  Lenormant,  page  90;  cette  pièce  a  pu  être  frappée  à 
Gaza. 

66.  —  Variété  de  la  même  pièce ,  le  r  du  premier  monogramme 

ressemblant  à  un  n;  ce  raonogr.  figure  u.  21  bis.      .  ^'' 

67.  -  Variété  avec      .  ^'nYMY°'  °^onogr.  n.  21  et  23 

AE' 


20 

68.  —  Autre  variété 

69.  —  Autre  variété 

Mionuet,  Vl^a.  309. 

70.  —  Autre  variété 


PTOLEMEE    1  OU  II 
FA 


j^'^  monogr.  n.  11  et  21.    AE  ' 
HA 


monogr.  n.  11. 


AE' 


TA 


PP  monogr.  n.  19  et  21     AE  ■" 


M.  F.  Lenormant  classa  le  n.  G9  à  Apolionie  de  Cjrénaique 
et  Phacusa.  D'aprôs  le  môme  système,  il  faudrait  attribuer  le 
n.  65  à  ApoUouia  et  Petra,  le  68  à  Apollonia  et  Apis,  et  le  70 
encore  a  Apollonia  et  Horaclée.  11  semblerait  plus  logique  de 
classer  les  cinq  pièces  ci-dessus  à  Panopolis,  et  considérer  tous 
les  monogrammes  socondaires  comme  devant  mentionner  tout 
simplement  des  noms  d'agoranomes. 


71.  —  Même  type;  devant  l'aigle,  j 

72.  —  Variété  id.  i 


AE' 
AE' 


73.  —     id.  id. 

Mionuet,  VI,  n.  306. 

74.  —  Autre  variété. 


^j,  ou  En,  monogr.  n.  22.  AE  ' 


AE 


75.  —      id. 


id. 


A 

np 

A 

M 

nA,  ce  dernier  en  mon.  n.  11. 
AE' 


76. 


id.        id. 


XA 


monogr.  n.  IG. 


AE 


Mionnet,  VI,  n.  305,  variété.  Ce  même  monogr.  se  retrouve  sur  les 
n.21,76,  101  et  134. 


77.  —  Autre  variété 

Mionnet,  VI,  n.  304. 

78.  —  Même  type 


n.i*? 


monogr.  n.  24. 


AE 


AE' 


Cette  série  de  huit  pièces  avec  l'A  toujours  devant  l'aigle,   a 
très -vraisemblablement  été  frappée  à  Alexandrie;  les  mono- 


PTOLÉMÉE  SOTEB  '■ii 

grammes  secondaires  pouvant  être  considérés  comme  noms  de 
magistrats.  Celui  du  n.  73  est  le  même  que  le  G5;  il  est  égale- 
ment placé  en  seconde  ligne. 

79.  —  Même  type  ;  devant  l'aigle,  Asi,  monogramme  n.  12.  AE  ' 

Voir,  après  le  n.  33,  la  note  sur  ce  monogramme  attribué  à 
la  v'ile  de  Damas. 

80.  —  iSIème  type,  devant  l'aigle  seulement  *.  AE  ' 

Cette  pièce,  ainsi  que  le  n.  98,  ont  été  attribuées  à  la  ville  de 
Phacusa  par  M.  F.  Lenormant,  page  40. 

Voir  après  le  n°  507,  la  note  concernant  plusieurs  pièces  qui 
pourraient  être  rapportées  ici. 

PTOLÉMÉE  SOTER,  BÉRÉNICE  I--". 

81.  —  Tète  diadémée  de  Soter  à  droite  avec  l'égide. 

^.  —  riTOAEMAiov  BASiAEns.  Tète  diadémée  de  la  reine 
ou  d'Isis,  avec  une  longue  chevelure  tombant  par  quatre 
rangs  de  boucles;  devant  la  tête  une  corne  d'abondance; 
derrière,  une  fleur  à  trois  pétales  (le  lotus).  AE  ' 

82.  —  Même  médaille,  nvA  en  monogramme  placé  sous  la  tête 

de  la  reine.  Gravé,  pi.  I.  AE" 

Mioni.et,  VI,  n,  G7,  etCh.  Lenormant,  Glyptique,  \)\.  82,  n.  7. 

83.  —  }tlême  type,  le  mot  abréviatif  QEV  sous  la  tête.  AE  " 

Ce  magistrat  0EV'I>ElAEVï,  que  nous  voyons  figurer  sur  les 
monnaies  autonomes  de  Cyrène  et  aussi  sur  le  n.  1 1 ,  indique  que 
cette  pièce  a  pu  être  réellement  frappée  pour  Soter  et  Bérénice. 

84.  —  Autre  variété,  se  ou  ib      id.        id.  AE  ' 

Mionnet,VI,  n.  60,  et Ch.  Lenormant.  Glyptique,  pi.   82,  n.  9. 

85.  —  Même  médaille,  sans  lettres  sous  la  tête  et  sans  le  lotus 

derrière.  AE  ^ 

Mioimet,  VI,  n.  74,  et  Ch.  Lenormant,  Glyptique,  pi.  82,  n.  6. 
80.  —  Même  médaille,  moitié  de  la  précédente.  AE  ^  '/j 

Mionnet,  VI,  n.  73  et  la  pièce  suivante,  n.  77. 

87.  —  Même  pièce  d'une  fabrique  très-postérieure.  AE  '  '/j 

88.  —  Même  médaille,  autre  division.  AE  ^  V, 

Mionnet,  VI,  n.  80,  et  Cii.  Lenormant,  Glyptique,  pi.  82,    n.  12. 


22  PTOLÉMÉE    I  OU  II 

89.  —  Même  type,  nouvelle  division.  AE  ^ 

Mionnet,  VI,  n.  79,  et  Ch.  Lenormant,  Glyptique,  pi.  82,  n.   10. 

90.  —  Autre  pièce  d'une  valeur  encore  moindre.  AE-"  V» 

91.  —  Même  type,  un  sylphium?  placé  sous  la  tète  de  la  reine 

(frappée  en  Cyrénaïque),  gravée  pi.  I.  AE  ^ 

Il  est  probable  que  l'émission  de  ces  monnaies  a  dû  se  pro- 
longer jusqu'à  une  époque  très-tardive  dans  la  descendance  des 
Ptolémée;  en  effet,  il  existe  des  pièces  frappées  à  ce  type  qui 
dénotent  une  si  affreuse  barbarie,  qu'il  est  évident  pour  nous 
que  leur  émission  s'est  continuée  pendant  presque  toute  la  durée 
des  règnes  des  Lagides.  11  ne  serait  pas  invraisemblable  que  ce 
caractère  de  monnaies,  comme  celui  au  type  de  Soter,  ne  se  fût 
également  répété  et  perpétué  pour  les  monuments  qui  devaient 
rappeler  les  images  du  roi  et  de  la  reine  réunies  sur  une  môme 
pièce  ;  s'il  en  était  autrement,  comment  expliquerait-on  alors 
le  nombre  si  considérable  de  ces  monnaies  qui  figurent  dans 
toutes  les  collections,  et  la  grande  quantité  de  ces  mômes  pièces 
que  les  fouilles  opérées  en  Egypte  font  découvrir  chaque  jour  ? 


BERENICE  Ire,  femme  de  Soter. 


Cette  reine  célèbre,  petite-fille  de  Cassandre.fut  d'abord  marie'e  à 
uû  Macédonien  obscur,  du  nom  de  Philippe.  EUe  en  eut  plusieurs  en- 
fants :  Magas  qui  devint  roi  de  Cyrène,  et  Antigène  qu'elle  maria  à 
Pyrrhus.  Elle  vint  en  Egypte  avec  sa  cousine  Euridice,  la  fille  d'iViiti- 
paterqui  s'y  rendait  pour  épouser  PtolémiJe.  Plus  tard.la  grande  beauté 
et  les  solides  qualités  de  Bérénice  lui  gagnèrent  le  cœur  du  souverain 
quirépudia  Euridice  pour  offrir  la  couronne  à  la  petite-fille  du  roi  de 
Macédoine. 

Cette  princesse  suivit  Soter  dans  plusieurs  grandes  expéditions  ; 
elle  sut  tellement  le  captiver,  qu'elle  le  décida  à  reconnaître  son  fils 
comme  héritier  du  trône  d'Egypte,  au  détriment  des  enfants  de  la  pre- 
mière femme  de  Soter.  L'empire  qu'elle  exerça  sur  son  mari  fut  si  ex- 
traordinaire, que  Ptolémée  fit  ériger  un  temple  en  sou  honneur, 
alors  qu'elle  vivait  et  régnait  avec  lui. 


A    Mas  s  on    sr 


BERENICE  1=?'?  PHILADELPHE.SOTER, BERENICE,  PHILADELPHE 
ET  ARSIMOE  II.ARSINOÉ  I! 


PTOLÉMKE  11,   PHILADELPilE  23 

92.  —  Tète  voilée  et  diadémée  de  la  reine  à  droite. 

rV  BEPEXiKHS  BASiAizHs;,  come  d'abondance  entourée  par 
un  diadème.  Gravée  pi.  II.  aV  ' 

Cette  rarissime  monnaie  est  complètement  inédite.  Le  travail 
d'art,  le  caractère  de  la  tête,  dont  l'expression  est  remarquable- 
ment belle,  les  traits  extrêmement  fins  et  délicats,  et  surtout 
assez  jeunes,  tout  cela  réuni  ne  nous  parait  laisser  aucun  doute 
sur  le  classement  à  la  première  Bérénice.  Le  tvpe  particu- 
lier de  noble  physionomie  que  l'on  remarque  sur  cette  pièce 
n'a  aucun  rapport  avec  les  traits  de  la  seconde  reine  du  même 
nom,  dont  la  figure  est  généralement  large  et  bouffie.  Le  poids 
de  la  pièce,  1  gramme  5  décigr.,  le  module,  l'exécution  du 
travail,  tout  concorde  parfaitement  avec  les  petites  monnaies  d'or 
de  Sùter,  n.  IG  à  2L  Une  remarque  assez  curieuse  est  à  con- 
stater, c'est  qu'il  manque  un  S  dans  l'inscription  BASIAIIIII. 


PTOLEMEE   II,  PHILADELPHE. 

(règne  38  ans.  du  2  novenihre  285  au  2-1  n-tnhre  247  p.ven:  J.-C.) 


Comme  nous  l'avons  mentionné  dans  la  notice  sur  sa  mère,  Ptolé- 
mée  U,  Philadelphe  était  le  fils  aîné  de  la  seconde  femiie  deSoter.  Il 
naquit  dans  l'île  de  Cos,  vers  l'an  309  avant  J.-C.  Il  avait  à  peine 
vingt-quatre  ans,  lorsqu'en  285  son  père  lui  céda  la  couronne.  S'il 
n'eut  pas  les  talents  militnire-;  du  premier  l'tolémée,  il  sut  se  faire 
remarquer  par  sou  esprit  d'organisation.  Son  amour  pour  les  arts,  les 
sciences  et  les  lettres  en  ont  fait  une  des  grandes  figures  de  ladj-nastie 
des  Lagides;  une  pais  rarement  interrompue  et  une  sage  administra- 
tion donnèrent  à  l'Egypte  une  prospérité  que  tous  les  historens  con- 
statent à  la  fin  du  règne  de  ce  grand  prin'e,  qui  mourutranl.'47  avant 
J.-C,  laissant  le  trône  à  un  fils  capp'^le  de  maintenir  la  monarchie 
égyptienne  dans  toute  sa  splendeur. 

9-3.  —  Tète  diadémée  de  Philadelphe,  l'égide  autour  du  cou. 

^.  nTOAE.M.uor  BASiAEP.s.  Aigle  sur  un  foudre  à  gauche  ; 
devant  ■t-A,  ouiA,et  derrière  kviip,  monogrammesn.  50  et 


84  PTOLÉMÉE  11,    l'UILADELPIlE 

57  de  la  pi.  XII.  Poids  14  gr..  Gravée  pi.  II.  AR  ' 

Cette  pièce,  que  nous  croyons  unique,  est  peut-être  le  seul 
monument  numismatique  connu  qui  nous  transmette  le  portrait 
isolé  de  Philadelphe  sur  une  médaille  frappée  de  son  vivant. 
Elle  a  eu  les  honneurs  d'un  très-bon  article  de  M.  F.  Lenor- 
mantdans  la  Revue  numismatique  française,  année  1862,  pa- 
ges 331  à  333.  La  vignette  est  figurée  en  tête  du  volume  comme 
l'une  des  pièces  les  plus  importantes  publiées  dans  l'année. 
On  peut  admettre  l'attribution  du  monogramme  de  l'île  de 
Chjpre,  mais  il  est  difficile  de  lire  le  nom  de  la  ville  de  PLatmis 
dans  l'autre. 

Première  époque? 

(Monnaies  sans  dates  au  type  de  Ptolémée  !"■,  avec  noms  de  villes.) 

Il  eût  été  peut-être  plus  rationnel  de  classer  ces  quatre  mon- 
naies a  la  seconde  époque  et  mettre  celle  avec  le  A  à  la  première  ; 
mais  les  tjpes  et  les  fabriques  sont  tellement  identiques  avec  les 
pièces  de  Ptolémée' I,  n.  12  à  37,  que  nous  avons  cru  devoir  les 
grouper  ici.       "•  •        '    ''^ 

04.  —  Tète  diadémée  de  Sotiu-'ù  droite  avec  l'égide. 

1^.  nTOAEMAior  BAiLVEfir.  Aigle  au  repos  sur  un  foudre  à 
gauche;  devant,  TTP,  monogr.n. 25, placé  au-dessus  d'une 
massue.  Poids  17  gr.  7  décigr.  AV  ^ 

Cette  monnaie,  frappée  à  Tvr,  est  l'une  des  plus  rares  de  la 
série.  Elle  a  été  publiée  par  Mionnet,  YI,  n.  61.  Voir  àlauote 
placée  avant  le  n.  139 ,  les  raisons  que  nous  proposons  pour  re- 
tirer du  règne  de  Soter  cette  pièce  et  les  trois  suivantes  pour 
les  ranger  ici.  . 

U5.  —  Même  tète. 

^.  —  Le  même  avec  le  même  monogramme.  AR'' 

Mionnet,  \'l,  u.  62, 

nT 
!)6.  — Même  médaille;  devant  1  aigle,  ^p,  la   dernière  ligne   en 

monogramme  n.  26,  pi.  XII,  derrière  l'aigle,  un  bouclier 

ovale.  (Frappée  à  Ptolemaïs  ?)  AR  '' 

Mionnet,  VI,  n.  31,  et  F.  Lcnormant  ,  p.  108  et  110.  Ce  dernier 
auteur  n'explique  paa  le  second  monofjramme. 


PTOLÉMÉE  II,  PHILADELPHE  25 

IIT 

97,  —  Même  type;  devant  l'aigle  .    ,  la  première  ligne  en  mo- 
nogramme, n.  27.  A  R" 

Ces  deux  dernières  pièces  ont  dû  être  frappées  à  Ptolëmaîs. 
Elles  sont  d'un  poids  identique  avec  celle  frappée  à  Tyr.  (14 
grammes). 

Seconde  époque. 

(Monnaies  au  même  type  avec  le  A  placé  derrière  l'oreille.) 

C'est  à  M.  Poole  que  nous  sommes  redevables  de  la  précieuse 
découverte  du  A  placé  derrière  l'oreille  du  roi.  Cette  lettre  a  pu 
paraître  de  prime-abord  d'une  assez  mince  importance  au  stu- 
dieux conservateur  du  Musée  Britannique.  11  nous  racontait,  il 
y  a  deux  ans,  sa  découverte,  et  il  semblait  devoir  attribuer  cette 
lettre  a  une  marque  de  fabrique  do  quelque  atelier  chypriote. 
Depuis  lors,  de  très-grandes  trouvailles  ont  été  faites  en  Egypte, 
et  cette  lettre  figure  sur  des  quantités  innombrables  de  mon- 
naies de  fabriques  et  de  villes  différentes.  On  doit  donc  cher- 
cher autre  chose  qu'un  atelier  monétaire  ou  l'initiale  d'un  nom 
de  graveur. 

Si  les  pièces  avaient  été  émises  à  une  époque  plus  rapprochée 
de  nous,  le  mot  de  l'énigme  serait  vite  trouvé,  le  A  pourrait 
très-logiquement  être  considéré  comme  abréviation  du  mot 
Si<nîpo;  (le  second  roi  de  la  dynastie/;  mais  nous  ne  trouvons 
nulle  mention  d'ordre  numérique  suivi  pour  les  souverains 
de  la  haute  antiquité;  on  ne  les  désignait  d'habitude  que  par 
des  surnoms,  comme  le  prouve  assez  toute  la  chronologie  de 
ces  rois  d'Egypte. 

Si,  au  lieu  du  A  ainsi  placé,  nous  avions  la  lettre  *,  il  nous 
semble  que  tous  les  doutes  seraient  levés  ;  personne  ne  contes- 
terait l'abréviation  de  ■tl.UAEA't'OV.  Nous  pensons  pourtant  que 
cette  lettre,  quoique  très-peu  apparente,  peut  cependant  préci- 
ser une  distinction  positive  entre  les  monnaies  de  Philadelphe 
et  celles  de  son  père.  Une  coïncidence  nous  confirme  encore 
plus  fortement  dans  notre  opinion,  c'est  que  les  deux  grandes 
pièces,  n.  101  et  102,  ainsi  que  celle  du  Cabinet  de  France,  du 
même  module  et  du  même  poids,  toutes  trois  portent  ce  A.  Or, 
le  module  de  ces  pièces  est  en  parfaite  analogie  avec  celui  des 
monnaies  de  la  seconde  femme  de  Philadelphe,  et  nous  ne  re- 


26  PTOLÉMÉE  II,  PniLADELPHE 

trouvons  ces  modules  et  ce  poids  sous  aucun  autre  règne  anté- 
rieur ni  postérieur  à  ceux  de  Philadelphe  et  de  son  fils;  c'est  en 
effet  sous  les  règnes  de  ces  deux  grands  organisateurs  que  l'on 
dut  chercher,  par  tous  les  moyens  possibles,  à  fonder  un  système 
monétaire  en  harmonie  avec  les  besoins  du  commerce  si  étendu 
de  leurs  peuples;  delà  ces  grandes  variétés  de  poids  et  de  mo- 
dules. 

98.  —  Tète  diadémée  de  Ptolémée  Soter  à  droite  avec  l'égide; 

un  très-petit  à  placé  derrière  l'oreille  dans  le  creux  ré- 
servé entre  les  premières  mèches  de  cheveux. 
^.  —  HTOAiiMAior  BAïiAEns.  Aigle  au  repos  sur  un  foudre, 
à  gauche;  devant,  la  lettre  *.  AV® 

Cette  rare  pièce  a  dû  être  frappée  dans  la  môme  localité  que 
le  n°  80,  probablement  à  Phacusa. 

99.  —  Même  type  ;  devant  l'aigle,  la  lettre  A.  AV 

Cette  pièce  a  pu  être  frappée  à  Alexandrie.  Elle  a  été  publiée 
par  Mionnet,  \'I,  n.  1. 

100.  —  Même  type;  devant  l'aigle,  am  monogramme,  pi.  XII,  n.  12. 

Gravée  pi.  II.  AV  " 

100  bis.  —  Même  médaille  avec  aam,  monogramme  12  bis.    AV  ^ 

Voir  après  le  n.  33  la  note  concernant  ce  monogramme.  Ces 
quatre  belles  pièces  d'or  sont  toutes  de  même  poids  :  17  gr.,  5 
et  7  décigrammes. 

101.  —  Même  type;  devant  l'aigle,  xa,  monogr.  n.  16.  AR  '" 

102.  —  Même  médaille        id.        An  ou  nA,  monogramme,  n.  11. 

Gravée  pi.  II.  AR 


10 


On  connaît  seulement  trois  rarissimes  pièces  de  ce  module  et 
de  ce  poids  inusité  (28  grammes  2  décigr.)  dans  les  monnaies 
des  rois  d'Egypte,  les  deux  que  nous  venons  de  décrire  et  celle 
de  la  célèbre  collection  de  feu  M.  le  duc  de  Luynes,  actuellement 
placée  au  Cabinet  Impérial;  cette  dernière  a  été  publiée  par 
M.  F.  Lenormant,  pi.  VII,  n.  3.  Elle  semble  du  même  coin 
que  l'une  de  celles  que  nous  décrivons  ici. 

Le  monogramme  du  n.  101  a  été  attribué  à  Carthage  par 
M.  F.  Lenormant,  page  103.  Nous  retrouvons  ce  même  mono- 


PTOLÉMÉE  II,  PHILADELPHE  '27 

gramme  sur  les  n.  21,  42,  76,  134  et  391.  Voir  la  note  du 
n.  33.  Nous  avons  déjà  dit  qu'on  avait  substitué  le  nom  de 
Characmoba  à  celui  de  Carthage  ;  mais  la  lettre  p  ne  se  lit  pas 
sur  plusieurs  pièces. 

Le  monogramme  du  n.  102  a  été  également  expliqué  par 
M.  F.  Lenorraant.  pages  74  et  100.  Il  l'attribue  à  la  ville  d'A- 
■  poUonie  de  Cyrénaïque,  comme  nous  l'avons  expliqué  dans  la 
note  du  n.  70.  Il  paraîtrait  peut-être  plus  rationnel  de  lire  Pa- 
nopolis  au  lieu  d'Apollonie,  d'autant  plus  que  la  fabrique  de  ces 
trois  pièces  de  grand  module  parait  parfaitement  égyptienne. 

103.  Même  tète;  le  A  placé  derrière  l'oreille  ressemble  ;i  un  \. 

P^.  Même  aigle;  devant,  la  lettre  a.  .  AR  ' 

104.  —  Même  type,  le  \  parfaitement  formé.  AR' 

Cette  monnaie  a  du  être  frappée  a  Ale.xandrie,  comme  le  n.  99. 

Sur  trois  monnaies,  n.  98,  101  et  103  de  cette  série,  le  A 
ressemble  à  un  A;  il  est  certain  que  c'est  toujours  le  A  que  le 
graveur  a  voulu  faire.  Nous  avons  retrouvé  la  môme  pièce  au 
même  monogramme,  avec  le  A  barré  par  le  bas  et  non  barré,  té- 
moin les  n.  103  et  10 1.  Les  deux  pièces  semblent  du  môme  coin. 

riT 

105.  —  Même  type;  devant  l'aigle,  ap,  les  deux  dernières  lignes 

Aa 

en  monogramme,  pi.  XII,  n.  1^8  et  29;  derrière  l'aigle,  un 
bouclier  ovale.  AR' 

Selon  M.  F.  Lenormant,  pages  108  et  109,  cette  médaille 
aurait  été  frappée  pour  Ptolémaïs ,  Aradus  et  Dora.  On  peut 
encore  ici  déterminer  facilement  une  preuve,  en  comparant 
cette  pièce  avec  les  n.  9(5  et  107  et  toutes  les  pièces  suivantes 
de  Ptolémaïs,  que  tous  les  monogrammes  secondaires  ne  peu- 
vent en  aucun  cas  être  admis  comme  mentionnant  des  alliances 
de  villes. 

106.  —  Même  type;  devant  l'aigle,  si.  Gravée,  pi.  II.  AR' 

107.  —  Variété,  ~^  la  dernière  ligne  en  monogr.,  n.  58.  AR' 

La  première  de  ces  deux  pièces  a  été  publiée  par  Mionnet, 
VI,  n.  45.  Elles  ont  dû  être  frappées  à  Sidon.  Leur  poids  est  de 
13  grammes  5  décigr.    Nous  avons  souvent  remarqué  cette  lé- 


28  PTOLÉMÉE  II,  PHILADELPHE 

gère  différence  de  poids  dans  les  tétradrachmes  émis  par  les  ate- 
liers phéniciens. 

108.  —  Même  type;  devant  l'aigle,  am,  monogr.,  pi.  XII,  n.  12. 

Poids,  14  grammes.  AR' 

Frappée  à  Damas  ?    Voir,  au  n.  33,  la  note  sur  ce  mono- 
gramme. 

109.  —  Même  type;  devant  l'aigle, my,  monogr.,  n.  30.  AR' 

Classée  à  Myos-Hormos    d'Egypte  par  M.  F.  Lenormant, 
page  50. 

110. —Même  type;  devant  l'aigle,  nvM,  monogr.,  n.  31.  AR' 

111.  —  Même  type  ;  devant  l'aigle,  ^  AR' 

Mioanet  VI,  n.  37  et  F.  Lenormant  p.  38aRhinocorura. 

P 

112.  —  Même  type;  devant  l'aigle,  a,  monogr.  n.  32  AR  ' 

DM 

113. —  Même  type;  id.,        /p       ap  monogr.  n.  28.    AR' 

114. —  Même  type;  id.,        ^^j,  monogr.  n.  22.  AR' 

Ce   second    monogramme    se  retrouve   encore    en  seconde 
ligne  sur  les  n.  65  et  73. 

115.  —  Même  type  ;  ^^p   "'onogi"-  "•  33.  AR  ' 

116.  —  Même  type;  ^jj   monogr.  n.  34.  AR' 

monogr.  n.  5.  AR' 

id.      û.  30.  AR' 

id.      n.  14.  AR' 

id.      n.  11.  AR' 

Mionnet,  VI,  n.  39. 


117. 

—  Même  type  ; 

MI 

Mionnat,  VI,  n 

36. 

118. 

—  Même  type; 

P 

HY 

119. 

_        id.; 

P 

nïJi 

120. 

_        id.; 

P 

nA 

PTOLÉMÉE  II,  PHILADELPHE  29 

121. —  Même  type;  ^^.  ournn.  6.             AR' 

122.—        id.;  ^^  monogr.  n.  8.         AR' 

123.—        id.;  /g  AR' 

124.-        id.;                                   l  AR' 

125.-        id.;                                     l  AR' 

126.-        id.;  ^  AR  ■ 

P 

127.  —        id.;  ,^p  monogr.  n.  13.  AR  ^ 

Cette  magnifique  série  de  17  pièces  d'une  fabrique  réellement 
remarquable  et  toujours  d'un  poids  extrêmement  correct  (14 
grammes)  a  été  très-certainement  émise  par  le  môme  atelier 
monétaire.  Il  n'y  a  pas  d'objection  sérieuse  à  admettre  la  ville 
de  Rhinocorura,  quoiqu'il  soit  difficile  de  prouver  que  cette  loca- 
lité possédât  à  cette  époque  l'importance  voulue  pour  émettre 
un  aussi  grand  nombre  de  variétés  de  monnaies,  c'est-à-dire 
de  pièces  signées  par  autant  de  magistrats  monétaires;  mais  le 
silence  des  historiens  sur  la  notoriété  de  cette  cité  ne  peut  être 
une  objection  sérieuse  à  l'activité  do  sa  production  monétaire  : 
les  historiens  ont  laissé  de  très-grandes  lacunes  municipales, 
et  il  est  peu  d'année  où  on  ne  découvre  des  monuments  contem- 
porains, prouvant  la  célébrité  de  villes  et  de  populations  dont  les 
historiens  anciens  mentionnent  même  à  peine  les  noms. 

En  admettant  que  la  lettre  P  indique  en  effet  le  nom  de  la  ville 
de  Rhinocorura,  c'est  ici  surtout  que  nous  avons  le  champ 
libre  pour  essayer  de  démontrer  l'invraisemblance,  disons  même 
l'impossibilité  du  système  des  alliances  des  villes  placées  sous 
la  domination  des  Lagides,  système  qui  a  fait  tant  de  bruit  en 
sens  négatif  et  affirmatif.  Rien  n'était  plus  facile  en  effet,  pour 
les  amateurs  de  variétés,  cherchant  la  vérité  à  l'aide  desmono- 
•  grammes;  mais  aussi,  d'un  autre  côté,  rien  de  plus  faux  que  le 
mode  d'interprétation  proposé,  lorsqu'on  veut  tenter  d'appro- 
fondir les  effets  et  les  causes. 


30  PTOLÉMÉE  II,  PIIILA.DEI.PHE 

Il  est  incontestable  que  si  M.  F.  Lenormant  avait  eu  sous  les 
yeux  la  collection  que  nous  sommes  charg-é  de  décrire  aujour- 
d'hui, et  aussi  le  médaillier  égyptien  du  Musée  Britannique, 
médaillier  d'une  richesse  extraordinaire,  il  se  fût  certainenaent 
abstenu  de  chercher  des  alliances  à  une  ville  aussi  peu  célèbre  et 
cela  sur  un  si  grand  nombre  de  pièces  mentionnant  des  noms  ainsi 
variés  à  l'infini.  Il  a  fallu  cependant  une  étude  excessive  et  une 
intelligence  extraordinaire  pour  trouver  comme  alliance  à  la 
ville  de  Rhinocorvra  dans  le  n.  112,  Apis  de  la  Marmarique , 
118,  jVyos  Hormos ,  120,  Apollonie  de  Cyrénaïque ,  121, 
Jlypatnn,  122,  Paraetonium  12(3,  Phacnsa  ;  enfin,  dans 
le  127,  la  ville  de  Cartliagc.  Cette  dernière  attribution  surtout 
a  dû  demander  des  recherches  très-grandes.  Pu  reste,  pour 
cette  ville  comme  pour  les  autres,  les  faits  historiques  concor- 
dent si  bien  que  tout  paraît  possible  h  première  vue. 

Si  on  nous  taxe  de  trop  d'incrédulité  pour  ce  système  d'allian- 
ces de  villes  que  nous  contestons,  nous  demandons  une  seule  chose 
bien  simple,  une  explication  raisonnable  appuyée  de  preuves 
historiques  pour  les  11  pièces  que  nous  venon.s  de  décrire  et  qui 
n'ont  pas  été  expliquées.  Nous  serons  heureux  de  reconnaître 
notre  erreur;  il  serait  aussi  nécessaire  de  donner  des  raisons 
plausibles  pour  tous  les  autres  monogrammes  secondaires  qui 
se  lisent  sur  les  autres  pièces  de  localités  ditlerentes,  telles  que 
les  n.  127,  128,  120  et  120,  et  également  sur  la  majeure  partie 
des  pièces  datées  des  villes  de  Galilée  et  de  Phénicie,  où  on  re- 
marque souvent  encore  les  mêmes  monogrammes  secondaires 
sur  les  monnaies  de  deux  et  morne  trois  villes  différentes. 

128. —  Même  type;  devant  l'aigle,  ,  AR  " 


Mionnet,  VI,  n.  27. 

nA 


129.  —  Même  type  ;  id.,  '        monogr.  n.  11.        AR  ' 


130.—        id.;  id.,  Jp  id.     n.  13.  AR^ 

Ces  trois  pièces  ont  pu  réellement  être  frappées  à  Phacusa,  le 
monogramme  xap  de  la  dernière  se  retrouve  sur  les  n.  34,  47, 
58,  61,  131  et  ::90.  Nous  avons  tenté  de  prouver,  à  la  suite  du 
n.  34,  qu'il  ne  pouvait  être  considéré  comme  mentionnant  le 
nom  de  Carthage. 


PTOLÉMÉE  II,   PHILADELPHE  31 

131.  —  Même  type;  le  monogramme  xap  seulement  devant  l'ai- 

gle. AR^ 

132.  —  Même  type  ;  seulement  la  lettre  2,  sans  autre  monog.  AR' 

133.  —  Même  type;  fan  ou  fm,  monogr.,  pi.  XII,  n.  35.        AR' 

Excepté  le  n.  131,  ces  pièces  sont  du  poids  très -élevé  de  14 
grammes  8,  deux  pèsent  15  grammes  ;  elles  paraissent  avoir  été 
frappées  dans  des  ateliers  égyptiens.  Nous  ne  trouvons  aucune 
ville  à  qui  attribuer  les  n.  132  et  133. 

EY 

134.  —  Le  type  des  pièces  précédentes;  devant  1  aigle,       ,1a der- 

nière ligne  en  monogramme,  pi.  xii,  n.  10.  AR' 

Le  môme  monogramme  xa.  se  voit  également  sur  les  n.  21, 
41,  76,  101  et  391.  Voir  la  note  du  n.  21. 

FV 

135.  —  Même  type;  devant  l'aigle.  ^^^^^^  o  1  cette  seconde  ligne  en 

monogramme,  pi.  XII.  n.  n.  3.  AR' 

Ces  deux  pièces  ont  été  frappées  très -vraisemblablement  à 
Evespéris  de  Cyrénaïque  :  M.  F.  Lenormant,  p.  103,  classe 
la  première  à  Evespéris  et  Carthage. 

Troisième    époque. 

(Monnaies  sans  le  A,  portant  des  dates  et  des  noms  de  ville.) 

Ville  de  Tyr. 

136.  —  Tète  diadémée  de  Soter  avec  l'égide,  à  droite. 

B).  —  nTOAEMAior  BAii,\Ei>s.  Aigle  sur  un  foudre  à  gauche; 
devant,  une  massue  surmontée  de  tvp  en  monogramme, 
pi.  XII.  n.  25,  derrière  l'aigle,  la  lettre  k  (an  20).        AR' 

137.  —  Même  type;  derrière  l'aigle,  kb  en  mongr.  (an  22)       AR' 

138. —Même  type;  id.,  Ki         id.        (an  24)       AR' 

Sur  ces  trois  pièces  d'un  poids  très-régulier,  les  deux  der- 
nières ont  été  publiées  par  M.  R.  S.  Poole,  dans  la  Numis- 
matic  Chronicle,  année  1864,  pi.  I,  n.  1  et  4. 


32  PTOLÉMÊE  II,  PHILADELPHE 

Quatrième  époque. 

(Monnaies  avec  le  titre  de  Soter  et  portant  toutes  des  noms  de  villes.) 

Comme  nous  l'avons  déjà  relaté,  voilà  deux  grands  siècles 
que  la  numismatique  des  Lagides  est  discutée,  commentée  par 
les  savants  français  et  étrangers;  et  jusqu'en  ces  derniers 
temps,  chaque  pierre  apportée  au  mystérieux  monument  sem- 
blait en  surcharger  Tédifice. 

Pour  la  série  des  monnaies  que  la  généralité  des  auteurs 
classaient  à  Ptolcmée  Soter,  le  fondateur  de  la  dynastie,  ils 
évoquaient,  comme  nous  l'avons  déjà  fait  remarquer,  des  ères 
de  telle  ou  telle  ville,  pour  les  pièces  datées  de  l'an  23  à  l'année 
117,  portant  le  nom  de  iQTIIPOi:  (1).  Ceux  qui  ont  eu  l'idée  de 
ces  ères  inexplicables  n'ajant  pas  présenté  de  résultats  sérieux, 
nous  passerons  leurs  noms  sous  silence  ;  d'autres,  plus  logiques, 
avaient  trouvé,  dans  les  vaiiétés  de  travail  et  de  frappe,  que 
les  pièces  avaient  dû  être  émises  (celles  d'un  bel  art),  par  So- 
ter !"■,  les  autres  par  Soter  II.  Mais,  hélas!  les  dates  inscrites 
d'une  manière  indiscutable  venaient  aussi  renverser  leur  sé- 
duisant échafaudage.  En  effet,  en  prenant  même  pour  point  de 
départie  moment  où  PtoléméeSoterl'"  gouverna  l'Egypte  comme 
satrape,  (l'année  323  avant  notre  ère),  la  monnaie  portant  la 
date  117  se  trouvait  être  frappée  l'an  200,  avant- dernière  an- 
née du  règne  de  cet  exécrable  Philopator,  qui  mourut  l'an  205, 
juste  89  ans  avant  l'avènement  de  Soter  II  au  trône;  Cousinéry 
seul  avait  admirablemant  posé  les  bases  d'une  solution  sérieuse 
et  raisonnée,  en  disant,  lettre  IV,  page  137  : 

»  Le  système  monétaire  de  Soter  va  être  encore  mieux 
»  éclairci  par  celui  qu'adopta  Ptolémée  Philadelphe,  son  fils  ;  ce 
I  prince,  autant  pour  honorer  la  mémoire  de  son  père,  issu 
»  d'Hercule,  que  pour  obtenir  plus  sûrement  le  respect  des 
t  peuples,  se  hâta,  après  la  mort  de  Soter,  de  célébrer  son  apo- 
»  théose  à  Memphis,  où  la  statue  du  nouveau  dieu  fut  placée 
»  auprès  de  celle  d'Alexandre  ;  et  il  fit  rendre  les  mêmes  hon- 
•  neurs  à  Bérénice,  sa  mère.  Nous  voyons  la  preuve  de  ce  fait 


(1)  Dernières  limites  des  pièces  datées.  R.  ST.  Poole,   Num.   chron., 
années  1£64,  pages  165  à  167. 


PTOLÉMÉE  II,    PHILADELPHE  33 

»  dans  l'inscription  de  Rosette.  II  fit  frapper  à  l'occasion  de 
•  cette  consécration  de  très- belles  monnaies  d'or  et  d'argent, 
»  avec  l'image  de  son  père,  et  où  ce  roi  est  quelquefois  qualifié 
>  de  snTHPOS  sauveur.  Pendant  tout  son  règne,  Philadelphe 
»  n'employa  que  ces  mômes  types  sur  les  trois  métaux  ,  et ,  à 
»  l'exemple  de  son  père,  il  s'abstint  de  faire  représenter  sa 
»  propre  image  sur  aucune  de  ses  monnaies,  etc.,  etc.  » 

Cette  idée  tout  à  fait  lumineuse,  émanée  d'un  homme  fonciè- 
rement attentifs  l'étude  de  l'art  monétaire  et  aux  recherches  his- 
toriques, n'a  cependant  pas  converti  la  plus  grande  partie  des  au- 
teurs contemporains  habitués  ."i  la  routine, et  qui  ont  passé  son  nom 
sous  silence.  Il  ont  préféré  suivre  les  vieux  errements  en  main- 
tenant au  premier  Ptolémée  presque  toutes  les  monnaies  à  son 
effigie  portant  .«oit  l'inscription  nTO.VEMAlor  BAIUEni,  soit  celle 
IITOAEMAlor  ïUTHl'Oi,  et  sans  les  explications  de  MM.  Poole 
et  Six,  tout  serait  encore  à  l'état  d'étude  où  Cousinéry  l'avait 
laissé. 

M.  Six  démontre  d'une  manière  indiscutable  dans  sa  remar- 
quable lettre  à  M.  Poole,  insérée  in  extenso  dans  laNumismatic 
Chronicle  (1),  qu'il  parait  inadmissible  d'attribuer  à  Soter  I" 
les  monnaies  frappées  en  son  nom  en  Phénicie  et  en  Judée, 
surtout  celles  portant  des  dates  comprises  entre  les  années  25 
à  39.  Nous  partageons  en  tout  point  l'opinion  du  savant  hollan- 
dais, et  M.  Poole  lui-même  parait  s'être  rangé  ;\  sou  avis;  nul 
doute  que  les  hommes  judicieux  ne  se  rendent  à  d'aussi  sérieux 
arguments.  En  effet,  les  pièces  datées  portant  le  nom  de  Soter, 
émises  par  les  villes  de  Tyr,  Sidon,  Gaza,  .Joppé  et  Ptolémaîs, 
s'arrêtent  toutes  à  l'année  39.  Les  monnaies  à'Arsinoé  II,  la 
seconde  femme  de  Philadelphe ,  portent  également  des  dates 
s' arrêtant  à  cette  limite  (2).  Or,  Philadelphe  aj-ant  régné  38  an- 
nées parfaitement  accomplies,  rien  ne  s'oppose  îi  ce  que  l'année 
39  soit  inscrite  sur  les  dernières  monnaies  de  son  règne.  Nous 
aurons  l'occasion  de  rappeler  cette  anomalie  de  dates  dans  les 
notes  placées  à  la  fin  des  règnes  de  Ptolémée  VIII  Philométor 
et  de  Ptolémée  XIII  Aulôte.  Nul  n'ignore  que  les   rois  d'É- 


(1)  Année  1865,  pages  126  à  131. 

(2)  Voir  l'avant-dernier  alinéa  de  la  note  placée  après  le  n.  183. 


34  PTOLÉMÉE  II,  PHILADELPHE 

gypte  avaient  pour  habitude  de  compter  leurs  années  de  règne 
du  jour  môme  de  la  prise  de  possession  du  trône.  Nous  voyons 
en  effet  des  règnes  très-éphemères  dater  des  monuments  de  la 
seconde  année  de  leur  règne.  On  comptait  l'année  dans  laquelle 
avait  lieu  l'avènement  pour  I.  Puis,  au  renouvellement  de 
l'année  du  public,  on  comptait  II;  on  pouvait  de  la  sorte  avoir 
deux  années  de  règne  sur  les  monnaies  en  quelques  semaines, 
même  en  quelques  jours. 

Il  serait  aussi  as^oz  difficile  d'attribuer  ces  pièces  à  Ptolémée 
!'■'  Sûter,  qui  ne  régna  effectivement  comme  roi  que  21  ans  ou 
23  ans,  si  on  tient  compte  des  deux  années  qui  suivirent  son 
abdication;  et,  répétons-le  encore,  les  monnaies  d'Arsinoé  II, 
avec  les  date 5  élevées,  viennent  appuyer  notre  dire. 

Des  preuves  aussi  concluantes  nous  dispensent,  il  semble,  de 
démontrer  par  d'autres  arguments  l'attribution  évidente  à  Phi- 
ladelphe  des  monnaies  au  nom  deSoter;  elles  ont  été  réellement 
frappées  après  sa  mort,  très -vraisemblablement  par  une  inter- 
prétation de  religieux  respect  que  son  caractère  avait  inspiré  à 
son  successeur  et  à  son  peuple.  La  découverte  de  Cousinéry  nous 
paraît  très-rationnelle  et  tout  h  fait  probable.  Les  pièces  portant 
le  titre  glorieux  donné  par  les  Rhodiens  au  fondateur  de  la  dy- 
nastie des  rois  d'Egypte,  ont  dû  en  effet  avoir  pour  point  de 
départ  un  événement  mémorable  du  règne  de  Philadelphe  ayant 
pour  but  de  perpétuer  la  mémoire  de  son  père;  ce  fait  histo- 
rique avait  une  telle  importance  aux  yeux  du  peuple  égyptien, 
que  tous  les  descendants  de  cet  homme  illustre,  même  les  plus 
pervers,  se  glorifièrent  de  maintenir  ses  titres  et  son  efBgie  sur 
les  espèces  monétaires. 

Ces  sortes  de  glorifications  posthumes  étaient,  on  le  sait,  dans 
l'esprit  et  le  tempérament  des  anciens.  Donnons  comme  preuve 
la  série  entière  des  rois  de  Pergame.  Tous  en  effet  firent  frap- 
per des  monnaies  au  nom  et  au  type  de  Philétaire,  le  fondateur 
de  la  dynastie. 

Sous  les  empereurs  romains,  les  souverains  adoptifs  pre- 
naient généralement,  sur  les  monnaies,  lors  de  leur  avènement, 
le  caractère  de  tète ,  même  l'expression  de  physionomie 
de   leur  prédécesseur.  Témoin    Trajan,    ressemblant  d'abord 


PTOLÉMÉE   II,   PHILADELPHE  35 

à  Nerva;  Hadrien,  prenant  aussi  le  caractère  de  tête  de  Tra- 
jan,  etc.,  etc.  On  peut  aussi  fournir  une  similitude  assez 
exacte  par  d'autres  personnages.  On  peut  dire  qu"il  était  dans 
la  forme  spiritualiste  de  la  civilisation  grecque  et  romaine  de 
placer  sous  l'invocation  ou  la  protection  du  mort  les  actes  et  la 
vie  des  vivants.  Les  elBgies  d'Hercule,  héros  créateur  et  père 
de  tant  de  princes;  celles  d'Ale.tandre,  perpétuant  son  nom  et 
ses  gloires  ;  les  Césars  Augustes,  les  institutions  des  empereurs 
bienfaisants,  prouvent  assez  que  les  anciens  aimaient  à  faire 
revivre  les  morts  dans  tous  les  usages  de  la  vie. 

Ville  de  ryr. 

139.  —  Tête  diadémée  de  Sotcr  avec  l'égide. 

i\.  —  nTOAEM.uor  iOTHPOi.  Aigle  au  repo.'=;  à  gauche;  de- 
vant, la  massue  surmontée  de  tvI',  monogr.  n.  25,  pi.  xii  ; 
derrière,  niTH,  monogr.  39  de  lu  même  planche.         AR' 

1  tO.  —  Même  type;  le  monogramme  placé  derrrière  l'aigle  rem- 
placé  par  j  AR' 

Mionnef,  sup.   IX  n.  27. 

lu.  —Même  type;  derrière  l'aigle,  ^  AR  " 

142. —Même  type;"        id.,  ^^y(an30),   la  dernière  ligne 

monogr.  n.  59,  entre  les  jambes  de  l'aigle  la  lettre  a.  AR^ 

1-13.  —  Variété.  Entre  les  jambes  de  l'aigle,  hp,  monogramme 
n.  19.  AR' 

144. —Autre  variété;  id.  avec  mi,  monogr.  n.  5.    AR' 

145.  —  Autre  variété  ;  id.  id.  ^o,  manogr.  n.  58.  AR' 

Ch.  Lenormant,  Glyptique,  pi.  81  n.  14. 

146.  —  Même  type;  derrière  l'aigle,  '^   (an  32).  ma  en  monogr. 

n.  40;  entre  les  jambes  de  l'aigle,  Mt,  monogr.  n.  5.       AR  ' 
147.  —  Même  pièce;  'seulement  le  monogramme  placé  entre  les 

jambes  de  l'aigle,  varié,  c'est  le  n.  58  aveu  No,  AR  ' 


36  PTOLÉMÉE  II,   PHILADELPHE 

148.  —  Autre  variété  ;  6  entre  les  jambes  de  l'aigle.  AR  ' 

149.  —Même  pièce;  derrière  l'aigle,  ^j^  (an  33),  0  entre  les  jambes 

de  l'aigle.  AR  ' 

150.  —Même  type;  derrière  l'aigle,  j^'^  (an  34),  entre  les  jambes 

de  l'aigle,  Mr,  monogr.  n.  30.  AR  ' 

Ce  dernier  mono2:rarame,  formé  des  lettres  î^V  ou  :mv,  se  re- 
trouve sur  les  n.  109  et  118.  M.  F.  Lenormant  l'attribue  à 
Myos  Hormos. 

151.  —  Même  médaille;  seulement  entre  les  jambes  de  l'aigle,  no 
comme  sur  le  n.  1 17.  AR  ^ 

AC 

152.  —  Même  type;  derrière  1  aigle,    ^  (an  3G);  ©  entre  les  jambes 

de  l'aigle.  AR  ' 

153.  — Même  type;  derrière  l'aigle,  '^  (an  39);  entre  les  jambes 

de  l'aigle  le  même  ©.  AR  ' 

Toutes  ces  pièces  sont  d'une  fabrique  identique  et  d'un  poids 
assez  régulier,  14  grammes;  les  n.  143,  149  et  152  seuls 
n'ont  pas  le  poids  réglementaire  ,  mais  elles  ont  beaucoup  di- 
minué de  poids  au  nettoyage;  le  n.  149  a  perdu  3  gr.,  2décigr., 
et  cela  en  une  seule  journée  de  séjour  dans  l'alcali. 

154.  —  Même  type;  devant  l'aigle,  TVP,  monogr.  n.  25,  placé  au- 
dessus  de  la  massue,  derrière,  la  lettre  K.  AR  ' 

Cette  pièce,  d'une  belle  fabrique  et  d'un  poids  trôs-élevé, 
14  gr.  2  décigr.,  a  dû  être  frappée  à  Tyr  plusieurs  années  après 
l'année  20  du  règne  de  Philadelphe.  Nous  pensons,  comme  sur 
le  n.  217,  que  la  lettre  K  ne  mentionne  nullement  une  date, 
car  en  l'année  20,  et  même  pendant  les  trois  années  suivantes, 
les  pièces  de  Tyr  portaient  encore  la  légende  riTOAEMAlor  BA- 
SIAEQI ,  témoin  les  n.  136  a  138. 

Ville  de  Si  don. 

155.  —  Tête  diadémée  de  Soter,  avec  l'égide. 

^.  —  nTOAEMAior  ïQTUPOï.  Aigle  sur  un  foudre,  à  gauche; 
devant,  ii  derrière  mht,  monogr.  n.  41.  AR  ^ 


PTOLÉMÉE  II,  PHILADELPHE  37 

156.  —Même  type;  ii  devant  l'aigle;  sans  lettres  ni  symboles 

derrière.  AR  ^ 

157.  —  Même  type;  devant  l'aigle,  ^^'^^  ,  cette  dernière  ligne,  mo- 

nogr.n.  41;  derrière  l'aigle  Ke  (an  29)  AR  ' 

Mionnet,  suppUmpnt  IX,  n.  13. 

Comme  on  peut  le  remarquer  ;\  laide  du  rapprochement  des 
n.  155,  157,  158  et  160,  les  pièces  datées  et  non  datées  de  cette 
ville  sont  parfaitement  contemporaines,  le  même  magistrat  si- 
gna les  unes  et  les  autres;  toutes  ces  lettres  et  monogrammes 
qui  figurent  en  seconde  ligne  sur  les  monnaies  de  cette  ville, 
ainsi  que  sur  celles  des  villes  voisines,  démontrent,  il  nous 
semble  d'une  manière  péremptoire,  qu'il  ne  faut  voir  là  que  des 
noms  de  magistrats.  On  retrouve  en  effet  les  mômes  noms  dans 
les  villes  de  Sidon,  Joppé  et  Ptolémaïs,  témoin  les  numéros 
cités  ci-dessus  et  aussi  les  n.  106,  172,  etc.,  où  figure  toujours 
le  monogramme  41  avec  les  lettres  mut.  11  y  a  souvent  un 
gramme  d'écart  dans  les  monnaies  de  Sidon  ;  elles  varient  entre 
13  gr.  3  décigr.  et  14  gr.  2  décigr. 

158.  —  Même  type;  derrière  l'aigle  a  (an  30)  AR  ' 

Ch.  Lenormant,  Gh/ptique,  pi.  81,  n.  13. 

159.  —id.;  id.        id.,  ^'  ;  derrièr-^,  aa  (an  31)     AR' 


Mionnet,  Supl.  IX,  n.   14. 


160.  — id.;  id.        id.,  "  .j.,monogr.n. 41;  derrière, AB 

(an  32)  AR  ' 

Mionnet,  VI,  n.  53  et  J.  P.  Six,  Xum.  chron.  1865,  page  128. 

161.  —  id.;  id.  derr.  l'aigle,  Ar,  (an  33)  AR  ' 

162.  — id.;  id.  dev.  l'aigle,  ^,  derrière,  même  date.  AR  ' 

163.  —  id.;  id.  dev.  l'aigle,  XL,  (an  36)  AR  ' 


Ville  de  Gaza? 
-164.  —  Tète  diadémée  de  Soter,  avec  l'égide. 


38  PTOLÉMÉE  II,   PIMLVDELPHE 

^.  —  nTOAEMAior  laxHPOï:.  Aigle  sur  un  foudre , 
à  gauche;  devant  l'aigle,  ^^^.  ou  za  ,  la  première  ligne; 
raonogr.  n.  21,  et  la  seconde  monogr.  n.  38;  derrière  l'aigle 
^  (an  27  ?)  (poids  M  grammes)  AR  " 


Ville  de  Jopfé. 

165.  —  Tète  diadémée  de  Soter,  à  droite,  avec  l'égide. 

1^.  —  nTOAEMAior   lOTiiPOi:.  Aigle  au  repos,  à  gauche;  de- 
vant, ion;  derrière,  ^^  (an  3-2)  AR  ' 

106.  — Même  type;  devant  l'aigle,  j^^j^  ,  monogr.  n.  41,  derrière 

AE 

1- aigle  y    (an  35)  AR  ■ 

Mionuet,  tome  VI,  n.  55.  -^ 

167,  —  Même  type;  devant  l'aigle,  ion  ;  derrière  ac  (an  36)  AR  " 

168.  id.;  id.        ^^  ,  monogr.  n.  21,  derrière 

l'aigle,  ^^  (an  3G)  AR  '  ' 

Nous  avons  vainement  cherché  à  expliquer  la  lettre  ©  qui 
figure  sous  les  dates  de  trois  pièces  de  la  ville  de  Joppé.  0  que 
nous  retrouvons  également  sur  sept  pièces  de  Ptolémaïs.  On  a 
souvent  pris  cette  lettre  numérale  pour  une  double  date;  il  est 
démontré  ici  que  cela  est  de  toute  impossibilité  :  cette  double 
date  varierait  avec  les  dates  réelles.  Il  ne  serait  pas  impossible 
que  cette  lettre  fût  l'initiale  du  nom  d'un  magistrat  monétaire 
chargé  de  l'administration  des  ateliers  de  ces  deux  villes, 
villes  dû  reste  assez  voisines.  Les  pièces  sont  d'un  poids  très- 
élevé,  14  gr.  à  14  gr.  2  décigr. 


Ville  de  Ptolémaïs. 

169.  —  Tête  diadémée  de  Soter,  à  droite,  avec  l'égide. 

1^.  —  nTOAEMAior   SQTHPOS.  Aigle  sur  un  foudre,  à  gauche. 


PTOLÉMÉE  II,   PHILADELPIIK  39 

UT 

devant,  hn    monogr.  n.  29et43  AR' 

iiA 

Ces  mêmes  monogrammes  figurent  sur  la  pièce   n.  104,  monnaie 
avec  le  A  derrière  l'oreille. 

169  bis.  — Variété  de  la  même    ^^ 

A   monogr.  n.  42  et  43,  en- 
piece,  avec  np^  ' 

tre  les  jambes  de  l'aigle;  tk  monogr.  n.  GO  AR  " 

Mionnet,  suppl.  IX,  n.    111,  et  R.  S.   Poole,  Xmn.  rhron    18C4, 
pi.  VI,  n.  8. 

HT 

170, — Même  type;  devant  laigle,   ^.^^  AR  ' 

l'I.  id.;  kI.,  ^v  AR  • 

HT 

!"-•  id-;  id.,  M  Y  mon.  27.  31  et  44         AR  " 

MF. 

1~3-  id.;  id.,  ;^, p.  monogr.  27  et  44;  derrière 

l'aigle.  l  (an  30)  AR  ' 

HT 

173  bis.— Même  p.;  devant  l'aigle,  Mv  ou  vn  monogr.  n.  27,  14 


et  44 


ME 


AR 


7 


174.  —Même  type;  devant  l'aigle.   "^  monogr.  27  et  44;  derrière 
l'aigle,  ^^^  (an  31)  ar  ' 

175.  —  Variété  de  la  m.  p.,  avec    '^^       id.  aR  ' 


17G. 

id.. 

id. 

177. 

id., 

id. 

178. 

id.. 

id. 

179. 

id., 

id. 

180. 

id.. 

id. 

rière 

l'aigle. 

AE 

(an  35) 

^^   (an  32)  AR  ' 

0^  (an  33)  AR  ' 

e^   (an  34)  •  AR  ' 

HT  derrière  l'aigle.  \\  (an  34) 
AE  AR  ' 

riT 

^,g  monogr.  n.  27  et  44;  der- 

AR^ 


40  PTOLÉMÉE  II,   PIIILADELPHE 

Excepté  les  n.  169, 170  et  178,  qui  ont  un  peu  perdure  leur 
poids  au  nettojage,  ces  pièces  sont  d'un  style  assez  remar- 
quable et  surtout  d'un  poids  très-élevii,  toujours  dépassant  de 
un  ou  deux  décigr.  les  14  grammes  réglementaires.  Nous  ne 
reviendrons  pas  sur  leur  attribution  à  Philadelplie,  que  nous 
pensons  avoir  suffisamment  expliquée  page  32,  dans  la  note 
précédant  le  n.  139.  : 

Monnaies  de  Villes  incertaines  sans  dates. 

181.  —  Tête  diadémée  de  Soter,  à  droite,  avec  l'égide. 

^.  —  nTo.vEMAior  snTHPOs.  Aigle  sur  un  foudre,  à  gauche; 
devant  "ti,  derrière,  iia.TP.xpi.  nionogr.  45,  46  et  17  placés 
en  triangle.  '  AR  ' 

182.  —  Même  tête,  contremarquée  du  monogr.  n.  48. 

I^.  —  Même  aigle;  devant,  hap,  monogr.  n.  8.  AR  ' 

La  première  pièce  dont  le  poids  dépasse  encore  14  grammes 
a  pu  être  frappée  dans  la  ville  de  Pliiladelpbia,  la  seconde  pesant 
13  gr.  4  décigr.,  a  probablement  été  frappée  à  Parcetonium. 

-■  .  ARSINOÉ  pe?  (femme  de  Philadelphe) 


Deux  femmes  du  nom  d'Arsinoé  partagèrent  tour  à  tour  la  souve- 
raineté de  )"Egypté  avec  le  second  roi  de  ce  pays. 

La  première  Arsinoé  était  fille  de  Lysiraaque,  roi  de  Thrace  ;  elle 
épousa  Philadelphe  Tan  282  avant  J.-C.  Elle  eut  trois  enfants  de  ce 
mariage,  Ptole'me'e,  qui  rt-gna  plus  tard  sous  le  nom  d'Evergètes,  Ly- 
simaque  et  Bérénice,  L'histoire  relate  que  son  mari,  croyant  qu'elle 
avait  conspiré  contre  sa  personne,  l'exila  dans  l'ile  de  Coptos  en  Thé- 
baïde.  Les  faits  postérieurs  feraient  croire  que  Philadelphe  inventa 
ce  stratagème  pour  se  débarrasser  de  la  fille  de  Lysimaque  afin  de 
pouvoir  épouser  sa  sœurqui  était  devenue  veuve  et  qui  dtgàavait  pris 
une  grande  influence  sur  son  caractère.  Arsinoé  trouva  le  moyen  de  s'en- 
fuir de  l'ile  de  Coptos  et  de  se  rendre  auprès  de  Magas,  le  frère  de 
son  mari,  qui  était  roi  de  Cyrène.  Ce  dernier  la  reçut  avec  tous  les 
égards  possibles  et  l'épousa.  Il  adopta  la  jeune  Bérénice,  que  sa  mère 
avait  emmenée  avec  elle  dans  sa  fuite. 

A  la  mort  de  Magas,  Arsinoé  fit  venir  de  la  Macédoine  Démétrius, 


PI   ni 


A    Mftsson   se. 


Imp  Leyy.ercier  e1   C'*"   ?ar 


ARSINOE  P_=?ARSINOE  I!    PTOLEMEE  EVERGETE  1=."* 


AHSINOÉ  I  41 

fils  de  Dém^trius  PolioiTùii','  afin  de  lui  donner  sa  fille  Bt're'nice  en 
mariage.  Mais  elle  prit  le  jeune  prince  pour  sou  amant  et  lui  aban- 
donna toute  l'autoritf?.  Bientôt,  Dt^me'trius  gouverna  avec  un  tel  des- 
potisme qu'il  se  forma  contre  lui  une  conspii-ation  ayant  à  sa  tête  la 
jeune  Bérénice,  laquelle  fit  fuer  son  fiancé  dans  le  lit  de  sa  toère  ;  sa 
vengeance  ainsi  assouvie  et  son  honneur  vengé,  elle  laissa  la  vie  à 
Arsinoé,  qui  mourut  longtemps  après  dans  un  àgeavancu. 

183.  —  Tète  jeune,  cornue  et  diadémée  de  la  reine,  un  sceptre 
sur  l'épaule,  dont  l'extrémité  apparaît  au-dessus  de  la  tête. 

^.  —  APSLNOHS  a>iAAAEA*dr.  Double  corne  d'abondance 
remplie  de  fruits,  et  ceinte  d'un  diadème  (poids  27  gram. 
7  décigr.)  Gravée,  planciie  III.  OR  ^  '/a 

Malgré  l'énorme  différence  de  caractère,  de  physionomie,  la 
finesse  des  traits,  le  type  plutôt  européen  qu'africain  de  la  tête 
représentée  sur  cette  belle  monnaie,  ce  n'est  qu'avec  la  plus 
extrême  réserve  que  nous  la  donnons  à  la  première  femme  de 
Philadelphe.  Il  parait  cependant  difficile  d'admettre  que  ce  sou- 
verain, si  c'est  réellement  lui  qui  a  fait  frapper  tant  de  mon- 
naies d'or  et  d'argent  de  modules  si  variés  pour  sa  sœur  ,  sa 
seconde  femme,  n'ait  pas  consacré  les  traits  de  la  première  sur 
des  monnaies,  surtf)ut  a  un  commencement  de  règne.  Il  J  a  peu 
de  temps,  la  chose  ne  faisait  aucun  doute  pour  nous,  les  mé- 
dailles elles-mêmes  nous  venaient  en  aide;  nous  n'avions,  il  est 
vrai, étudié  la  question  que  d'après  les  monuments  décrits  dans 
les  recueils.  Ces  descriptions  semblaient  nous  donner  complète- 
ment raison;  nous  constations  en  effet  l'existence  de  plusieurs 
pièces  portant  des  dates  antérieures  au  second  mariage  de  Phi- 
ladelphe, c'est-a-diredes  monnaies  frappées  pendant  les  années 
2,  4  et  6,  et  le  second  mariage  n'ayant  eu  lieu  qu'en  l'année 
277,  la  huitième  du  règne,  le  doute  n'était  donc  plus  permis.  Il 
existait  réellement  des  monnaies  des  deux  reines,  et  le  fait  était 
constaté  par  des  dates  positives.  Des  témoignages  d'auteurs 
spéciaux  venaient  encore  fortifier  notre  opinion  :  nous  citerons 
entre  autres  Champollion  Figeac  (1)  qui  dit,  pages  416  et  417  : 
•  Du  reste,  les  noms  de  Ptolémée  Philadelphe  et  des  deux 


(Il  Egypte  ancienne,  Pariï,  F.  Didot,  1839. 


42  ARSINOÉ  I 

»  Arsinoo,  ses  deux  femmes,  ne  sont  pas  très-rares  sur  les  mo- 
»  numents  égyptiens;  une  inscription  du  musée  du  Louvre 
»  mentionne  une  des  reines,  et  quant  aux  monuments  d'origine 
»  grecque,  outre  les  belles  médailles  en  or  de  ces  princesses, 
»  qu'il  est  facile  de  discerner  l'une  de  l'autre  par  les  traits  de 
»  leur  visage,  etc.,  etc.  » 

Plus  loin,  il  dit  encore  :  «  Les  médailles  de  Ptolémée  Phila- 
»  delphe  et  des  deux  Arsinoé,  particulièrement  celles  qui  sont 
»  frappées  en  or,  sont  remarquables  par  leur  style  et  leur  belle 
»  exécution;  on  n'y  a  observé  jusqu'ici  aucune  trace  des  sym- 
»  boles  religieux  particuliers  au  culte  égyptien,  etc.  • 

Malgré  tant  de  fiiits  favorables ,  un  doute  nous  restait  encore 
cependant  ;  nou.s  nous  rappellions  vaguement  avoir  vu  à  Flo- 
rence la  belle  pièce  d'Arsinoé.de  l'an  2,  et  à  Londres  et  ailleurs 
d'autres  pièces  avec  des  dates  également  basses  ;  il  nous  semblait 
que  le  caractère  de  physionomie  avait  une  grande  analogie  avec 
les  pièces  portant  les  dates  des  dernières  années  du  règne  de  la 
seconde  Arsinoé,  et  en  examinant  de  nouveau  toutes  ces  pièces, 
nous  acquîmes  la  certitude  que  la  majeure  partie  des  monnaies 
avec  les  dates  élevées  étaient  frappées  pour  la  même  souve- 
raine que  celles  portant  les  dates  les  plus  basses.  Cette  simili- 
tude de  caractère  de  physionomie  nous  a  replongé  d'abord 
dans  le  doute  le  plus  complet.  Tout  paraît  donc  être  mystère  , 
nous  disions-nous,  dans  cette  partie  de  la  numismatique;  l'état 
de  conservation  des  pièces,  qui  souvent  est  une  induction  :lans 
l'examen  des  trouvailles,  n'était  même  d'aucun  secours  pour 
éclaircir  les  obscurités.  On  verra  dans  les  notes  placées  après 
les  n.  200  et  203 ,  notre  appréciation  sur  ces  dates  extraordi- 
naire du  règne  de  la  seconde  Arsinoé. 

Comme  on  le  voit,  nous  étions  bien  las  de  conjecturer  sur  les 
moyens  à  mettre  en  œuvre  pour  chercher  à  sortir  de  cette  es- 
pèce de  chaos.  Il  nous  était  de  toute  impossibilité  de  conclure  à 
quoi  que  ce  soit  au  sujet  de  ces  pièces  si  curieuses  au  double 
point  de  vue  de  l'art  et  de  l'histoire. 

Nous  ne  pouvions  recourir  aux  lumières  du  savant  qui  s'est 
acquis  une  si  haute  réputation  de  tact  archéologique  et  de  pro- 
fonde érudition,  que  son  autorité  est  admise  à  peu  près  exclusi- 
vement à  l'étranger  comme  en  France;  nous  aurions  craint  que 


ARSINOÉ   1  4:3 

notre  appel  importun  fi  son  inépuisable  obligoance  ne  contribuât 
à  prolonger  un  état  de  maladie  qui  éloigne  momentanément 
notre  maître  du  Louvre  et  de  ses  travaux  académiques.  JN'ous 
eûmes  alors  l'idée  de  nous  adresser  aux  deux  savants  qui,  en 
Hollande  et  en  Angleterre,  se  sont  occupés  spécialement  de  la 
numismatique  égyptienne,  MM.  P.  Six,  d'Amsterdam,  et  R.  S. 
Poole.  M.  Six  nous  a  adressé  avec  un  courtois  empressement 
une  lettre  remarquable  et  détaillée  ;  M.  Poole,  de  son  côté,  nous 
communiqua  avec  non  moins  de  désintéressement  ce  qu'il  savait, 
et  cela  sans  la  moindre  restriction.  Nous  sommes  heureux  de 
pouvoir  saisir  ici  l'occasion  de  témoigner  à  ces  deux  numis-- 
matistes  l'expression  de  notre  vive  reconnaissance;  on  voit, 
en  effet  très-rarement  les  savants  décidés  à  communiquer 
avec  une  telle  générosité  le  fruit  de  leurs  précieuses  décou- 
vertes. 

Nous  sommes  à.  même  de  reconnaître  que,  de  nos  jours,  les 
travaux  numisanatiques  surtout  peuvent  être  étudiés  par  tous 
avec  une  facilité  extraordinaire.  Nous  constations  ci-dessus  que 
MM.  Six  et  Poole  avaient  montré  envers  nous  un  désintéresse- 
ment digne  de  tous  éloges;  nous  avons  également  trouvé  en 
France,  chez  tous  nos  savants,  une  complaisance  des  plus  com- 
plète, chacun  d'eux  s'est  empressé  de  nous  dire  ce  qu'il  savait 
sur  le  sujet  qui  nous  occupait;  plusieurs  d'entre  eux, ont  même 
poussé  l'obligeance  jusqu'à  nous  faire  des  traductions  de  papy- 
rus, des  copies  des  passages  des  auteurs,  la  liste  complète  des 
Préfets  d'Afrique,  etc.,  etc.,  et  nous  sommes  enchanté  de  leur  en 
témoigner  ici  toute  notre  gratitude. 

Saisissons  aussi  l'occasion  de  remercier  M.  ChabouiUct,  direc- 
teur du  cabinet  des  médailles,  qui  a  rivalisé  de  courtoisie  avec 
son  collègue  de  Londres,  M.  W.  Vaux,  en  mettant  toute  la  série 
égyptienne  à  notre  disposition.  Rien  ne  nous  a  été  refusé,  ni  le 
temps  nécessaire  pour  l'étude,  ni  la  liberté  de  prendre  toutes 
les  empreintes  utiles  à  notre  travail.  Donc,  si  nos  appréciations 
sont  erronées,  sur  nous  seul  doit  en  retomber  toute  la  respon- 
sabilité; nous  avons  été  traité  non-seulement  avec  égard,  mais 
encore  en  enfant  gâté,  par  les  directeurs  et  tous  les  employés 
des  deux  premiers  cabinets  numismatiques  d'Europe.  Disons-le 
encore,  c'est  pour  nous  un  devoir  et  un  plaisir  do  publier  ici 


44  ARSINOÉ  I 

combien  les  communications  nous  ont  été    aciles  de  la  part  de 
savants,  des  administrations  et  des  employés  des  musées. 

Nous  avons  aussi  eu  l'heureuse  chance  de  pouvoir  connaître 
un  intéressant  article  publié  par  le  trùs-regretté  duc  de  Luynes, 
sur  l'histoire  et  les  monuments  des  deux  femmes  de  Philadel- 
phe  (1).  Ici,  l'éminent  antiquaire  aura  sans  doute,  comme  tiint 
d'autres  numismatistes,  'trouvé  la  question  des  plus  ardues. 
Aussi  n'a-t-il  rien  décidé  sur  les  époques  d'émission  de  ces  ma- 
gnifiques pièces,  ni'sur  leur  attribution  à  l'une  ou  à  l'autre  de 
ces  deux  princesses. 

Pour  résumer  la  question,  disons  que,  d'après  les  documents 
qui  nous  ont  été  si  gracieusement  transmis  et  après  une  nou- 
velle étude  aussi  approfondie  que  cela  était  en  notre  pouvoir, 
nous  avons  acquis  la  conviction  que,  contrairement  à  l'opinion 
de  Cousinèry  (2),  qui  pensait  que  Philadelphe  n'avait  jamais 
autorisé  d'émissions  de  monnaies  au  nom  d'Arsinoé,  il  parait 
démontré  qu'il  a  dû  en  ordonner  la  fabrication,  et  même  qu'il  a 
dû  en  faire  frapper  une  très-grande  quantité.  Il  existe,  comme 
on  peut  s'en  convaincre,  des  pièces  datées  des  années  28,  30,  .'U, 
33,  34,  37  et  88.  Or,  Evergète  qui,  selon  Cousinérj,  aurait  été 
le  premier  à  émettre  des  monnaies  au  nom  de  sa  belle-mère,  ce 
souverain  n'ayant  régné  que  26  ans,  ne  peut  revendiquer  le^ 
pièces  mentionnées  ci-dessus,  tandis  que,  au  contraire,  Phila- 
delphe a  dû  les  faire  frapper  toutes.  Les  pai'tisans  des  ère- 
imaginaires  pourraient  invoquer  ici  un  point  de  départ  à  l'èic 
de  telle  ou  telle  ville,  mais  il  serait  bizarre  que  ces  dates  no 
dépassent  jamais  celles  de  la  fin  du  règne  de  Philadelphe  ;  nous 
constatons  en  eff'et  que  la  pièce  portant  la  date  la  plus  élevée, 
celle  de  l'an  38,  a  été  frappée  l'année  même  de  la  mort  de  ce 
grand  roi.  Or,  répétons-le  encore  ici,  Evergète  I"',  ni  son  fils 
Philopator,  n'ont  pu  faire  exécuter  ces  monnaies,  ces  deux  sou- 
verains n'ayant  pas  régné  le  temps  nécessaire  pour  atteindre 
la  limite  des  dates  élevées  inscrites  sur  ces  pièces. 


(1)  Atinales  de  l'Institut  archéologique^  année,  1841,   pages  21)6  et 
suivantes. 

\2)  Lettre  IV,  page  140. 


ARSINOÉ   II  45 

Qu'on  ne  croie  pas  cependant  que  ik.u=  a^ons  l'intention  de 
combattre  sur  tous  les  points  les  opinions  admises  aujourd'hui, 
et  que  nous  tentions  de  faire  cesser  le  monnoyage  de  ces  belles 
pièces  à  la  mort  de  Philadelphe  ;  nous  admettons  au  contraire 
que  cette  fabrication  dut  so  prolonger,  et  cela  jusqu'à  une  épo- 
que assez  avancée,  témoin  les  notes  placées  après  les  n.  201  et 
203.  Il  paraît  en  effet  démontré,  d'après  l'étude  des  monuments 
en  nature,  que  ces  monnaies,  comme  celles  au  type  de  Soter, 
durent,  grâce  sans  doute  :\  leur  bon  aloi  et  aussi  à  leur  belle  fa- 
brication, être  recherchées  des  peuples  voisins  et  des  négociants 
étrangers,  etc.  Delà  sans  doute  leur  émission  prolongée  pen- 
dant plus  d'un  siècle. 


ARSINOE  II  (seconde  femme  de  Philadelphe). 


Comme  on  a  pu  le  voir  dans  1,1  précédente  notice,  cett?  princesse 
était  fille  lie  Ptoléméf  Soter  et  snpur  de  Phihidelplie.  File  épousa 
d'îborJ  Lysimaque,  loi  de  Thrace,  qui.  à  cette  époque,  était  déy\  fort 
avancé  en  Age.  Elle  en  eut  cependant  deux  fds.  \  la  mort  du  vieux 
roi,  elle  épousa  Ptoléméc  Céraunus,  qui  débuta  par  le  meurtre  des 
deux  eufants  d'.\rsinoé  et  qui  l'exila  ensuite  dans  l'ile  de  Saniothr,ace; 
cette  princesse  s'en  échappa  pour  se  réfugier  près  de  son  frère,  qu'elle 
épousa,  quoiqu'elle  fut  son  ainée,  en  lui  faisant  chasser  sa  première 
femme.  Elle  sut  inspirer  une  telle  passion  ;\  sou  frère,  que  ce  dernier 
lui  fit  élever  des  temples  et  des  statues  splendides.  et  cela  de  son 
vivant.  Elle  mourut  l'an  249  (avant  J.-C),  la  SG""  année  du  règne  de 
son  mari . 

ISI.  —  Tète  voilée,  cornue  et  diadéraée  de  la  reine,  avec  un 
sceptre  comme  sur  la  précédente  pièce;  derrière  la  tète,  o. 

If  —    APiiNOiis  .n.vAAE.v.por.   Double    corne   d'abondance 
ceinte  d'un  diadème.  AV  ^ 

Les  traits  de  la  physionomie  de  la  reine  représentée  sur  cette 
pièce,  ainsi  que  sur  les  10  suivantes,  ont  un  type  parfaitement 
égyptien  ;  la  figure  y  est  toujours  large,  les  joues  pleines  et 
l'œil  assez  ressorti. 


4r.  vnsiNoÉ  II 

Le  poicls.des  piùcos  d'or  est  parfaitement  uniforme,  toujours 
27  g-rammes  7  décigrammes,  rarement  27  grammes. 

185.  —  Même  médaille;  i  derrière  la  tête.  •  AV  ' 

Mionnet.  suppl.  IX,  u.  54.  Ch.  Lenormant,  Glyptique, -pi.  85,  n.  5. 

180.  —  Même  pièce;  k  derrière  la  tète.  Gravée,  pi.  III         AV  ' 

Mionnet,  suppl.  IX,  n.  55,  et  Ch.  Lenormant,  Gli/ptique,  pi.  84, 
n.   II. 

187.  —  Même  type;  A  derrière  la  tête.  AV 

Mionnet,  VI,  n.  125,  et  Ch.  Lenormant,  Gli/ptique,  pi.  84,  n.  IL 
Les  le  ttres  placées  derrière'  les  têtes  de  ces  quatre  médailles  ont 
été  souvent  prises  pour  les  dates  des  années  du  règne  de  la  reine 
ou  de  celles  de  son  mari  ;  il  semble  maintenant  démontré  que 
ces  lettres  doivent  être  tout  simplement  considérées  comme 
des  marques  d'ateliers,  peut-être  de  la  ville  d'Alexandrie.  Les 
numéros  188  à  192  ont  tous  des  doubles  lettres  derrière  les 
têtes;  or  ces  doubles  lettres,  comme  les  simples,  se  suivent  dans 
l'ordre  de  l'alphabet,  on  ne  peut  donc  prétendre  y  découvrir  ni 
dates  ni  nom.s  de  villes. 

188.  —  Même  tête  ;  derrière  aa. 

i'^.  —  Même  légende  et  même  type.  AR  '" 

189.  —  Même  type,  avec  nu  (très-belle  médaille ,  d'un  travail 
d'art  remarquable).  Gravée,  pi.  III  AR  "' 

Mionnet,  VI,  n.  129,  et  M.  Lenormant,  Gli/ptique,  pi.  84,  n.   10. 

100.  —  Même  type,  avec  x\  derrière  la  tête.  AR  "' 

191.  —  Même  pièce,  avec  nn  id.  AR '" 

192.  —  Même  médaille,  avec  A\'?    id.  AR  '" 

IMionnet,  suppl.  IX,  n.  5f). 

192  bis.  —  Même  médaille,  avec  <i"i>?  AR  '" 

Ces  beaux  décadrachmes  varient  peu  dans  leurs  poids  ;  nous 
n'avons  constaté  que  1  gramme  d'écart  ;  ils  pèsent  de  34  gr.  à 
35  gr.  2  décigr.,  selon  l'état  de  conservation  des  pièces. 

193.  —  Même  tète  ;  derrière  a. 

n).  —  APiiNOiii:    •HAAAEA'i'Or.    Aigle    sur    un    foudre  ,    ^ 
gauche.  AR  ' 


ARSINOÉ  II  47 

194.  —  Même  pièce,  lettre  E  derrière  la  tète  ,  et  aussi  la  lettre  x 

entre  les  jambes  de  l'aigle  (Même  poids)  Gravée,  pi.  III.  AR  ^ 

Ces  deux  rarissimes  piècps  pèsent  seulement  13  grammes  6 
décigr.,  mais  elles  oni  un  peu  perdu  de  leur  poids  au  nettojage. 

Monnaies  avec  noms  de  Villes  et  portant 
des  dates  du  règne  de  Philadelphe. 

195.  —  Même  tète. 

^.  —  APriNOHS  <i>iAAiEAa>or,  double  corne  d'abondance 
avec  le  diadème;  à  gauche,  lia  (an  14)  ;  adroite,  ki.  Frappée 
à  Citium?  de  Chypre.  Gravée,  pi.  XI.  AV  ' 

Cette  pièce,  d'un  style  admirable,  a  été,  comme  tant  d'autres, 
acquise  depuis  la  gravure  des  planches  ;  sans  cela  elle  y  eût 
figuré  en  première  ligne.  Elle  doit  être  une  des  premières  monnaies 
frappées  par  ordre  de  Philadelphe.  Le  graveur  a  su  donner  î» 
la  tète  un  grand  caractère.  C'est,  avec  le  n.  189,  l'une  des  plus 
belles  pièces  de  la  série.  Elle  parait  complètement  inédite. 

19G.  —  Même  type,  la  tète  moins  belle  et  d'un  autre  style. 

I^.  Le  même;  àgauche  des  cornes  d'abondance,  LKh  (an  28), 
à  droite ,  ki.  Frappée  dans  la  même  localité  ;  pièce  égale- 
ment inédite.  '    AV  ' 

197.  —  Même  tète  (slyle  du  n.  184  et  suiv.) 

B).  —  Le  même;  à  gauche  des  cornes  d'abondance  laa  (an 
31);  à  droite,  ha  et  une  colombe  placée  sur  le  diadème  (pièce 
encore  très-rare).  Variété  inédite,  frappée  ;\  Paplios  de  Chj-- 
pre.  AV  « 

Plusieurs  auteurs  ont  fait  l'observation  que  la  lettre  ini- 
tiale L,  abréviation  du  mot  aTKACAS  n'était  pas  le  Agrée; 
que,  par  conséquent,  le  monnayage  de  ces  pièces  avait  dii 
être  fait  à  une  très-basse  époque.  Nous  ferons  remarquer  avec 
M.  Poole  (1)  que  cette  manière  d'écrire  la  première  lettre  du 


(1)  Num.  chron.,  1S64.  page  235. 


48  ARSINOÉ     II 


mot  AVFtABAlSTOS  est  chypriote  ;  que  les  pièces  portant  cette 
lettre  ont  au  début  été  émises  par  les  ateliers  de  cette  île  ;  mais 
que  les  Egyptiens  adoptèrent  aussi  cette  lettre  ,  témoin  toutes 
les  pièces  à  partir  de  Ftolemée  VI,  qui  sont  en  effet  ainsi  datées. 


Monnaies  d'Arsinoo  II,  frappées  par  Evergètel' 

198.  —  Même  tète. 

^.  —  Le  type  précédent  ;  à  gauche  des  cornes  d'abondance, 
la  lettre  B  (an  2  ?);  à  droite,  ^.^  monogr.  n.  25.  (Frappée  à 
Tyr.)  Gravée,  pi.  III.  AV  • 

199.  —  Même  type,  A  (an.  4?)  à  gauche  des  cornes  d'abondance; 
à  droite,  sa  .  Mil,  ce  dernier  mot  en  monogr.  n.  49.       AV  " 

On  pourrait  donner  cette  dernière  pièce  à  l'atelier  de  Sala- 
mine,  mais  le  travail  est  complètement  égyptien  ;  tout  même 
ici  concorde  à  faire  adopter  le  classement  à  ce  pays;  les  mono- 
grammes d'agoranomes  ne  se  voient  jamais  sur  les  pièces  des 
ateliers  chypriotes,  tandis  que  sur  celles  d'Egypte  il  est  rare 
qu'il  ne  s'en  rencontre  pas  un  ou  deux.  Le  nôme  Saïte  a 
d'autant  plus  de  droits  de  revendiquer  une  bonne  part  des  mon- 
naies avec  -A.  Cette  ville  avait  une  importance  telle  que  c'était 
dans  ses  murs  que  les  Ptolémée  avaient  Rxé  leur  résidence  pour 
la  Basse-Egypte. 

200.  —  Même  type,  la  tête  de  la  reine  plus  vieille. 

i^.  —  Le  même;  à  gauche  des  cornes  d'abondance,  ri;  adroite, 
L0  (an  9).  Frappée  à  Panopolis?  AV  ' 

Ces  trois  très-rares  monnaies  ont  été  très-certainement 
frappées  par  le  fils  adoptif  d'Arsinoé  ;  les  dates,  les  noms  de 
villes  qui  figurent  sur  ces  pièces  y  sont  placées  identiquement 
de  la  même  manière  que  sur  les  monnaies  du  fils  de  Philadel- 
pbe;  on  doit  avec  raison  se  demander  pourquoi  ce  prince,  en 
faisant  frapper  ces  belles  monnnaies  commémoratives,  k'a  pas 
plutôt  représenté  les  traits  de  sa  mère  que  ceux  de  la  reine  qui 
avait  causé  son  bannissement.  La  conduite  de  la  première  Ar- 


ARSINOK    II  49 

sinoé  ayant  été  une  cause  de  blâme  de  la  part  du  peuple  égyp- 
tien, cela  à  tort  ou  à  raison,  la  sœur  de  Philadelphe  était  parfai- 
tenaent  capable  d'insinuer  à  son  mari  et  à  ceux  qui  l'entouraient 
les  choses  les  plus  monstrueuses  sur  le  compte  de  sa  rivale,  et 
cette  adroite  princesse  dut  aussi  maintenir  son  fils  adoptifdans 
ties  dispositions  hostiles  contre  sa  mère.  Souvent  n"a-t-on  pas 
constaté  chez  de  jeunes  enfants  plus  de  respect  et  d'affection 
pour  leurs  parents  adoptifs  que  pour  leur  père  et  leurs  mère 
naturels?  Il  nous  paraît  hors  de  doute  que  le  jeune  E vergeté 
ait  représenté  sur  les  monnaies  qui  nous  occupent  les  traits  de 
la  seconde  Arsinoé  et  non  ceux  de  la  première.  Les  tètes  sont  en 
tout  point  semblables  à  celles  qui  portent  les  dates  certaines 
des  années  du  règne  de  Philadelphe,  n.  196  et  197.  Ce  souve- 
rain a  encore  consacré  ce  fait  par  l'émission  des  belles  médailles 
aux  quatre  têtes,  n.  204  à  208.  Les  titres  de  dieux  adelphes 
donnés  à  son  père  et  à  sa  femme  ne  laissent  nulle  matière  à  con- 
testation sur  ce  sujet  ;  on  pourrait  cependant  argumenter  sur 
ces  titres  donnés  à  Soter  et  à  Bérénice,  qui  n'étaient  nullement 
parents,  contre  l'habitude  suivie  chez  les  souverains  de  cette 
contrée. 

Nous  croyons  aussi  que  bon  nombre  de  pièces  décrites  sous 
les  n.  184  à  194  ont  dû  être  également  émises  par  les  ordres 
du  troisième  Ptolémée. 

Le  poids  de  ces  monnaies  d'or  est  en  tout  point  semblable  à 
celui  des  n.  183  à  187,  195  à  197,  201  et  '202.  Toujours  "27  gr. 
5  décigr.  à  27  gram.  9  décigr.,  selon  l'état  de  conservation  des 
pièces. 


Monnaies  d'Arsinoé  II, 

frappées  par   les  successeurs   d'Evergète  I"'. 

201.  —  Même  tête,  d'un  style  un  peu  différent. 

^.  —  Même  type  ;  à  gauche  des  cornes  d'abondance,  nTO  en 

V 

monogr.   n.  50;  ù  droite  ^.  Frappée  à  Ptolémais?  AV' 


50  SOTER  ET  SA   FAMILLE 

202.  —  Même  tête,  de  fabrique  égyptienne  et  barbare  ;  (l'expres- 
sion de  la  physionomie  dure  et  grimaçante,  l'œil  très-gros); 
derrière  la  tète,  la  lettre  k. 

i^.  —  Le  même,  sans  lettres  ni  symboles.  ,         aV 

Mionnet,  VI,  n.  12G.  Ch.  Lenormant,  Ghjptiqxie ,  pi.  84,  n.  G, 
et  R.  St  Poole,  A^u»!.  chron.  1865,  pi.  X,  n.  8. 

203.  —  Même  médaille,  V,des  précédentes;  poids,  13 gr.  88  cent. 
Gravée,  pi.  II.  A.V  ^ 

Cette  très-rare  pièce,  la  sf'ule  varii^ti^  connue  de  ce  module  ,  a  été 
publi<?e  par  Mionnet,  VI,  n.  126,  et  Ch.  Lenorm.ant,  Glyptique, 
pi.  84,  n.  7. 

Si  l'opinion  émise  dans  la  précédente  note  ne  peut  être  ad- 
mise, ces  trois  dernitjres  monnaies  deviennent  de  nouveau  une 
énigme;  selon  nous,  elles  paraissent  donner  complètement  rai- 
son à  MM.  Six,  etc.,  qui  pensent  que  des  monnaies  au  nom 
d'Arsinoé  Philadephe  ont  'dû  être  frappées  postérieurement  au 
même  type,  et  cela  sous  plusieurs  souverains  de  cette  dynastie. 
11  n'y  aurait  en  effet  rien  d'étonnant  que  le  n.  201  ait  été  fabri- 
qué sous  Philopator,  pendant  que  son  ministre  Sosibius  plaçait 
ses  initiales  sur  les  monnaies  royales,  et  les  deux  numéros  sui- 
vants, du  temps  de  la  fameuse  CléopiUre  III ,  qui  gouverna 
l'Egypte  sous  les  noms  de  ses  deux  fils,  Soter  II  et  Alexandre  V: 
la  fabrique  de  ces  deux  monnaies  paraît  réellement  contempo- 
raine des  pièces  portant  les  n.  364  et  365. 


SOTER,  BERENICE  I™,    PHILADELPHE, 
et  ARSINOÉ  II. 


204.  —  0E1XN.  Bustes  diadèmes  de  Soter  et  de  Bérénice  Y",  à 
droite. 

^.  —  AAEA<t>QN.  Bustes  diadèmes  de  Philadelphe  et  d'Arsi- 
noé II,  également  à  droite;  derrière,  un  bouclier  ovale.  AV 

Mionnet,  VI,  n.  144.    Ch.  Lenormant,  Glyptique,  pi.    83,  n.  4, 
et  R.  S.  Poole,  Num.  chron.  1865,  pi.  X,  n.  4. 


SOTER  ET  SA  FAMILLE  51 

205.  —  Mêmes  légendes  et  mêmes  têtes;  derrière,  un  fer  de  lance. 
i^.  — Mêmes  légendes  et  mêmes  têtes;  un  foudre  sert  de 
diadème  à  celle  de  Pbiladelphe;  derrière,  ar  en  monogr. 
n.  28.  Gravée,  pi.  II.  AV  ' 

Mionnet,  VI,  n.  140,  etCh.  Lenormant,  G^/^f!'çî«?,  pi.  83,  n.  5. 

Ces  deux  monnaies  sont  d'un  poids  identique,  27  grammes  5 
décigr.  et  les  suivantes  ont  également  la  moitié  de  ce  poids,  13 
gram.  5  déc.  à  13  gram.  7  décigr.  Le  n.  2Q>â  pu'  être  frappé  à 
Aradus,  mais  plus  vraisemblablement  dans  le  nôme  Arsinoîte. 

20G.  —  Type  de  la  médaille  n.  20 1.  AV  <  '/, 

Mionnet  VI-  n.  148  etCb.  Lenorraant,  Glyptique.  \û.  83,  n.  5. 

207.  —  Même  type  ;  lettre  K  derrière  les  tètes  de  Philadelplie  et 
d'Arsinoé.  Gravée,  pi.  II.  AV  *  '/., 

Mionnet,  VI,  n.  147,  et  Ch.  Lenormant,  Glyptique,  pi.  83.  n.  7. 

208.  — Même  médaille;  lettre  n  devant  les  mêmes  têtes.  AV-*  '/j 

Les  lettres  K  et  II  semblent  déjà  indiquer  ici  le  point  de 
départ  des  abréviations  Kl  et  riA  des  prétendus  ateliers  chy- 
priotes. Le  travail  des  monnaies  ci-dessus  est  cependant  par- 
foitement  égyptien.  Nous  croyons  que  la  pièce  n.  205  a  dû  être 
aussi  frappée  en  Egypte,  dans  le  nôme  Arsinoîte,  plut<3t  qu'a 
Aradus,  le  monnayage  de  ces  grosses  pièces  n'ayant  nulle  raison 
d'être  dans  la  Phénicie,  tandis  que,  au  contraire,  leur  cours 
était  très-régulier  dans  tous  les  nôraes  d'Egypte. 

Tous  les  numismatistes  connaissent  cette  belle  série  de  mon- 
naies frappées  par  Evergète  I"'  aux  effigies  des  membres  de  sa 
famille. Ce  souverain  n'avait  pas  craint  de  mettre  ainsi  tousses 
ancêtres  au  rang  des  Dieux.  Ces  titres,  inscrits  sur  les  monu- 
ments, faisaient  d'Evergète  le  fils  de  ces  mêmes  divinités  dont 
il  prétendait  lui-même  posséder  le  souffle  divin;  comme  on  peut 
aussi  le  constater  par  les  monnaies  d'argent,  il  dut  prendre 
constamment  le  titre  de  Soter. 


52  PTOLBMÉE    III  —    KVERGKTE    l'"' 

PTOLÉMÉE  III  —    EVERGÈTE  I" 

(Re^'ne  26  ans,  du  24  oclohre  247  au  18  oi-lobre  222,  avant  J.-C. 


Ce  digne  fils  ot  successeur  de  Philailclphe  était  âgé  de  36  ans  lors- 
qu'il monta  sur  le  trône.  Sou  règne  fut  aussi  des  plus  glorieux  pour 
l'Egjpte.  Ileutà  soutenir  plusieurs  guerres,  où,  il  faut  le  reconnaître. 
il  fut  constamment  vainqueur,  et  gi'àce  à  cela  peut-être,  les  arts,  les 
sciences  et  les  lettres  coutinuôreat  à  fleurir  dans  ses  Etats.  Ce  prince 
laissa  en  muurant  la  cour  d'Alexa  idrie  dans  une  grande  splendeur. 

208  bis.  —  Buste  radié  du  jeune  roi  avec  l'égide  ,  un  trident  sur 
l'épaule. 

1^.  —   riTOAEMAlor    basiaeq:;.   Double  corne  d'abondance 
radiée;  au  bas,  ai.  (Frappée  à  Diospolis?)  AV  ' 

Mionnet,  VI,  n.  212,  et  supplément,  IX,  n.  81.  Cli.  Lenormant, 
Glyptique,  pi    86,  n.  7,  a  Ptolémée  Vlll. 

iOiK  —  Même  pièce,  d'un  style  différent;  au  bas  des  cornes  d'a- 
bondance, à  droite,  z  (an  7?),  et  à  gauche,  n.\  en  inonogr. 
n.  11.  Frappée  à  Panopolis?  Gravée,  pi.  III.  AV  " 

Ces  deux  superbes  pièces,  dont  la  seconde  parait  inédite,  sont 
d'une  grande  identité  de  poids  avec  les  monnaies  d'Arsinoé  II. 
(27gram.  6  décigrammes). 

210.  —  Tète  diadéraée  de  Soter  â  droite,  avec  l'égide. 

i^.  —   nxo.vE.MAior    siîthpos.  Aigle  sur  un  foudre  à  gau- 
che; devant,  une  corne  d'abondance.  Gravée,  pi.  III.     AR* 

Mionnet,   VI,  n.  47,   Ch.  Lenoimant,  Qlyptique,    pi.    81,  n.   11. 
F.  Lenormant,  LagideS,  page  34  et  pi.  IV,  n.  2. 

Cette  rare  et  très-belle  pièce,  d'un  travail  d'art  remarquable, 
quoique  annonçant  déjà  une  décadence,  a  dû  être  frappée  à 
Alexandrie.  Son  poids  est  trés-élevé  ;  comme  les  quatre  pièces 
suivantes,  il  dépasse  un  peu  14  grammes,  et  l'argent  en  est  éga- 
lement d'une  grande  pureté. 

211.  —  Même  tète,  d'un  même  grand  style;  derrière,  r. 

i^.  — Même  légende.  Aigle  au  repos  à  gauche,  la  lettre  X 
entre  les  jambes.  AR  ' 


p:  17 


A    Maî=  3n    s  : 


iKip    Lemercie: 


■  e-    C  F^. 


EVERGETE  l-_^,  BERENICE  II    PTOLEMEE  PHÎLOPATOR 


PTOLÉMÉE  III  —  EVBRGÈTE  I  53 

212.  —  Même  type  ;  A  derrière  la  tète.  AR  ^ 

On  pourrait  admettre  que  les  lettres  r  et  <i  placées  derrière 
les  têtes  indiqueraient  les  années  3'  et  4"  du  règne, 

213.  —  Même  tête  ;  sans  lettre  derrière. 

i^.  —  Le  même,  AI  devant  l'aigle.  (Frappée  à  Diospolis?)  AR  ' 

214.  —  Même  type;  devant  l'aigle   ~^^  derrière  l'aigle    ^^^    (an 

3?)  HA  en  monogr.  n.  51.  (Frappée  à  Sidon).  AR  ~ 

R.  S.  Poole.  A'im.  chron.  1864,  pi.  VI.  n.  5. 

On  pourrait  revendiquer  quelques-unes  de  ces  cinq  belles  mé- 
dailles pour  le  règne  précédent;  mais,  d'après  les  caractères  des 
têtes,  et  la  fabrique  des  pièces,  nous  croyons  être  dans  le  vrai  en 
les  attribuant  au  troisième  Ptolémce. 

215.  —  Tête  diadémée  de  Soter,  avec  l'égide. 

R(.  —  nTOAEMAiov  BAïlAEOs.  Aigle  au  repos,  à  gauche; 
deviint,  TYP,  monogr.  n.  25,  placé  au-dessus  de  la  massue  de 
Tyr,  devant  la  lettre  k.  AR  " 

C'est  la  seule  pièce  ne  portant  pas  le  nom  de  Sotor  que  nous 
ayons  vue  avec  ce  caractère  de  tète,  et  que  nous  croyons  de- 
voir attribuer  à  Evergète  1  '.  La  lettre  K  étant  justement  la 
même  que  sur  notre  n.  154,  il  sei'ait  vraisemblable  d'admettre 
qu'elle  mentionne  tout  simplement  une  marque  monétaire  do' 
l'atelier  de  Tyr  et  non  une  date.  Le  poids  de  cette  pièce  c.-l 
de  13  grammes  8  décigrammes. 

210.  —  Buste  jeune  et  lauré  du  roi,  avec  la  cuirasse  et  l'égide, 
(comme  sur  les  pièces  d'or). 

i^.  —  iiTOAEM.uor  lîAiiAEOî.  Aigle  sur  un  foudre  à  gau- 
che ;  devant,  une  corne  d'abondance.  zE  "^ 

217.  —  Même;  pièce.  M  '^ 

Mionnet,  VI,  u.  252  et  Ch.  Lenormant,  Gli/ptique,  pi.  86,  n,  11, 
à  Ptoli^mée  Aulète. 

218.  —  Même  pièce,  d'un  style  différent.  JE  •* 

219.  —  Même  médaille  ;  la  corne  d'abondance  derrière  l'aigle. 
Gravée,  pi.  IV.  JE  *  '/^ 


54  PTOLÉMÉE  m —  EVERGÈTE  1 

Mioiinet,  VI,  n.  254. 
220.  —  Même  médaille,  d'un  moins  beau  travail.  AE  *  '/- 

Ces  trois  monnaies,  d'un  grand  style,  avaient  été  classées, 
jusqu'à  ces  derniers  temps,  à  Ptolémée  Aulète,  et  à  Ptolémée 
Dionysus  par  Letronne  (1).  Comme  nous  l'avons  indiqué, 
dans  notre  introduction,  page  XVII,  ce  dernier  savant  aurait 
pu,  il  nous  semble,  s'inpirant  des  idées  modernes,  tenir  compte 
du  travail  d'art;  il  se  fût  sans  peine  convaincu  que  ces  médailles 
ne  pouvaient  être  séparées  des  magnifiques  quadruples  statères 
d'or  d'Évergète  I",  n.  208  bis  et  200,  lesquelles  pièces  avaient 
aussi  été  classées  précédemment  aux  derniers  Ptolémées.  L'é- 
minent  académicien,  pour  appuyer  ses  attribtions,  nous  dit  : 
«  que  l'extrême  jeutiesse  du  jn-ince  représenté  sur  les  mé- 
»  dailles  convient  par faiteyyient  au  frère  de  la  célèbre  Cléo- 
»  j)ntre  ».  M.  Letronne  trouve  aussi,  page  176,  un  moyen  des 
plus  ingénieux  pour  expliquer  les  accessoires  qui  sont  sur  le 
buste.  La  couronne  de  laurier  rappellerait  la  victoire  de  Ptolé- 
raée  sur  sa  sœur,  et  la  cuirasse  dont  il  est  revêtu,  la  vie  toute 
guerrière  qu'il  mena  pendant  un  règne  si  court  et  si  agité. 

Ce  jeune  roi  avait  à  peine  17  ans,  lorsqu'il  fut  tué  par  l'ar- 
mée de  César  ;  le  portrait  représenté  sur  les  monnaies  citées 
est  d'un  âge  plus  viril  et  peut  parfaitement  convenir  à  Ever- 
gète  1",  au  commencement  de  son  régne. 

BÉRÉNICE  II,  femme  d'Evergète  I". 

Ainsi  que  nous  l'avons  mentionné  dans  la  notice  sur  la  première 
Arsinoé,  Bérénice  II  était  fille  de  Philadelpha  et  de  sa  première 
femme.  Elle  suivit  sa  mère  en  exil  et  fut  adoptée  par  Magas,  second 
époux  d'Arsinoé,  ce  qui  expHque  Terreur  de  Justin  et  de  F'olybe,  qui 
disent  qu'elle  était  fille  de  Magas.  Elle  était  à  peine  mariée  avec  son 
frère  Evergète,  que  ce  dernier  fut  forcé  d'aller  combattre  ea^Assjrie. 
La  reine  fit  alors  le  vœu  de  couper  sa  belle  chevelure  et  de  l'oflrir 
à  Vénus  si  son  mari  revenait  victorieux.  Il  le  fut  eu  effet,  et  à  son 
retour,  elle  accomplit  sa  promesse  et  déposa  ses  cheveux  dans  le 


(1)  Revue  Numinnatiijue,  année  1S43,  jiaye  174  et 


BERÉMRE    II  55 

temple  de  Vénus  Arsinoi^  Zéphyritis.  Cet  acte  religieux  suffit  pour 
donner  une  grande  célébrité  à  cptte  princesse  et  procurer  plus  tard 
occasion  à  Callimaque  d'écrire  un  charmant  petit  poëme  dont  Catulle 
a  donné  une  traduction  latine.  Cette  princesse  mourut  assassinée 
par  ordre  de  son  fils  Philopator,  Tan  216  avant  J.-C. 

221.  —  Tète  voilée  de  la  reine  à  droite. 

R(.  —  BEPEMKHi  M^iAisïHS ,  come  d'abondance  entourée 
d'un  diadème;  dans  le  champ,  à  gauche,  \.\,  en  mono- 
gramme, pi.  XII,  n.  52  (frappée  à  Damas'?)  AV  ' 

222.  —  Même  médaille  sans  monogramme;  dans  le  champ,  une 
abeille,  (Frappée  à  Ephèse?)  Gravée,  pi.  IV  (1).  AV  * 

Mionnet,  Sup.  IX  n"  62. 

223.  —  Même  médaille,  sans  lettres  ni  symboles.  AV  ** 

Mionnet,  VI,  n"  151  Ch.  Lenormant,    Glyptique,  pi.  85,  n"  6. 
Ces  trois  pièces  d'un  grande  rareté  sont  conformes  à  celles 
d'Arsinoé  comme  module  et  pèsent  également  27  gr.  6  et  7  déc. 

224.  —  Même  type;  deux  étoiles  accostent  la  corne  d'abondance  ; 

poids  2  grammes,  1  décigr.  Gravée,  pi.  IV.  AV  ^ 

Mionnet,  VI,  n.  154,  Ch.  Lenormant,  Glyptique,  pi.  85,  n.  10. 

225.  —  Même  type,  dans  le  champ,  les  bonnets  des  Dioscures 

(poids  18  grammes  2  décigr.)  Gravée,  pi.  IV.  AR  ' 

226.  —  Même  type,  sans  lettres  ni  symboles,  (poids  14  gram.) 

Gravée,  pi.  IV.  AR  « 

Les  pièces  n.  224  et  225  ont  ét*5  sans  nul  doute  frappées  dans 
la  même  ville  que  le  n.  252,  à  Salamine  de  Chypre.  Les  deux 
pièces  d'argent  sont  de  première  rareté;  le  n.  225  paraît  avoir 
perdu  un  peu  de  son  poids  au  nettoyage  ;  la  pièce  devait  peser 
21  grammes  environ,  poids  équivalent  à  celui'  de  six  drach- 
mes. 


(  1  j  On  connaît  des  monnaies  de  la  mère  d'Evergète,  frappées  à  Ephèse, 
Poole,   Num.  chron.,  1865,  page  135,  et  planche  X,  nos  1  et  2. 


56  BÉRÉNICE  11    ET  PTOLÉMKE  III 


BERENICE  II  et  PTOLEMEE  III, 
EVERGÈTE  I  '. 

227.  —  BASiAissHi:  BEPEiNiKHs  ;  tête  de  la  reine  à  droite,  le  chignon 

formant  une  grosse  touffe. 

Bi.  —  nTOAEMAior  BAiiAEQï,  Aigle  sur  un  foudre  à  gau- 
che; devant  et,  et  une  petitefleur. Gravée,  pi. IV-M^'/.,. 

Mionnet,  VI,  n.  219  et  Ch.  Lenormaut,  Glyptique,  pi.  87,  lettre 
E,  classée  à  Séléne'. 

Cette  monnaie,  ainsi  que  les  trois  suivantes,  nous  parais- 
sent encore  être  des  pièces  les  plus  intéressantes  de  la  série 
égyptienne.  La  première  semble  mentionner  le  surnom  du  roi 
en  abrégé.  Il  est  présumable  que  le  roi  Evergète,  à  son  retour 
de  la  guerre,  voulut  prouver  à  sa  femme  et  à  son  peuple  qu'il 
tenait  compte  de  l'énorme  sacrifice  que  la  reine  avait  accompli 
en  sa  faveur.  Il  fit  alors  frapper  les  rares  monnaies  que  nous 
venons  de  décrire  et  celle-ci  après  ;  enfin,  pour  exagérer  sa  re- 
connaissance, il  ajouta  le  nom  de  sa  femme  au  sien  sur  les  mon- 
naies d'airain,  plus  nombreuses  et  plus  répandues  que  celles  en 
métal  précieux.  On  serait  en  droit  d'objecter  que  l'abrévia- 
tion EV  pourrait  aussi  indiquer  tout  simplement  le  nom  de  la 
ville  d'Evespéris,  enCjrénaïque;  mais  cette  pièce  ne  ressemble 
en  rien  comme  fabrique  à  celles  attribuées  à  Magas,  frappées 
en  Cyrénaïque  (1),  à  l'époque  môme  où  fût  émise  cette  monnaie 
au  noms  de  Bérénice  et  Ptolemée. 

228.  —  BAïiAissHi  BEPENIKHS.  Même  tête. 

Bj.   nTOAEMAiOï  BASiAEns.   Aigle  .sur  un  foudre  à  gau- 
che ;  ^  ■' 
Miounet,   VI,  n.  218,  à  Sëléné,  et  Ch.   Leuormant,   Glyptique, 
pi.  83,  n.  13. 


(11  Muller,  Numismatique  de  l'ancienne  Afrique,  tome  I,  page  141 . 
Mionnet,  VI,  n.    197  et  sup.  IX,  n.  52  à  57. 


BÉRÉMCK    II    ET    PTOLEMÉE    III   EVERGÈTE   I  57 

■229.  —  Même  tète;  sans  traces  de  légende. 

b|.  —  hAiiA ,  même  aigle.  ^s 

230.  -  BEPENiKHS  BASiAissHS.  Même  tète  diademée,  d'un  âge  plus 
avancé. 

i^.  —  nroAEMAiov  BASiAi-oi.  Come  d'abondance  entourée 
d'un  diadème;  à  gauche,  une  massue;  à  droite,  un  petit 
aigle  en  contremarque.  Gravée,  pi.  IV.  ^e  s 

Mionnet,  VI,  n.  220,  également  à  Séléné ,  et  Ch.  Lenormant. 
Glyptique,  pi.  87:  lettre  F. 

Sur  ces  quatre  médailles,  trois  ont  été  attribuées  à  Cléopàtro 
Séléné,  femme  de  Soter  II,  Lathjre;  cette  attribution  des 
plus  erronées  a,  comme  nous  l'avons  mentionné  dans  notre  in- 
troduction, page  XVI,  maintenu  les  numismatistes  dans  une 
incertitude  des  plus  grandes  sur  le  travail  d'art  des  monnaies 
lagides;  l'inscription  ÏIIAIIMIS,-  qui  figure  sur  la  médaille  du 
Cabinet  de  France  est  entièrement  refaite  au  burin,  et  cette 
supercherie,  constatée  par  nous,  semble  être  une  preuve  de 
l'exactitude  du  classement  par  dates  que  nous  proposons  d'après 
le  travail  artistique  des  monnaies.  Si  cette  pièce  n'eiH  pas  fait 
tache  dans  le  casier  où  elle  figurait  au  Cabinet  impérial,  nous 
n'eussions  très-probablement  jamais  découvert  que  sa  légende 
était  fausse,  tant  ce  travail  a  été  fait  avec  soin. 


PTOLEMÉE    IV     PHILOPATOR 

(règne  17  ans,  du  18  octobre  222  au  13  octoirre  205.) 

*  Philopator,  fils  d'Evergète  etde  Bérénice,  succéda  à  son  père.  Il 
lut  un  des  princes  les  plus  di^bauchi^s  de  l'Egypte  ;  aussi  lâche  que 
cruel,  il  sacrifia  son  frère  Wagas  et  sa  mère  Bérénice.  Son  ministre 
Sosibius,  dont  il  subissait  toute  l'influence,  l'entraîna  dans  les  vices 
les  plus  bas.  Il  fit  aussi  périr  sa  femme  Arsinoé  III.  11  eut  à  soutenir 
contre  Antiochus,  le  Grand,  une  guerre  des  plus  sanglantes.  Ses  excès 
durent  contribuer  puissamment  à  développer  la  maladie  qui  l'enleva 
à  la  fleur  de  l'âge. 

231.  —  Buste  diadème  et  drapé  du  roi  à  droite  avec  des  favoris 
sur  la  joue. 

6 


58 


PTOLF.MEt   IV   PllILOPATOR 


B,.  —  iiTO/VEMAior  *iAonATOPO£.  Aigle  au  repos  sur  un 
foufireà  droite;  devant,  okm  monogr.,  pi.  XII,  n.  53.  (Poids 
27  gr.  7  décig.)  Gravée,  pi.  IV.  AB' 

Mioiinet,  \I,  n.  163,  et  Ch.   Leiiormant,   Glyptique,  pi.  85,  n.  14. 

232.  —  Même  buste,  sous  les  traits  deBacchus  jeune,  avec  une 

couronne  de  lierre,  un  thjTse  sur  l'épaule  gauche. 

^.  —  iiTOAEMAior  BASiAEQj;.  Aigle  époyé  sur  un  foudre  à 

gauche.  (Poids  7  gr.)  Gravée,  pi.  VI.  AR* 

Mioniiet,  VI,  n.  256,  àPtoléméeXII,  etCb.  Lenormant,  Glyptique, 
pi.  86,  n.  14. 

233.  —  Même  pièce  d'une  moins  belle  fabrique,  poids  6  grammes 

8  décig.  Ar'"'/' 

Ces  deux  médailles  ont  été  de  tout  temps  classées  à  Ptolémée, 
le  frère  aîné  de  Cléopâtre  VII,  très-vraisemblablement  à  caiise  des  ■ 
atlributs  bachiques  qui  ornent  le  buste  de  ce  jeune  prince;  il  nous 
paraît  de  toute  impossibilité  de  maintenir  ce  classement.  Le 
travail  d'art  est  ici  encore  d'une  grande  élégance;  le  métal  en 
est  aussi  extrêmement  pur,  fait  complètement  inconnu  sous 
Ptolémée  Aulête;  nous  croyons  que  la  seule  inspection  des  deux 
pièces  figurées  sur  la  planche  IV,  n.  231  et  232,  suffira  pour 
établir  notre  opinion.  Les  caractères  des  tètes,  la  barbe  légère 
en  formede  favoris  qui  couvre  les  tempes  et  les  joues  du  jeune 
tyran,  tout  nous  semble  réuni  pour  donner  une  entière  convic- 
tion. 

D'un  autre  côté,  l'histoire  elle-même  vient  également  ;1  notre 
aide.  Elle  mentionne  en  effet  que  ce  prince  était  très-porté  à  la 
débauche,  et  que,  couronné  de'  lierre,  il  célébrait  les  orgies 
des  mystères  de  Cybèle.  Clément  d'Alexandrie  dit  que  le  qua- 
trième Ptolémée  s'appelait  aussi  Dionysos  (1).  Letronne,  dans  , 
l'article  déjà  cité  à  Ptolémée  III,  consacre  plusieurs  pages 
aux  médailles  ci-dessus  (2);  malgré  le  passage  de  Clément 
d'Alexandrie,  il  classe  ces  médailles  à  Ptolémée  Aulète.  Ce 
savant,  en  rapprochant  ces  deux  médailles  des  n.  216  à  220, 
touchait  à  la  vérité  comme  dates  d'émission  de  ces  pièces  ;  mais, 


il)  Clément  d'Alexandrie,  prot.  IV,  §  54. 
\i)  lievue  >ium.,  18-13,  pa^'e  162  et  suiv. 


TTOLtMEK    IV.    PHILOl'ATOR.  59 

par  contre,  quelle  erreur  ne  commettait-il  pas  sur  leur  véri- 
table époque  ?  Plus  de  150  ans  d'écart,  c'était  réellement  une 
fauta  par  trop  grave. 

Ce  conservateur  distingué  du  Cabinet  des  médailles  avait 
cependant  comme  guide  un  numismatiste  de  mérite,  Cousinérj, 
que  nous  avons  souvent  cité  ;  ce  savant  dit  très-judicieusement, 
-  au  sujet  de  ces  pièces  classées  à  l'avant-dernier  Ptolémée  : 
(lettre  iv  page  146.)  «  Vaillant,  et  les  autres  antiquaires  qui 
»  ont  fait  cette  erreur,  n"ont  pas  considéré  que  la  beauté  des 
»  coins  annonce  une  éqoque  où  dans  l'Egypte  les  arts  ne  s'é- 
»  taient  pas  beaucoup  éloignés  de  la  perfection.  »  Plus  bas,  il 
dit  encore,  toujours  en  s'occupant  des  règnes  de  Ptolémée  XIII 
Aulête  et  de  Ptolémée  XÎ'V  Lionysus?  «  Tout  nous  prouve 
•  que  sous  le  règne  de  ces  deux  derniers  princes,  et  même  au- 
t  paravant,  les  bons  artistes  grecs  fuyaient  un  pays  affligé  par 
I  des  désordres  continuels,  et  que  les  arts  y  avaient  dégénéré 
»  d'une  manière  très- remarquable,  etc.  » 

233  bis.  —  Tète  diadémée  de  Soter,  avec  l'égide  à  droite. 

Bj.  —  nTOAEMAiOY  ziiTiiPos.  Aigle  sur  un  foudre,  à  gau- 
che ;  devant,  oa  (an  71);  AR  '' 

R.St.  Poole,  Num.Chron.,  18G4,  pi.  \\\,  a  2,  et  les  pièces  sui- 
vantes N.  5  et  6. 

234.  —  Même  type;  avec  la  date  oz  (an  11).  AR  ' 

234  bis.  —  Même  type;  à  l'exergue,  lettre  n  à  moitié  rognée 

(an  80  ?).  Gravée,  pi.  IV.  AR  " 

Il  exist3  toute  une  série  de  monnaies,  au  système  monétaire 
des  trois  pièces  précédentes  et  toutes  avec  des  dates  élevées; 
elle  commence  en  l'année  71  et  finit  en  l'an  117.  Nous  n'avons 
pu  reconnaître  que  deux  tètes  difl'érentes,  l'une  avec  les  dates 
71  à  90,  l'autre  avec  les  années  106  à  117.  Nous  avons  pensé 
que  la  première  série,  malgré  son  identité  de  type  pouvait  ce- 
pendant être  partagée  entre  Ptolémée  IV,  Philopator  et  son 
fils  Epiphane.  On  pourrait  nous  objecter  que  nous  avons  dit  et 
même  répété  qu'à  chaque  avènement  des  souverains  d'Egypte 
on  paraissait  avoir  changé  le  type  précédent  en  donnant  au 
portrait  figuré  sur  la  monnaie  un  peu  du  caractère  de  la  phy- 
sionomie du  nouveau  roi;  il   n'y  aurait,  il  semble,  rien  d'im- 


60  l'TliLÉMIil:   1\.   l'IllI.Ul'ATOB, 

vraisemblable  à  admettre  ici  une  exception.  Epiphane  n'était 
âgé  que  de  cinq  ans  lorsqu'il  hérita  de  la  couronne  d'Egypte  ; 
et  ses  régents  qui  avaient  en  main  tout  le  pouvoir;  ont  pu 
parfaitement  maintenir  sur  la  monnaie  d'argent  le  caractère 
de  tête  choisi  pour  le  père  du  jeune  roi. 

Pour  la  série  des  années  106  à  117  les  pièces  sont  également 
d'une  identité  de  type  remarquable,  nous  avions  d'abord  rangé  au 
règne  d'Epiphane  celles  des  années  106  et  107,  mais  le  caracr 
têre  des  têtes  ne  concordait  nullement  avec  les  autres  pièces  de 
ce  souverain,  nous  les  avons  alors  classées  sans  hésitation  au 
règne  de  Pliiloniétor  auquel  elles  nous  paraissent  parfaitement 
convenir,  la  pièce  de  l'année  106  semblerait  confirmer  ce  que 
nous  avons  dit  pages  32  à  34  que  l'ère  relatée  sur  les  pièces 
avec  ces  dates  élevées  devait  avoir  pour  point  de  départ  l'é- 
poque de  la  mort  de  Ptolémée  Soter. 
235.  —  Tète  du  même  caractère  et  d'un  style  semblable  . 

ri;.  iitoae:\iaiov  b.vsiaeiîs.  Même  aigle  ;  devant,  le  (an  5)  ; 

derrière;  ki.  AR  ' 

239.  —  Même  médaille,  avec  LZ  (an  7);  derrière,  Ki.  AR  " 

Mionuet,  VI,  n.  100,  à  Ptolémëe  Pliiladelplie. 

Ces  cinq  médailles  sont  d'une  identité  de  fabrique  réellement 
remarquable;  les  premières,  avec  le  nom  de  Soter,  ont  dû  être 
frappées  en  Phénicie  et  _les  doux  autres  à  Citium,  dans  l'île  de 
Chypre.  Ces  pièces  sont  également  d'une  uniformité  de  poids 
à  signaler  :  14  gr.  2  à  14  gr.  4  décigr. 

Ptolémée  IV,  Philopator,  et  son  ministre 
Sosibius 

Deux  hommes  ilii  nom  de  Sosibius,  le  père  et  le  tils,  obtinrent  les 
plus  grands  houneura  à  la  rour  d'.Alexaudi'ie.  Le  premier  vécut  dans 
un  faste  iuoui,  pendant  trois  règnes.  11  fut  le  confident  et  le  premier 
ministre  du  cruel  Philopator,  dont  il  se  montra  le  digne  émule.  Il 
sut  tellement  capter  la  confiance  de  sou  souverain,  que  ce  dernier, 
en  mourant,  le  chargea  de  la  tutelle  de  son  fils.  Il  lui  remit  son  an- 
neau d"or,  afin  de  le  transmettre  à  ce  fils,  lorsque  ce  dernier  aurait 
atteint  sa  œ.ijonté. 

Cet  adroit  courtisan,  ou  plutôt  co  monstre  infâme,  eut  pour  associe' 
à  la  régence  un  autre  scélérat  nuramé  Agatoclès,  qui,  à  cause  de  ses 


PTOLÉMKE  IV   PHILOPVTOR  61 

vices  et  de  ceux  de  sa  s«ur,  avait  été  également  dans  l'intimiti  du 
roi.  Les  premiers  actes  de  l'autorité'  de  ces  deux  parsonnages,  furent, 
pour  l'un  de  se  gorger  d'or,  pendant  que  l'autre  se  livrait  à  tous  les 
d<?re'glemeûts  imaginables,  sacrifiant  tout  à  ses  passions,  troublant  le 
repos  et  l'honneur  des  familles,  violant  même  jusqu'à  l'asile  de  la 
chasteté  et  de  l'innocence. 

Le  vieux  Sosibius  ne  jouit  pas  longtemps  de  sa  nouvelle  fortune  ;  il 
mourut  peu  de  temps  après  son  maître.  Sou  fils  lui  succéda  dans  les 
honneurs  de  la  régence.  Ce  dernier  sembla  vouloir  racheter,  par  une 
conduite  honorable,  les  vices  et  les  crimes  de  sou  père.  11  participa 
à  l'expulsion  de  l'indigne  Agathoclès  et  eut  pour  collègue  Tl(^polème, 
guerrier  célèbre,  mais  ambitieux,  auquel  Sosibius  fut  contraint  d'a- 
bandonner toutes  les  charges  de  la  régence. 

237.— Tète  de  Jupiter  Ammonà  droite;  derrière,  kp  en  raonogr. 
pi.  XII,  n.  33. 
—  ^.     nxoAEMAior  BAsiAECiS.  Aigle  sur  un  foudre,  à  gau- 
che; devant,  ^  ;  derrière,  lp  (an  3).  JE' 

238.  —  Même  type,  avec  la  (an  4).  JE'' 

Mionnet,  suppl.  IX,  n.  83,  à  Ptolëmée  VIII. 

239.  —  Tète  barbue  d'Hercule  à  droite;  derrière,  K. 

i^.  —  Le  même  avec  Lr  (an  3).  Ai'- 

210.  —  Même  médaille,  moitié  moins  épaisse.  JE  '' 

C'est  encore  à  M.  Poole  que  nous  devons  cette  intéressante 
découverte.  Nous  avons  mentionné  l'immense  influence  que  ce 
ministre  cruel  avait  eue  sur  son  souverain.  Il  n'est  donc  pas  in- 
vraisemblable que  le  roi  ait  autorisé  la  mention  de  ce  tout-puis- 
sant ministre  sur  les  monnaies  de  son  régne.  A  une  époque  très- 
rapprochée  de  celle-ci,  nous  voyons  ce  fait  se  renouveler  en 
Egypte  et  également  en  Syrie;  les  noms  d'Eulaeus  et  de  Try- 
phon  figurent  en  effet  à  côté  des  noms  de  leurs  souverains,  té- 
moin les  n.  270  à  273,  pour  Eulaeiis;  et  pour  Tryphon,  le  fait 
est  constaté  sur  la  plus  grande  partie  des  monnaies  d'argent 
d'Antiochus  YI. 

La  belle  pièce  d'or  d'Arsinoé,  n.  201,  pourrait  aussi,  comme 
nous  l'avons  déjà  démontré,  avoir  été  émise  sous  ce  ministre, 
soit  du  temps  de  Philopator,  soit  pendant  la  régence.  On  pour- 


fis  ARSINOÉ   III 

rait  peut-être  aussi  faire  preuve  de  discernement  en  réunissant 
ici  toute  la  série  de  médailles  incertaines,  n.  527  ;\  535,  ces 
monnaies  étant  de  fabrique  identique  avec  les  quatre  pièces 
décrites  ci-dessus. 

Il  existe  aussi  plusieurs  beaux  tétradrachmes  avec  la  men- 
tion du  nom  de  Sosibius.  Ils  sont  publiés  par  Mionnet  (1), 
Ch.Lenormant(2),  F.  Lenormant  (3)  et  R.  St.Pool6(4),et,  une 
chose  remarquable  qui  doit  affirmer  cette  attribution,  c'est  que 
cette  abréviation  du  nom  de  Sosibius  figure  justement  sur  une 
des  rarissimes  monnaies  portant  le  nom  de  *IA0I1AT0P01,  celle 
gravée,  pi.  YI,  n.8,  de  l'ouvrage  deM.  F.  Lenormant.  Ce  savant, 
page  81,  donne  avec  raison  ce  monogramme  secondaire  à  un 
agoranome  plutôt  qu'Aune  ville  alliée  à  celle  de  Tyr. 


ARSINOÉ  III  (femme  de  Philopator). 

Elle  était  fille  de  rtok'mée  Evergète  I"''  et  de  Bérénice  II.  Elle  épou- 
sa son  frère  Philopator.  L'histoire  ne  cite  de  cette  princesse  que  des 
faits  généraJeinent  à  sa  louajige  Elle  sijivit  son  mari  dans  la  guerre 
qu'il  eut  à  soutenir  contre  Antiochus,  roi  de  Syrie,  et  sa  présence  ne 
conti'ibua  pas  peu  à  la  victoire  de  Raphia.  Son  indigne  mari  oublia 
bientôt  sa  femme  légitime  pour  Agathoclée.  Il  se  laissa  tellement  sub- 
juguer par_cette  courtisane  et  pai'  ses  frères  ,  qu'il  leur  laissa  le 
pouvoir  de  faire  périr  Arsinoé  ,  laquelle  fut  en  effet  assassinée  pur 
l'hilamon,  un  des  alfidés  de  ces  êtres  infâmes. 

211.  —  Buste  diadème  de  la  reine  à  droite,  avec  un  sceptre  sur 
l'épaule. 

^.   APïi>'Oin  4>i.\on.\Toroï.  Corne  d'abondance  remplie  de 

'  fruits  et  ceinte  d'un  diadème  (Poids  27  gr.  7  décigr.). 

Gravée,  pi.  V.  AV  ". 

Mionnet.  Yl,  n.  166,  et  Ch.  Lenormant,  Gli/ptiqtie,  p.  85,  n.  17. 


(1)  Mionnet,  VI,  pai.'.  20,  n"  105. 

(2)  Ch.  Lenormant,  Glyptique,  \A.  85,  n.  17. 

(3)  F.  Lenormant,  pi.  VL  n.  7  et  8,  et  p.age  "■!  note,    jiage  81  et  éjale- 
mem  la  note  de  la  même  page,  et  encore  pages  108  et  109. 

(4)  .YMni.  cAron,,  1801,  page  170,  el  pi. ;\II,u.  14  et  10.  et  1860,  page»  j, 

6.  13,  14. 


-1 


A    Massor.    se 


Imp  lezr.erc-.er  c\    C'*'   PaJ-.s 


ARSINOE  ni    PTOLÉMEE  EPIPHANE    CLEOPATRE  1^.^  ET  PHILOMETOR 
PTOLEMÉE  PHILOMETOR 


l'TOI.KMKK   V    KPTPIUNE  tX^ 

Cette  admirable  médaille,  l'une  des  grandes  raretés  de  la 
série  égyptienne,  est  d'un  travail  d'art  remarquable  et  d'une 
conservation  irréprochable. 


PTOLEMEE  V  EPIPHANE 

(règne  24  ans,  du  13  octobre  205  au  7  octobre  181  av.  J.-C.) 

Ce  jeune  prince  était  à  peine  âgé  de  cinq  ans,  lorsqu'il  succéda  à 
son  père.  Il  eut,  comme  nous  l'avons  drja  relaté,  pour  tuteurs  Aga- 
thoclès  et  son  collègue  Sosibius  ;  ensuite  Sosibius  le  jeune  et  Tlépo- 
lème,  et,  en  troisième  lieu,  Ai'istomène.  Sa  minorité'  fut  tourmentée 
par  des  troubles  intérieurs  ;  Antiochus,  le  grand,  profita  de  ces  dis- 
sensions pour  attaquer  l'Egypte  et  lui  enleva  de  belles  et  riches  pro- 
vinces. Une  paix  fut  cependant  conclue  entre  les  deux  souverains,  al 
Epiphane  épousa  Cléopàtre,  fille  du  roi  de  Syrie.  Ptolémée,  au  lieu 
de  consacrer  les  loisirs  de  la  paix  à  rétablir  l'ordre  dans  ses  Etats, 
porta  au  contraire  le  trouble  dans  toutes  les  provinces.  Sa  tyrannie  et 
sa  cruauté  lui  firent  faire  de  telles  extravagances,  qu'il  vit  éclater  de 
toutes  parts  des  rébellions  dont  il  n'apaisa  les  dangers  qu'à  force  de 
supplices.  11  fut  lui-même  victime  de  la  vengeance  de  ses  courtisans, 
qui  l'empoisonnèrent  à  l'dge  de  29  ans. 

212.  —  Buste  diadème  et  drapé,  du  jeune  roi,  à  droite. 

jî,.  iiTO.vEMAiov  BAii.vKQS.  Aigle  SUT  un  foudre  à  gauche; 
devant,  A;  entre  les  jambes  de  l'aigle,  mi.  (Frappée  pro- 
bablement à  Damas?)  AJR' 

243.  —  Même  médaille;  M  devant  l'aigle  ;  ni  entre  les  jambes. 
(Frappée  probablement  à  Marathus?)  AR' 

24  1.  —  Même  médaille;   s  seulement  devant  l'aigle.  (Frappée  fi 
Sidon  ?)  AR' 

245.  —  Même  type;  devant  l'aigle,  r.\.  PI.  XII,  n.  51.  (Frappée 

probablement  à  Gaza?)  Gravée,  pi.  V.  AR  ' 

Cette  médaille,  d'un  style  irréprochable,  est  une  des  plus 
belles  pièces  connues  avec  la  tête  du  jeune  roi.' 

246.  —  Même  médaille;  la  lettre  *,  à  moitié  effacés,  placée  égale- 

ment devant  l'aigle.  AR  " 


/^A 


l'Tii|.KMi:i:  V   KI'IPIIWK 


'-1~-  —  -Mèmi.'  médaille  avec   Aio\,  toujours  devant  l'aigle  ;   le? 
lettres  ii  et  n  en  monogramme.  AR  " 

Les  monnaies  de  cette  belle  série  avec  la  tète  du  jeune  roi, 
sont  d'un  poids  identique,  14  gr.  à  1-1  gr.  2  décigr.,  et  la  fa- 
brique en  est  généralement  des  plus  remarquables.  Toutes 
paraissent  avoir  été  frappées  en  dehors  de  l'Egypte,  probable- 
ment en  Phénicie. 
:?  IS.  —  Tète  de  Soter  diadémée  à  droite. 

û.  nxo.vEMAior  itiTiiPOi;.  Aigle  sur  un  foudre  à  gauche  ; 
devant,  nr  (an  83),  poids  14  gr.  4  déc.  AR  ' 

K.  St.  Poole,  Num.  Cliron.  1864,  pi.  vu,  ii.  9. 

249.  —  Même  médaille;  avec  la  date  nû  (an  84),  même  poids.  AR^ 

R.  St.  Poole,  Nxn„.  Chron.,  pi.  VII,  n.  10. 

250.  —  Même  médaille;  le  caractère  de  tète  un  peu  différent  avec 

la  date  P  placée  devant  l'aigle  (.an.  00),  poids  9  gramm. 

5  décig.  AR" 

R.  St.  Poole,  pi.  ^'1I,  n.  1':. 

Cette  pièce  est  incontestablement  l'œuvre  d'un  faussaire  du 
temps.  Le  poids  est  loin  de  représenter  la  valeur  de  la  monnaie; 
cela  explique  également  la  différence  de  caractère  dans  la  phy- 
sionomie. La  date  00,  de  l'abdication  ou  même  de  la  mort  de 
Soter,  ne  peut  convenir  qu'à  Ptolémée  Y,  qui  régna  jusqu'à 
l'année  105  de  celte  ère. 

251.  —  Même  tète  de  Soter  à  droite,  avec  l'égide. 

nTo 
Rj.  nxo.vEM.uov  r.\siAF,a:i.  Même  aigle;  devant,  p^,  le  lia 

en  monogr.;  derrière,  ah.  Frappée  à  Ptolémaïs.  (Poids 
14  gr.  2  decig.)  AR"* 

Si  cette  rare  pièce  portait  le  titre  de  siiTllPOS,  nous  n'hési- 
terions pas  à  admettre  que  les  lettres  An  représentent  la  date  81 , 
mais  nous  n'avons  trouvé  nulle  part  de  tétradrachmes  avec  les 
dates  élevées  de  l'ère  de  Soter  ne  portant  pas  ce  titre. 

252.  —  Même  tête. 

jî..  _  iiTOAEMAior  M:i:iAEiis.  Même  type;  devant  l'aigle, 
\:i  (an  7);  derrière,  les  lettres  ïa  placées  au-dessus  d'une 
coiffure  en  forme  de  toque;  dans  le  champ,  de  chaque 
côté  de  la  tète  de  raigle,  les  bonnets  des  Dioscures. 
Frappée  à  Salamine.  Poids  14  gr.  Gravée,  pi.  V.  AR  ' 


l'Tul.EMKr    \'   KPIPIIWr  6.1 

Cette  belle  et  curieuse  monnaie,  rappelant  le  culte  des  Dios- 
cures,  a  donné  lieu,  jusqu'en  ces  derniers  temps,  à  de  nombreux 
commentaires.  Vaillant,  comme  nous  l'avons  déjà  mentionné, 
était  doué  d'une  sagacité  remarquable  lorsqu'il  s'ag-issait  de 
justifier  des  attributions  ;\  l'aide  de  la  plastique  ;  mais  son  sens 
critique  se  fourvoyait  souvent  lorsqu'il  tentait  de  classer  les 
pièces  par  villes,  soit  à  l'aide  des  monogrammes,  soit  avec  le 
concours  des  lettres  placées  dans  le  champ  des  médailles.  Aussi, 
ce  savant  a-t-il  fait  encore  ici  complètement  fausse  route  en 
attribuant  une  des  pièces  au  type  de  celle  ci-dessus,  à  la  ville 
de  Tripolis  (1).  Visconti  et  Mionnet  ont  également  admis  cette 
ville  comme  lieu  d'émission  (2).  Ils  ont  aussi  rangé  la  monnaie 
à  Ptolémée  III.  M.  F.  Lenormant  (3)  s'étend  trôs-Iongueraent 
sur  cette  médaille,  dont  il  maintient  le  classement  au  môme 
souverain  et  également  à  la  ville  de  Tripolis.  C'était  encore  à 
M.  Poole  qu'il  était  réservé  de  déterminer  l'attribution  de  cette 
belle  et  rare  pièce.  Il  offre  en  effet  (4)  plusieurs  variétés  de 
monnaies  à  ce  type  qu'il  classe  à  Ptolémée  V  et  à  l'atelier  de 
Salamine.  En  effet,  les  trois  médailles  qu'il  décrit  portent  tou- 
tes les  initiales  que  l'on  signale  comme  marques  de  la  ville 
chypriote. 

Ces  médailles  devraient  servir  d'enseignement  sérieux  à  tous 
ceux  qui  décident  des  attributions  à  l'aide  des  symboles  ;  on 
devrait  toujours  apporter  une  extrême  réserve  en  fait  de  clas- 
sement, et  n'admettre,  comme  bases  de  classifications  positives, 
que  les  pièces  qui,  comme  celle  du  n.  25"2,  portent  en  mémo 
temps  le  signalement  d'un  nom  de  localité  et  des  symboles  de 
divinités  honorées  dans  cette  même  contrée. 

Champollion-Figeac,  dans  son  ouvrage  sur  l'Egypte  (1),  dit, 
page  418,  et  cela  d'après  les  auteurs  qui  ont  à  tort  attriliué 
cette  médaille  à  ce  Ptolémée  :  «  Tripoli  de  Syrie  resta  sous  les 
•  ordres  de  Ptolémée  Evergète,  comme  le  prouvent  les  mon- 


(1)  Hist.  Piol.,  page  51. 

(2)  ^■iscoaIi,  Iconographie,  t.  III,  page  219,  et  Mionnet,  VI,  n.  l.'>. 

(3)  Lagidcs,  pages  4,  83,  S4,  et  pi.  III,  ii.  7. 

(4)  Num.  chfon.,  1S64,  pi.  IX,  n.  7,  8  et  11,  et  pages  234  et  suiv 
(j)  Egypte  ancienne.  F.  Diilut,  1839.  1  vol.  in-8,  illustré. 


fifi  l'TOI.lîMKE     VII     PIIII.OMKTO» 

•  naies  qui  furent  frappées  dans  cette  ville,  selon  l'opinion  des 
»  numismatistes,  et  qui  portent  la  date  de  la  T  année  de  son 
»  règne.  » 

253.  —  Tète  diadémée  de  Soter  avec  l'égide. 

%  —  nio.VEM.uor  BASiAEas.  Aigle  sur  un  foudre  à  gauche  ; 
devant,  lz  (an  7);  derrière,  la  lettre  ri. 

R.  St.  Poole,  Num.  Chron.,  1864,  pi.  ix,  n.  6,  varii^tt?  de  date. 

Cette  pièce  peut  être  attribuée  plutôt  ;\  Panopolis  qu'à  Pa- 
phos. 


PTOLEMEE   VIT    PHILOMETOR 

(  règne  3ô  ans,  du  7  octobre  181  au  29  septem'jre  146  av.  J.-C.) 


Ce  jeune  souverïiin  (?tait  à  peine  àg6  de  cinq  ans,  lorsque  son  père 
mourut.  Grâce  à  l'extrènie  prudence  et  aux  rares  capacité.s  de  sa 
mère,  l'Etat  fut  toujours  admirablement  gouverna.  Cette  intelligente 
princesse  sut  faire  valoir  le  testament  de  son  mari,  qui  plaçait  son 
jeune  fils  sous  la  haute  protection  des  Romains.  Philome'tor  eut  d'a- 
bord pour  tuteur  M.  .-Emilius  Lepidus  qui,  devenu  graml  Pontife, 
dut  transmettre  ses  pouvoirs  à  l'eunuque  Eulaeus,  associé  à  Lin:uus. 

La  mère  du  roi  l'tant  morte,  ces  deux  derniers  gouvernèrent  si  mal 
les  intérêts  du  jeune  prince  qu'ils  le  laissèrent  emmener  comme  pri- 
sonnier par  le  roi  de  Syrie,  Antiochus  IV.  Ce  roi,  traita,  il  est  vrai, 
Ptolémée  avec  tous  les  égards  possibles;  si  les  Alexandrins  ne  s'é- 
taient pas  révoltés  et  n'avaient  nommé  roi  le  jeune  frère  du  captif, 
Ptolémée  Ei-ergéte  II  Physcon  ,  nul  doute  que  le  roi  de  Syrie  n'eût 
tenté  de  réunir  les  deux  couronnes,  celle  de  Syrie  et  celle  d'Egypte  : 
force  fut  donc  pour  lui  de  relâcher  son  prisonnier  et  do  le  replacei 
sur  le  trône  de  ses  pères.  Philométor  régna  alors  cotyointement  avec 
son  frère  Evergète  pendant  six  années,  de  l'an  170  à  164  (av.  J.-C, 
mais  il  finit  par  contraiiidi'e  Evergète  à  quitter  le  pouvoir  et  même 
le  pays.  11  cflutinua  de  gouverner  seul  pendant  18  années,  et  laissa 
en  moui-ant  un  fils  très-jeune  encore  du  nom  d'Eupatur,  qui  régna. 
seulement  quelques  mois  sous  la  tutelle  de  sa  mère,  Cléopàtre  II. 


MINORITÉ   Dr    PHIT.OMKTOR  f'i" 


Minorité  de  Philométor?  181  à  171. 

254.  —  Tête  diadémée  de  Soter  ;\  droite  avec  l'Égide. 

i}.  —  nTOAEMAior  CAiiAEas.  Aigle  sur  un  foudre,  à  gauche  ; 
sur  le  milieu  du  foudre,  PE.  (an  106).  Poids  6  gr. 
9  décig.  AR  "■ 

255.  —  Même  type,  avec  Pi  (an  107);  même  poids.  AR  '=" 

Les  dates  qui  figurent  sur  ces  deux  rares  pièces,  sont  égale- 
ment celles  de  l'ère  de  Soter.  IN'ous  eussions  classé  ces  deux 
didrachmes  a  Evergètes  II  sans  la  moindre  hésitation  ;  les  ty- 
pes et  surtout  le  caractère  des  tètes  sont  en  tout  point  sembla- 
bles à  ceux  que  l'on  remarque  sur  les  monnaies  d'Evergète, 
même  avec  des  dates  élevées.  Si  les  marques  PC  et  l'z  ne  con- 
stituaient pas  des  dates,  ces  pièces  appartiendraient  au  frère  de 
Philométor,  mais  si  ce  sont  réellement  des  dates,  il  parait  im- 
possible de  concilier  la  difficulté;  ces  époques  établies  en  prenant 
pour  point  de  départ  la  mort  de  Soter,  arrivée  l'an  285,  les  mon- 
naies auraient  donc  été  frappées  on  l'an  178.  Or,  Évergètc  n'é- 
tait alors  âgé  que  de  4  ans,  et  nous  ne  trouvons  nulle  mention 
de  sa  personne  à  cette  époque  ;  sa  mère  vivait  encore  et  ne  son- 
geait nullement  à  diviser  le  pouvoir.  On  pourrait  ici  discuter 
aisément  nos  dates  de  l'ère  de  Soter,  ce  titre  ne  figurant  pas 
sur  les  pièces  ci-dessus,  mais  nous  n'avons  jamais  rencontré  ce 
titre  de  iftTUPoi;  sur  aucun  cl /'drachme,  ni  sur  les  drachmes 
avec  des  dates  basses  ou  élevées. 

o5(j  _  Tète  diadémée  de  Soter  à  droite,  tous  les  cheveux  frisés 
en  très-grosses  boucles. 

j^.  _  nTOAEM.iiov  BAïiAEni.  Aigle  au  repos  sur  un  foudre 
à  gauche;  devant,  i.z  (an  7);  derrière,  ha.  Poids,  13  gram- 
mes. -^I^ 
Lenormant,  Gli/ptiqw-,  pi.  82^ u.  17,  à  Philadelphe. 

250  bis.  —  Même  type  sans  date.  Didrachme  du  poids  de  6  gr.  .-E  '■ 
C'est  ici  que  nous  commencerons  à  signaler  les  initiales  de» 
noms  de  villes  que  l'on  a  depuis  longtemps  classées  à  l'île  de  Chy- 
pre ;  comment  admettre  un  pareil  système,  surtout  en  présence 


68  MiNORiTt:  i)i:  piih.omi:t(i(i,  ci.kopatre  i'«  bki-.entf 

des  innombrables  quantités  de  monnaies  que  nous  connaissons  ac- 
tuellement avec  les  marques  des  villes  de  cette  contrée?  Nous  ne 
verrons  plus  en  effet  d'autres  monnaies  que  celles  aux  abrévia- 
tions des  noms  de  Citium  Paplios,  ou  Salami, le  ;  \e  iTa.Ya.\\ 
d'exécution  et  celui  de  l'administration  des  monnaies  de  ces 
ateliers  n'eùt-il  pas  été  matériellement  impossible?  Les  n.  256, 
278  et  282  portent  les  initiales  de  la  ville  de  Paphos;  malgré 
cela,  le  travail  artistique  nous  parait  parfaitement  égyptien  ; 
cela  ne  fait  pour  nous  aucun  doute  que  ces  pièces  ont  été  frap- 
pées à  Panopolis. 

MIXORITÉ    DE    PHILOMÉTOR 

GLÉOPATRE  V\  Régente, 

(181  à  173   av.  J.-C) 

Cette'célèbre  princesse  n'ëtait  pas  encore  nubile  lorsque  sou  père, 
Antiochus  le  Grand,  la  fiini;a  au  jeune  Ptolém^e  Epiphane.  Le  roi 
de  Syrie,  en  donnant  ainsi  sa  fille  eu  mariage  au  jeune  roi  d'Egypte, 
cachait  sans  doute  par  ce  moyen  ses  vues  ambitieuses  sur  ce  beau 
pays.  Cléopàtre,  bien  loin  d'entrer  dans  les  projets  de  son  père,  resta 
con.stamment  attachée  à  ses  devuirs  d'e'p^mse  et  de  mère.  A  la  murt 
d'Epiphane,  elle  fut  chargée  de  la  tutelle  de  son  fils  Ptoléraée  Plii- 
lomi^tor,  encore  tout  enfant.  Elle  s'acquitta  de  cette  tâche  difficile 
avec  tant  de  prudence  et  de  sens  politique,  qu'elle  sut  conquérir  la 
plus  grande  considération  qu'une  souveraine  puisse  obtenir  de  se.'- 
sujets.  Cette  digne  princesse  mourut  l'an  173  avant  J.-C,  emportant 
avec  elle  les  regrets  et  la  vénération  de  tous  ses  peuples.  Elle  laissa 
en  mourant,  outre  Philométor,  un  autre  fils,  Ptoléraée  Evergète  II 
Physcon,  et  une  fille  portant  aussi  le  nom  de  Cléopàtre,  qui  partagea 
successivement  le  lit  de  ses  deux  frères.  Il  est  à  regretter  que  les 
biographes  restent  si  souvent  muets  sur  la  vie  de  cette  princesse  qui 
devrait  être  pourtant  citée  comme  la  femme  la  plus  célèbre  parmi  les 
reines  qui  ont  porté  le  même  nom  de^Cléopàtre. 

357.  —  Bustes  accolés  de  Sérapis  et  d'Isis  à  droite. 

1^.  — nTOAEMAior  p.A5;iAF.iis,  Aigle  au  repos  sur  un  foudre, 
à  gauche,  se  retournant  à  droite,  ayant  sur  l'aile  gauche 
une  double  corne  d'abondance,  ceinte  d'un  diadème;  entre 
les  pattes,  les  lettre  Ai.  (Frappée  à  Diospolis.')  Poids,  14  gr. 
Gravée,  pi.  V.  AR' 


\llNORITli     UK   PIIILOMETOK,  CLEOPATRE   I"  RÉGENTE  69 

257  bis.  —  Même  pièce  ;  la  corne  dabondance  est  simple.        AR' 

Eckhel,  Doct.  Nvm.  Vet.,  t.  W ,  p.  24  ;  Cousinéi-y,  lettre  iv,  page 
137,  à  Soter  I'"'  ;  Ch.  Lenoi-mant,  Trésor  de  glijptique,  pi.  88,  n.  14; 
R.  St.  Poole,  Num.  Chron.,  1^66,  pag.  1,  vignette. 

Cette  rare  et  belle  médaille,  peut-être  Tune  des  plus  intéres- 
santes de  la  série  lagide,  a  été  expliquée  par  M.  R.  St.  Poole 
qui  la  range  à  la  régence  de  Cléopàtre.  Ce  classement  est  en  ellet 
des  plus  intelligents;  cette  femme,  si  justement  célèbre,  dut 
avoir  l'heureuse  idée  de  faire  frapper  des  monnaies  aux  types 
■  des  divinités  révérées  de  l'Egjpte.  En  agissant  de  la  sorte,  elle 
se  plaçait,  ainsi  que  son  jeune  fils,  sous  la  protection  des  génies 
tutélaires  du  pays.  Si  cette  reine  fut  trop  modeste  pour  s'auto- 
risera émettre  la  pièce  que  nous  signalons,  les  Alexandrins,  qui, 
nous  l'avons  mentionné  dans  la  notice  ci-dessus,  eurent  pour  la 
more  et  le  jeune  enfant  un  respect  qui  ressemblait  a  un  culte, 
durent  choisir  ce  type  aux  effigies  de  leurs  affections. 

La  nature  du  métal,  le  travail  d'art  de  cette  belle  pièce,  tout 
concorde  parfaitement  pour  justifier  le  classement  du  savant 
conservateur  du  Musée  Britannique  ;  le  travail  artistique  des 
têtes  pourrait  faire  supposer  que  la  pièce  aurait  été  frappée  25  ou 
30  années  plus  tôt,  mais  l'allure  et  le  mouvement  de  l'aigle  du 
revers  est  d'une  époque  parfaitement  contemporaine  de  celui 
qui  est  gravé  sur  la  planche  V,  n.  215.  On  pourrait  même  sup- 
poser que  cot  aigle  est  l'œuvre  du  même  artiste.  Si,  après  la 
comparaison  de  ces  deux  médailles  entre  elles,  il  subsistait 
quelques  doutes,  ils  disparaîtraient  aussitôt  en  faisant  un  rap- 
prochement avec  celles  qui  suivent.  Sur  plusieurs  de  ces  pièces, 
en  effet,  la  tête  d'Isis  est  de  même  style;  la  médaille  portant  le 
nom  de  Cléopàtre  et  les  deux  suivantes  fournissent  encore 
la  preuve  de  la  justesse  de  cette  attribution  ;  la  fabrique, 
l'attitude  de  l'aigle  qui  se  retourne  dans  un  mouvement  iden- 
tique, tout,  jusqu'à  la  corne  d'abondance  que  l'on  voit  sur 
son  aile,  confirme  ce  fait.  Une  dernière  raison,  qui  pour 
nous  est  majeure,  c'est  que  la  pièce  du  roi  de  Syrie,  pi.  XI, 
n.  276,  incontestablement  frappée  pendant  le  séjour  de  ce 
souverain  en  Egypte,  porte  encore  la  même  figure  de  la  reine 
sous  les  traits  d'Isis.  Le  roi  Antiochus,  qui  avait  la  prétention 


70  MINORITL   liE   l'IlILOAlÉToH,   CLEUP.ITBF,  K?    REGENTE 

(le  protéger  le  jeune  roi  en  l'enlevant  à  son  peuple,  ménageait 
sans  doute  la  susceptibilité  des  Alexandrins,  en  paraissant  re- 
gretter la  défunte  régente,  et,  comme  témoignage  de  ce  l'ait, 
émettait  des  monnaies  sur  lesquelles  était  encore  représentée 
sous  des  traits  divins;  sa  sœur,  la  mère  du  jeune  roi  d'Egypte. 

258.  —  BAÏIAI2ÏI1S  KAEon.vTSPA.  Tète  de  la  régente  â  droite  sous 
les  traits  d'Isis. 

Ri.  nTOAEMAior  DAsiAEas.  Aigle  au  repos  ù  gauche,  se  re- 
tournant k  droite,  ayant  également  sur  l'aile  une  corne 
d'abondance;  devant,  l'aigle.rA,  en  monogr.  pl.XII,n.37. 
Gravée  pi.  V.  ^  "Z. 

Très-rare  ot  superbe  pièce^  inconnue  à  Miounet. 

25'J.  —  Sans  légende;  même  tète. 

^.  Le  même,  sans  monogramme.  ^E  "* 

Mionnet,  IV.  n.  394. 

260.  — Même  médaille.  A',  * 

Mionnet,  VI,  n.  395.  Ch.  Lenorraant,  Glypt.  pi.  88,  n.  10. 

■JOl.  —  Même  tète,  également  sans  légende. 

i^.  —  nTOAE>uiOY  BASiAEas.  Aigle  éployé  à  gauche  sur  un 
foudre.  J&  '" 

2<32.  —  Même  médaille.  M  '' 

Mionnet,  VI,  n.  380.  Ch.  Lenormant,  Glypt.  pi.  88,  n.  7. 

203.  —  Même  pièce  d'un  travail  barbare,  2  variétés.  A^--  '•' 

Mionnet,  Vî,  n.  390. 

264.  —  Même  pièce  d'un  beau  travail.  Al,  ' 

Mionnet,  VI,  n.  391.  Ch.  Lenormant,  Glijpt.  pi.  88,  n.  8. 

265.  —  Même  pièce.  JE  ' 
2G6.  —  Même  pièce.  M  * 
207.  —  Même  médaille;  devant  l'aigle,  oa,  monogr.  n.  11.  Gravée 

pi.  V.  .-E  « 

Mionnet,  VI,  n.  392.  Ch.  Lenormant,  GUjpt.  pi.  88,  n.  9. 
268.  —  Même  pièce.  JE  ' 

Voir  au.ssi  le  u.  270  et  la  note  placée  à  la  suite  de  ce  numéro. 


MINORITE  DE  PHILOMlilùR,  MAr.Ct>    .E.MILILS    LEPIDI  5  71 


MINORITE    DU     R0[ 

Marcus  ^milius  Lepidus 

(tuteur  Ters  173  av.  J.-C.) 


La  reino  Cleopàtre,  après  avoir  été  en  butte  aux  vu«s  ambitieuse.-' 
(le  pon  père  sur  leTroyaume^d'Égjpte ,  vit  à  la  mort  de  son  mai-i  re- 
naître les  mêmes  préteutions  de  la  part  de  son  frère.  Elle  eut  alors 
recours  pour  son  fils  à  la  toute-puissante  protection  des  Romains.  les 
suprêmes  arbitres  des  rois  d'Orient.  Le  sénat  donna  en  effet  pour  tuteur 
au  jeune  roi  Marciis  .Emilhis  Lcpidiis,  connu  des  .\lexandrin3  qui 
ravalent  apprécié  comme  ambassadeur  du  peuple  romain  ;  c'est  la 
constatation  de  cette  tutelle  que  nous  vojons  représentée  sur  la  mé- 
daille que  nous  donnons  ici  en  vignette. 

•JG'.».  —  ALEXS.A.NDREA.  Tète  tourelée  et  diadémée  de  la  ville  d'A- 
le.'candrie  à  droite. 

B(.  —  M.  LEPIDVS  l'ONTIF.  M.\X.  TVTOR  REG.  S.  C.  (MarCUS  Le- 

■pidus  tutor  régis  senatus  cow«?/ Wo).  Lépide  debout  posant 
un  diadème  sur  la  tète  du  jeune  Ptolémée,  qui  tient  un 
sceptre  surmonté  d'un  aigle.  AR  ' 

Cohen,  Monnaies  de  la  République  romaine,  page  10,  n"  7.  et 
PI.  I,  n"  6. 

Cette  monnaie  est  complètement  en  dehors  de  la  série  égyp- 
tienne, mais  elle  mentionne  un  t'ait  tellement  capital  pour  l'his- 
toire de  ce  pays,  que  nous  avons  cru  de  notre  devoir  de  laclasser 
ici  :  nous  l'avons  reproduite  seulement  en  vignette,  afin  de  ne 
pas  causer  do  confusion  sur  les  planches. 


MINOniTE   [lE   l'IlILU.METOn,   EUL.ELS  REOE.NT 


Minorité;  Eulaeus  Régent. 

(173  a  171  av.  J.-C.) 


Comme  nous  l'avons  mentionne  préceMemment ,  à  la  mort  de 
Cléopàtre,  Pliilométoi'  était  encore  trop  jeune  pour  gouverner  ses 
peuples.  Marc  Le'pide  avait  été  appelé  à  le  supjile'er  comme  tuteur; 
mais  ce  personnage  ayant  été  élevé  à  la  dignité  de  sou\erain  pontife  , 
se  trouvait  fi^reé  de  retourner  à  Rome,  où,  selon  Tite  Live,  il  devait 
séjourner  pendant  tout  le  temps  qu'il  occuperait  cette  haute  fonc- 
tion. Tout  fait  présumer  que  Lépide,  avant  de  partir,  s'entendit  avec 
les  Alexandrins,  si  la  mère  du  roi  était  morte  au  moment  de  son 
départ,  pour  déférer  la  tutelle  ou  régence  à  Eulieus,  auquel  il  adjoi- 
gnit Lena?U3  comme  collègue. 

Ces  deux  hommes,  peu  capables,  voulurent  cependant  marquer  leur 
passage  aux  affaires  par  des  actes  importants  :  ils  essayèrent  de  reven- 
diquer l'entière  possession  de  la  l'héuicie  et  de  la  Cœlésyrie  ;  et, 
comme  on  a  déjà  pu  le  voir,  cette  malheureuse  tentative  no  fit  que 
favoriser  les  ambitions  du  roi  de  Syrie,  Antiochus  IV,  qui,  outre  la 
conquête  de  ces  provinces,  trouva  le  moyen  d'enlever  le  jeune  roi  à  ses 
peuples  en  l'emmenant  prisonnier.  On  a  déjà  vu  dan.s  la  notice  de 
Philométur  les  causes  qui  firent  relâcher  le  roi  captif. 

270.  —  Tête  de  Jupiter  Ammon  à  droite. 

i^.  —  riTOAEMAioY  BASiAEtis,  Aigle  au  repos  sur  un  foudre, 
à  gauche,  un  sceptre  sur  l'aile;  devant,  une  corne  d'abon- 
dance; entre  les  jambes  de  l'aigle,  eva.  Gravée  pi.  V.  /E  ' 

Mionnct,  Supplément,  IX,  n"  119. 

271.  —  Même  médaille;  une  fleur  de  lotus  ou  une  rose  placée  de- 

vant l'aigle  remplace  la  corned'abondance.  .(E  ' 

Mionnet,  VI,  n"  332.  Ch.  Lenormant,  Ghiptique,  pi.  88,  n"  11.  H. 
St.  Poole,  Numismatic  Chronide,  1866,  page  12. 

272.  —  Même  médaille,  sans  l'abréviation  eva.  M  " 

Mionnet,  VI,  n"  329,  varié  do  module. 

273.  —  Même  médaille,  sans  le  sceptre.  M  '  7-2 

Sur  ces  quatre  médailles  ,  deu.x  seulement  portent  le  nom  de 
cet  eunuque  devenu  ministre  ,  mais  les  deux  autres  paraissent 


PHILOMETOR    PRI^ÎONMEn.    AMIOCIRS    IV.  73 

être  tellement  semblables,  pour  le  stvle  et  la  fabrique  que  nous 
avons  cru  devoir  les  réunir  ici  en  un  seul  groupe  (1). 

Comme  le  démontre  avec  raison  M.  R.  St.  Poole,  l'heureux 
interprète  des  pièces  avec  les  initiales  de  ce  personnage  (2),  le 
fait  du  nom  du  tuteur,  placé  à  la  suite  de  celui  du  roi,  ne  doit 
avoir  rien  d'insolite;  en  Sjrie,  le  même  fait  se  reproduit  à  une 
époque  presque  contemporaine;  en  ellet,  comme  nous  l'avons 
déjà  démontré,  page  Gl,  le  nom  de  Trjphon  se  lit  sur  la  plupart 
des  monnaies  du  jeune  Antiochus  Yl. 


Le  roi  prisonnier,  ANTIOCHUS  IV. 

(roi  de  Syrie,  de  171  à  167  avant  J.-C.) 


Ainsi  que  nous  l'avons  àéj^  indiqué  dans  les  notices  sur  P!ii- 
lométor,  Cléopâtre,  Marc  Lépide,  le  roi  de  Syrie  ne  dissimu- 
lait qu'avec  peine  ses  projets  d'envahissement  sur  l'Egypte;  les 
monnaies  qui  figurent  ci-après,  le  démontrent  d'une  manière 
incontestable,  ces  pièces  ont  éié  certainement  frappées  en 
Egypte  :  les  types,  les  formes  ,  les  modules,  la  manière  de  fa- 
briquer même,  tout  constate  ce  fuit,  et  nous  ne  retrouvons  pas 
dans  les  monnaies  syriennes  de  cette  époque  la  moindre  pièce 
qui  puisse  être  comparée  aux  quatre  types  ci-dessous. 

Ces  monnaies  ont  dû  être  frappées  dans  une  localité  voisine 
d'Alexandrie,  très-vraisemblablement  pendant  le  long  siège 
qu'AntiochusIV  dirigea  contre  cette  grande  ville. 

C'est  à  M.  François  Lenormant  (-3)  et  à  M.  R.  St.  Poole  (4) 
que  nous  devons  l'idée  de  voir  ces  belles  pièces  réunies  à  la  suite 
des  rois  d'Egypte,  et  M.  F.  de  Saulcy  les  y  avait  également 
classées  dans  la  belle  collection  de  rois  de  Syrie  qu'il  possédait 
il  y  a  quelques  années. 


(1)  Les  n"'  496  à  500  devraient,  il  nous  semble,  être  encore  placés  ici. 

(2)  Numismatic  chronide,  année  lS6t3,  pages  12  et  suivantes. 
.  (3)  Monnaies  des  Lagides,  page  88,  etc. 

(4)  Numismatic  chronide,  année  1866,  page  14  A  16. 


74  MAJuRiTE  i)i;  ptiii,i:mi;i;  \ii,  piiii.omktor. 

-?4.  —  'l'ète  laurée  de  Jupiter  Sémpis  à  droite. 

i\.  —  RASiAEflS  ANTioxoï  0Eor  FJiM'AAOvs.  Aigle  au  refos 
sur  un  foudre,  à  droite.  Gravée,  pi.  XI.  A]  '- 

Ti-ès-rare  et  .superbe  médaille  int'dite  de  ce  mcdiilo,  iiro\eiiant  de 
la  coUoctimi  Gréau. 

~7ô.  —  iM('nie  médaille.  ^E  '" 

Duaiie,  Cuùts   of   tlie  SeU'iicidœ  hing'!  of  Si/ria,  \<\.  Mil,  u"   14. 
Mioniiet,  V,  n»  289,  et  R.  St.  Poole,  Xum.  chron.  18G6,  page  15. 

27f').  —  Tète  deCléopàtre  sous  les  traits  d'Isis  à  droite 

li).  Même  légende  et  mérne  type,  (travée,  pi.  XI.  ^E  ' 

R.   Gough,  collection    Duane,  pi.    VllI,  n"  13  vai'ie'e   île  module. 
Mionnet,  V,  u"  291,  et  R.  St.  Poole,  Xutn.  Chron.,  180'.,  page  10. 

o77_  —  'p^te  d'.Vntiochus  IV,  radiée  à  droite. 

r^.  —  Le  même.  Gravée,  pi.  XI.  AE  ' 

Duane,  pi.  Mil,  n»  0.   Mionnet,  V,  u"  311,  et  R.  St.  Poole  Num. 
Chron.,  186G,  page  17. 


Majorité  de    Philométor 

(il  lègne  seul  de  103  a  Uû  avant  J.  C.) 

2;8.  — Tète  diadémée  de  Soter  avec  l'égide,  tous  les  cheveux 
frisés  en  très-grosses  boucles  (comme  le  n.  25G). 
lî.  _  nTOAE:MAiov  BASiAEas.  Aigle  au  repos  à  gauche  sur 
un  foudre,  devant  l  kb  (an  22)  ;  derrière,  ha  (poids  14  gr. 
1  décigr.).  Gravée,  pi.  V.  AR^ 

Mionnet,  VI,  n"  104. 

279.  —  Même  tète. 

ilj.  —  Le  même,  sans  lettres  ni  sj-mboles  dans  le  champ, 
mais  KZ  (an  27)  sur  le  milieu  du  foudre.  (Poids  7  gr.)  AR"' 

280.  —  Tète  de  Ju[)iter  Ammon  à  droite. 

1^.  —  riTOAE.MAiov  BAiiAEas.  Aigle  sur  un  foudre  à  gauche; 
devant,  l  kz  (an  27)  ;  sous  cette  date,  le  lotus.  ^  " 

Mionnet,  Sup.,  IX,  n"  71. 

281.  —  Même  médaille,  avec  l  aa  (an  31).  -"^  *■ 


PTi)i,i;Mi;r  i\  Kvrnr.iiTE-  ii  piiv-rov  T.") 

Ces  deux  mdil;ùllcs  ,  i\'\uv}  g'raa  le  raroi' ,  sont  do  mêaie  tii- 

brique  que  les  pièces  classées  à  Evergôte;  les  dates  qui  dgurent 

sur  ces  monnaies  nous  semblent  confirmer  le  classement  ties  unes 

et  des  autres. 

282.  —  Tète  diadémée  de  Soter  à  droite,  avec  l'égide. 

\\.  —  iiTOAKMAiov  RAîiiAEa^.  Aii^Ie,  au  repos  sur  un  foudre 
à  gauche;  devant,  i.  aa  (,iu  31);  derrière,  ha.  (Poids 
1 1  gr.)  AR- 

Les  tétradrachmes  de  cette  série  sont  tous  assez  rares  ; 
par  leurs  caractères  de  tôte ,  ils  dillerent  complètement  des 
monnaies  analogues  des  règnes  qui  les  précèdent  et  les  sui- 
vent: les  cheveux,  toujours  frisés  en  grosses  mèches,  donnent 
un  caractère  particulier  à  ces  monnaies;  elles  ont  presque  tou- 
jours été  classées  à  Ptolémée  II,  Philadelphe(l)  ;  mais  la  simple 
inspection  de  ces  monnaies  démontre,  il  nous  seml)le ,  d'une 
manière  indiscutable,  le  cùté  vicieux  de  cette  attribution.  .Nous 
avons  aussi  une  preuve  quasi-matérielle  de  l'exactitude  de  l'at- 
tribution proposée,  c'est  qu'il  n'existe  nulle  part  de  pièces  ;\  ce 
type,  pendant  les  années  que  le  jeune  prince  fut  le  captif  de  sou 
oncle  le  roi  de  Syrie.  La  dernière  année  connue  des  pièces  à  ce 
type  figure  dans  les  cartons  du  cabinet  de  Franco  ;  elle  porte  Li 
date  de  l'an  30.  Cette  date  semble  dépasser  d'une  année  la  du- 
rée du  règne  ,  mais  nous  avons  déj;\  expliqué  ce  semblant  de 
bizarrerie  de  la  manière  de  compter  en  Egypte  (voir  les  notes 
placées  après  les  n^'  I3'J  et  117).  La  môme  anomalie  do  dates 
se  remarque  aussi  plus  tard  sous  les  empereurs  romains. 


PTOLEMF.E  IX,  EVERGETE  II,  PHYSCON. 

(rèÇjTit'  51  ans,  ,|u  5  octobre  170  au  il  septembre  117  avant  J.-C.) 


U";  partie  de  son  règne  ;  seul  pendant  3  anue'es  et  2  ans  avec  son 
frère  Philomi^tor. 

Dans  la  notice  sur  le  règne  préccdcnt,  nous  avons  déjà  relaté  Ips 


(1)  Cil.  Lenormaiit,  Glyptirjue,  page  lil,  et  jil.  .'*2, 


'"  HOLKMÉE  IX  ÉVEnOÈTE    II   PIIYSCON. 

faits  de  la  première  partie  du  règne  de  ce  prince,  qui  fut  honore  du 
titre  de  roi  par  les  Alexandrins  pendant  la  captivité  de  son  frère 
atné,  et  qui  fut  ensuite  forcé  de  quitter  l'Egypte  lorsque  Philométor 
fut  complètement  délivré  de  la  domination  du  roi  de  Syrie,  Evergète 
se  retira  en  Cyrénalque,  et  il  gouverna  cette  province  de  164  à  146 
avant  J.-C,  époque  de  la  mort  de  sou  frère. 

Ce  monstre  était  à  Cyrène  lorsqu'il  apprit  la  mort  de  Philométor. 
Il  accourut  en  toute  hâte  à  Alexandrie  pour  réclamer  la  tutelle  de 
son  neveu,  échue  de  droit  à  Cléopàtre  II,  sa  mère.  Ne  pouvant  l'ob- 
tenir de  bonne  grâce,  il  tenta  de  s'en  emparer  par  les  armes  ;  une 
transaction  eut  lieu  alors.  Il  épousa  la  reine  mère,  sa  sœur,  mais  le 
jour  de  ses  noces  il  s'assura  la  toute-puissance  en  égorgeant  lui- 
même  son  neveu  dans  les  bras  de  sa  mère.  Cet  affreux  être,  non 
content  d'un  tel  crime,  fit  encore  massacrer  tous  les  amis  et  parti- 
sans du  jeune  roi.  Il  répudia  bientôt  sa  sœur  pour  épouser  la  fille  de 
cette  dernière,  qui  régna  sous  le  nom  de  Cléopàtre  III.  Il  se  souilla 
ensuite  de  tant  de  débauches  et  de  cruautés  qu'il  fut  chassé  de 
l'Egypte  l'an  130  avant  J.-C.  Il  se  retira  en  Chypre,  mais  trois  ans 
après  il  put  rentrer  à  Alexandrie,  oit  il  régna  de  nouveau  avec  les 
d«ux  Cléopâtres,  pendant  encore  onze  années,  et  mourut  l'an  117 
après  un  règne  de  54  ans  :  6  ans  avec  son  frère,  17  années  en  Cyré- 
naique  et  le  reste  en  Egypte,  excepté  les  trois  années  d'exil.  Cet  hor- 
rible tyran  laissa  en  mourant  deux  fils  et  trois  filles.  Les  deux  fils 
régnèrent  sous  la  tutelle  de  leur  mère,  digne  émule  de  son  mari 
pour  ses  cruautés.  Nous  avons  encore  mentionné  dans  la  notice  bio- 
graphique de  Cléopàtre  II  quantité  de  faits  ignominieux  attribués  à 
ce  souverain. 


Monnaies  frappées  pendant  la  I"  partie  du 
règne  d'Evergète 

(170  à  164  avant  J.-C.) 

383.  —  Tète  diadéraée  de  Soter  à  droite  avec  l'égide. 

pj.  _  nTO.\EM.\ior  B.\zi.vms.  Aigle  au  repos  sur  un  foudre 
à  gauche.  AR" 

Mionnet,  VI,  n"  17,  à  Soter.  Ch.  Lenormant,  G/y/j«.,  pi.  81,  n'^  10, 
également  au  I"  Ptolémée. 

284.  —  Même  médaille  avec  une  légère  différence   dans  la  fa- 
brique. AR  •  '/, 
Mionnet,  VI,  n"  1 . 


PTOLEMEE   IX   EVERCÈTE    II    PnTJCON.  77 

285.  —  Même  médaille,  moitié  dos  pièces  précédentes.  Gravée, 

pi.    VI.  AR5 

Mionnet,  VI,  n^  21,  Ch.  Leaoï-mant,  Gli/pt.,  pi.  81,  a"  16  égale- 
meut  à  Ptolt?m^e  Soter  I". 

285  bis.  —  Même  pièce  d'un  style  difTérent.  AR' 

Ces  quatre  monnaies,  dont  les  tétradrachmes  ou  statères  pèsent 
exactement  14  grammes  et  les  didrachmes  7  grammes,  sont  en 
tout  point  semblables  comme  caractère  de  tête  ;  elles  ne  por- 
tent aucun  symbole  ni  date  au  revers.  On  voit  par  leur  tra- 
vail que  l'époque  d'émission  en  est  assez  basse;  elles  ont  dû  être 
frappées  au  moment  ou  les  Alexandrins  investirent  Evergète  II 
du  pouvoir.  Nul  n'ignore  que  de  tout  temps,  dans  les  moments 
de  troubles,  les  ateliers  monétaires  ont  toujours  émis  quantité 
de  numéraire;  de  là  très-probablement  la  cause  du  nombre  très- 
considérable  des  pièces  à  ce  type  que  l'on  rencontre  dans  toutes 
les  collections,  et  qu'on  ne  sait  où  classer  à  cause  du  manque  de 
date  et  aussi  de  la  complète  dissemblance  du  travail  avec  les 
pièces  du  premier  Ptolémée  (1).  Les  têtes  figurés  sur  ces  pièces 
sont  d'une'  identité  frappante  avec  les  n.  251  et  255  pièces  du 
reste  parfaitement  contemporaines. 

2St3.  —  Même  type  que  les  pièces  précédentes;  la  lettre  E  devant 
l'aigle,  (poids  14  gram.).  A.R' 

Cette  pièce,  d'une  très-grande  rareté,  semble  venir  confirmer 
l'attribution  des  pièces  précédentes.  La  lettre  E  doit  avoir  été 
mise  comme  abréviation  du  mot  EVEPrETOr,  que  nous  voyons 
figurer  sur  les  monnaies  de  bronze  de  ce  souverain. 

»  HT 

287.  —  Même  type;  devant  l'aigle,  ^p,  monogramme,  pi. XII,  n.  28. 
(frappée  à  Ptolémaïs?).  (Poids  3  grammes).  Drachme.  AR' 


(1)  On  nous  a  soumis  tout  récemment  une  trouvaille  d'une  trtntaimo 
de  statères  trouvés  ensemble  en  Egypte,  tous  d'une  bonne  conservation, 
mais  malheureusement  d'un  nettoyage  impossible,  tant  l'oiyde  ou  sulfura 
les  a  rongés;  il  y  avait  un  eiemplaire  de  la  pièce  â  deux  tètes  n"  257,  uns 
vingtaine  au  moins  de  pièces  des  n°^  283  et  284,  un  exemplaire  du  n"  287 
et  7  à  8  pièce»  des  n"  2S8  et  suivants. 


l'IllLLMU:  l\    EVKRGIiTE   11    rin!-tU.\ 


2    Partie  du  règne,  Evergète  II,  seul. 

(Uri  à  130  avaut  J.-C.) 

Toutes  les  pièces  qui  suivent,  de  l'an  20  à  l'an  51,  sont  d'une 
conformité  de  tjpe  des  plus  remarquables,  la  tète  représentée 
sur  toutes  ces  monnaies  ditlëre  peu  de  celles  figurées  sur  les 
cinq  pièces  ci-dessus.  On  ne  peut  cependant  nier  que  malyré  le 
laps  de  temps  écoulé  entre  les  deux  émissions,  les  graveurs  ont 
pris  à  tacLe  de  représenter  la  même  tète  ;  on  retrouve  partout 
en  eilet  les  rudiments  du  même  caractère.  L'expression  varie 
légcreœent  mais  les  lignes  du  front  au  menton  sont  toujours  les 
mêmes.  Ces  pièces  jusqu'au  n"  304  seulement,  sont  aussi  d'une 
identité  de  poids  extraordinaiic,  toujours  14  grammes  au  moins 
ju>qu"au  no  290;  le  métal  en  est  également  de  très-bon  aloi;  les 
essais  ont  produit  933  millièmes  de  fin.  Celles  du  commen- 
cement du  règne,  étaient  cepeudani,  d'un  titre  plus  élevé  :  nous 
avons  constaté  jusqu'à  980  millièmes,  presque  l'argent  pur, 
comme  sous  Soter,  Pi;iladelplie  et  Evergète  1. 

:);)8. Tête  diadémée  de  Soter  avec  l'égide. 

jî   nTOAEMAior  BAiiAEP.s.  Aigle  au  repos  sur  un  foudre 

à  gauclie  ;  devant,  l  ki:  (an  36)  ;  derrière,  ïa  (Salamine). 

;)89.  —  Même  médaille;  l  kii  (an  28)  ;  derrière,  ki  (Citium  ?).  AR^ 

Mioimet,  VI,  n"  108,  à  Philarlelphe,  et  la  suivante,  n"  109,  au 
même  roi. 

090;  _  Même  type;  L  Ke  (an  29)  ;  derrière,  ki  (id ?).  AR'' 

201.  —  Même  médaille;  même  date,  avec  sa  (Salamine?).       AR' 

292.  —  Même  pièce,  avec  L  a  (an  30)  ;  derrière  l'aigle,  ki  (Citium?). 

AR' 

o  )3_  _  Même  médaille  et  même  date,  avec  sa  (Salamine?).  AR  ' 

2'.'l.  —Même  type,  avec  l  aa  (an  31);  devant  l'aigle,  ki  (Ci- 
tium?) AR 


PI  v; 


A    Ma.3scn 


PTOLEMEE   EVERGETE   II     CLEOFATFi  II  IREGENTE') 
PTOLEMEE   SOTERII 


PTOLE.MICE   IX   EVEIir.KTK    11   PIIV>(:ON  70 

Mionnet,  VI,  n.  1 10,  (également  à  F'hiladelphe. 

295.  —  Même  pièce;  une  étoile  placée  au-dessous  de  la  date  (Ci- 
tium).  AR' 

20G.  —  Même  pièce  et  même  date,  sans  l'étoile  ;  derrière  l'aigle,  ru 
(Frappée  à  Paphos) .  AR  ' 

Cette  pièce  est  d'un  stvle  adnHral)lc';  eilediirère  complètement, 
comme  fabrique,  de  toutes  celles  qui  [(recèdent  et  qui  suivent  ; 
le  caractère  de  la  physionomie  du  souverain  est  réellement 
extraordinaire.  Si  l'artiste  a  voulu  représenter  une  expression  de 
nulle  volonté  et  aussi  de  méchanceté  extraordinaire,  il  a  admi- 
rablement réussi.  Mais  pour  revenir  à  la  fabrique  de  cette  pièce, 
elle  semble  démontrer  positivement  que  les  mêmes  marques 
monétaires  étaient  employées  pour  diverses  contrées. 

21»7.  —  .Même  médaille;  fabrique  des  pièces  avant  le  n.  20tj  et 
aussi  des  n.  suivants,  également  de  l'an  31  ;  derrière 
l'aigle,  SA  (Salamine?).  AR  ■ 

208.  —  Même  type;  devant  l'aigle,  l  ap.  (an  32);  un  acrostolium 
placé  au-dessus  de  la  date;  derrière  l'aigle,  ki  (Citiuin)- 

AR" 

299.  —  Même  médaille  et  même  date,  sans  l'acrostolium  ;  derrière 
l'aigle,  n  A  (l'anopolis?).  AR  " 

Mionnet,  Sup.  IX,  n.  -l^^,  touj.nir.î  à  Ptolemc'e  II. 

yOO.  —  Même  médaille  d'une  meilleure  fabrique;  un  casque  placé 
au-dessous  de  la  date  ;  derrière  l'aigle,  sa  (Salamine.. 
Gravée,  pi.  VI.  AR  ' 

301.  —  Même  médaille;  le  casque  est  remplacé  par  une  coiffure 

en  forme  de  toque,  à  laquelle  est  suspendu  un  diadème 
(Egalement  de  Salamine.  (Poids  12  grammes.)  AE  " 

Cette  toque  ou  coid'ure  qui  figure  sur  plusieurs  pièces  aux 
initiales  des  villes  chypriotes,  comme  les  n"  252  et  347,  repré- 
sente peut-être  le  bonnet  de  Diomède,  pour  lequel  les  habitants 
de  cette  ile  avaient  un  culte  tout  particulier.  Voira  ce  sujet  les 
explications  de  M.  Poole.  Xum.  Chron.,  année  1804,  page  235. 

302.  —  Même  type,  sans  la  coiffure;  devant  l'aigle,  l  ap  (an  33  ; 

derrière,  ki  (Citiura?).  .\R  ' 


80  PTOI.ÉMÉE   l\  ÉVERGÈTE    II   PIIYSCON 

303.  —  Même  médaille  et  même  date,  avec  n.v  (Panopolis?).  AR  ' 

301.  —  Même  pièce  et  même  date,  avec  ix  (Salamine  ou  Sais?). 

AR  ■ 

Mionnet,  VI,  n.  III,  à  Phila.lelphe,  et  F.  Lenormant,  Lagides,  pi. 82, 
n.  2. 

305.  —  Même  médaille;  un  tbyrse  sous  la  date  (Salamine).    AR' 

308.  —  Même  type,  sans  le  thyrse  ;  devant  l'aigle,  l  ^x  (an  34)  ; 
derrière,  î;a  (Salamine  ou  Sais?).  AR' 

307.  —  Même  type;  l  ae  (an  35);  derrière  l'aigle,  Kl  (Citium?). 

AR' 

308.  —  Même  type,  l'aigle  ayant  un  sceptre  sur  l'aile  gaucho;  de- 

vant, L  AE  (an  36);  derrière,  Ki  (Citium).  AR' 

309.  —  Même  type  sans  le  sceptre;  devant  l'aigle,  L  au  (an  38)  ; 

derrière,  ha  (Panopolis).  AR  ' 

310.  —  Même  type  avec  l  Ae  (an  39);  n.v  devant  l'aigle  (id.)  AR' 

Mionnet,  VI,  n.  314. 

311.  —  Même  type  et  même  année;  un  sceptre  sur  l'aile  de  l'aigle; 

derrière,  sa  (Salamine).  AR  ' 

Il  existe  ici  une  lacune  remarquable  de  11  années;  mais  elle 
se  trouve  en  partie  comblée  dans  les  collections  des  grands  mu- 
sées. Si  le  Cabinet  de  France  ne  possède  qu'une  seule  pièce  de  cette 
période,  celle  de  l'an  49,  avec  les  lettres  Kl  (1),  en  revanche, 
le  Musée  Britannique  est  encore  ici  d'une  richesse  extraordinaire  : 
nous  avons  souvenance  d'y  avoir  vu  toute  une  série  de  pièces  de 
cette  époque,  mais,  pas  plus  là  qu'ailleurs,  nous  n'avons  pu  con- 
stater la  présence  d'une  seule  monnaie  émise  par  les  atehers, 
égyptiens  (avec  nx  derrière  l'aigle)  pendant  les  années  40,41  et 
42  de  ce  règne  ;  nous  n'avons  même  constaté  l'existence  que 
de  la  pièce  datée  41,  de  l'atelier  de  Salamine;  mais  pour  Ci- 
tium, les  années  40,  41  et  4'2  y  sont  représentées.  Or,  ces  deux 
villes  étant  du  pays   même  où  Physcon  s'était  réfugié,  rien  de 


(1)  Cette  très-rare  pièce  a  été  classée  par  Ch.  Lenormant  à  Ptolémée  H 
PhilaJelphe,  Glypt.,  pi.  82,  n"  15.  Mionnet,  VI,  vfi  94,  et  également  par 
Visconti  au  même  régne. 


PTOLÉMÉE  IX   ÉVERGÈTE  11    PHY3C0N  81 

plus  simple  que  l'existence  de  ces  monnaies:  elles  affirment  môme 
que  nous  avons  raison  de  refuser  à  Tîle  de  Chypre  la  plus 
grande  partie  des  monnaies  avec  n.i  puisqu'on  n'a  pas  retrouvé 
une  seule  pièce  à  ce  type  avec  les  dates  ci-dessus,  et  certes 
Physcon  n'avait  nulle  raison  pour  ne  pas  faire  frapper  à  Paphos 
comme  dans  les  deux  autres  villes  ;  cela  ferait  même  présumer 
que  l'atelier  à  Paphos  était  fermé  depuis  un  certain  temps. 

La  constatation  que  nous  faisons  ici  du  manque  des  monnaies 
frappées  en  Egypte  au  type  d'Evergète  pendant  ses  années 
d'exil  est,  il  semble,  des  plus  concluantes  pour  la  classification  de 
toutes  les  autres  pièces  à  ce  tyran  ;  ce  fait  est  aussi  suffisamment 
attesté  par  les  dates  qui  figurent  encore  sur  les  monnaies  décri- 
tes ci -après,  l'année  54  ne  pouvant  appartenir  qu'à  ce  roi,  le  seul 
des  souverains  d'Egypte  dont  les  années  de  règne  aient  dépassé 
le  demi-siècle. 

Nous  avons  aussi  remarqué  un  fait  qui  parait  avoir  ici  une 
importance  majeure,  c'est  que,  au  moment  où  Evergète  Phys- 
con fut  chassé  de  l'Egypte,  son  despotisme  ainsi  que  ses  dilapi- 
dations avaient  dû  plonger  ses  peuples  dans  la  plus  effrayante 
misère.  Ses  vassaux  ne  trouvant  plus  de  moyens  de  payer  les 
taxes  ruineuses  qui  leur  étaient  imposées,  tentèrent  d'abaisser 
un  peu  les  titres  des  valeurs  d'argent  (1),  et  il  paraîtrait  même 
que  ce  moyen  ne  put  suffire,  puisque  l'on  constate  en  outre  pour 
les  pièces  frappées  en  dehors  de  l'Egypte  un  affaiblissement  de 
poids  assez  notable.  Cette  réduction  varie  entre  7  décigr.  et  1 
gramme  2  décigr.  par  chaque  tétradrachme,  témoin  les  n.  305, 
308  et  311,  pièces  sorties  des  ateliers  chypriotes,  et  dont  le 
poids  le  plus  élevé  est  de  13  gr.  5  décigr.  Quant  aux  pièces  avec 
riA  de  cette  époque,  que  nous  supposons  généralement  frappées 
alors  en  Egypte,  le  titre  en  est  très-bon,  960  millièmes  et  les 
écarts  dans  les  poids  sont  insignifiants,  ils  ne  varient  que  de 
13  gr.  9  décig.  à  14  gr.  2  décigr.,  poids  réellement  maximum. 
On  constate  à  ce'  moment  une  décadence  marquée  dans  les  fa- 
briques chypriotes. 


(1)  Plusieurs  essais  Je  monnaies  de  cette  époque  ont  donné  une  moyenne 
de  917  millièmes ,  un  vingtième  de  plus  d'allia^je  que  sur  les  monnaies  du 
commencement  du  règne  et  des  règnes  précédents. 


^-  PTOLÉUÉE   l\   EVEriGICTt:   II   l'IlïSCON 

Il  est  dii'licile  de  comprendre  comment  Vaillant,  Pellerin, 
Visconti  et  Mionnet  ont  pu  être  un  instant  embarrassés  pour 
le  classement  plus  que  facile  de  cette  série  de  pièces  qui  se  clôt 
;\  l'année  54.  Ces  savants  ont  pris  encore  ici  comme  point  de  dé- 
part une  ère  impossible,  celle  de  Soter  avant  même  qu'il  fût  roi. 
M.  F.  Lenormant  tombe  dans  le  même  embarras,  en  faisant  de 
cette  suite  le  point  de  départ  d'une  ère  particulière  ;\  l'île  de 
Chypre,  et  classe  ces  pièces  à  Soter,  Philadelphe  et  Evergète  l"'. 
Il  dit  en  effet,  page  13,  14  et  15  :«  La  série  de  dates  qui  s'étend 
»  depuis  l'an  2  jusqu'il  l'an  54,  excédant  ainsi  de  beaucoup  la 
»  durée  du  plus  long  règne  des  Lagides,  etc.,  etc.  » 

Le  temps  ou  les  années  du  règne  que  nous  mentionnons  ici 
étaient  cependant  parfaitement  connus  ;  ce  témoignage  est  af- 
firmé par  Porphjre,  dans  Eusèbe  (1).  «  Ce  prince  ajant  régné 
i>  pendant  6  ans  avec  son  frère,  prétendait  n'avoir  jamais  cessé 
•  de  régner;  depuis  cette  époque,  il  compta  donc  les  années  de 
»  son  règne  depuis  son  V  avènement  »  :  Et  tout  cela  concorde 
admirablement  à  admettre  l'année  51  comme  limite  extrême  de 
ce  long  et  affreux  règne  ;  le  calcul  suivant  prouve  ces  faits  de 
reste. 

l''"  Période  :  règne  avec  son  frère  de  170  à  1G4  ==     7  ans. 

2°-        —  en  Cyrénaïque  .  .  ...  de  1G4  à  14G  =  17  ans. 

3"        —       règne  seul  en  Egypte  de  140  à  117  =  29  ans. 
L'année  supplémentaire  déjà   mentionnée 
aux  règnes  de  Philadelphe  et  de  Phi- 
lométor,  etc 1 

Total  :    54  ans. 


Ptolémée  Evergète  II  Physcon 

(  Son  retour  d'exil,         à  117  avant  J.-C.) 

:M2.  —  Tète  diadémée  de  Soter  à  droite  avec  l'égide. 

II).  iiTOAEMMOr  lîAiUEQi:.  Aigle  sur  au  foudre  à  gauche 
devant,  LN  (an  50);  derrière,  riA.  '  AR  ' 

(1)  Torph.  ajiud  Euseb.  Chron.  iia.u'e  117,  éJition  de  Milan. 


PTOLÉMEi;  EVKRr.ÊlES    11  83 

313.  —  iMème  type;  devaat,  L  NT.  (an  Z,-2)  ;  derrière,  i.\  (Saïi?).  AR" 

314.  —  Même  type;  devant,  l  >t  (an  53);  derrière,  oa  (Pano- 

polis?).  AR  ' 

315.  —  Même  type;  devant,  l  \a  (an  5();  derrière,  ki  (Citium?). 

AR' 
Mionuet,  Suppk'rn.  IX,  ii.  30,  à  PtoU'ni-'e  II. 
31(3.  —  ;\Iéme  pièce,  de  la  même  date,  avec  riA  (Panopolis?).  AR  ' 

On  serait  autorisé  à  croire  que  ce  détestable  souverain  aurait, 
à  son  retour  d'exil,  tenté  au  moins  défaire  oublier  ses  fautes  en 
rendant  à  la  monnaie  sa  valeur  réelle.  Les  cinq  pièces  décrites  ci- 
dessus  démontrent  au  contraire  que,  loin  de  rétablir  les  choses 
dans  leur  état  normal,  Phjscon  laissa  les  monnajeurs  frauder 
de  plus  en  plus  ou  les  j  autorisa  :  ce  n'est  plus  seulement  en  Chy- 
pre que  Ton  constate  des  réductions  sur  es  valeurs,  mais  aussi 
en  Egypte.  Les  poids  des  pièces  de  cette  dernière  période  que 
nous  avons  décrites  varient  entre  12  gr.  3  décigr.  et  13  gr.  6  dé- 
cigr.,  le  n"  314  seul  est  de  ce  poids  un  peu  élevé. 

317.  —  Tète  de  Jupiter  Ammon  à  droite. 

Rj.  BA5:iAEns  riTOAEMAiov  EVEPrF.Tov.  Aigle  sur  un  foudre 
à  droite;  devant,  K.  Gravée,  pi.  VI.  .-E  ' 

Miounet,  VI,  u.  203. 

318.  —  Même  médaille,  sans  la  lettre  k.  Ai,  » 

Mionnet,  VI,  n.  199. 

319.  —  Même  pièce;  l'aigle  à  gauche;  devant,  t.  /E,  ^ 

Mionnet,  VI,  n.  198. 

320.  —  Même  type;  0E  devant  l'aigle.  /E  ^  '/'., 

Mionnet,  VI,  n.  204. 

321.  —  Même  médaille,  également  avec  we,  moins  épaisse.  --E  '  '/a 

Mionnet,  Sup,.,  IX,  n.  80. 
32-'.  —  Même  pièce,  sans  lettre  dans  le  champ  ;  1/2  des   précé- 
dentes. yE  -  V, 

323.  —  Même  pièce  ;  la  légende  très-barbare.  JE  '  '/j 


S4  rLÉOPATHE  II?  BÉGENTe 

CLÉOPATRE  II?  régente,  et  son  fils 
Ptolémée  VIII?  PHILOPATOR  II   ou   plutôt 
son  second  fils?  PTOLKMIE  MEMPHITE. 

(Première  régence  145  av.  J.-C.  seconde  130  a  127  avant  J.-C.) 

Elle  était  fille  d'Epiphane  et  de  Cléopàtre  I"  ;  elle  épousa  d'abord 
son  frère  Philomi:tor,  dont  elle  eut  un  fils.  Ce  prince,  encore  tout  jeune 
enfant,  lui  succéda  sous  la  tutelle  de  sa  mère.  Ou  a  pu  voir  dans  la 
notice  sur  Physcon,  oncle  du  jeune  souverain,  comment  il  usurpa  la 
couronne  en  e'pousant  la  re'gente,  en  massacrant  l'enfant  roi,  et  com- 
ment peu  de  temps  après,  voyant  son  pouvoir  afl'ermi,  il  re'pudia  Cléo- 
pàtre, qui  avait  déjà  eu  de  lui  un  fils,  pour  épouser  la  fille  de  sa  femme. 
La  reine  mère  se  vengea  durement  de  cette  conduite  ;  elle  souleva  tout 
le  peuple  d'Alexandrie  contre  Physcon.'La  populace,  trop  longtemps 
contenue  et  irritée,  ne  connut  plus  de  bornes;  le  palais  du  roi  fut 
incendié  et  ce  monarque  fut  forcé  de  s'enfuir  en  Chypre.  Le  peuple  et 
les  grands  dignitaires  conférèrent  alors  le  gouvernement  a  celle  que 
Physcon  avait  répudiée  ;  mais  ce  dernier,  craignant  que  son  fils  ne 
fut  couronné  à  sa  place,  l'engagea  à  venir  le  visiter,  le  fit  égorger  et 
en  envoya  ensuite  dans  une  corbeille  les  membres  épars  à  sa  mère,  le 
.leur  même  où  les  Alexandrins  célébraient  la  fête  de  sa  naissance. 

Les  médailles  qui  suivent  ont  été  vraisemblablement  frappées 
pendant  ce  court  espace  de  temps  où  Cléopàtre  II  acceptait  le 
pouvoir  afin  de  le  transmettre  à  son  fils  déji  assez  avancé  en 
âge  pour  n'avoir  que  peu  de  temps  à  être  soumis  aux  soins 
d'une  régence  ;  celle  avec  le  nom  de  Cléopàtre  est  d'une  grande 
rareté. 

324.  —  B.\îL\.lssHS  KAEonATPAi.  Tête  de  la  reine  sous  les  traits  de 

l'Afrique,  couverte  d'une  peau  d'éléphant. 
^.  —  nTO.\.EM.\ior  B.\ii.\Eos.  Aigle  éployé  sur  un  foudre  à 
gauche;  devant,  n.A,  monogr.  PI.  XII,  n.  II  (Frappée  à 
Panopolis).  Gravée,  pi.  VI.  ^  ' 

Mionnet,  VI,  n.  207,  à  Cléopàtre  II  ou  III,  femme  de  Pbyscon. 

325.  —  Sans  légende.  Même  tête. 

B).  —  Le  même,  sans  monogr.  Gravée,  pi.  VI.  JE  ' 
Mionnet,  VI,  n.  209. 

326.  —  Même  pièce  ;  la  tête  très-large.  ^  * 

327.  —  Même  pièce;  style  différent.  JE.'- 


CI.ÉOPATRE   11  ?   RÉGENTE  85 

328.  —  Même  pièce,  sans  monogramme  devant  l'aigle.     ^-E  *  '/« 

329.  —  D'un  style  différent.  ^  ^ 

330.  —  Même  pièce,  2  variétés  de  style.  JE  '  '/j 

331.  —  Même  type,  une  corne  d'abondance  devant  l'aigle.      -E  ^ 


332.  —  Même  tête. 

■  ^.  nxoAEMAiov  BAïiAEfis.  Aigle  sur  un  foudre  à  gauche, 
se  retournant,  et  ayant  une  corne  d'abondance  sur  l'aile 
gauche,  e  entre  ses  jambes.  ^  * 

Cette  pièce  a  beaucoup  d'analogie  avec  les  n.  395  et  396; 
nous  pouvons  voir  une  tôte  do  femme  sur  celle-ci  ainsi  que  sur 
la  suivante. 

333.  —  Même  type  ;  une  seconde  corne  d'abondance  dans  le  champ, 

(levant  l'aigle.  ^  * 

Ces  monnaies  ont  été  classées  par  la  plupart  des  auteurs  à  la 
troisième  Cléop;\tre,  femme  aussi  célèbre  par  ses  cruautés  que 
par  son  ambition,  et  qui  fut  tour-à-tour  régente  de  deux  rois. 

Nous  pensons,  contrairement  h  nos  devanciers,  que  ces  mé- 
dailles peuvent  justement  appartenir  à  la  seconde  Cléopâtre  ;  la 
première  reine  de  ce  nom  pourrait  peut-être  môme  les  revendi- 
quer. La  fabrique  des  pièces  ne  peut,  en  aucune  façon,  être  re- 
portée jusqu'après  la  mort  d'E vergeté  II.  L'aigle  qui  figure  sur 
ces  pièces  est  encore  d'an  bon  travail;  il  a  beaucoup  d'analogie 
avec  celui  représenté  sur  les  pièces  de  la  première  Cléopitre, 
portant  la  tête  d'Isis.  Le  monogramme  riA  est  également  le  même 
que  sur  ces  pièces;  mais  nous  trouvons  dans  le  travail  d'art 
de  la  tête  du  n°  324  (celle  portant  le  nom  de  Clcopâtre)  une 
dégénérescence  marquée;  toutefois  cette  dégradation  de  l'art 
est  encore  plus  prononcée  sur  les  pièces  des  années  51  à  54  de 
Phvscon,  et  par  contre,  sur  les  monnaies  attribuées  à  Cléo- 
pdtre  III,  pendant  ses  deux  régences. 

On  nous  reprochera  peut-être  de  présenter  un  trop  grand 
nombre  de  variétés  de  types  des  reines  d'Egypte.  Nous  répon- 
dons à  l'avance  par  cette  question  :  Est-il  possible  d'admettre 
que  des  souveraines  reconnues  généralement  pour  très-jalouses 
de  leur  toute-puissance  aient  eu  en  main  le  pouvoir  absolu,  et 


8fi  pTor.KMKK  \.  «(iTru  il  i.Miivnr 

chacune  d'elles  pendant  un  assez  long  espace  de  temps,  sans  user 
des  droits  qu'elles  avaient  de  fafre  Irapper  des  monnaies?  Nous 
osons  nous  prononcer  pour  l'affirmative,  et  pour  la  princesse 
qui  nous  occupe,  il  est  logique  de  penser  que  pendant  le  temps 
qu'elle  gouverna  l'E^'ypte,  elle  dut  émettre  des  monnaies,  et 
même  en  très-grand  nombre.  Au  départ  de  Phvscon,  le  trésor 
était  vide,  et  il  serait  oi-eux  d'adiuettrc  qu'à  une  époque  aussi 
ealamiteuse,  les  ateliers  eussent  été  formés.  Il  serait  aussi  ridi- 
cule de  supposer  que  l'on  eût  continué  à  frapper  au  tvpe  du 
souverain  chassé  de  ses  États,  d'autant  plus  que  le  peuple 
égyptien  était  continuellement  en  guerre  contre  ce  tyran,  iiui 
faisait  des  etf'orts  inouïs  pour  ressaisir  la  couronne  et  qui  la  re- 
prit en  effet  par  les  armes.  Il  est  donc  logique,  répétons-le,  de 
penser  que  la  reine  dut  faire  frapper  un  nombre  de  monnaies 
relativement  assez  considérable.  Elle  avait  des  titres  autrement 
importants  à  ce  droit  de  monnayage  que  la  reine  Séléné,  à  la- 
quelle tant  de  savants  ont  donné  des  monnaies  et  qui  n'a  jamais 
été  en  position  d'en  faire  frapper,  comme  nous  avons  essayé  de 
le  démontrer  ù  la  fin  de  la  note  placée  après  le  n'^  401. 

Ptolémée  X,   SOTER  II  LA^HYRE 

(Première  période  :  rè^'tie  10  ans,  du  21  sept.  117  à  l'an  107  avant  .I.-C.) 


Fils  aine  d'Evergète,  II,  Physcon  et  de  Cléopàtre  III.  Le  roi  en 
mourant,  laissa  la  couronne  à  sa  femme,  lui  dotuiaiit  ainsi  toute  liberté 
d'appeler  au  trône  qui  elle  voudrait  de  ses  fils.  Elle  s'empressa  de 
choisir  le  plus  jeune,  Ptolëmée  Alexandre  I'^  dont  le  caractère  parais- 
sait faible  et  irrésolu;  elle  espérait  gouverner  elle-même  sous  le  nom 
de  cet  enfant,  mais  les  Alexandrins  semblèrent  comprendre  les  inten- 
tions de  cette  femme  astucieuse  :  ils  la  contraignirent  à  donner  à  La- 
thyre,  le  fils  aîné,  la  couronne  d'Egypte,  et  à  reléguer  au  serond  rang  le 
jeune  Alexandre,  qui  fut  en  effet  investi  de  la  royauté  de  l'ile  de 
Chypre 

Cléopàtre  sembla  souscrire  de  bonne  grâce  à  la  volonté  du  peuple, 
et  posa  la  couronne  sur  la  tête  de  son  fils  aîné  ;  mais  elle  trouva  le 
moyen  de  susciter  à  ce  dernier  tant  d'embarras  et  de  difficultés,  qu'elle 
le  contraignit  à  quitter  l'Egypte  et  à  aller  échanger  en  Chypre  sa  cou- 
ronne contre  celle  de  son  jeune  frère.  Lathyie  resta  donc  possesseur  de 


PTOLEMKE  \.   >OTnR   11    HTllVRi:  ^/ 

ce  royaume  jusqu'à  la  mort  de  sa  mère,  époque  à  laquelle  son  frère  fut 
définitivement  chassé  de  l'Egjpfe.  Lathyre  vint  alors  reprendra   1 
couronne  de  ses  pères,  et  il  gouverna  encore  le  royaume  d"Egypte  pen- 
dant 8  années,  de  l'an  88  à  £1  avant  J.-C. 

334.  —  Tète  diadémée  de  Soter  à,  droite,  avec  l'égide. 

^.  riTOAEMAior  lîASiAF-as.  Aigle  sur  un  foudre,  à  gauche; 
devant,  lu  (au  '^)  ;  derrière,  ma.  (Oraclimo  du  poids  de 3  gr.) 
Gravée,  pi.  VI.  .  AR  ^ 

3.35.  —  Même  pièce,  avec  Lr  (an  3).  Didrachme.  AR  ' 

Celte  monnaie  est  très-oiydée  et  a  perdu  de  son  poids  à 
cause  de  cette  oxydation;  elle  ne  pOse  plus  que  D  grammes. 
7  décigr. 

330.  —  .Même  pièce,  avec  la  (au  1).  AR  ' 

337.  —  Même  pièce  avec  li:  (an  0).  AR 

M.  Ch.  Lenurm»nt  classe  cette  pièce  à  Evergètes  II,  Gly^jt.,  pi.  88, 
n.  4. 

338.  —  Même  pièce,  avec  lz  (an  7).  AR' 

339.  —  Même  pièce,  avec  lu  (an  S).  Gravée  pl.  VI.  AR 

340.  —  .Même  pièce,  avec  La  (an  9).  AR' 

Excepté  les  n"'  3.37  et  338,  qui  piîsent  14 grammes,  les  autres 
varient  entre  13  grammes  et  13  grammes  5  décigr.;  mais  le 
métal  est  de  bon  titre. 

311.  —  Tète  d'Ammon,  diadémée  à  droite. 

K.   HT BASiAEiis.   Doublo    cornc   d'aliondance   ceinte 

d'un  diadème.  Gravée,  pl.  VI.  M  " 

Mionnet,  VI,  n.  217  :  il  la  classe  bien  à  Soter  II. 

ï  fï. 

313.— Mèmepièce;àgauchedescornesd'abondance,y,  adroite;  ^ 

Gravée,  pl.  VI.  M* 

Mionnet,  VI,  n.  2l4,aumème  règne,  etCh.  Lenormant,  G?i//)(/ji(e 
pl.  87,  lettre  D. 

343.  —  Même  pièce  ;  à  gauche,  s  ;  à  droite,  a.  M  * 

Mionnet,. VI,  n.  216,  également  au  môme  règne. 

314.—  Même  pièce  ;  à  gauche,  ~;  à  droite,  ^  ?  jE* 


88  l'TOLEMÉE  \I  ALE\ANnRE  l" 

V  C 

345.  —  Autre  variété;  à  droite,  Q  à  gauche,  E.  \      .-E 

M.  Cb.  Lenormant  (1)  pensait  que  les  lettres,  placées  sur 
le  n"  342,  pourraient  s'interpréter  par  Dieu  sauveur  ©Eos 
saXHP  qui  était  le  surnom  de  ce  Ptolémée;  les  variantes  que 
nous  remarquons  dans  les  n.  344  et  345  doivent  être  consi- 
dérées comme  des  fautes  commises  par  les  graveurs  des  coins. 

346.  —  Tète  de  Jupiter  Ammon  a  droite. 

ii(.  nTOAEMAiov  CAïiAEn::  fleur  de  lotus.  ^E  • 

Mionnet,  VI,  n.  380  et  Ch.  Lenormant  Trésor  de  Glyptique, 
pi.  89  D.  4. 

346.  {bis)  Même  pièce  d'une  fabrique  plus  barbare.  M  ^ 

246.  (;e?')  Même  pièce  à  gauche  du  Lotus ,  q  à  droite  £.  .lE  ' 

Voici  encore  un  pièce  acquise  depuis  la  gravure  des  planches 
elle  donne  le  droit  de  retirer  des  incertaines  ces  pièces  au 
lotus  puisqu'on  y  lit  les  lettres  m.  ©E  placées  de  la  même  ma- 
nière que  sur  le  n.  342,  elle  confirme  aussi  l'époque  d'émission 
des  n.  400  et  401  sur  lesquels  nous  avons  si  longuement  déserté. 


Ptolémée  XI  ALEXANDRE  I" 

(Première  période,  comme  roi  de  Chypre  :  règne  8  ans,  de  115  à  107 
avant  J.-C.) 


Comme  nous  l'avons  mentionné  au  règne  précédent,  Cléopàtre 
n'ayant  pu  réussir  à  placer  ce  jeune  prince  sur  le  trône,  au  détriment 
de  son  frère  aîné,  lui  fit  donner  le  royaume  de  Chypre  ;  mais,  sept  ans 
après,  elle  accusa  Soter  d'avoir  voulu  la  faire  périr,  et  elle  produisit 
comme  preuve  de  cette  tentative  d'assassinat  plusieurs  eunuques  , 
qui  se  montrèrent  couverts  de  blessures  vraies  ou  simulées,  et  Soter 
fut  contraint  de  fuir  et  d'abandonner  la  couronne  à  son  frère  cadet. 
Alexandre  se  rendit  avec  enipiesseraent  auprès  de  sa  mère.  Cléopàtre, 
ne  trouvant  pas  dans  ce  fils  toute  la  docilité  qu'elle  en  attendait,  tenta 


(1)  Trésor  de   Glyptique  ;  rois  grecs ,   page  1G7.   Le  célèbre  acadé- 
micien a  omis  de_corriger  son  épreuve  il  a  laissé  ïtJTBPOS  0EO2. 


A     M  a  s  s  o  n    se 


Iinp    Lenierci*"r    el   C" 


PTOLÉMÉE  ALEXANDRE    P5  (  koi  de  Chypre  )    CLEOPATRE  II!  ET  SOTER  II  ■>■ 
CLEOPATRE  III  ET  ALEXANDRE  PJ"    ALEXANDRE  l^I-  (  Roi   d'Eç^vpte    ) 


(LÉOPATRE   III   ET  PTOLEMEE   X,   sAtER   II  89 

de  s'en  débarrasser  par  un  meurtre  ;  mais  Alexandre  la  i>révint  et  la 
fit  pi^rir.  Ce  parricide  exasp(?ra  les  Alexandrins  à  un  tel  point,  qu'ils  se 
rOvoltèreut  et  chassèrent  ce  tyran  pour  rappeler  son  frère  Soter  !I. 
Alexandre  régna  en  tout  27  années,  dont  les  7  ou  8  premières  en 
Chypre. 

'.Ml.  —  Tète  fliadérnée  de  Soter  à  droite  avec  l'égiile. 

K.  nTOAEMAiov  iSAïUBjï.  Aigle  sur  un  foudre  à  gauche  ; 
devant,  Li  (an  4)  ;  au-dessus  de  la  date,  une  coiffure  ou 
un  diadème  ;  derrière  ri  a.  AR  " 

C'est  avec  la  plus  extrême  réserve  que  nous  classons  cette 
première  pièce  à  Alexandre;  l'exemplaire  décrit  est  loin  d'être 
beau  et  caractérisé;  un  second  exemplaire  pourrait  modifier 
notre  attribution. 

318.  —  Même  tète. 

i^.  Même  type,  mais  l'aigle  ayant  un  sceptre  sur  l'aile; 
devant,  lu  (an  8)  ;  une  étoile  au-dessous  de  la  date,  der- 
rière, ILV.  Gravée,  pi.  VU.  AR  " 

M.  F.  Lenormant.  page  21  et  pi.  VI,  n.  3  Ce  savant  classe  cette 
pièce  au  règne  de  Soter  II.  Ici  l'époque  est  admirablement  adaptée  à 
la  pièce,  mais  on  ne  peut  admettre  que  cette  monnaie  ait  été  frappée 
pour  Soter,  puisque  Alexandre  était  le  souverain  de  l'île  de  Chypre 
pendant  cette  huitième  année. 

Ces  deux  médailles  sont  de  meilleure  fabrique  et  surtout 
de  meilleur  aloi  que  celles  des  dernières  années  de  Physcon. 
L'une  pèse  13  gr.  5  décigr.,  l'autre  11  grammes,  poids  parfai- 
tement normal.  Elles  ont  très-vraisemblablement  été  frappées 
toutes  deux  à  Paphos,  dans  l'île  de  Chypre  ;  elles  ont  dans  le 
champ  du  revers  les  sj'mboles  mentionnés  page  xxiv  de  notre 
introduction. 


CLEOPATRE  III  et  Ptolémée   X,  SOTER  II. 

(117  à  107  avant  J.  C. 


Nous  avons  déjà  relaté  une  partie  de  la  vie  do  cette  princesse  dans 
les  notices  sur  sa  mère  et  ses  doux  fils;  on  a  pu  lire  eu  effet  qu'elle 
avait  épousé  le  mari  de  sa  mère  et  cela  du  vivant  de  cette  dernière. 
Elle  eut  de  Phi/sron.  qui  était  aussi  son  oncle,  deux  fils  et  trois  filles. 

8 


90  CLÉOPATRE    III     BT    PTOLÉMEE    X,    SOÏER  11 

Pendant  la  vie  do  ce  despote,  elle  fut  en  tout  point  sa  digne  compagne  ; 
ells  suivit  réellement  sa  bonne  et  sa  mauvaise  fortune  :  aussi  le  roi 
en  mourant,  connaissant  ses  instincts,  ue  trouva  rien  de  mieux  pour 
n'compenser  son  dévouement ,  que  de  lui  abandonner  la  souverai- 
neté. Il  lui  laissa  donc  le  moyen  de  pouvoir  pouverner  l'État  elle- 
même,  puisqu'elle  avait  le  droit  absolu  de  choisir  celui  de  ses  fils  qui 
accueillerait  le  mieux  ses  vues  despotiques.  Comme  nous  l'avons 
relaté,  elle  choisit  le  plus  jeune,  celui  dont  le  caractère  lui  paraissait 
le  plus  indécis,  donc  le  plus  facile  à  dominer;  mais  en  agissant  ainsi, 
elle  avait  compté  sans  son  peuple  qui  sut  la  forcer  à  donner  la  cou- 
ronne à  qui  de  droit.  On  a  vu  comment  elle  sut  cependant  en  venir  à 
ses  fins  en  détrônant  l'héritier  légitime.  Si  elle  satisfit  pendant 
quelques  années  sa  passion  des  honneurs,  elle  en  fut  cruellement 
punie,  puisque  ce  fils  chéri  devint  le  meurtrier  de  sa  mère  :  cette  prin- 
cesse mourut  en  elTet  assassinée  l'an  89  avant  Jesus-Christ. 

.349.  —  KAEonATPAi;  B.iii.UïïHS.  Tète  de  Jupiter  Ammon  a  droite. 
^.  iiTOAEiMAior  BASiAEns.  Deux  aigles  sur  un  foudre  à 
gauche  ;  devant,  une  corne  d'abondance  ;  entre  les  pattes. 
D'un  des  deux  aigles,  ha  eu  monogr.  pi.  XII,  n.  11  (Frappée 
à  Panopolis?)  Gravée  pi.  VII.  JE,  " 

Mionnet,  VI,  n.  211. 

350.  —  Même  pièce  d'un  style  dilTérent.  ^  "* 

351 .  —  Même  tète,  sans  légende. 

1^.  Le  même,  sans  monogramme.  ^E  ^ 

Mionnet,  VI,  n.  244,  et  Ch.  Lenormaut,  Glypt.  à  Ptol.MUéc  \Ul 
et  IX,  pi.  87,  lettre  J. 

352.  —  Même  monnaie.  ^E  ' 

353.  —  Même  pièce.  ^  ^ 

Mionnet,  VI,  u.  249,  et  Ch  LetiovmaQ.t,Gli/pUque,]jl.  87,  lettre  H. 
aux  mômes  règnes. 

354.  —  Même  pièce.  jE  ' 
354  bis.  Même  pièce.                                                              pot\ 

355.  —  Même  monnaie  d'une  autre  fabrique;  un  diadème  entoure 

la  corne  d'abondance.  Gravée  pi.  VII.     ^E  '* 

Cette  monnaie  est  la  seule  de  la  série  qui  paraisse  avoir  été 
réellement  frappée  à  une  époque  postérieure  au  règne  de 
Cléopâtre  III. 


cLi;oPATni;  m  et  i'Tolemee  x,  soteii  ii  91 

'SÔG.  --  Même  pièce,  une  fleur  ;\  trois  pétales;  le  lotus  devant  les 
aigles.  Gravée  pi.  VII.  JS,  ^ 

357.  —  Même  pièce,  la  llour  d'une  forme  différente.  ^-E  '" 

3jS.  —  Même  pièce,  sans  auean  symbole  devant  les  aigles; 
entre  les  jambes  du  i)remier,  le  monogr.  tv.  Gravée, 
pi.  VII.  M  '■ 

Mionnet,  VI.  n'^  190,  à  Ptolerae'e  Evergète  II,  et  la  pièce  suivante, 
n"  l'J'2,  au  même  rtgue. 

3ô'J.  —  Même  pièce,  avec  ^.  -'E  '- 

300.  —  Même  pièce,  avec  P.  -^^  '" 

Mionnot,  VI,  n.  2-11. 

301.  —  La  même,  sans  lettres.  ^^  '" 

302.  —  Même  pièce.  -'I'^  '' 

303.  —  ;Mème  pièce  ;  l'aigle  de  droite  avec  une  corne  d'abondance 

sur  l'aile.  Rare  et  belle  pièce.  ^  "  '/.. 

Dans  notre  catalogue  déjà  cité  (1),  nous  avions  laissé 
entrevoir  que  ces  grosses  monnaies  de  bronze  nous  avaient 
beaucoup  préoccupé.  Depuis  l'époque  de  cette  publication,  nous 
n'avons  jamais  manqué  de  faire  tous  les  rapprochements  possi- 
bles pour  les  pièces  qui  nous  passaient  par  les  mains  ;  nous 
sommes  arrivé  à  cette  conclusion,  que  leur  première  émission 
remonte  aux  dernières  années  du  règne  d'Evergète  l'' ,  vers 
225  avant  Jésus-Clirist,  et  que  ce  monnayage  incommode  n'a 
cessé  que  vers  l'année  7  ou  8  du  règne  de  Soter  II  et  de  sa 
mère  Cléopâtre  III  :  cette  fabrication  aurait  donc  duré  un  temps 
énorme,  110  ans  environ.  Toutes  les  monnaies  que  nous  pu- 
blions ici  avec  les  deus  aigles  au  revers  sont  plus  ou  moins 
belles  de  travail,  mais  elles  paraissent  presque  contemporaines. 
Sur  l'avant  dernière  pièce  les  aigles  sont  d'un  style  remar- 
quable; on  pourrait  la  croire  de  beaucoup  antérieure,  mais  la 
tête  de  Jupiter  est  réeHement  conforme  aux  têtes  figurées  sur 
les  autres  pièces  :  le  module  extraordinaire  de  la  médaille  aura 


(1)  Catalogue  d'une  collection  de  médailles  des  rois  etdes  villes,  page57ii. 


02  r.LiîopATnic   m  et  ptoli.mki;  \i,  M,E\AMinK  i" 

sans  doute  laissé  plus  de  facilité  à  l'artiste  puur  l'exécution  des 
aigles  du  revers. 

On  pourrait  certes  avec  raison  reporter  ces  médailles  au  règne 
de  Cléopàtre  avec  son  second  fils;  mais,  s'il  en  eût  été  ain.-i,  cette 
femme  orgueilleuse  n'eût  pas  manqué  de  mentionner  les  doubles 
dates  comme  pour  les  n  ^  30  I,  3U5  et  oG5  hU.  Là,  sa  personna- 
lité occupe  toujours  le  premier  rang.  Ses  dates  figurent  en  effet 
en  première  ligne,  celles  de  son  fils  sont  inscrites  au-dessous. 
Pendant  le  règne  de  son  fils  aîné,  les  pièces  pouvaient  être 
indifiéremment  datées  ou  non  datées,  les  deux  règnes  ayant  la 
même  année  pour  point  de  départ.  Ce  fait  est  relaté  par  un 
papyrus  de  la  Bibliothèque  Impériale,  daté  du  0  Epiphi  de 
l'an  IV  de  la  reine  Clcopdtre  et  dit  roi  Ptolcim'e,  —  Dieux 
Pliilométofs  et  Sot  ers,  date  correspondante  au  25  juillet  de 
l'an  113  av.  J.-C. 

On  peut  donc  espérer  avoir  la  preuve  par  les  pièces  précé- 
dentes de  Soter  II  et  aussi  par  celles  de  Cléopàtre  III,  qu'il  fu 
frappé  des  monnaies  pour  Soter  seul  et  aussi  aux  noms  du  roi  et 
de  sa  mère  ;  que  celles  qui  ne  portent  pas  le  nom  de  Cléopàtre 
ont  dû  être  émises  dans  le  commencement  du  règne  ;  enfin,  la 
reine,  par  un  faus  semblant  de  modestie,  et  à  cause  sans  doute 
de  la  rude  leçon  qu'elle  avait  reçue  de  ses  sujets,  ne  signa  pas 
d'abord  les  monnaies  d'airain  de  son  nom,  mais  y  fit  ajouter  un 
second  aigle  au  revers,  pour  aflirmer  une  double  puissance  dans 
l'État,  la  sienne  et  celle  de  son  fils.  Sous  le  règne  suivant,  le 
même  fait  semble  encore  se  renouveler.  (Voir  les  n"'  3o4,  305 
et  305  bis  déjri  cités.)  La  reine  tient  la  première  place  ;\  cause 
de  ses  dates,  mais  le  nom  du  roi  seul  figure  sur  les  monnaies. 

CLÉOPÀTRE  III  et  son  second  fils 
PTOLÉMÉE     XI,     ALEXANDRE     ^^ 

(De  107  à  89  av.  J.-C.) 

^U-1,  —  Tête  diadémée  de  Soter  à  droite  avec  l'égide. 

lî.  iiTOAEMAiov  DASiAEQi:.  Aigle  sur  un  foudre  à  gauche; 

devant,  "^l  ^f^'î/g;  derrière,  ua.  Gravée,  pi.  VIL      AR  " 


CLKOPATRK  III    ET    PTOLDMÉE    XI,  ALEXANORE    !■ '■  <,)3 

365.  —  Même  monnaie,  avec  ^"    r"  ^J  ;  derrière,  n.v.  aR  • 

305  bis.  Même piècp,  avec  ^"^  ^^^^  ^''•)  également  avec   iiA    der- 
'  ir  (an   13)  riere.  AR  '' 

Les  trois  monnaies  que  nous  venons  de  décrire  sont,  il  nous 
semble,  d'une  très-grande  valeur  pour  notre  système  de  classi- 
fication ;  le  caractère  des  tètes,  la  fabrique  de  toutes  les  pièces 
d'argent  décrites  ci-dessus  ù  Soter  II,  et  celles-ci  après 
Alexandre  l",  sont  toutes  d'une  identité  frappante  comme  style  ; 
Là  encore  on  a  semblé  prendre  à  tâche  de  n'adopter  qu'un  type 
pouroes  règnes  simultanés;  donc  ces  monnaies  sont  incontestable- 
ment des  deux  fils  de  Pliyscon  et  de  leur  mère.  Nous  connais- 
sons encore  au  Musée  Britannique  une  autre  monnaie  avec  ces 
doubles  dates,  celle  avec  LL\,  dessous  H  l'année  II"  du  règne  de 
Cléopàtre  et  la  VHP  d'Alexandre  I''',  qui  est  par  conséquent  la 
première  du  règne  de  ce  prince  en  Egypte.  Cette  pièce,  ainsi  que 
les  trois  autres,  porte  encore  derrière  l'aigle,  les  lettres  IIA. 
Ceci  démontre,  il  nous  semble,  d'une  manière  tout  à  fait  péremp- 
toire  que  ce  mot  ha  n'indique  nullement,  ici  du  moins,  la  ville 
chypriote  de  Paphos.  Il  serait  positivement  extraordinaire  d'ad- 
mettre que  Soter  II,  qui  régnait  en  maître  dans  cette  île  à 
cette  époque,  eût  laissé  frapper  des  monnaies  avec  les  dates  des 
règnes  de  ceux  qui  l'avaient  si  maltraité  en  usurpant  sa  cou- 
ronne. 

Si  on  ne  connaissait  qu'une  ou  deux  variétés  de  pièces  por- 
tant ainsi  ces  doubles  dates,  on  pourrait  évoquer  des  noms  de 
magistrats,  mais  nous  mentionnons  ici  quatre  monnaies  dont 
le  doubles  dates  se  suivent  et  concordent  jmrfaitement.  Or 
cette  période  d'années,  dont  la  plus  basse  est  celle  même  de  l'a- 
vènement au  tronc  d'Alexandre  1  "■;  ces  dates,  ainsi  placées, 
nous  paraissent  des  preuves  indiscutables  et  qui  suffiraient, 
même  en  l'absence  des  arguments  fournis  par  les  anciens  au- 
teurs. Mais  les  textes  authentiques  viennent  encore  fortifier  nos 
attributions. 

Porphyre  (1)  mentionne  en  effet  que  la  première  année  du 


(1)  Apuil  Euselj.  Chron.  Edil.  (l.>'Milai),  paire  117 


94  PTOLÉMÉE  XI  AI.KXANDnK     V 

rôgno  d'Alexandre  l^fut  considérée  comme  la  huitième  (ses 
années  de  règne  en  Clivpre  devant  lui  compter),  tandis  que  sa 
mère  datait  de  la  onzième  année,  c'est-Li-dire  de  tout  le  temps 
qu'elle  avait  régné  avec  Soter  II.  Le  papyrus  Grec  publié  par 
Bœckh  (I)  vient  aussi  parfaitement  corroborer  le  dire  de  Por- 
phyre ;  cet  acte  est  daté  du  29  tiln  de  l'a»  douce,  du  règne  de 
Cléopâtre,  la  neuvième  du  règne  de  Ptoléinée  Alexandre.  Ov, 
nous  citons  justement  les  deux  médailles  qui  sont  en  parfait  ac- 
cord avec  les  deux  documents  rappelés  ici. 

Le  poids  de  toutes  les  pièces  ci-dessus  est  généralement 
normal,  14  grammes;  mais  pour  les  suivantes  les  poids  sont 
très-variables.  Le  titre  du  métal  baisse  aussi  sur  (quantité  de 
pièces;  les  essais  n'ont  produit  que  S71  millièmes;  sur  la  fin 
du  règne,  le  titre  remonte  jusqu'à  005  millièmes. 

PTOLEMEE   XI,   ALEXANDRE   I" 
roi  cl  Egypte   (2). 

Pendant  19  ans,  de  l'an  107  au  14  septembre  89  avant  .I.-C.  (Voir 
la  notice  sur  ce  souverain  à  la  première  partie  de  son  règ-no,  page  8S, 
avant  le  n.  347.) 

3GC.  —  Tète  diadéraée  de  Soter  à  droite  avec  l'égide. 

B).  nxOAEMAiov  BAriAEOs.  Aigle  sur  uii  foudro  à  gauche; 
devant,  lia  (an  14);  derrière,  iiA.  AR  " 

367.  —  Même  pièce,  avec  lie  (an  VS).  AR  '' 

308.  —  Même  pièce.  Lir.  (an  IG).  AR  ' 

M.  F.  Lenormant,  page  20  et  22,  et  planche  II,  n  '  3,  classe 
ces  pièces  aux  derniers  règnes  des  Lagides.  Il  dit  en  citant 
les  monnaies  de  cette  série  :  «  leur  métal  est  à  plus  bas  titre  que 
»  celui  des  tétradrachmes  de  Paphos,  et  la  plupart  mémo  sont  en 
»  bronze  saucé.  Il  est  donc  évident  qu'elles  ont  été  frappées 


(1)  Journal  des  Savants,  année  1S21,  pa;.'.  53(3  et  suiv. 

(2)  Des  monnaies  îles  six,  prem  ères  années  J',-Vlexaii<lre  comme  rui  il'K- 
jypte,  ont  (lii  être  frappées  prohabiement  avec  les  doubles  ilales. 


7 


PTOLEMEE    XI.   ALRXANnnt!    I"  05 

»  dans  un  temi^s  de  décadence  et  de  misère,  vers  la  fin  del'era- 
»  pire  des  Lagides. 

Nous  n'avons  jamais  rencontré  de  pièce  de  cette  série  en  mé- 
tal aussi  bas  que  M.  Lenormant  semble  rinditjuer;  il  aura  sans 
doute  confondu  les  pièces  du  règne  d'Aulète  avec  celles  de  celui- 
ci.  Un  fait  très-important  à  mentionner,  c'est  que  seulement  à 
partir  de  l'année  18  du  règne,  le  type  de  tète  change  complète- 
ment :  la  figure  du  souverain  prend  un  caractère  assez  énergique; 
la  face  en  est  large,  l'œil  gros  et  animé,  comme  on  peut  le  re- 
marquer par  la  figure  n'  374  de  la  planche  VII.  Toutes  les  piè- 
ces du  commencement  du  règne  de  Cléop^ltre  et  do  son  fils  sont, 
comme  nous  l'avons  déjà  relaté,  a  un  type  fixe.  Voyez  les 
n"  334,  339  et  3G4  des  planches  VI  et  VII. 

360.  —  Type  dos  pièces  précédentes;  liz  (an  17).  aR 

370.  —  Même  type.  lui  (an  1<S).  AR  ' 

371.  _  Même  type.         lih  (an  19).  AR  ' 

Ch.  Lenormant,  Glyptique,  pi.  88,  n.  G,  à  Ptolomc^e  III. 

372.  —  Même  type.         lk  (an  20).  AR  " 
.373.  —  Même  type.         lka  (an  21).                   '                   AR  * 

374.  —  Même  type.         lkp.  (an  22).  Gravée,  i)l.  VII.  AR  • 

375.  —  ^Nlème  type.        lka  (an  24).  AR  ' 
37(3.  —  Tète  jeune  et  imberbe  à  droite,  couverte  d'une  peau  d'é- 
léphant. 

{■j.  —   nTOAt:MAior    basiaedi.    Aigle  cployé  à  gauche  sur 
un  foudre.  M  '' 

377.  —  Même  pièce,  d'un  style  différent.  M  ^ 

.378.  —  Autre  variété.  M  ' 

379.  —  Même  type,  a  entre  les  jambes  de  l'aigle.  JE.  ° 

380.  —Même  type;  entre  les  jambes   de  l'aigle,  a.  M* 

381.  —  .\utre  variété.  id.  E.       id.  JE.^ 

382.  —     id.        id.  id.  A.  JE^ 

383.  —     id.        id.  id.  0.  M^ 

384.  —    id.  Le  monogr.  de  Tyr  n'  25,  TV.  Gravée,  pi.  VII  M  ' 


96  PTOLÉMÉr   XI.    ALEXAMlIiK    1" 

38û.  — Même  tj'pe;  devant  l'aigle,  iiP  nionogr.  lU. 

(Frappée  à  Héracléopolite?)  /E  ^ 

38G.  —  Même  type;  devant  l'aigle,  une  massue.  M  ' 

387.  —  Même  pièce;  Ev  et  ka  sur  deux  lignes.  (Frappée  à  Eves- 

péris?)  pièce  très-rare.  Au  ^ 

Mionnet,  VI,  n.  227. 

388.  —  Même  type;  devant  l'aigle,  un  épi  ;  sous  cet  épi,  ai.  (Frap- 

pée à  Diospolis  ?)  JE  '■' 

389.  —  Même  médaille;  devant  l'aigle,  sur  trois  lignes  :  1"  le  mo- 

nogr.  pi.,  XII,  n.  4. 2"  Un  bouclier  ovale.  3"  xap  également 
en  monogr.  pi.  XII,  n.  12.  ^E  ^' 

Le  premier  monogramme  figure  également  sur  les  n'"  12, 
13,  27  à  30,  50  a  03,  et  le  deuxième  sur  les  n"',  47,  58  à  01, 
130  et  131. 

390.  —  Même  type,  avec  xa,  monogr.  n.  10,  devant  l'aigle.     .'E  ^ 

Ce  monogramme  se  retrouve  également  sur  les  n",  21,  42, 
70,  101  et  134.  Voir,  après  les  n  '  21  et  102,  les  notes  sur  ce 
monogramme. 

301 .  —  Même  type  ;  devant  l'aigle,  une  corne  d'abondance,  et  entre 
les  jambes,  xp  monogramme,  pi.  XII,  n.  55.  JE  ' 

392.  —  Même  médaille.  ^E  - 

Ce  monogramme  du  nom  de  Chrestos  ?  Charéas  ou  tout  autre 
nom  commençant  par  les  lettres  chr  figure  également  sur  quan- 
tité de  pièces  classées  plus  loin  aux  incetaincs.  Nous  avons  re- 
trouvé ce  même  monogramme  sur  une  magnifique  pièce  d'argent 
du  Musée  Britannique,  au  type  de  la  reine  Bérénice  II.  Or  les 
deux  pièces  ci-dessus,  ainsi  que  celles  classées  aux  incertaines, 
paraissent  parfaitement  d'une  fabrique  contemporaine  des  mon- 
naies de  Ptolémée  III,  Evergète  pr,  et  elles  devraient  être  res- 
tituées à  ce  règne. 

393.  —  Même  type;  devant  l'aigle,  a.  -'E  ' 

394.  —  Même  pièce,  avec  iiv  ou  vu,  monogr.  pi.  XII,  n.  14.  JE  '" 

Mionnet,  VI,  n.  230.  Frapp<?e  i)i'oljablemeat  à  Hypaton.  Ce  même  mo- 
nogramme figure  sur  le  n.  40. 


rTOLÉMÉE  XI,    ALEXANDRE  Kr  97 

305.  —  Même  tète. 

li).  nTOAKMAior  DAiiAEor.  Aigle  sur  un  foudre  à  gauche  , 
se  retournant,  ajant  une  corne  d'abondance  sur  l'aile  ; 
entre  les  jambes ,  la  lettre  e.  ^E  '^' 

390.  —  Même  type,  id.  ;  la  lettre  a.  ^  <^ 

.'397.  —  Même  type,  sans  lettres;  un  trident  devant  l'aigle.    ^^  ''' 

398.  —  Tête  d'Hercule  jeune,  à  droite. 

û.  —  iiTo.vEMAior  DAXiALov.  Aigle  sur  un  foudre  à  gau- 
che, sans  lettres  ni  symboles.  ^  ■■ 

Nous  avons,  il  nous  semble,  suivi  à  tort  le  classement  observé 
jusqu'à  ce  jour  par  la  généralité  des  auteurs  pour  les  pièces  de 
cette  série  de  monnaies  de  bronze  ;  la  plupart  des  savants  qui 
les  ont  classées  à  Ptolémce  Alexandre  l  ',  n'ont  été  guidés  que 
par  la  ressemblance  du  type  do  ces  médailles  avec  celles  d'A- 
lexandre le  Grand,  et  aussi  un  peu  par  leur  analogie  avec 
celles  que  l'on  classait  alors  à  Cléop.Ure  111 ,  la  mOre  des  rois 
Soter  II  et  Alexandre  l  '. 

Si  les  hommes  éminents  qui  ont  tait  ces  attributions  avaient 
un  peu  mieux  observé  le  travail  d'art  de  la  majeure  partie  des 
pièces,  ils  auraient  fait  sans  nul  doute  la  remarque  qu'elles 
étaient  généralement  trés-antérieurcs  il  l'époque  qu'ils  leur 
assignaient;  le  type  mémo  aurait  dû,  il  semble,  être  pour  eux 
un  gidde  certain.  Du  cilêt,  et  les  modules,  et  les  types,  sont 
en  tout  point  conformes  aux  monnaies  d'Alexandre  le  Grand 
et  de  ses  premiers  successeurs.  Le  travail  artistique  en  est 
également  contemporain.  Le  n  '  3S4,  que  nous  avons  fait  graver 
sur  la  planche  VU,  atteste  la  plus  belle  époque  de  l'art  mo- 
nétaire en'Egypte.  Que  l'on  compare  toutes  ces  pièces  avec 
les  dernières  monnaies  d'Alexandre  le  Grand  ,  et  on  sera 
convaincu  de  La  justesse  de  nos  observations.  Nous  pensons 
que  cette  série  devrait  être  reportée  aux  trois  premiers  Pto- 
lémée,  les  n"'  88S  à  391  à  Soter  I  ou  à  son  fils,  les  mono- 
grammes étant  identiques  avec  les  pièces  de  ces  deux  règnes. 
Les  n"  389,  392  et  393  à  Ptolémée  III  ;  mais  le  plus  sage 
serait  peut-être  de  reporter  provisoirement  toute  la  série  aux 
monnaies  incertaines  des  Lagides. 


98  CLEOPATRE    V  '.    BERENICE 

Il  nous  semble  aussi  que  c'est  parfaitement  ;\  tort,  que  de 
tout  temps  on  a  donné  à  Ptolémée  Soter"II,  et  à  son  frère 
Ptolt'mée  Alexandre  l"',  des  séries  de  monnaies  comme  ayant 
été  frappées  sous  leur  puissance  personnelle  ;  tout  en  recon- 
naissant que  c'est  une  faute  très-grave,  nous  avons  cependant 
suivi  ces  errements  pour  toutes  les  monnaies  sur  lesquelles  il 
n'est  fait  nulle  mention  de  l'autorité  de  la  reine-mère.  L'histoire 
démontre  pourtant  d'une  manière  indiscutable,  que  tous  les 
actes  administratifs  de  l'Egypte  proprement  dite,  se  faisaient, 
d'abord,  au  nom  de  la  reine  Cléopàtre  qui  seule  régnait  de 
droit  ;  le  nom  du  roi  son  fils,  ne  venait  jamais  qu'après  le  sien, 
donc  nous  aurions  dû  aux  pages  86  et  9-1  faire  précéder  le  nom 
de  Ptolémée  Soter  II,  et  de  Ptolémée  Alexandre  1"^  de  celui  de 
leur  mère  de  Cléopàtre  III  ;  mais  cela  eut,  il  semble,  compliqué 
nos  divisions,  et  rendu  moins  claires  les  notes  sur  les  pièces 
qui  portent  réellement  les  signes  de  la  double  autorité. 


CLEOPATRE    V?   Soter  (appelée   aussi 
Bérénice.) 

(An  SI  av.  .I.-C,  rèctie  6  mois.) 

Cette   princesse  était  la  seconde  fille    de   Soter  II  ;   elle    portait 
comme  sa  so^ur  atnee  le  nom  de  CIéop;Vtre  (1).  A  la  mort  Je  Ptolémée 


(1)  Porphyre,  aptid  chvon  Kuseb.,  page  225,  dit  que  cette  sœur 
de  la  femme  d'Alexandre  \"  se  nommait  également  Cléopàtre  ; 
d'autres  auteurs  lui  donnent  les  noms  de  Bérénice-Cléopàtre;  la  ver- 
sion de  Porphyre  doit  être  la  bonne  ;  on  voyait  en  etTet  à  cette 
époque  plusieurs  princesses  de  la  même  famille  porter  le  même 
nom,  témoin  les  trois  filles  de  Ptolémée  Evergète  II  Physeoii,  qui  se 
nommaient  la  première  Cle'opàtre,  la  seconde  Cléopàtre  Tryphène, 
et  la  troisième  Cléopàtre  Séléné. 

Il  est  vraiment  difficile  d'admettre  que  Cléopàtre  V  ait  aussi  porté 
le  nom  de  Bérénice,  on  ne  voyait  jamais  de  princesses  portant  deux 
noms  grecs,  les  trois  dernières  Cléopâtres  que  nous  avons  citées  ont 
bien  chacune  deux  noms,  mais  le  second  est  tout  simplement  un 
surnom.  Y  aurait-il  ici  une  confusion  encore  plus  grande  que  nons 
ne  le  pensions  d'abord,  Soter  II  pourrait  parfaitement  avoir  eu  trois 


VIII 


A     y[.\zzon    se 


!rnp  Lemercier  e'^.  C'"  Par-.j 


CLEOFATRE  V ''  CLEOPATRE  V  ET  PTOLEMEE  XI!  ALEX.A.NDRE   II   ' 
PTOLEMEE  X!l!    AVLETE  CLEOFATRE  VII  CLEOPATRE  Vli  ET  MAFX  ANTOINE 


CLÉOPATRE   V?    UÉnÉMCE  99 

Soter  II,  elle  se  trouva,  au  dire  des  historieos,  la  seule  héritière 
légitime  des  Lagides  re'sidaot  en  Egjpte.  Son  père  lui  le'gua  la  cou- 
ronne.  Sylla  voulant  placer  sur   ce  ti-one,    qu'il   considérait  comme 


filles  :  deux  du  nom  de  Cle'opàtre,  l'autre  nommée  Bére'nice,  cela 
concilierait  tout.  Et  rien  ne  doit  sembler  impossible  à  cette  basse 
t'poque  où  les  historiens  ont  même  quelquefois  omis  dans  leurs  listes 
chronologiques  des  noms  do  souverains  qui  sont  inscrits  en  toutes 
lettres  sur  les  monuments  contemporains  de  leur  règne. 

Le  nom  de  Cléopàtre,  porté  par  les  deux  filles  de  Soter  II,  a  été 
la  source  de  nombreuses  erreurs  commises  par  les  biographes  :  citons 
entre  autres  :  1"  M.  de  Saint-Martin,  homme  d'une  rare  érudition,  qui 
dans  le  tome  x\xvi  de  la  Bivgraphie  Michaud,  page  239,  à  l'article 
Ptolémée  Soter  11,  dit  :  <■  Sa  fille  Cléopàtre  ,  veuve  de  Ptolémée 
Alexandre  l"^,  cjui  lui  succéda,  n'occupa  le  trône  que  six  mois  envi- 
ron «  Et  à  l'article  Ptolémée  Alexandre  II  ,  même  vol.,  page  242,  il 
dit  a -Encore  :  que  Sylla  fit  déclarer  roi  Ptolémée  Alexandre  II. 
qui  partit  aussitôt  pour  l'Egypte,  où  il  épousa  la  reine  Bérénice 
Oléopàtre,  sa  belle-mère,  etc.  »  Or,  la  Cléopàtre  dont  le  nom  est  si 
souvent  cité,devait  être  morte  plusieurs  années  avant  le  mariage  d'.A- 
lexandre  II  :  elle  avait  péri  avec  son  mari  et  toute  sa  famille  dans  le 
combat  naval  livré  par  Ch:eréas  près  d'.Alexandrie.  Ce  fait  est  relaté 
plus  loin  dans  le  passage  que  nous  citons  d'après  Charapollion-Fige.ac. 

2'  Letronne,  si  célèbre  à  tatit  de  titres,  surtout  lorsqu'il  s'agissait 
do  recherches-  sur  les  dates  des  faits  historiques  et  sur  les  noms  des 
personnages  de  l'antiquité,  semble  avoir  commis  une  triple  erreur 
dans  l'article  dvjX  cité  de  la  Reçue  Numismatique,  année  1843, 
page  168,  article  où  il  relate  les  faits  de  l'histoire  de  Soter  II,  au- 
quel il  donne  le  nom  de  second  Philadelphe.  Selon  lui ,  ce  titre  se 
rapporterait  <t  à  son  attachement  pour  cette  aœur  Cléopàtre,  que  les 
Alexandrins  avaient  toujours  chérie,  et  que  son  beau-fils  Alexandre  II 
avait  si  lâchement  assassinée.  Or  ici  le  titre  de  Philadelphe  n'a 
aucune  raison  d'être  invoqué,  puisiiue  cette  Cléopàtre  était  la  fille 
de  Soter  II  et  non  sa  sœur  ;  et  comme  nous  venons  déjà  de  le  rehUer 
ci- dessus,  cette  reine  était  la  sœur  de  la  mère  d'.Alexandfe  II.  et 
alors  seulement  la  cousine  et  la  tante  de  ce  dernier. 

Nous  n'avons  à  apporter  d'autre  preuve  des  erreurs  signalées  ci- 
contre,  erreurs  commises  par  les  hommes  les  plus  éniinents  et  de- 
vant le  jugement  desquels  chacnn  s'incline,  qce  le  témoignage  d'un 
savant  également  contemporain.  CharapoUion-Figeac,  dont  l'exactitude 
peut  être  certainement  quelquefois  contestée,  lorsqu'il  s'agit  des  dates 
des  faits  historiques  et  surtout  de  ses  citations  d'après  les  anciens  au- 
teurs qui  les  ont  relatés.  Mais  ici  (îliampoUion  semble  avoir  Complè- 
tement raison  lorsqu'il  dit.  Annales  des  Lagides,  tome  II,  page  226, 
eu  racontant  la  dernière  défaite  de   Ptolémée  Alexandre  P''  :  «  Sur 


100  cil.ÉOPATRE  V?   BlinÉMCK. 

vacant,    un    fils    de    l'tol(?mf'o    Alexandre    I-"-,   fit    reconnaître  ce 
prince  par  le  sùnat  comme  souverain  de  l'Egypte  et  l'imposa  comme 


«  mer,  il  fut  battu  jtar  Cbae'n'as,  et  il  perdit  la  vie  dans  ce  combat 
»  auquel  sa  famille  ne  survécut  pas.  Il  avait  eu  plusieui's  enfants  de 
»  Ck'opàtre,  fille  de  son  frère  Soter,  et  un  seul,  bien  jeune  encore, 
j>  qu'il  avait  laitsé  à  Cos,  lesta  de  cette  catastrophe,  n 

Plus  loin,  page  231,  il  dit  encore,  au  sujet  des  statues  que  les 
Athén/ens  avaient  e'lev(?e3  à  Soter  II  et  à  sa  fille,  cpio  ces  statues 
n'avaient  e'te'  e'ievées  que  dans  la  dernière  année  du  second  règne  de 
Soter  II  :  «  Puisque  ce  ne  fut  que  dans  la  première  de  ce  même 
»  règne  que  Cle'opàtre,  sa  fille  aîue'e,  maiàe'e  à  P  tolèmi^e  Alexandre  1", 
»  son  frère,  périt  avec  lui,  dans  le  combat  naval  où  Cha.-reas  le  vain- 
»  quit,  etc.  u 

Si  on  n'avait  pour  base  que  l'opinion  de  Chamnolliou,  elle  poui'rait 
être  facilement  contestée,  mais  on  possède  une  preuve  qui  semlile 
indiscutable  et  cpii  démontre  cj^ne  la  femme  d'Alexandre  devait  être 
morte  au  moment  de  ravéuomeut  au  trùne  de  Ptolénie'e  Alexandre  II. 
Pausanias  dit,  en  effet,  livre  I'-"",  cbap.  9,3  :  «  .Vprès  la  mort  de  Phi- 
lométor,  les  Athéniens  lui  élevèrent,  ainsi  qu'à  sa  fille,  des  statues 
de  bronze  dans  l'Odéon.  »  Il  appelle  cette  fille  Iicrcmce,at  il  .".joute, 
qtd  était  sa  seule  fille  léyttime. 

Or.  d'après  Pausanias,  il  parait  hors  de  doute  qu'.au  moment  de  la 
mort  de  Ptûlcmi>e  Soter  II  rhilor,u}tOi\  il  ne  restait  qu'un  seul  en- 
fant légitime:  cpie  cet  enfant  était  bien  la  Cléoiiàtre  ^'  nommée 
ainsi  par  Porphyre,  etBéréaice  par  d'autres  auteurs;  donc,  la  sreur 
aînée  de  cette  Cléopàtre,  la  femme  d".\lexaudre  P''',  était  parfaite- 
ment morte  et  qu" .Alexandre  II  n"a  par  conséquent  pu  jamais  épouser 
sa  mère  ou  sa  belle-mère,  comme  le  témoignent  les  deux  savants 
cités  ci-dessus,  ainsi  que  la  plus  grande  partie  des  biographes  modernes. 

Uns  autre  preuve  qui  semble  en^^ore  des  plus  concluantes  pour 
démonti'er  que  Ptolémée  Soter  II  Philométor  avait  plusieurs  filles 
légitimes,  c'est  ce  que  dit  Letronne  eu  relatant  le  fait  de  l'expulsion 
de  Ptolémée  Alexandre  1''''  du  trône,  liecueil  des  inscriptions 
grecques  de  VEyijpte,  tom  l.page  64. 

Porphyre  raconte  : 

et  Alexandre  fut  pour3uI\i  et  battu,  dans  un  combat  naval,  par 
»  Tyrrhus  (ou  plutôt  Pyrrhus),  général  et  parent  des  rois,  et  obligé 
»  de  fuir  avec  sa  femme  et  sa  fille,  à  Myra  de  Lycie.  ,» 

Comme  on  le  voit,  il  est  ici  parfaitement  constaté  que,  en  Fan  89 
avant  J.-C,  au  moment  où  .Alexandre  P''  venait  d'être  chassé  de 
l'Eg-ypte,  il  fut  battu  et  forcé  de  se  retirer  à  JMyra  avec  sa  femme 
et  sa  fdle. 

Or,  en  cette  même  anné  89,  une  fille  de  Ptolémée  Soter  II  Philo- 
métor, régna  seule  en  Egypte  pendant  un  laps  de  temps  encore  assez 


CLÉOPATnE    V?   behkmce  101 

niai'i  à  sa  cousine,  qui  était  dijà  reconnue  reine  par  ses  sujets  (1).  A 
peine  au  pouvoir,  Ptole'mée  Alexandre  II  fit  assassiner  Cléopàtre,  qui 
n'avait  con^eati  au  mariage  qu"aveo  une  extrême  répugnance  ;  cette 
malheureuse  princesse  connaissait  sans  doute  les  instincts  iV-roces  de 
ce  tyran. 

H'M.  —  Tète  diadémée  de  la  reine,  sous  les  traits  de  Véiuis,  un 
sceptre  sur  l'éptiule,  et  le  buste  de  Cupidon  sur  la  poitrine, 
li;.  kAEoiiATP.v:  BASiAnsus.  Double  come  d'tiboudance  rera. 
plie  de  fruits,  ceinte  d'un  diadème:  ;\  cùté,  dans  le  champ. 
KvriP,  en  monogramme,  pi.  XII,  n.  5'j.  (Frappée  en  Chy- 
pre.) Gravée,  pi.  VIII.  JE  * 
Mionnet,  VI,  n'>  2ri4.  Ch.  Lenormant.  Gh/ptiquc,  pi.  87,  lettre  M.,  et 
F.  Lenormant,  Lngiiles.  page  9  et  pi.  1,  u"  2.  Tous  donnent  cette 
pièce  à  la  dernière  Cléopàtre. 

Cette  médaille,  d'une  assez  grande  rareté,  a  été  classée  par 
presque  tous  les-  savants  à  la  fameuse  Cléopdtre  d'Antoine , 
malgré  le  manque  de  ressemblance  dans  le  caractère  do  tête, 
qui  n'a  aucune  analogie  avec  les  pièces  de  style  égyptien, 
(chose  qui  ne  peut  exister,  puisque  ile  tout  temps  les  émis- 
sions chypriotes  furent  tellement  identiques,  qu'il  est  presque 
impossible  de  discerner  celles  des  pièces  frappées  dans  cette 
île  avec  celles  d'Egypte.)  Il  parait  en  effet  difficile  d'admettre 
que  les  Chypriotes  aient  émis  des  monnaies  pour  cette  reine 
galante,  sans  suivre  le  type  égyptien;  type  qui,  comme  pour 
toutes  les  pièces  de  cette  époque,  frappées  dans  ce  pays,  ne  se 
dément  pas,  de  la  première  à  la  dernière  année  des  règnes  de 
chaque  souverain;  nous  voyons  en  effet  la  petite  monnaie  d'argent 
de  Cléopàtre,  de  l'an  G  (2),  du  Cabinet  Impérial,  ressembler  en 
tout  point  aux  innombrables  pièce  de  bronze  de  la  même  reine, 
frappées  également  en  Egypte  pendant  tout  son  règne. 

long,'  puisque  Soter  ne  revint  en  Egvpte  que  Tannée  suivante, 
reprendre  la  couronne  que  sa  fille  avait  portée  pour  lui  jusqu'à  son 
arrivée;  donc,  il  semble  très-bien  constaté  ici,  que  Sotcr  II  avait 
alors  deux  filles,  l'une  qui  avait  suivi  son  mari  dans  l'exil,  l'autre 
qui  occupa  provisoirement  le  trùne  d'Egypte  en  80  et  88  avant  J.  -C. 
et  une  seconde  fois  en  l'année  81.  Reste  maintenant  à  découvir  le 
nom  exact  de  cette  souveraine.  Si  elle  ne  portait  pas  le  nom  de  Cléo- 
pàtre tout  ce  passage  devrait  être  supprimé  ainsi  que  tout  ce  qu; 
coucerns  Cléopàtre  V  et  Alexandre  II. 

(1)  Appian.  Bell.  Civil,  lib.  I.  §  102. 

(2)  Mionnet,  VI  n^  258.  ' 


102  CLEUPATRli    V?   BKREMCE 

Le  travail  d'art  de  'la  pièce  semble  démontrer  aussi  que 
son  émission  doit  être  antérieure  au  règne  de  la  dernière  Cléo- 
pàtre;  mêmes  bords  biseautés  que  sur  les  monnaies  de  bronze 
de  Soter  II.  Tout,  jusqu'aux  coi'nes  d'abondance,  qui  sont  de  la 
même  manière  de  faire  que  le  n'  3-12,  semblent  aussi  con- 
firmer l'exactitude  de  l'attribution  proposée  de  ces  pièces  à  la 
seconde  fille  de  Soter  II.  (In  sait  aussi  que  l'île  de  Cliypre 
était  la  propriété  personnelle  du  père  de  cette  princesse , 
depuis  la  10'  année  de  son  règne  ;  c'est-à-dire,  depuis  l'époque 
où  sa  mère  avait  substitué  à  sa  place  son  jeune  frère 
Alexandre  I"  sur  le  trône  d'Egypte.  Disons  aussi  que  sous  la 
dernière  Cléopâtre,  il  est  peu  probable  qu'il  ait  été  frappé  en 
Chypre  des  pièces  à  son  nom  seul,  le  préteur  qui  gouvernait 
d'abord  cette  île.  n'étant  pas  du  parti  des  deux  célèbres  per- 
sonnages qui  jouirent  tour  à  tour  des  faveurs  de  cette  volup- 
tueuse princesse.  Si  des  monnaies  ont  pu  être  frappées  en  son 
nom,  cela  n'a  pu  être  qu'après  que  Marc-Antoine  eût  donné  à 
Cléopâtre  la  propriété  de  cette  île,  en  même  temps  qu'il  distri- 
buait à  ses  enfants  toutes  les  provinces  conquises  par  lui.  Or 
ce  fait  ayant  eu  lieu  seulement  sept  années  avant  la  mort  de 
Cléopâtre ,  cette  femme  était  alors  assez  âgée,  et  le  type  serait 
identique  à  celui  que  nous  connaissons,  par  les  n  '  439  ;\  412 
que  nous  avons  décrits  plus  loin  ,  au  règne  de  cette  courti- 
sane. Les  dernières  monnaies  de  l'oncle  de  CléopAtre,  n'^  409 
à  412,  démontrent  également  qu';\  cette  époque  l'art  était 
tombé  si  bas  en  Chypre,  qu'il  est  de  toute  impossibilité  d'ad- 
mettre que  cette  monnaie,  encore  assez  belle  de  style,  ait  pu  y 
être  frappée. 

M.  F.  Lenormant,  pour  appuyer  la  justesse  de  ses  argu- 
ments en  faveur  du  classement  de  cette  monnaie  à  la  dernière 
Cléopâtre,  donne,  page  9  et  pi.  I,  n"  4,  une  pièce  de  moyen 
bronze  du  Cabinet  de  France.  Il  est  ;\  regretter  que  ce  savant, 
dont  tous  les  hommes  de  goût  reconnaissent  le  tact  en  fait  de 
travaux  artistiques,  n'ait  pas  examiné  avec  plus  de  soin  la  mé- 
daille qu'il  signalait.  Il  eût  vu  sans  peine  que  le  travail  d'art 
paraissait  antérieur  à  l'époque  de  Cléopâtre,  et  cet  examen 
approfondi  lui  eût  probablement  démontré  que  cette  curieuse 
pièce  était  parfaitement  contemporaine  de  celle  de  notre 
Cléopâtre.  Le  monogramme  KvnP  semble  fait  par  la  même 
main  sur  les  deux  pièces,  les  lettres  des  légendes  sont  aussi  de 
môme  fabrique  ;  tout  cela  minutieusement  observé,  il  se  fût 
convaincu  que  les  deux  monnaies  ne  pouvaient  être  que  cou- 


CLÉOPATRE    V  «   BERENICE  103 

temporaines  do  celles  de  bronze  de  Soter  II.  L'histoire  en  main, 
il  eût  acquis  la  preuve  que  la  pièce  qu'il  donnait  pour  con- 
forter son  attribution,  venait  au  contraire  la  saper  par  la  base. 
En  ell'et,  ce  nom  de  Ptoléniée,  inscrit  en  toutes  lettres,  ne 
pouvait  convenir  qu'à,  un  des  frères  de  Cléopàtre  ;  or  pendant 
tout  le  temps  que  les  deux  frères  ont  vécu ,  Tile  do  Chypre  n'a 
pas  cessé  d'être  gouvernée  par  un  préteur  romain  ;  les  parti- 
sans quand  même  du  maintien  de  ces  pièces  à  la  dernière 
Cléopàtre  pourraient,  avec  raison,  invoquer  ici  .le  nom  de 
Ptolémée  Césarion,  le  prétendu  fils  de  Césîr,  qui  fut  en  l'an 
36  avant  J.-C.  reconnu  par  Antoine  comme  roi  des  rois;  mais 
cela  nous  semble  impossible  malgré  des  actes  constatant  le  nom 
de  ce  jeune  prince  sur  les  monuments.  Si  sa  mère  avait  fait 
frapper  des  monnaies  en  son  nom,  elle  eût  sans  nul  doute  ajouté 
le  sien  à  celui  de  son  fils  :  et  puis,  répétons-le,  comme  on  peut  le 
voir  d'après  les  dernières  monnaies  frappées  pour  le  frère 
d'Aulète,  qui  régna  en  Chypre,  n""  433  à  430,  les  arts  étaient 
tombés  dans  un  tel  avilissement  dans  cette  île,  que  les  mon- 
naies étaient  d'une  fabrique  déplorable,  et  les  pièces  que  nous 
citons  ici  sont  encore  d'un  très-beau  style,  celle  surtout  au 
nom  de  Ptolémée. 

On  pourrait  aussi  arguer  que  justement  le  type  figuré  sur 
cette  rare  médaille  conviendrait  cependant  mieux  à  la  dernière 
Cléopàtre  qu'à  celles  du  môme  nom  qui  l'avaient  précédée;  mais 
sans  nous  faire  le  champion  de  la  vertu  assez  contestable  des 
reines  d'Egypte  qui  la  précédèrent,  nous  ferons  observer  que, 
malgré  qu'à  aucune  époque  l'immoralité  des  souveraines  de  ce 
pays  n'ait  été  célébrée  aussi  ofliciellement  que  sous  cette  der- 
nière princesse,  la  pièce  qui  nous  occupe  peut  parfaitement  avoir 
été  émise  pour  la  précédente  reine  ;  d'abord,  le  travail  d'art  est 
disons  le  encore,  de  beaucoup  supérieur  à  celui  des  n"  cités  plus 
haut  qui  tous  ont  dû  être  frappés  en  Chypre  ;  donc  il  y  aurait 
parfaitement  30  années  de  distance  dans  la  fabrication  de  ces 
pièces,  laps  de  temps  considérable  pour  des  œuvres  artistiques 
produites  dans  un  temps  d'aussi  grande  décadence  et  de  misère. 

Si  on  se  reporte  au  pays  où  cette  pièce  a  été  frappée,  on  ne 
sera  nullement  étonné  que,  même  la  plus  vertueuse  des  reines, 
ait  pu  prendre  sur  ses  monnaies  un  type  aussi  galant  en  appa- 
rence. On  sait  que  Vénus  était  spécialement  adorée  par  les  Cày- 


104  PTOLÊMÉK  Xll    ALEXANnr.E   II?   ET  tLÉilt'ATllE  V? 

priotes;  les  anciens  poètes  soutiennent  que  cette  déesse 'naquit 
dans  (fette  île  :  ce  fait  semblerait  en  eflet  avoir  été  reconnu  par 
les  habitants  de  cette  contrée;  le  temple  de  ^'énus  Paphia,  re- 
présenté sur  tant  de  monnaies  de  l'époque  impériale,  et  de  plu-', 
les  innombrables  quantités  de  statuettes  de  cette  divinité,  que 
'on  trouve  journellement  dans  les  fouilles  faites  en  ce  moment 
par  M.  de  Cesnola,  aux  environs  de  l'Arnaca;  sont  des  témoi- 
gnages en  faveur  des  poètes  et  des  historiens  qui  ont  avancé  ce 

fait. 

On  pourrait  également  revendiquer  cette  pièce,  ainsi  que  la 

suivante  en  faveur  de  Cléopfitre  Tripliène,  fille  d'Aulète,  qui 
occupa  le  trône  d'Egypte  avec  sa  sœur  Bérénice  durant  une  an- 
née (58  av.  J.-C),  pendant  que  leur  père  était  en  exil.  Mais 
ici  encore  l'ilc  do  Cli^'pre  était  complètement  détachée  de  la 
couronne;  l'acte  d'investiture  de  cette  ile,  que  Caton  ordonna  au 
nom  du  peuple  romain,  avait  été  la  cause  de  la  révolte  qui 
avait  eu  pour  but  l'expulsion  du  roi  d'Egypte,  dont  la  lâcheté 
avait  causé  la  perte  de  cette  importante  contrée. 

PTOLÉMÉE   XII,   ALEXANDRE  II 
et  CLÉOPATRE   V? 

(.\u  SI  avcint  J.  C.   rè-iient  19  jours.) 

300  bis.  —  Tète  diadémée  de  la  reine,  sous  les  traits  de  Vénus,  ;ï 
droite. 
B).  —    nTOAEMAiov    DAiIAEnî;.  Double  corne  d'abondance. 
Gravée,  pi.  VIII.  AE  ' 

Cette  charmante  petite  monnaie  porto  encore  le  même  ca- 
ractère de  tète  que  la  précédente  ;  le  revers  a  également  beau- 
coup d'analogie,  comme  travail,  avec  les  petites  monnaies  de 
Soter  II.  Elle  a  dû  être  vraisemblablement  frappée  ainsi  que  la 
pièce  suivante,  au  moment  du  mariage  de  Cléopàtre  V  avec 
Alexandre  II  :  cette  malheureuse  princesse  avait  tous  les  droits 
de  puissance  et  de  souveraineté  pour  les  proclamer  et  les  inscrire 
ainsi  sur  les  monnaies.  Son  exécrable  mari  laissait  agir  ainsi  la 
reine  son  épouse,  afin  sans  doute  de  mieux  dissimuler  ses  horri- 
bles projets. 


PTOLE-MEE  XM   ALEXANDRE   II?   CLÉOI'ATRE   V?  105 

-100.  —  Tête  cornue  de  Jupiter  Ammon,  à  droite. 

^.  —  K.  A.  De  chaque  côté  d'un  aigle  à  gauche,  sur  un 
foudre.  Gravée  en  bas  de  la  planche  X.  ^E  - 

Cette  rare  et  curieuse  pièce  a  été  depuis  plusieurs  années  un 
sujet  d"études  spéciales  de  notre  part;  nous  en  avions  remarqué 
un  exemplaire  dans  un  amas  de  monnaies  diverses  apportées  de 
Syrie,  il  y  a  trois  ou  quatre  ans  par  un  Arménien;  cet  étranger 
s'était  obstiné  à.  ne  vouloir  vendre  que  la  totaUté  de  ses  pièces  et 
cela  à  un  prix  exagéré  :  force  nous  fut  de  laisser  partir  la  seule 
monnaie  que  nous  convoitions  dans  ce  lot,  et  de  nous  contenter 
d'une  bonne  empreinte  en  cire,  sur  laiiuelle  nous  avions  de  prime 
abordlu  les  lettres  K.  A;  nous  supposions  que  ces  deux  initiales 
étaient  l'abréviation  du  nom  de  K'U'jZ'x-o'/..  En  retrouvant  un 
second  exemplaire  de  cette  rare  pièce,  nous  nous  empressâmes 
de  la  faire  ajouter  à  la  fin  de  notre  dernière  planche  d'incer- 
taines, ne  sachant  en  effet  ;\  laquelle  des  Cléop;\tres  elle  devait 
être  attribuée;  mais  en  penchant  particulièrement  pour  la  der- 
nière souveraine  de  ce  nom,  le  travail  artistique  nous  indiquait 
en  effet  la  fin  de  la  dynastie  des  Lagides. 

Le  hasard  voulut  que,  dans  une  conversation  sur  des  abré- 
viations des  noms  propres  grecs,  un  savant  nous  démontrât  d'une 
manière  positive  que,  dans  ces  abréviations,  la  première  syllabe 
du  nom  se  trouvait  toujours  complète;  ceci  fut  pour  nous  un 
trait  de  lumière;  vite  de  recourir  à  la  monnaie  et  aussi  ù  l'em- 
preinte :  nous  acquîmes  alors  la  certitude  que  la  première  lettre 
était  bien  le  K,  mais  la  seconde  un  A.  Tous  les  doutes  furent  vite 
levés  et  ce  fut  avec  empressement  que  la  correction  fut  opérée 
sur  la  planche  X,  où  figurait  déjà  cette  monnaie. 

Tentons  maintenant  d'expliquer  les  mots  que  semblent  indi- 
quer ces  deux  lettres.  La  première  parait  être  incontestablement 
l'abréviation  du  mot  i0.zoT:c(zoa;;  mais  pour  la  seconde,  c'est 
encore  avec  la  plus  extrême  réserve  que  nous  proposons  celui 

d  A/i|av5oov. 

En  proposant  la  solution  du  problème  par  ce  dernier  nom,  ne 
pourrait-ou  pas  nous  dire  que,  sur  aucune  des  monnaies  des  rois 
d'Egypte,  janrais  le  surnom  du  roi  ne  figure,  sans  être  précédé 
ou  suivi  de  celui  de  nTO.uc.MAlor,  nom  du  fondateur  de  la  dy- 

9 


lOG  l'TOLEMLE  XII   ALEXANUUE  II? 

nastie?  Cependant,  pour  ceux  qui  sont  tamiliers  avec  tout  ce  qui 
a  été  écritsui'PtoléméeAlexandrelI,  sur  cet  aflVeux  despote  qui 
s'imposa  à  la  reine  d'Éirypte,  et  à  tous  les  peu^iles  de  cette  con- 
trée, cela  grvce  à  l'appui  des  Romains,  il  n'y  aurait  rien  d'ôton- 
nant  que  ce  tyran  n'eût  osé  rompre  ouvertement  avec  les  usag-cs 
établis  (1).  D'un  autre  cote  la  monnaie  était  si  petite  qu'il  était 
fort  difficile  d'y  inscrire  une  longue  légende,  surtout  dans  un  tel 
moment  de  précipitation  ;  et  puis,  répétons-le  encore,  l'homme 
qui  osait  contraindre  une  reine  j  l'épouser  pour  la  massacrer 
quelques  jours  après,  afin  de  pouvoir  régner  despotiquementseul, 
devait  être  capable  de  toutes  les  supercheries  comme  de  toutes 
les  audaces.  Un  seul  trait  semblera  peut-être  improbable,  c'est 
([u'il  ait  eu  la  courtoisie  de  conserver  en  première  ligne  le  nom 
de  cette  reine  sur  les  monnaies.  Il  se  pourrait,  cependant,  que  les 
coins  de  ces  pièces  eussent  été  graves  avec  rapidité,  et  proba- 
blement au  moment  même  du  mariage  de  Cléopàtre  et  de  Pto- 
lémée;  peut-ëtro  même  furent-ils  commandés  par  la  reine  au 
moment  où  elle  acceptait  l'ordre  de  Rome  d'épouser  le  protégé 
du  sénat  tout-puissant. 


PTOLEMEE   XII,   ALEXANDRE  II? 

(Règne  pendant  l'J  jours,  l'an  81  av.  J.-C.) 


Lies  biographes  modernes  sont  oncoro  en  contradiction  fornicl'.u 
sur  la  durée  du  i-ègne  do  ce  tj-ran.  Les  uns,  avec  raison,  veulent  qu'il 
n'ait  eu  le  pouvoir  que  pendant  quelques  jour.s;  d'autres  au  contraire 
lui  assignent  plusieurs  années  de  régne.  Eu  exami.iaut  avec  soin  les 


(1)  Ciceron  Aijraria  secunda  cajj.  hJ,  nomme  ce  tyran  seulement  sous 
le  nom  li'Alexander.  Le  même  auteur,  dans  un  fragment  de  ses  discours 
sur  le  roi  d'Alexandrie  le  nomme  seulom'mt  Alexas.  .Aiipieu  Du  Bellis 
civilihus.  Livre  I,  cliap.  102,  nomme  aussi  ce  roi  seulement  Alexandre. 
Porphyre  seul  lui  donne  le  nom  de  Ptolémée  Alexandre  ;  mais  tous  les  autres 
seulement  Alexandre. 


PTOLEMEE   Xll    ALEXAMIRE   11'  107 

liistorieiis  auciens,  ceux  de  Rome  exceptes,  on  acquiert  la  couvictioii 
iju'il  fut  tué  après  19  jours  de  règue  seulemeat. 

Ce  prince  avait  ete'  envoie  tout  ealaut  dans  l'ile  de  Cos,  avec  tous 
les  trésors  que  possédait  son  père.  Au  moment  où  ce  dernier  fut  cliassé 
de  rÉgypte,  ou  a  vu  que  Ftol.'mée  Alexandre  l'"' périt  avec  toute  sa 
famille  dans  un  combat  uaval  contre  les  généraux  de  son  frèi-o  Soter 
II.  L'enfant  orphelin  grandit  sous  la  protection  du  grand  JMithridate, 
et  ensuite  sous  celle  de  Syllu.  .\  li  mort  de  Soter  11,  Sylla  le  fit  dé- 
clarer roi  par  un  d'cret  du  sénat  romain,  et,  grâce  à  cette  puissante 
pi'otection,  il  put  contraindre  Cle'opàtre  Bérénice,  qui  était  en  même 
temps  sa  tante  et  sa  cousine,  à  le  recevoir  pour  mari  et  partager  avec 
lui  la  souveraineté.  Ce  misérable  était  à  peine  marié  depuis  quelques 
jours,  qu'il  fit  égorger  la  .eine;  le  peuple  ainsi  cjue  les  soldats,  indi- 
gnés d'un  tel  meurtre,  traînèrent  ce  roi  dans  le  gymnase  d'Alexuiulri  e 
et  le  massacrèrent  après  un  rèune  de  19  jours.  Ce  témoignage  est  celui 
d'Appien  (1)  et  de  Porphyre  (2).  11  ne  paiaic  laisser  aucun  doute. 

lui.    —  Tête  cornue  de  Jupiter  Aininon,  à  droite. 

R).  —  B.  A.  De  chaque  cùté  d'un  aigle  au  repos,  sur  un 
foudre  à  gauche.  Gravée  au  bas  de  la  pi.  X.  xE  ' 

Cette  petite  monnaie  est  comme  nous  l'avons  déjà  mentionné, 
d'une  identité  de  fabrique  et  de  type  des  plus  indiscutables  avec 
la  pièce  précédente  ;  seulement  elle  est  beaucoup  moins  rare.  On 
peut  constater  son  existence  dans  plusieurs  cabinets  ;  quant  à 
son  importance  historique,  elle  est  .encore  de  premier  ordre  ;  si 
comme  nous  le  pensons,  nous  avons  bien  lu  la  première  pièce, 
celle-ci  vient  confirmer  la  fidèle  traduction  de  la  lég-ende.  On 
doit  alors  lire  ici  liaî'./i-.j;  A>£;y.v •>.'-■.),  et  cette  version  semble 
réellement  préférable  au  mot  Ky.-:ù.i;i;  qui  avait  été  admis  jus- 
qu'à ce  jour.  Il  serait  en  elfet  extraordmaire,  à  cette  époque, 
où  Ton  n'a  pas  constaté  d'interrègnes,  de  voir  filtrer  cette  lé- 
gende sur  les  monnaies.  Si  ces  pièces  étaient  des  émissions  du 
commencement  de  la  dynastie,  on  comprendrait  cette  réserve  du 
souverain,  si  dévoui  au  héros  que  chacun  regrettait;  mais  elles 
sont  incontestablement  d'une  très-basse  époque;  elles  ont  été 
d'abord  coulées  en  longues  files  cjmme  quantité  de  pièces  gau- 


(1)  Appien,  Bell.,  Civil,  tom.  2,  pag.  145, 

(2)  Porphyre  frajm.,  apud,  Chron  Eusebii,  pug.  225  et  suiv. 


108  '  PTOLÉMIJE  XII    ALEXANDRE   11? 

loises  en  potin  que  l'on  retrouve  encore  parfois  attaclioes  les 
unes  aux  autres,  et  nous  avons  pu  constater  que  cette  manière 
de  fabriquer  les  monnaies  d'airain  en  Egypte,  existait  dt-jà 
sous  le  règne  de  la  mère  de  Ptolemée  Soter  II,  témoin  notre 
planche  YI  n"  325,  et  Catalogue  n'  312  et  suiv. 

Ici  encore,  nous  attendons  aux  objections  des  savants;  un 
nous  accusera  sans  doute  de  vouloir  systématiquement  combler 
les  vides  de  la  chronologie  Égyptienne.  Il  est  cependant  bien 
probable  que  tous  les  souverains  do  l'Egypte,  même  les  plus 
éphémères,  ont  fait  frapper  des  monnaies  consacrant  leur  passage 
à  la  toute-puissance,  disons  même  à  la  divinité,  puisqu'ils  se 
croyaient  dieux,  une  fois  revêtus  du  pouvoir  suprême.  Et  plus 
ces  hommes  furent  ambitieux  et  despotes,  plus  ils  durent  s'em- 
presser de  fournir  à  l'histoire  des  émissions  monétaires  dès  leur 
avènement  au  trône.  Nul  n'ignore  que,  sous  l'empire  romain, 
certains  tyrans  qui  ne  régnèrent  que  quelques  jours  firent  fa- 
briquer d'innombrables  quantités  de  monnaies,  témoin  celles 
de  Marius,  qui  régna  seulement  trois  jours,  et  celles  de  Qain- 
tiile,  qui  en  régna  dix-sept.  Ce  dernier  prince  fit  même  frapper 
à  son  effigie  jusqu'à  Alexandrie  d'Egypte. 

Vaillant  (1)  attribuait  à  Alexandre  II  une  petite  monnaie 
d'argent,  sur  laquelle  on  lisait  la  légende  AAE:e:anapoy.  Cette 
pièce  a  été  depuis  restituée  à  l'Epire.  Vaillant  pensait  que, 
de  tous  les  rois  d'Egypte  ce  tyran  était  peut-être  le  seul  qui 
eût  pu  oser  mettre  sur  la  monnaie  son  surnom,  sans  le  fair« 
précéder  de  celui  de  Ptolemée. 

A  tous  ceux  qui  refusent  de  croire  à  nos  tentatives  d'attri- 
bution, nous  leur  confirmerons  encore  que  notre  Catalogue 
égyptien  a  été  par  nous  élaboré  avec  toute  l'impartialité , 
avec  toute  la  réflexion  que  cette  matière  délicate  exigeait,  à 
raison  des  découvertes  qui  semblent  rejeter  dans  les  ténèbres 
du  passé ,  les  opinions  de  plusieurs  de  nos  célèbres  de- 
vanciers ;  nous  nous  sommes  toujours  basé  sur  la  décrois- 
sance artistique,  de  la  première  pièce  à  la  dernière;  et  les 
deux  monnaies  sur  lesquelles  nous  venons  encore  do  discuter 


(1)  Historia  Ptolemœorum,  page  133. 


PTOLÉMKE  XIII,   AULÈTE  109 

si  longuement,  avaient  d'abord  éti  classées  tout  à  fait  à  la  fin 
de  nos  planches,  dont  la  gravure  remonte  déj;\  h  plusieurs  mois, 
au  moment  où  nous  écrivons  ces  lignes,  toute  la  série  des 
bronzes  et  potins  d'Alexandrie  ayant  été  gravée  depuis.  Disons 
encore  à  ceux  qui  voudront  nous  contredire,  que  nous  pensons 
avoir  la  satisfaction  de  n'avoir  pas  fait  dans  tout  notre  travail 
une  faute  aussi  considérable  que  celle  du  classement  de  la 
Séléné,  citée,  page  XYI  de  l'Introduction,  etc. 

Cependant  cette  monnaie  passait  aux  yeux  de  tous,  jusqu'à 
ce  jour,  pour  une  pièce  fort  judicieusement  classée  à  la  place 
qui  lui  avait  été  départie.  Ne  parait-il  pas  inconcevable  qu'un 
savant  ait  pu  imaginer  l'attribution,  l'invention,  pourrions- 
nous  dire,  de  cette  pièce,  car  l'histoire  semble  démontrer 
la  complote  impossibilité  de  sa  réalité.  Tous  les  historiens 
s'accordent  pour  reconnaître  que  CléopAtre  III  était  la  plus 
misérable  créature  connue  dans  les  fastes  des  souveraines. 
Elle  était  jalouse  de  tout  ce  qui  l'entourait ,  et  cette  furie 
ombrageuse  aurait  laissé  a  la  femme  de  si)n  tîls,  qu'elle  ne 
voulait  m."me  pas  reconnaître  comme  souveraine  (elle  la 
maintient  toujours  au  second  rang),  le  droit  de  mettre  son 
effigie  sur  les  monnaies,  quand  elle-même,  qui  avait  reçu  par 
testament  la  toute-puissance  n'osa  jamais  y  faire  représenter 
ses  traits  isolément.  L'histoire  prouve  qu'au  contraire  elle 
força  son  fils  à  répudier  cette  Séléné,  qui  était  cependant  du 
même  sang,  mais  dont  elle  était  jalouse  à  l'excès. 

PTOLÉMÉE  XIII  AULÈTE 

(Règne  30  ans  (1),  .lu  12  sept^mlu-e  SI  an  5  septembre  52,  av.  J.-C.) 


Lors  de  la  mort  de  Cl-opâtre  V  Bére'iiiee  et  d'Alexandre  II, 
PtoWmëe  Dionysus  Aulète  se  trouva  avec  son  jeune  frère,  être  les 
seuls   descendants  des  Lajrides  ;   ils  étaient  en  effet   tous   deux  fils 


(1)  Le  Canon  astronomique  des  Rois,  et  Clément  d'Alexandrie, qui  le  suivait 
en  tout  point,  ne  donne  que  29  années  de  régne  à  Aulête  ;  Eusèbe  dit  que 
ce  régne  dura  trente  ans  au  lieu  de  29.  Les  monnaies  décrites  ci-dessus, 
eontirment  le  dire  d'Eusèbe. 


110  PTOLÉMÉE  Xllt,    AULKTE 

naturels  âo  Ptol-mée  Soter  II.  rtol'rai'o  Aulête  prit  possession  du 
pouvoir  en  l'aimôe  81  av;uit  J.-C,  mais  il  ne  pacvint  à  se  faire 
reconnaître  par  les  Romains  qu'en  59.  Chassé  par  les  Alexaniirins 
l'anne'e  suivante,  il  se  réfugia  à  Rome,  où  il  passa  ses  trois  aunées 
d'exil.  Gabinius,  gém'ral  do.  T'ompée,  le  replaça  sur  son  trône,  où  il 
resta  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  l'an  52  avant  .J.-C. 

401.  bis.  —  Tète  diadémée  de  Si")ter,  avec  rép:ide. 

ri).  —  nioAEMAiov  lîASiAEns.  Aigle  sur  un  foudre  A  gau- 
che, ayant  une  palme  sur  l'aile;  devant,  lu.  (an  2).  Sous 
Cette  date,  la  fleur  de  lotus;  derrière,  n.\.  (Poids,  14  gr. 
3  décigr.)  AR  " 

Mionnct,  VI,   n.  192.  Ch.  Lenormant,  Gli/ptiqne,  pi.  87,  lettre  R, 
à  Ptolémée  Evergète  11. 

402.  — Même  médaille,  avec  la.  (an   l),   une  étoile  placée  au- 

dessus  de  la  date.  (Poids,  13  oraninn's).  AR  " 

Mionnet,  VI,  n.  19.3.  Cli.   Lenormant,  Gbjptique,  pi.  87,  lettre  C. 
également  à  Everg-ètc  II. 

403.  —  Même  pièce,   avec   l  i.  (an    10),  sans   letoile.    (Poiils 

11  gr.  8  décigr.)  AR '^ 

Mionnet,  Vt,   n.  170.  Ch.  Lenormant,    Gb/ptiqne,  pi.  80,   n.  n,  à 
Ptolémée  Philométor. 

404. — Môme  médaille,  avec    li.\.    (an  11).  Poids,    11  grammes 
2  décigr.  AK  '' 

Ch.  Lenormant,  Glijptifpie^,  pi.  87,  lettre  C. 

40.J.    —   Même   pièce,    avec  Lir.  (an  13.)  Poids,  13  gram.  AR  " 

Mionnet,  VI,  n.  179,  à  Ptol'm.'e  Philométor. 

400.    —   Même    pièce,    avec   lia.  (an  14).  Poids,  12  gr. 

4  décigr.  AR  '■ 

Mionnet,  VI,  n.  181. 

407.  —  Même   pièce,   avec    lie.  (an  1.5).  Poids,  13  gram.  AR '' 

Mionnet,  VI,  n.  183. 

408.  —  Même  pièce,    avec    Lir.  (an  IG).  Poids,  11  gram. 

7  décigram.  AR  " 

Mionnet,  VI,  n.    184.  Ch.    Lenormant.  Glyptique,  pi.  88.  n.    4,  .à 
un  Ptolémée  incertain. 


PTOLéMÉE   Xm,   AUt.KTB  Hl 

409.    —  Même   pièco,   ;ivec    lUi.  (an  is).    poids,   12  prammes 
2  décigr.  ^YU  6 

Mionnet,  VI,  n.  187. 

-110.   —  Même  pirco,    avec    lio.  (an  10).   Pièce  fourrée.  (Poids 
Sp-ram.  7  décijr.)  AR  '' 

Mionuet,  VI.  n.  ISS. 

411.  —  Même    pièce,    avec    lk.  (an  20).  Poids,  11  gram.  AR  " 

412.  —    Même  pièce,  avec  LKr.  (an  23).  La  fabrique  en    e.st 

assez  barbare.  Poids,  10  gr.  2  décigr.  AR  '"• 

II  existe  ici  une  lacune  d'une  importance  majeure  pour  notre 
classification  (1)  ;  aussi  nous  emprossons-nous  delà  signaler. 
L'histoire  mentionne  en  elfet,  et  tous  les  historiens  sont  d'ac- 
cord pour  reconnaître,  que,  à  cette  époque ,  les  Alexandrins, 
las  d'être  gouvernés  par  un  souverain  aussi  lâche  que  pro- 
digue, le  chassèrent  de  ses  États,  et  que  Piolémée  Xlll  Dio- 
njsus  Aidète  s'empressa  de  se  réfugier  à  Rome,  pour  implorer 
des  secours  de  Pompée  et  César,  qu'il  avait  comblés  de  ses 
prodigalités  (2).  Ces  deux  hommes  influents  se  chargèrent 
en  elfet  de  faire  rentrer  Aulète  dans  ses  États,  mais  il  se  passa 
cependant  trois  années  avant  que  ce  souverain  pût  rentrer 
dans  son  royaume  et  recouvrer  sa  puissance  et  sa  couronne. 

Nous  avons  cherché  vainement  dans  toutes  les  collections, 
comme  dans  les  ouvrages  et  dans  les  catalogues,  et  nulle  part 
nous  n'avons  pu  découvrir  de  pièces  pouvant  combler  la  lacune 
que  nous  signalons  ici. 

Un  fait  encore  important  ;\  enregistrer,  c'est  que  la  majeure 
partie  des  monnaies  qui  précèdent,  sont  généralement  dé  très- 
mauvais  aloi  :  leurs  poi<ls,  que  nous  avons  mentionnés  à  la 
suite  de  chaque  description,  sont  très-inférieurs  a  l'étalon 
réglementaire,  qui  était  de  14  grammes  au  moins.  Tout  semble 
donc    prouver   qu'à     cette    épociue    les    altérations   les    plus 


(1)  Cette^lacune  a  iléià  été  signalée  dans  notre  Introiliiction,  iiaçre  XIX, 

(2)  Ils  avaient  en  effet  reçu  de  ce  roi   près  rie  six  mille  talents  (prés  rie 
ilix-huit  millions  de  francs  rie  notre  monnav^. 


112  PTOLKMKi:  XIII     ALLÈTE 

extraordinaires  étaient  commises  par  le  souverain  ;  il  devait 
en  effet  user  des  moyens  les  plus  illicites  ,  pour  arriver  à 
réunir  les  trésors  qu'il  gaspillait;  les  impôts  ne  devaient  plus 
suffire,  et  il  dut  même  autoriser  des  faBrications  de  fausses 
monnaies.  Nous  avons  du  reste  constaté  ce  fait  justement  sous 
ce  règne,  où  on  trouve  positivement  quantité  de  monnaies  tout 
simplement  de  cuivre  blanchi  ;  nous  avons  aussi  fait  une  autre 
remarque  non  moins  curieuse,  c'est  que,  .à  son  retour  d'exil, 
Aulête  fît  fabriquer  non-seulement  des  monnaies  à  un  meilleur 
titre  et  d'un  poids  plus  homogène,  mais  encore  d'un  travail 
d'art  remarquable.  Leur  style  en  est  aussi  beau  que  celui  des 
pièces  des  premières  années  de  son  règne.  Ce  prince  dut  aimer 
les  arts,  car,  maigre  ses  déprédations  sur  les  poids  et  les  titres 
on  constate  toujours  un  travail  supérieur  à  celui  employé  pour 
les  pièces  de  ses  prédécesseurs.  Les  têtes  sont  remplies 
d'expression,  et  semblent  positivement  indiquer  une  certaine 
renaissance  de  l'art  en  Egypte. 

413.  —  Tète  des  pièces  précédentes. 

^.  —  Le  même;  devant  l'aigle,  lkz  (an  27);  devant,  ha 
pièce  d'un  très-beau  travail.  Poids  12  gr.  4  décigr.  AR  ' 

414.  —  Môme  médaille,  avec  lkii  (an.  28),  également  très-belle 

de  style.  Poids  13  gr.  Gravée,  pi.  VIII.  AR  ' 

415.  —  Même  type  et  même  date.  Poids,  2  gr.  6  décig.  Drachme 

Gravée,  pi.  VIII.  AR  * 

416.  —  Même  type,  avec  lk©  (an  29).  Poids,  13  gr.  1  décig.  AR  " 

417.  —  Même  type,  avec     l.\  (an  30).  Poids,  14  gr.  AR  ' 

Cil.  Lenormant,  pi.  87,  n"  1,  à  un  Ptol^raée  incertain. 

Comme  nous  l'avons  déj;\  fait  remarquer,  le  doute  ne  paraît 
plus  possible  sur  l'attribution  de  cette  intéressante  série 
à  Ptolemée  Aulète.  Nous  croyons  que,  de  tous  les  règnes  des 
Lagides,  celui-ci  est  peut-être  le  seul  dont  le  classement  paraisse 
indiscutable  :  non-seulement  toutes  les  têtes  ont  exactement 
le  même  caractère  de  physionomie,  mais  elles  sont  comme 
nous  venons  déj;"i  de  l'indiquer,  d'un  style  identique,  de  la  pre- 
mière à  la  dernière  pièce  ;  la  manière  même  de  disposer  les 
cheveux  sur  le  sommet   de  la  tête  ne  varie  pas.  Tout  donc 


PTOLÉMÉE    XIII,  AULÈTE  113 

semble  constituer  un  type;  or,  ce  type,  caractéristique  vient 
encore  ici  confirmer  ce  que  nous  avons  avancé  :  qu'à  chaque 
nouveau  règne,  les  artistes  chargés  de  graver  les  coins  des 
monnaies,  tout  en  ayant  l'ordre  de  maintenir  la  tète  immo- 
bilisée, avaient  cependant  toute  latitude  pour  donner  aux  phy- 
sionomies un  peu  de  l'expression  des  nouveaux  souverains  ' 
de  là  les  figures  généralement  de  caractère  assez  jeune,  qu*^ 
l'on  voit  sur  les  monnaies  frappées  après  Ptolémée  III.  Nous 
avons  aussi  fait  la  remarque  que  ,  excepté  sous  Physcon  et  ses 
deux  fils,  le|  type  des  tètes  des  nouveaux  souverains  se  conser- 
vait jusqu'à  la  fin  du  règne,  et  c'est,  comme  nous  l'avons  déjà  dit, 
surtout  sous  celui  d'Aulète  que  cela  a  été  le  plus  scrupuleuse- 
mont  observé.  En  effet,  les  pièces  de  l'an  2  et  celles  des  années 
28,  29  et  30  semblent  être  sorties  des  mêmes  coins. 

En  ce  qui  concerne  les  revers,  le  nuraismatiste  le  moins 
exercé  peut  aussi  se  convaincre  que  toute  la  série  se  lie  aussi 
bien  que  par  les  tètes;  là  encore  le  type  de  l'aigle  est  inva- 
riable non-seulement  comme  allure,  mais  il  porte  toujours  une 
longue  palme  sur  l'aile;  et  en  outre  dans  le  champ,  devant 
cet  aigle,  sous  la  date,  on  voit  la  rose  des  rhodiens,  ou  plutôt 
la  fleur  du  lotus. 

Comme  nous  l'avons  fait  remarquer  dans  la  note  précédente, 
toutes  les  preuves  possibles  se  groupent  dans  cette  série  unique 
de  trente  années  de  monnaies,  pour  les  classer  avec  certitude 
à  ce  souverain;  l'année  30  n'a  même  ici  rien  d'insolite.  En 
effet,  comme  nous  l'avons  déjà  démontré  à  diverses  reprises  (1), 
les  Égyptiens ,  par  leur  manière  de  compter  du  commencement 
de  leurs  années  de  règne  dont  le  point  de  départ  ne  concordait 
nullement  avec  la  généralité  des  autres  peuples,  donnèrent 
presque  toujours  une  année  supplémentaire  à  leurs  souve- 
rains. 

Nous  insisterons  donc  encore  sur  les  quatre  dernières  mon- 
naies que  nous  venons  de  décrire.  Elles  sont  positivement  pour 
nous  de  la  plus  grande  importance  ,  comme  les  n''^  296  ,  364  et 
305;  elles  sont  une  preuve  sans  réplique  qu'on  ne  peut  laisser  à 


(1)  Voir  les  notes  Ju  n«»  139  et  282. 


114  PTOLéMÉE  XIII.    ALLÈTf: 

Chypre  toutes  les  monnaies  avec  riA,  puisque  depuis  la  24"  an- 
née d'Aulôte,  la  ville  de  l'aphos,  ainsi  que  toute  l'Ile  de  Chypre, 
n'appartenaient  plus  aux  Egyptiens,  et  c'utait,  disons-le  encore, 
pour  l'avoir  laissé  envahir  par  les  Romains  que  les  Alexan- 
drins avaient  honteusement  chassé  leur  roi. 

Cette  série  de  monnaies  frappées  incontestablement  avec  la 
tête  du  même  souverain  vient  aussi  lever  tous  les  doutes 
émis  par  les  auteurs  qui  ont  prétendu  que  le  régne  d'Anlète 
n'avait  pas  été  aussi  long  qu'on  le  pensait;  et  qu'il  y  avait  eu  un 
Ptolémée,  Alexandre  III,  qui  avait  régné  au  moins  pendant 
17  années.  En  eft'et  Pétau,  Reinold  Forster  et  l'auteur  de  la 
Chronologie  pour  les  œuvres  de  Plutarque  étaient  de  cet  avis  (1). 

Il  est  difficile  de  comprendre  comment  des  hommes  aussi 
éminents  que  Visconti,  Cousinéry,  JMionnet,  Ch.  Lenormant  (2) 
et  Letronne,  n'aient  pas  eu  l'idée  de  ranger  ces  pièces  à  Auléte. 
Ce  classement  semblait  cependant  tout  tracé,  tant  à  cause  du 
type  identique,  que  par  les  dates.  Il  y  a  bientôt  200  ans  de 
cela,  en  KIOS,  un  vieux  savant,  Buidelot  de  Deirval  (.3)  avait 
attriliué  à  ce  souverain  le  peu  de  pièces  connues  alors  avec 
le  lotus  devant  l'aigle.  Il  a  en  effet  figuré ,  à  la  page  192  de 
son  intéressante  histoire,  la  médaille  de  l'an  28  que  nous  décri- 
vons sous  le  n'  415,  et  gravée  pi.  VIII.  Donc  ces  auteurs, 
quoique  déjà  anciens,  ne  sont  jamais  à  dédaigner,  et  de  nos 
jours  on  est  encore  souvent  forcé  de  revenir  :\  leurs  na'ives 
classifications. 


(1)  Voir  Cham|iollion  Figeac ,  Annales  des  Lin/ides,  tome  2,  p.  2S7 

(2)  Ce  savant  a  publié  seulement  les  pièr'es  suivantHS  de  cette  série,  et 
voici  son  classement  L<r>  (an.  9)  à  Philometor,  Gbjpt.  pi.  tS7.  lettre; 
A.  l.  Kaii.  10),  également  â  Philometor  kl.  pi.  80,  n"  ."i.,  LIA  (an.  11),  îi 
Evergete  H,  |il.  S7  lettre C;  LIT'  (an.  12),  au  même,  iilnnche,  87  lettre  B;  LIE 
(an.  10),  a  l'un  des.  Ptolémees  incertains,  et  celle  avec  LA),  (au  30),  sur 
laquelle  il  a  lu  L.'k  (an.  1),  également  à  un  Ptolémée  incertain,  id.  pi.  87.  ii"  1 

(3)  Histoire  de  Ptolémée  Auletes.  Paris.  1G98,  1  vol.  in-12. 


PTOVÉMÉE    BOI    DE    CIIVPBE  115 

Ptolémée  (1)  frèro  cadet  de  Ptolémée  Aulète 

(Re?ni?  en  Chvpi-c  [■emlant  24  ans,  de  l'an  SI  à  ÔS  av.  J.-C.) 


Ce  prince,  également  fils  uaturel  do  Ptol^mt'e  Soter  II,  était 
très-jeune  lorsque  son  frère  fut  investi  de  la  souveraineté  d'Egypte. 
Comme  Aulète,  il  devint  roi  sans  l'agre'ment  des  Romains  ;  mais  il  ne 
suivit  nullement  l'exemple  de  sou  frère,  en  faisant  de  conteuses 
démarches  pour  obtenir  l'alliance  de  la  République.  Autant  le  roi 
d'Egvpte  était  prodigue,  autant  le  roi  de  Chypre  était  économe,  on  peut 
même  dire  avare,  et  ce  fut  certainement  à  cet  excès  d'économie  qu'il 
dut  la  persécutiuu  des  hommes  d'Etat  de  cette  République  en  pleine 
décadence. 

Publius  CloJius  ayant  été  pris  par  des  pirates,  ces  brigands  offrirent 
au  roi  de  Chypie  de  racheter  à  prix  d'argent  ce  personnage  romain. 
Ptolémée  entra  en  pourparlers,  marchanda,  mais  ne  put  se  décider  à 
payer  le  rachat  de  Clodius  :  il  lui  répugnait  do  prodiguer  son  arg(>nt. 
Clodius,  rendu  plus  tard  à  la  liberté,  se  vengea  de  Ptolémée  en  faisant 
donner  à  Caton  l'ordre  d'aller  prendre  possession  de  l'île  de  Chypre. 

Ainsi,  sans  autre  déclaration  de  guerre,  on  dépouilla  illégalement 
ce  prince  non-seulement  de  ses  Etats,  mais  aussi  do  pes  trésors  qui 
étaient  immenses,  Ptolémée,  indigné  de  cette  conduite  odieuse,  alors 
que  le  peuple  romain  se  déclarait  le  protecteur  des  faibles,  décou- 
ragé surtout  de  voir  un  homme  comme  Caton  (dont  le  rigorisme  était 
vanté  par  tous)  se  rendre  complice  d'un  acte  aussi  infime ,  s'em  - 
poisonna  l'an  58,  afin  de  ne  pas  voir  ses  spoliateurs  jouir  en  paix  rf-' 
li'tirs  rapines. 

418.  —  Tôte  diadémée  de  Soter  à  dn)ite,  avec  l'égiile  ;  les  cheveux 
en  grosses  mèches  forment  le  rond  sur  le  sommet  de  la 
tète. 

II).  —  lîTOAEM.uov  BASiAEns.    Aigle    gur    un    foudre ,    ;\ 
gauche;    devant ,  l.v  (an  1),  derrière  n.v,  AR  ' 

Mionnet,  VI,  n.  190,  à  Ptolémée  Evergète  II,  et  la  pièce  suivante 
n.  192,  au  même  règne. 


(1)  Nous  avons  vainement  cherché  dans  les  auteurs  le  surnom  de  ce 
Ptolémée;  il  est  cité  par  Cicéron,  Dion  Cassius,  V^lâre  Maxime  et  Plu- 
tarqu<^  ;  mais  tous  ces  auteurs  le  nomment  tout  simplement  Ptolémée. 


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116  PTOLÉMÉE  ROI  DE  CHYPRE 

419.  —  Même  type,  avec  lb  (an  2) 

420.  —  Même  type.  tr  (an  3) 

421.  —  Même  type.  la  (an  4) 

422.  —  Même  type.  le  (an  5) 

423.  —  Même  type.  ll  (an  6) 

424.  —  Même  type.  Lz  (an  7) 

425.  —  Même  type.  lh  (an  8) 

426.  —  Même  type.  l©  (an  9) 

427.  —  Même  type.  l  i  (an  10) 

428.  —  Même  type.  Lir  (an  13) 

429.  —  Même  type.  lia  (an  14) 

430.  —  Type  des  pièces  précédentes;  lie  (an  15)  ;  avec  nA.    AR  ' 

431.  —  Même  type.  lie  (an  10)                           id.            AR  ' 

432.  —  Même  type.  Liz  (an  17)                           id.            AR  ' 
4.33.  —  Même  type.  lih  (an  18)      id.       Gravée,  pi.  XI.  ARt 

433.  —  Même  tête,  plus  barbare  ;  le  diadème  difficile  à  distin- 

guer. 

^.  —  Le  même  ;   lk  (an  20),  avec  ha 

434.  —  Même  type.       lka  (an  21) 

435.  —  Même  type.        lkb  (an  22) 
iSQ.  —  Même  type.       lkp  (an  23) 

Voici  encore  une  nouvelle  figure  que  nous  venons  de  tenter 
d'introduire  dans  cette  série  déjà  si  nombreuse  des  rois  Lagides. 

Certes,  nous  nous  attendons,  pour  ce  personnage  surtout ,  à 
de  sérieuses  protestations  delà  majeure  partie  des  numismatistes, 
mais  ici  particulièrement  nous  croyons  pouvoir  nous  appuyer 
sur  les  témoignages  de  l'histoire;  là,  comme  ailleurs,  le  travail 
artistique ,  les  dates  précises ,  tout  semble  encore  concorder 
pour  justifier  l'attribution  proposée. 

On  a  déjà  pu  remarquer,  dans  notre  Introduction,  page  XII, 
ligne  22,  que  la  suite  de  pièces  que  nous  allons  décrire  était 
une  série  qui  nous  avait  paru  complètement  à  part,  et  qu'il  était 


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ar^V 

PTOLÉMÉE  ROI    DE  CIIVPIIE.  117 

de  toute  nécessité  de  chercher  parmi  les  souverains  qui  comp- 
taient 23  années  de  règne  celui  auquel  on  pouvait  attribuer  ces 
bizarres  pièces.  Nous  disions  encore  quatre  lignes  plus  bas  :  *  Ces 
«  monnaies  sont  d'u7i  style  diamétralement  opposé  d  celles 
«  de  Soter  II;  elles  ont  un  peu  de  la  manière  des  fabri- 
«  ques  de  celles  d'Aulète,  etc.  »  Or,  nous  constations  déjCi,  sans 
avoir  fait  toutes  nos  recherches  historiques,  l'époque  réelle  de 
la  fabrication  de  ces  monnaies. 

Depuis  l'impression  de  cette  préface,  nous  avons  cherché  sans 
reldche,  et  nous  croyons  avoir  été  assez  heureu.x  pour  trouver 
une  explication  raisonnable  de  nos  conjectures.  En  effet,  il  est 
certain  que  Ptolémée  Aulète  eut  un  frère  qui  l'ut  aussi  acclamé 
roi  en  même  temps  que  lui,  et  qui  régna  effectivement  le  temps 
nécessaire  pour  avoir  des  droits  à  la  revendication  de  cette 
série  de  23  années  de  monnaies  de  même  style. 

Avant  de  prendre  un  parti  définitif  sur  le  classement  de  ces 
pièces,  nous  nous  sommes  mis  de  nouveau  ù  rechercher  quels 
étaient   les  derniers  chiffres  mentionnés  sur  ces  monnaies;  or 
l'année  23  ne  se  trouve  nulle  part  dépassée  :  c'est  encore  au 
Musée  anglais  que  nous  avons  pu  trouver  une  collection  réelle- 
ment complète  et  pouvant  lever  tous  les  doutes.  M.  R.  St.  Poole 
nous  a  adressé,  avec  sa  bienveillance  accoutumée,  les  empreintes 
de  la  suite  non  interrompue  des  années  1  à  23  ,    en  nous  fai- 
sant remarquer  que  cette  année  23  se  présentait  comme  la  der- 
nière de  ce  souverain  ,  lequel  était  resté  pour  lui  aussi  il  l'état 
d'énigme.  Or  notre  Ptolémée  ayant  été  spolié  par  ces  honnêtes 
défenseurs  de  la  république  romaine  dès  le  commencement  de  la 
24  année  de  son  règne  ,  il  est  pou  probable  qu'il  ait  eu  la  pos- 
sibilité de  faire  frapper  des  monnaies  à  la  date  de  cette  24  année  > 
le  monnayage   au  type  égyptien  ayant  dû  cesser  au    momen 
même  de  la  prise  de  possession  du  pays. 

Pour  ce  qui  a  trait  au  travail  artistique,  les  pièces  du  com- 
mencement du  règne  sont  d'un  assez  bon  travail,  et  surtout  d'un 
excellent  métal.  De  l'année  10  à  la  14  ,  on  remarque  une  dé- 
croissance artistique  assez  notable;  à  partir  de  l'an  Ib,  la 
barbarie  se  manifeste  de  plus  en  plus,  et  des  années  20  à.  23,  les 
pièces  ne   présentent  plus  que  des  types  de  la  plus  plate  déca- 


118  PTOLEMÉE    XIV?  DÏONÏSUS* 

denco  :  tout  y  est  confus,  le  diadOme  ne  se  distinguo  plus  dans 
la  chevelure.  (_)n  pourrait  se  demander  si  ce  roi  n'osait  plus 
reproduire  sur  ses  monnaies  ce  symbole  de  la  ti)ute-puissance, 
dans  la  crainte  de  déplaire  aux  Romains,  qui  étaient  toujours 
restés  sourds  à  ses  demandes  d'investiture.  Une  chose  est  à  re- 
mari|uer  dans  cette  série  do  pièces  depuis  l'année  P',  c'est  que 
les  cheveui  sont  disposés  en  grosses  mèches  et  formant  le  cercle 
sur  le  sommet  de  la  tête,  cercle  que  l'on  remarque  également 
sur  toutes  les  monnaies  de  son  frère  Aulùte,  également  depuis 
la  première  année  de  son  règne  jusqu'à  la  dernière  :  on  peut 
voir  ce  fait  constaté  sur  les  planches  VIII,  n"  414  et  pi.  XI, 
n".  433.  Un  autre  fait  digne  d'être  remarqué,  c'est  que  toutes 
les  monnaies  de  ce  roi  sont  à  un  très-bon  titre  ;  les  plus  mau- 
vaises sont  à  753  millièmes  de  fin,  environ  trente  pour  cent  de 
meilleur  aloi  que  celles  frappées  en  Egypte  pour  son  frère 
Aulèie;  ce  qui  pourrait  parfaitement  ressortir  du  caractère  do 
ce  roi,  qui  était  aussi  économe  que  son  frère  le  roi  d'Egypte 
était  prodigue. 


PTOLEMEE  XIV?  DIONYSUS? 

(Règne  avec  sa  sœur  Cléopâtre  4  ans,  de  l'an  51  au  6  levritT  47  av.  J   C) 


Ce  jeune  souverain  doit  être  conside'ré  comme  le  dernier  roi  d'E- 
gypte, de  la  dynastie  des  Lagides.  Il  avait  à  peine  trei/o  aus,  lorsiiue 
son  père  mourut.  Sa  sœur,  la  fameuse  Cléopàtre,  qui  était  destiiue  à 
rdgner  avec  lui,  e'tait  alors  dans  sa  dix-septième  anue'e.  D  jà  les  pas- 
sions les  plus  violentes  se  manifestaient  chez  cette  femme  de  nature 
ardente,  et  elle  ambitionnait  de  rs^gner  en  véritable  et  seule  souve- 
raine; Pothlnus,  Théodote,  et  Achillas,  tuteurs  du  jeune  roi,  s'oppo- 
sèrent à  ce  que  Cléopàtre  réglât  seule  les  affaires  de  fEtat.  Lne  com- 
plète désunion  s'ensuivit  bientôt  entre  le  frèi'e  et  la  sœur,  et  Cléopà- 
tre, s'enfuit  en  Syrie,  afin  d'y  solliciter  un  appui  pour  l'aider  à  com- 
battre son  jeune  frère  et  ses  conseillers.  Ptolèmée  de  son  côté,  mit 
tout  en  œuvre,  afin  de  rester  seul  maître  du  pouvoir.  Il  tenta  de  ga- 
gner la  confiance  de  César,  en  prenant  parti  contre  Pompée,  qu'il  fit 
assassiner.  Ce  fiit  son  ministre  The'odote  qu'il  chargea  d'aller  offrir 
au  dietateur  romain,  la  tête  de  ce   grand  vaincu.  César   recompensa 


PTOLÉMÉE    XIV'     DIONVSUS  ?  11',» 

cet  liuiiiMe  ciime,  eu  prenant  pour  maîtresse  CU-opàtre,  la  femme  ilo 
l'iole'me'e,  et  se  (iéolara  ouvei'temcut  l'enncniidu  roi,  qui  maigri?  une 
énergie  <le  d^l''>nse  extraordinaire,  pour  un  aussi  jeune  homme,  fut 
d>'  ..'.t  par  Cir'<ar  et  périt  noyé  dans  le  Nil  en  cherchant  son  salut  sur 
un  vaiss>aii,  qui  somljra  sous  les  poid  des  fuvards  qui  s'efforçaient 
de  gigner  l'auire  rive  en  se  jetant  pèle  mêle  sur  le  vaisseau  royal. 
'-^'".  —  Tète  cornue  et  diadémée  de  Jupiter  Ammon  à  droite. 

11).  uvov  UAiov  LMiALii:;  Aigle  sur  un  l'oudre  ;\  gauche  ; 
devant,  L'acrostûUv.m.  Gravée,  pi.  X.  M  ' 

438.  —  Même  médaille,  d'une  fabrique  encore  plus  barbare.  JEP 

Cette  piè^e  par.  ::  t  :'e  la  m'me  que  celle  pullieepar  Mionnet,  suppl. 
IX,  page  22.  n.  120,  et  aussi  par  Ch.  Lenormant.  Trésor,  de  Kum. 
et  de  Gl'ipt.  pi.  SS,  n.  18.  Mionnet  a  cru  voir  dans  le  champ  un  lo- 
Ciis,  et  Ch.  Lenormant  un  trident;  la  pièce  e'tait  si  mal  venue  à  la 
fiappe  qu'il  e'iait  reelleinei.t  difficile  d'en  distinguer  le  symbole. 

Ainsi  qu'on  a  pu  le  remarquer  dans  les  notes  placées  après  les 
n  '.  21(3  à  218,  239  et  240,  pages  54  et  Gl,  nou.s  avons  enlevé  à 
ce  souverain,  toutes  les  belles  monnaies  qui  lui  avaient  été  as- 
signées par  nos  devanciers  (1).  Nous  croyons  avoir  ilémontré 
dans  ces  notes  l'impossibilito  de  maintenir  a  ce  règne  un  mon- 
najage  dont  le  travail  d'art  est  en  opposition  si  flagrante  avec 
tout  ce  que  l'on  connaît  de  cette  époque  (2). 


(1)  Vaillant,  ffist.,  PtoL,  pages  146  à  162.  Visconti,  Iconographie 
Grecque,  page  200  tom.  3. Mionnet,  VI,  page  32.  n.  250  et  "257.  iJ. 
sup.  IX,  pages  18  et  10  n.  90  à  101 .  Ch.  Lenormant.  Trésor  de  Xurn., 
et  de  Glyptique,  page  108  et  pi.  80,  n.  12,  13  et  14,  et  id.  pi.  87. 
lettre  I.  Letronne,    Revice  numismatique  1843,  pages  174  à  170,  etc. 

(2)  M.  F.  Bonqjois,  parfaitement  connu  des  numismatistes  par  plu- 
sieurs travaux  sur  les  monnaies  de  la  Macédoine,  la  Cyrénaïque,  etc., 
avait  trouvé  comme  nous,  que  ces  monnaies  ne  pouvaient  être  main- 
tenues à  l'époque  assignée  par  tous  les  auteurs.  Il  avait  déjà  préparé 
pour  la  Revue  numismatique  un  travail  très  étendu  sur  les  rectifica- 
tions à  faire.  Voyant  que  l'accord  le  jdus  complet  existait  entre  nous 
sur  les  nouvelles  attributions,  et  que  nos  planches  gravées  déjà  depuis 
longtemps  attestaient  cette  confraternité  de  vues  sur  les  points  liti- 
gieux, et  Cela  sans  nous  être  entendus,  M.  Bompois  a  eu  l'extrême 
courtoisie  de  nous  laisser  la  priorité  des  rectifications  à  faire  et  nous 
saisissons  ici  l'occasion  de  lui  en  témoigner  toute  notre  gratitude. 


120  PTOLÉMÉE    XIV?    DIONYSUS? 

Nous  ne  prétendons,  certes,  pas  nier  que  ce  règne  ait  fourni 
des  monnaies  durant  sa  courte  existence  ;  il  y  a  dû  marquer  dans 
les  annales  numismatiques  de  l'empire  Greco-Égjptien  parvenu 
à  son  déclin.  Il  est  hors  de  doute  que  de  nombreuses  monnaies 
d'airain  ont  été  fabriquées,  d'abord  probablement  pour  Cléo- 
pâtre  et  Ptolémée,  mais  surtout  pour  Ptolcmée  seul,  pendant 
les  8  mois  environ  où,  sa  sœur  partie,  il  était  seul  possesseur  du 
trône.  Et  à  cette  époque  il  faisait  d'immenses  préparatifs  de 
guerre  pour  lutter  contre  cette  sœur  et  ceux  qui  la  soutenaient 
de  leur  crédit. 

Si  on  admet  l'hypothèse  proposée  page  92,  de  classer  aux 
souverains  et  souveraines  qui  ont  partagé  un  égal  pouvoir  dans 
le  gouvernement  les  pièces  portant  deux  aigles  au  revers, 
(n.  349  à  363)  le  n.  355  qui  est  gravé  pi.  VII,  pourrait  parfai- 
tement avoir  été  frappé  par  Cléopâtre  VII  et  son  frère  aine 
pendant  le  commencement  de  leur  règne.  On  verra  après  la 
description  de  cette  pièce  la  réserve  que  nous  avons  cru  devoir 
formuler  sur  l'époque  d'émission  de  cette  monnaie. 

On  peut  également  se  convaincre,  par  l'ordre  que  nous  avons 
assigné  à  l'une  des  pièces  ci-dessus,  (pièce  publiée  tout  à  fait 
à  la  fin  de  nos  planches  d'incertaines,  dont  la  gravure  est, 
comme  nous  l'avons  déjà  dit,  terminée  depuis  plus  de  quatre 
mois),  que  nous  avions  tout  d'abord  signalé  ces  pièces  comme 
de  la  plus  basse  époque  :  la  place  que  nous  leur  avions  départie 
était  en  quelque  sorte  la  dernière  limite,  le  dernier  monnayage 
de  cuivre  de  l'Egypte  sous  ses  rois. 

En  classant  aujourd'hui  ces  pièces  au  XIV  Ptolémée,  nous 
pensons  avoir  encore  touché  à  la  vérité  ;  tous  les  témoignages 
semblent  se  rencontrer  pour  leur  assigner  cette  époque  :  le 
travail  artistique,  l'extrême  négligence  dans  la  manière  de 
frapper  la  monnaie,  négligence  qu'on  trouve  seulement  sous 
Cléopâtre  et  sur  les  premières  monnaies  frappées  pour  Auguste. 

Le  symbole  tout  maritime  qui  figure  sur  ces  pièces,  et  qu'on 
ne  rencontre  ailleurs  qu'une  seule  fois  dans  toute  la  numisma- 
tique lagide,  peut  ainsi  trouver  son  explication.  La  victoire 
remportée  par  trahison  sur  le  malheureux  Pompée,  qui  fut  si 
misérablement  assassiné  en  vue  du  rivage  d'Egypte,  au  mo- 
ment où  il  comptait  se  rendre  chez  un  ami,  nous  semble  donner 


CLEOPATRE  VII.    PHILOPATOII .  1;.M 

une  créance  suffisante  à  notre  opinion.  Nul  n'ignore  que  ce 
Ptolémée  eut  un  soin  tout  particulier  de  sa  flotte;  que  ses  occu- 
pations se  concentraient  sur  ce  moyen  de  défense  ;  c'était  sur 
cette  flotte  qu'il  comptait  pour  s'affranchir  du  despotisme  de 
César  et  de  Rome,  et  c'est  sur  elle  et  par  elle,  qu'il  perdit  sa 
couronne  et  la  vie. 


CLEOPATRE  VII,    PHILOPATOR. 

(Règne  22  ans,  de  l'année  51  à  l'an  30  avant  .1  -C.) 

Nous  serons,  s'il  se  peut,  laooniiiue  dans  la  notice  sur  cette  reine, 
aussi  célèbre  par  ses  crimes  que  par  sa  ^'alanterio  :  tous  les  bio- 
graphes ont  disserté  à  loisir  sur  sa  vie  privée  et  politique.  Sa  ré-, 
putation  de  beauté  a  fait  le  sujet  de  nombreux  commentaires  de 
la  part  de  nos  histoires  modernes. 

Les  monuments  numismatiques  démontrent  tous  que  cette  réputa- 
tion de  beauté  a  été  de  tout  temps  complètement  usurpée.  Les  histo- 
riens anciens  sont  d'accord  avec  les  monuments  pour  protester  contre 
cette  manière  de  voir  :  Plutarque  ,  .Vppion  d".\lexandrie  et  Dion 
Cassius  sont  unanimes  pour  dire  que  cette  reine  n'était  pas  d'une 
beauté  frappante  comme  traits ,  mais  que  son  esprit  et  sa  grâce 
répandaient  tant  de  charmes,  qu'il  était  difficile  de  lui  résister  :  elle 
parlait  toutes  les  langues  ,  réunissait  les  connaissances  les  plus 
étendues,  et  possédait  surtout  l'art  de  captiver. 

Au  moment  de  monter  sur  le  trône,  elle  épousa  son  jeune  frère 
Ptolémée  XIV  Dionvsus,  lequel  la  chassa  du  trône.  César  lui  rendit 
le  pouvoir  en  l'année  47  (avant.  J.-C).  Elle  eut  un  fils  de  ce  célèbre 
dictateur  qui  fut  nommé  Césarion.  Elle  épousa  ensuite  son  second 
frère  Ptolémée  XV,  qui  vécut  avec  elle  quatre  années  seulement.  Elle 
le  fit  empoisonner  l'année  44  (avant  J.-C).  Ensuite  elle  gouverna 
seule  l'Egypte  jusqu'en  l'année  41  où  elle  se  lia  avec  Marc  Antoine, 
qui  fut  son  amant  jusqu'à  l'époque  de  sa  mort  (an  30  avant  J.-C). 
Avec  cette  princesse  finit  la  dynastie  des  Lagides  en  Egypte. 

Monnaies  frappées  en  Egypte. 

Nous  pensions  bien,  en  atteignant  cette  époque,  en  avoir  com- 
plètement fini  avec  nos  commentaires  ;  la  série  des  monnaies 
de  cette  princesse   ayant  été  étudiée    jusqu'à,  satiété  par  les 

10 


122 


CLEOPATRE    VII,    PHILOPATOR 


nunaismatistes  anciens  et  modernes.  Nous  devions  en  elFet 
nous  croire  complètement  au  terme  de  notre  tâche.  Hélas  \ 
nous  nous  étions  grandement  trompé:  aussi  demanderons-nous 
à  nos  lecteurs  encore  un  peu  de  patience^  car  ce  règne  est  peut- 
être  celui  de  tous  qui  nous  aura  occasionné  les  plus  sérieuses 
recherches;  trop  heureux  si  nous  pouvons  encore  ici,  à  l'aide 
de  ces  monuments,  éclaircir  quelques  points  restés  obscurs  ; 
toutefois ,  nous  pensons  avoir  établi  d'une  manière  positive 
l'ère  de  la  ville  de  Béryle,  et,  pour  lors,  avoir  comblé  une 
importante  lacune  de  l'histoire. 

439.  —  Tète  diadémée  de  la  reine  à  droite. 

rV  BAïiAiiiiii  kaeo.'iatpa:;.  Aigle  sur  un  foudre  àgauche; 
devant,  une  corne  d'abondance,  derrière,  la  lettre  ii.  yE  " 

4-10.  —  Même  pièce,  d'un  autre  style.  Gravée,  pi.  VIII.         ^E  " 

441.  —  Même  pièce,  la  tète  de  la  reiiie  plus  vieille.  .'E  " 

Mionnet,   VI,  n.  S59  et  260.  Ch.  Lenormant,    Glyptique,  pi.   86, 
n.  10,  et  F.  Lenormant,  Lagides,  pi.  i,  u.  3. 

M  F.  Lenormant,  pages  10  et  11,  essaye  de  démontrer,  que 
ces  pièces  de  cuivre  ont  été  aussi  frappées  en  Chypre.  U  revient 
à  deux  reprises  sur  cette  lettre  n,  selon  lui,  initiale  du  nom  de 
Paphos.  Il  parait  inconcevable  que  ce  savant  n'ait  pas  eu  l'idée 
de  rapprocher  ces  pièces  de  celle  que  nous  décrivons  ci-après, 
qui  n'est  autre  qu'une  division  de  la  première;  comment  expli- 
quer ici  la  lettre  M,  qui  se  trouve  gravée  juste' à  la  même  place 
que  le  II.  Ces  mêmes  lettres  H  et  M,  figurent  également  sur  les 
monnaies  d'Auguste  du  même  module,  et  de  fabrique  iden- 
tique, décrites  sous  les  n  "  539  et  5 10  de  la  seconde  partie  de 
ce  travail.  Personne,  que  nous  sachions,  ne  s'est  jamais  imaginé 
de  dire  que  ces  pièces  d'Auguste  aient  été  frappées  en  Chypre. 
Elles  sont,  comme  celles  de  Cléopâtre  ,  incontestablement  de 
fabrique  égyptienne.  Les  monnaies  de  l'empereur  Auguste 
frappées  dans  l'ile  de  Chpyre  et  publiées  par  Mionnet  (1), 
démontrent  parfaitement  ce  fait.  On  remarqué  déjà  à  cette 
époque  un  changement  radical  dans  la  fabrication   des   mon- 


XD  T.  IV,  p.  671,  n.  2,  et  supplément  IX,  p.  304,  b.  2  et  3. 


CLEOPATRE  VU,  PHILOPATOR  123 

naies  des  peuples  soumis  aux  lois  romaines.  En  Chypre,  comme 
dans  tant  d'autres  provinces,  on  constate  une  renaissance  dans 
l'art  de  la  gravure  des  coins;  mais  eu  Egypte  tout  parait  au 
contraire  y  rester  stationnaire,  et  cette  décadence  se  perpétue 
jusqu'au  règne  de  Constantin  :  on  peut  citer  seulement  quelques 
coins  remarquables ,  sous  les  règnes  de  Domitien,  Hadrien, 
Antonin,  Alexandre  Sévère  et  Marnée. 

Letronne,  en  parlant  des  pièces  de  Cléopâtre,  n.  439  à  441,  dit 
que  ces  monnaies  ont  dû  être  frappées  en  Syrie  au  moment  où 
cette  reine  cherchait  à  y  lever  des  troupes  pour  reconquérir  son 
royaume  (1).  Ce  savant  semble  avoir  commis  une  faute  aussi 
grave  que  celle  de  M.  Lenormant.  S'il  avait  examiné  les  pièces 
d'Auguste  citées  ci-dessus,  il  n'aurait  pas  fait  la  tentative  de  reti- 
rer ces  monnaies  de  leur  pays,  qui  est  parfaitement  l'Egypte. 

442.  —  Tète  diadémée  de  la  reine  à  droite  (type  des  pièces  pré- 
cédentes). 

n|.  ba:;iaushs  KAEonATP.vi.  Aigle  sur  un  foudre  à  gauche 
devant,  une  corne  d'abondance  ;  derrière,  la  lettre  M.. 
Gravée,  pi.  VIII.  M'- 

Mionnet,  VI,  n.  2(51  à  263  et  Cli.  I.euormant,  Gli/ptigxte,  pi.  86, 
D.  15. 

Tous  les  amateurs  de  médailles  antiques  ont  dû  faire  la 
remarque,  que,  à  partir  du  règne  de  Cléopdtre,  le  monnayage 
du  numéraire  d'argent  semble  disparaître  presque  complète- 
ment de  l'Egypte  pondant  à  peu  près  un  demi-siècle  (2).  En 
effet,  excepté  quelques  rarissimes  drachmes  au  nom  de  cette 
princesse,  on  ne  trouve  plus  sous  son  règne  d'autres  monnaies 
d'argent  de  modules  supérieurs.  Il  est  présumable  que  les  tétra- 
drachmes  étaient  tombés  dans  un  complet  discrédit,  sans  doute 
A  cause  des  fraudes  commises  par  Aulète,  le  père  de  Cléopâtre, 


(1)  Reçue  Numismatique,  aimée  1863,  p.  182. 

(2)  Les  monnaies  d'argent,  ou  autiement  dit  de  potin,  ne  reparais- 
sent à  la  vérité  qu'en  l'année  14  du  règne  de  Tibère,  et  ces  monnaies, 
quoique  à  très-bas  titre,  sont  cependant  géuéralemeut  de  meilleur 
aloi  que  deccrtaiues  pièces  frappées  sous  .\ulète  :  nous  avons  cons- 
taté une  moyenne  de  300  millièmes  de  fin. 


124 


cr.Kol'ATIlK   VII,   rillLOP.VTOR 


lequel,  ou  l'a  déjà  vu,  avait  fini  par  introduire  dans  l'arg-ent 
tant  d'alliage  de  cuivre,  que  ce  métal  dépassait  en  quantité  la 
matière  de  bon  aloi. 

On  dut  alors  se  servir  en  Egypte  des  monnaies  de  bon  métal, 
frappées  chez  les  peuples  voisins  ;  de  nombreuses  trouvailles  de 
monnaies  romaines  d'or  et  d'argent ,  qui  ont  été  faites  dans  ce 
pays,  prouvent  aussi  que  le  numéraire  romain  devait  avoir 
également  un  cours  assuré  dans  cette  contrée.  L'histoire  men- 
tionne les  énormes  dépenses  de  la  fastueuse  souveraine  do 
l'Egypte,  laquelle  semait  l'or  et  l'argent  partout  où  elle  pas- 
sait; et  de  l'an  (i  jusqu'à  la  17"  année  de  son  règne,  nous  ne 
voyons  aucune  monnaie  à  son  effigie  frappée  en  métal  pré- 
cieux ;  donc  elle  devait  se  servir  seulement  des  monnaies  ro- 
maines ou  de  celles  émises  par  les  peuples  voisins  de  son  pays. 
On  ne  trouve  positivement  que  des  pièces  d'airain  frappées  en 
Egypte,  et  c'est  de.  cette  époque  de  ruine  et  de  misère  chez  ce 
peuple  que  doivent  dater  les  émissions  de  petites  pièces  de  cuivre 
mal  frappées,  avec  biseau  informe,  système  de  monnayage  qui 
fut  très-répandu  sous  Auguste  et  Tibère  et  dont  la  fabrication  se 
perpétua  pendant  environ  130  ans,  jusque  sous  le  règne  d'An- 
tonin  ;  ces  émissions  prouvent  que  le  numéraire  devait  être 
rare  dans  ce  pays,  et  que  ces  valeurs  infimes  avaient  cependant 
leur  importance  pour  les  transactions. 

(M  est. aussi  en  droit  d'être  étonné  de  la  rareté  réelle  des 
monnaies  d'argent  en  bon  métal,  soit  en  petit,  soit  en  grand 
module,  frappées  en  Asie  pour  Antoine  et  Cléopâtre  ;  ces 
émissions  durent  cependant  s'exécuter  sur  une  très-grande 
échelle  ,  les  drachmes  surtout,  qui  étaient  servilement  copiées 
sur  les  deniers  romains.  Antoine  qui  tenait  à  se  montrer  aux 
peuples  qu'il  venait' de  conquérir,  ainsi  qu'à  son  armée,  avec 
cette  reine,  dont  il  avait  eu  l'audace  de  faire  une  déesse,  et  à 
laquelle  il  avait  donné  tant  de  riches  provinces,  dépendantes  de 
Rome,  (puisqu'elles  avaient  été  subjuguées  avec  le  concours  des 
soldats  romains),  dut  faire  frapper  d'immenses  quantités  de 
monnaies  avec  les  deux  tètes.  Il  ne  serait  peut-être  pas  illo- 
gique d'admettre  que  son  compétiteur,  Auguste ,  qui  sut  si 
adroitement  insinuer  au  peuple  romain  de  rendre  le  nom 
d'Antoine  infâme,    en  renversant  ses  statues,  ait  aussi  donné 


cLHoPATm-;  vil.  l'im.oi'Mou  125 

ordre  aux  monnayeurs  do  retirer  de  la  circulation  les  pièces 
portant  ces  deux  effigies  ;  mais  ces  entrepreneurs  de  la  fabri- 
cation du  numéraire,  devant  subir  une  perte  rcelle  sur  les 
pièces  fourrées,  remirent  sans  nul  doute  ces  dernières  en  cir- 
culation ;  de  là  le  nombre  très-considérable  de  ces  pièces 
fausses  antiques  que  l'on  remarque  dans  toutes  les  collections; 
nous  avons  pu  constater  que,  sur  12  deniers  romains  aux  deux 
tètes,  il  y  en  a,  au  moins  9  de  fourrées  ;  la  même  proportion 
existe  sur  les  tétradrachmes,  frappés  probablement  à  Antioche 
de  Séleucie. 

Monnaies  frappées  en  Europe  et  en  Asie. 

En  groupant  ici  ces  monnaies  de  peuples  différents,  on 
pourrait  avec  un  semblant  de  raison  nous  faire  le  reproche  de 
sortir  du  cadre  de  la  numismatique  égyptienne  ;  mais  si  on 
veut  bien  se  reporter  à  lepoque  dont  nous  relatons  certains 
faits,  on  nous  pardonnera  facilement  cette  confusion  do  des- 
criptions et  de  notes. 

Nul  n'ignore  que,  pendant  la  dernière  partie  du  règne  de 
Cléop;Ure,  la  toute-puissance  égyptienne  n'existait  plus  en 
fait  :  Caton,  Pompée,  César  et  Antoine  avaient  déjà  impose 
leurs  lois  à  ce  peuple  abâtardi.  A  cette  époque  néfaste,  la  na- 
tionalité gréco-égyptienne  avait  disparu,  les  conquérants  ro- 
mains avaient  foulé  sous  les  roues  de  leurs  chars  cette  vieille 
civilisation  dissolue  ;  le  peuple  romain,  avare,  turbulent  et 
égoïste,  avait  accaparé  les  derniers  vestiges  de  ce  monde 
moitié  hellène,  moitié  asiatique,  et  s'en  était  fait  un  élément 
de  rapines,  de  productions  et  de  jouissances. 

Une  seule  tête  semblait  résister  encore  au  milieu  de  cette 
société  expirante,  une  femme,  une  reine,  plus  courtisane  que 
souveraine,  mais  une  sirène  d'une  grande  énergie,  merveilleu- 
sement douée  pour  la  séduction;  a  l'aide  de  ses  charmes  et  de 
la  ruse  de  son  esprit,  elle  sut  tenter  un  effort  surhumain  contre 
l'asservissement  de  Rome;  et  peu  s'en  fallut  qu'elle  ne  triom- 
phât et  ne  devînt  la  toute-puissante  dominatrice  et  la  maî- 
tresse du  monde  entier. 

Nous  croyons  donc  avoir  un  certain  droit  de  réunir  sous  un 


126  i:LÉOPATRK  Vil.   PHlLOPVTOn 

dernier  vestige  du  pouvoir  égyptien  les  monnaies  frappées  par 
les  peuplades  qui  s'étaient  volontairement  rangées  ou  laissées 
placer  sous  sa  puissance.  Chacun  sait  que  cette  femme  avait 
fait  de  Marc- Antoine,  son  serviteur  et  son  esclave  :  elle  le 
promenait  de  contrée  en  contrée ,  et  partout  les  peuples 
abrutis  leur  donnaient  des  fêtes,  et  élevaient  des  arcs  de 
triomphe  en  leur  honneur. 

Ces  actes  de  décadence  et  d'assorvis.'^ement  se  passaient  non- 
seulement  en  Orient,  maisj  encore  dans  l'Attique  et  dans  l'A- 
chaïe;  à  Athènes,  les  habitudes  de  magnificence  de  cette  reine 
subjuguèrent  le  peuple  à  un  tel  point  qu'on  lui  décerna  les 
plus  grands  honneurs.  Antoine  lui-même  parut  devant  elle 
comme  citoyen  de  la  ville,  et  se  cliargea  de  lui  otl'rir  le  triliut 
d'hommages  de  tous  les  habitants. 

Comme  on  le  voit,  cette  femme  marquait  partout  les  étapes 
de  son  ambition,  elle  flattait  les  peuples  en  les  fascinant ,  et  en 
les  gorgeant  d'or  et  de  plaisirs;  certes,  elle  était  loin  alors  de 
prévoir  le  revers  de  fortune  qui  l'attendait;  elle  passait  joyeuse 
et  triomphante  :  nul  ne  semblait  s'attendre  à  ce  que ,  peu  de 
temps  après  ,  elle  et  son  amant  seraient  anéantis  a  tout  jamais, 
et  cela,  par  la  plus  honteuse  défaite. 

<Jn  ne  peut  nier  que  les  monnaies  que  nous  avons  groupées 
ici,  ne  jettent  une  certaine  lumière  sur  cette  époque  à  jamais 
mémorable,  où  (Jctave,  plus  grand  peut-être  que  son  aïeul,  s'ef- 
forçait, par  sa  haute  politique  et  son  extrême  prudence,  de  ré- 
générer ce  peuple  Romain,  en  étoulfant  en  même  temps  la  ré- 
publique agonisante  et  la  royale  courtisane,  qui  menaçait  par 
sa  démoralisation  et  son  faste,  d'achever  de  plonger  le  monde 
entier  dans  un  chaos  inextricable.  Nul  n'ignore  à  quel  degré  de 
civilisation  Rome  sut 'i'enaitre  sous  le  règne  d'Auguste;  avant 
lui,  cette  ville  n'était  qu'une  immense  bourgade  d'habitations 
infectes  et  malsaines  :  ce  premier  empereur  et  ses  énergiques 
partisans  surent  en  faire  en  quelques  années  une  ville  de  temples 
et  de  palais,  la  plus  riche  du  monde. 


:leopatre  VII,  piiir.opMOR 


127 


443.  —  p.\CiAicr,A    K.vEonATPA.   Buste  diadème  de  la    reine,   ù 
droite. 

i^.  AriAC  AYKDXoc  nATPEnN.  Fleur  de  lotus  cernée  de 

deux  épis,  remplissant  le  champ.  ^-E  '"  '/., 

Mionnet,  VI,  page  G05,  n.  56,  et  H.  Coben,  Catulogue  de  la  col- 
lection de  M.  J.  Gréait  n.  1490. 

Cette  rare  pièce  est  encore  des  plus  curieuses ,  elle  constate 
ce  que  nous  avons  relaté  dans  la  note  précédente,  que  les  peu- 
ples de  l'Achaïe  avaient,  comme  ceux  de  l'Attiquc,  montré  un 
empressement  extraordinaire  à  olTrir  leurs  hommages  à  cette 
femme  dissolue;  nonrseulement  la  ville  de  l'atras  lui  décernait 
les  titres  les  plus  courtois  ,  mais  encore  elle  flattait  la  coquet- 
terie de  la  reine  en  donnant  ù  la  représentation  de  ses  traits 
une  beauté  de  type  et  un  caractère  de  jeunesse  que  nous  ne 
retrouvons  à  cette  époque  que  sur  la  monnaie  d'Aradus(n.  448). 
Lfi  également,  la  physionomie  de  Cléopâtre  ne  ressemble  eu 
rien  à  tous  les  portraits  que  nous  connaissons  de  cette  reine. 


l-i^  CI.L-nPATRE     VII,      l'IllI.OPATOri 


444.  —   Buste  de  Cléopàtre  à  droite;  devant,  ln  (année  50). 

i^.    Neptune    dans    un    quadrige  de    chevaux  marins 
allant  à  gauclie;  devant,   mi  (abréviation  du   nom  de 

Béryte),  derrière,  ^  ka  (an  21.).  . 

LE    (an  6).  .     -^^ 

Voici  encore  une  pièce  unique,  qui  paraît  avoir  une  impor- 
tance majeure  pour  l'iiistoire  de  la  Pliénicie;  elle  donne,  il  sem- 
ble, d'une  manière  irréfutable  la  date  de  la  renaissance  de  la 
ville  de  Bérjte. 

Quantité  d'auteurs  ont  discuté,  et  souvent  très-longuement, 
sur  l'ère  de  cette  ville,  dont  on  connaît  tant  et  de  si  intéres- 
santes monnaies  surtout  pendant  l'époque  impériale.  Vailhxnt 
croyait ,  d'après  Polybe,  pouvoir  placer  cette  ère  en  l'an- 
née 115  de  celle  des  Séleucides  (l'année  557  de  Rome,  197 
av.  J.-C.).  Pellerin  (1)  combat  l'opinion  de  son  prédécesseur 
en  disant  que  si  l'ère  de  Béryte  a  pour  point  de  départ  la  date 
de  la  conquête  de  laPhénicie  par  Antiochus  III,  beaucoup  d'au- 
tres villes  de  cette  contrée  devraient  également  prendre  cette 
époque  pour  point  de  départ  de  leur  ère.  Eckhel  prend 
encore  le  parti  de  Pellerin  ;  il  paraît  regarder  comme  incer- 
taine l'ère  de  cette  ville,  il  dit  (2)  :  «  A  quo  principio  hi  anni 
procédant,  definiri  ex  nummis  hactenus  notis  non  potest. 


(1)  Recueil  de  médailles.  Tom.  2,  page  215. 

(2)  Doctrina,  Niim.  vet.,  vol.  III,  page  355. 


i:léopatre  vm,  philopator  129 

Mionnet,  si  soigneux  d'hal^itude,  vient  aussi  donner  des  dates 
impossibles  (1).  On  ne  peut  voir  dans  la  première  qu'une  grosse 
faute  d'impression;  car  l'année  556  de  l'ère  des  Séleucides  nous 
conduit  à  une  époque  très-avancée  de  l'empire  romain,  et  à 
cette  époque,  la  ville  de  Bérjte  était  transformée  en  colonie  ro- 
maine depuis  plus  de  deux  siècles.  Le  même  auteur  commet  uue 
faute  encore  très-grave,  en  disant  dans  la  note  de  la  page  239 
du  volume  cité,  et  cela  en  mentionnant  la  pièce  de  Béryte 
portant  des  dates  en  caractères  grecs  :  «  L'an  53  de  l'ère  de 
»  la  conquête  de  la  Phénicie  par  Antiochus  le  Grand,  corres- 
»  pond  à  l'année  114  de  l'ère  des  Séleucides  :  les  dates  qui  pré- 
»  cèdent  appartiennent  à  la  même  ère  à  ce  qu'il  parait.  » 
On  verra  plus  loin  combien  ces  assertions  sont  erronées. 
L'ouvrage  qui,  à  notre  connaissance,  a  été  le  plus  étudié  sur 
l'ère  de  la  ville  de  Béryteest,  sans  contredit,  celuide  feu  Allier 
de  Hauteroche  (2).  Ce  savant  fixe  la  date  de  cette  ère  d'après 
une  tessôre,  sujet  principal  de  son  travail,  à  l'année  198  ou  197 
avant  J.-C.  ;  les  dates  qu'il  lit  sur  sa  tessère  étant  AZP  (an 
ICI),  et  MZ,  (an  47). 

Si  la  tessère  mentionnée,  portant  ces  deux  dates,  est  réelle- 
ment de  Bérjte,  il  faudrait  reconnaître  que  cette  cité  aurait  eu 
deux  ères  différentes,  puisque  Strahon  mentionne  (3)  que 
la  ville  de  Bérjte  fut  détruite  de  fond  en  comble  par  Trvphon, 
pour  avoir  osé  prendre  parti  pour  Antiochus  VI  son  pupille, 
dont  il  venait  d'usurper  le  trône,  en  empoisonnant  ce  jeune 
roi  ;  il  est  vraiment  extraordinaire  que  les  savants  que  nous 
venons  de  citer  aient  tous  bâti  d'aussi  fragiles  échafaudages, 
surtout  en  connaissant  ce  fait  historique  irrécusable.  En  efl'et,  les 
dates  197  ou  198  avant  J.-C,  invoquées  par  ces  numismatistes, 
sont  mathématiquement  impossibles;  tous  s'accordent  à  une 
année  près  comme  point  de  départ.  Or,  en  l'année  198  avant 
J.-C,  la  ville  de  Béryte  devait  être  en  pleine  prospérité,  puis- 


(1)  Supplément,  tome  VIII,  page  238. 

(2)  Essai  siir  l'explication  d'une  tessère  antique  portant  deux 
dates ,  et  conjectures  sur  l'ère  de  la  ville  de  Bèryte  en  Phénicie 
Paris,  Didot.  1820  in- 4" 

(3)  Strabo,  lib.  XVI. 


130  ri.Éop\TnK  vit,  piiilopator 

qu'elle  ne  fut  rasée  que  56  ans  plus  tard,  par  les  ordres  de 
Tryphon  ((312  de  Rome  1 12  avant  J.-C).  Cette  date  est  indiscu- 
table et  il  est  positif  qu'elle  met  tous  les  travaux  cités  plus  haut 
à  néant. 

Venons  maintenant  à  notre  médaille,  qui,  il  nous  semble, 
donne  enfin  le  mot  de  l'énigme,  en  fixant  à  une  année  près  la 
date  exacte  de  la  restauration  de  cette  importante  ville. 

Comme  nous  l'avons  mentionné  dans  la  note  placée  après  le 
n'>  448,  rnonnaie  également  de  la  même  princesse,  l'année  21 
du  règne  de  CléopAtre,  qui  est  aussi  la  6"  de  son  nouveau 
règne,  correspond  à  l'année  de  Rome  723  (31  avant  J.-C.)  281 
de  l'ère  des  Séleucides.  Or.  notre  monnaie  portant  justement 
d'un  cùté  ces  deux  dates  ;  et  de  l'autre  ln,  l'année  50,  étant 
incontestablement  la  date  de  l'ère  de  la  ville  où  la  monnaie  a 
été  frappée ,  ces  50  années  retranchées  de  l'année  723  de  Rome 
ou  31  (avant  J.-C.)',  nous  reportent  à  l'année  de  Rome  073 
ou  072  (80  ou  81  avant  J.-C).  Donc,  répétons-le,  do  l'une  de 
ces  deux  années  seulement  doit  partir  l'ère  do  la  reconstruc- 
tion de  la  ville  de  Bérj-te. 

Si  le  moindre  doute  pouvait  encore  exister  après  les  trois 
dates  de  cotte  monnaie,  les  autres  pièces  connues  de  cette  ville, 
à  légendes  grecques,  viendraient,  il  semble,  enlever  toute  in- 
certitude. On  connaît  en  effet  des  monnaies  autonomes  des 
années  19  (1),  20  (2),  31?  (3),  53  (1),  Pellerin  (ô)  cite  encore 
une  monnaie  portant  la  date  de  l'année  101 ,  mais  il  y  a 
longtemps  que  les  numismatistes  ont  fait  justice  do  cette 
attribution  erronée. 

En  résumé,  nous  ne  connaissons  comme  pièces  autonomes  que 
celles  des  années  que  nous  venons  de  citer,  et  la  pièce  unique  de 


(1)  Mionnet,  V,  page,  336,  n.  10. 

(2)  Liebe,  Gothn  Nxim.,  page    168,   et  Mioiinet,  VIII  ,  suppl.. 
page  239  n.  4. 

(3)  Mionnet,  Y.  page  335,  n.  7,  et  Supp.  YUI,  page  239,  n.  5 

(4)  Liebe,  Mus  Caesar.  Pellerin,  II,  pi.  LXXXI,  n.    10.  Mionnet, 
V,  page  336,  n.  14,  et  16.  Supp.  VIII,  page  239,n.  6  et  7. 

(5)  MiHanges,  tom.  2,  pi.  LXXXI,  n.  9,  et  Miounat,  Supp.   VIII. 
page  239,  n.  8,  d'après  le  même  auteur. 


CLÉOPATRE  VII,   PHILOP\T0R  131 

l'année  50  qui  fait  le  sujet  de  ce  commentaire  ;  or,  en  cette 
année  50,  Cléopûtre  devait  être  reine  de  la  contrée  où  la 
pièce  avait  été  frappée  depuis  déji'i  cinq  années,  et  elle  se  main- 
tint au  pouvoir  pendant  encore  un  an  au  moins.  On  pourrait 
donc  retrouver  des  monnaies  de  Tannée  22  de  son  avènement 
au  trùne  d'Egypte  ,  et  7  de  son  nouveau  régne,  portant  la 
date  de  la  51"  comme  année  de  l'ère  ;  mais  après  cette  époque, 
Cléopâtre  étant  morte,  les  monnaies  durent  redevenir  autono- 
mes. Or,  ces  témoignages  concordent  exactement  pour  établir 
que  toutes  ces  pièces  reportent  l'ère  de  Bérjte  ?i  l'an  SI 
ou  80  (avant  ,I.-C.).  Cette  coïncidence  d'espèces  royales  et 
autonomes,  embrassent  une  époque  très-re.streinte,  23  années; 
on  pourrait  cependant  trouver  encore  des  monnaies  autonomes 
ou  impériales  d'Auguste  datées  des  années  51  ^  67,  mais  pas 
au-del;\,  cette  dernière  année  correspondant  à  l'an  de  Rome 
740  (14  avant  J.-C),  époque  à  laquelle  Bérj-te  fut  réduite 
en  colonie  romaine  par  Auguste  (1),  qui  y  envoya  M.  Agrippa 
avec  deux  légions. 

Nous  eussions  été  heureux  de  trouver  dans  les  anciens  his- 
toriens ou  les  géographes ,  un  fait  d'une  importance  assez 
majeure  ,  arrivé  en  Phénicie  vers  l'année  de  Rome  072  :  cela 
nous  ertt  évité  une  aussi  longue  dissertation;  mais  rien,  abso- 
lument rien,  pas  le  moindre  fait  qui  puisse  expliquer  la  cause 
de  la  reconstruction  de  cette  ville,  qui,  suivant  l'usage  des 
vainqueurs  barbares,  avait  dû  subir  une  complète  destruction, 
et  dont  les  habitants  avaient  dû  être  tous  massacrés  ou 
dispersés. 

L'histoire  est  bien  dépourvue  de  faits  précis.  Dans  cette 
triste  Phénicie,  à  l'époque  qui  nous  occupe,  l'empire  des  Séleu- 
cides  n'existait  plus  que  de  nom  ;  ses  derniers  vestiges  de- 
vaient disparaître  16  années  plus  tard ,  tous  ses  peuples  étaient 
destinés  A  partager  le  sort  commun  réservé  au  trop  célèbre 


(1)  Eusèbe,  in  C/iron.,  mentionne  que  Béryte  fut  colonis<?e  sous 
Auguste,  la  troisième  année  de  la  CXCl"  olympiade,  qui  répond  à 
l'an  740  de  Rome  (14  avant  J.-C). 


132  cLiiurATRi:  vu,  piiii.opator 

démembrement  de  ce  prand-  empire  d'Alexandre,  et  tomber, 
après  deux  cent  cinquante  années  de  gloire,  de  splendeurs 
et  de  vicissitudes,  dans  labîme  que  les  despotes  de  la  répu- 
blique romaine  creusaient  constamment  sous  leurs  pas. 

La  vieille  Rome,  elle  aussi,  expirait;  mais  son  oligarchie  ren- 
fermait encore  assez  de  force  pour  infuser  quelque  vitalité  à 
ce  vieux  monde  engourdi  par  le  matérialisme  des  sens,  la  dé- 
bilité de  l'esprit  ;  et  des  lois  sévères  tentèrent  de  galvaniser 
cette  civilisation  sénile. 

Un  historien  géographe  assez  célèbre  du  siècle  dernier, 
E.  de  Mentelle,  dit,  dans  son  dictionnaire  de  géographie  an- 
cienne (1),  tome  I,  page  310,  en  parlant  de  la  ville  de  Bérjte  : 
»  Les  Romains,  après  la  conquête  de  la  Sjrie,  la  rebâtirent, 
»  mais  dans  le  voisinage  du  lieu  où  elle  avait  été,  etc.,  etc.  » 
Cette  assertion  n'étant  appuyée  d'aucune  preuve,  il  est  difficile 
de  l'admettre  ainsi  sans  contrôle;  d'autant  plus  que,  d'après 
notre  médaille,  l'ère  de  la  renaissance  de  la  ville  qui  nous 
occupe  date  juste  de  16  années  avant  la  conquête  définitive  de 
toute  la  Syrie  par  les  Romains. 

Il  parait  donc  démontré  que,  entre  les  années  612  de  Rome 
(1  (2  av.  J.  C),  époque  de  la  destruction  de  Béryte  par  les 
ordres  de  Tryphon,  et  l'année  740  (14  av.  J.  C),  date  de  la 
colonisation  de  cette  ville  par  Auguste,  aucun  fait  majeur 
n'est  signalé  pendant  cette  longue  période  de  128  années;  l'his- 
toire ne  mentionne  même  pas  le  nom  de  cette  importante  cité. 

La  médaille  publiée  ici  paraît  avoir  encore  un  intérêt  qui 
vaut  la  peine  d'être  indiqué  ;  non-seulement  elle  fixe  l'ère  de 
la  ville  ,  mais  elle  lève  aussi  toute  conjecture  sur  l'époque  où 
cette  cité  fut  transformée  en  colonie  romaine  ;  elle  prouve  que 
jusqu'en  l'an  de  Rome  726  (28  av.  J.-C),  les  légendes  des 
monnaies  étaient  grecques,  et  que  toutes  portaient  la  date  de 
l'ère  de  la  ville.  Or,  cette  preuve  met  à  néant  l'opinion  de 
Vaillant,  qui  pensait  que  cette  ville  était  déjà  transformée  en 
ccjonie  romaine  sous  Jules  César  ;  cela  à  cause  d'une  médaille 


(1)  3  vol.  ia-4"  et  120  cartes  et  plans.  Paris,  Panckouke,  1787 


CLliOPATRE  VII,    ET  MARC    ANTOOE  133 

sur  laquelle  il  lisait  col.  ivl,  ber.  Pline  lui-même  semble 
attribuer  à  ce  grand  capitaine  l'honneur  de  cette  colonisation  ; 
il  dit  en  effet  (1)  :  Berytus  colonia,  quœ  felix  Jiilia  aj)pel- 
latur;  mais  selon  Strabon  (2),  Eusèbe  (3)  et  le  marbre 
d'Ancjre  (4)  ,  c'est  réellement  sous  Auguste  que  cette  ville 
fut  colonisée,  et  notre  médaille  confirme  en  tous  points  cette 
version.  La  monnaie  portant  le  portrait  de  CléopAtre  avec  trois 
dates  en  lettres  grecques  démontre  que,  à  cette  époque,  la 
ville  n'était  nullement  colonisée,  car  les  lettres  seraient  latines 
tant  du  côté  de  la  tête  que  de  celui  du  revers  :  les  monnaies 
autonomes  de  l'année  53,  également  à  légendes  grecques,  vien- 
nent, répétons-le  encore,  corroborer  ce  l'ait. 


.      CLEOPATRE  VII,  ET    MARC   ANTOINE 

(Régnent  7  ans,  Je  l'an  36  à  l'an  30  av.  J.-C.) 

415.  —  r.AïiAicCA  KAKonATPA  MF.A  NF.-.,Tf.PA.  Buste  de  Cléopùtre, 
à  droite  ;  la  figure  vieille. 

R|.  A-\T^,M()  cavtokpatmP  tpito.\  tpI'.a  ,v.\aP'.,n.  Tète  nue 
d'Antoine,  h  droite.  Gravée,  pi.  VIII.  AR  ' 

Mionnef,  VI,  n.  26G,  et  sup.  IX,  pi.  V,  n.  5. 

Cette  rare  et  belle  pièce  a  été  trôs-vraisemblablement 
frappée  à  Antioche  de  Svrie  et  la'drachme  suivante  a  dû  être 
émise  en  même  temps  dans  une  des  villes  de  l'Asie-Mineure. 

Ces  monnaies  semblent  dater  du  commencement  du  nouveau 
règne  de  Cléopâtre,  au  moment  môme  où  Antoine  lui  donnait, 
pour  elle  et  ses  enfants,  toutes  les  villes  de  Syrie  que  les 
•  Romains  avaient  conquises,  comme  nous  l'avons  déjà  men- 
tionné. Marc  Antoine  dut  ordonner  des  émissions  très-consi- 
dérables de  ces  monnaies,  surtout  des  dernières,  les  drachmes, 
où  on  lit  l'inscription  pompeuse  de  armenia  devicta.  Répétons-le 
encore,  si  ces  pièces  sont  rares  dans  les  trouvailles,  c'est  que 


(1)  Lib.  V,  cap.  20. 

(2)  Lib.  XVI. 

(3)  loc.  cit. 

(4)  Chishull,  X>uiq.  asiatiques. 


134  CLÉOl'ATRE    Vil     ET    MARC    ANTOINE 

Auguste  sans  doute  en  ordonna  la  refonte  :  il  devait  souffrir  do 
voir  circuler  des  monnaies  au  type  de  sou  ennemi  qui  était  le 
mari  de  sa  sœur  et  qui ,  avec  un  cynisme  révoltant,  représen- 
tait, au  détriment  de  cette  princesse,  les  traits  de  sa  maîtresse 
sur  les  monnaies  courantes. 

410.      —      Cl.EOPATRAE      REGINAE      KE(iVM      FILIORVM     REGVM.     BUStC 

diadème  de  Cléopàtre  à  droite  ;  dessous  une  proue  de 
vaisseau. 

i^.  ANTONi  ARMENiA  DEvicTA.  Tète  uue  de  Marc-Antoine, 
à  droite;  derrière,  une  tiare.  Gravée,  pi.  VIII.         AR  * 
Cohen,  Monnaies  impériales,  t.  l,  p.  37,  a.    1  et  pi.  II,  n.  1. 

44~.  —  r.ACiA  0E.\  ^"E  {la  reine  nouvelle  déesse),  en  trois  lignes, 
dans  le  champ  de  la  médaille. 

l^.  ANTw  ïn.\  r.  (Antoine  consul  III) ,  également  en 
trois  lignes;  dans  le  champ  de  la  médaille.  Gravée, 
pi.  VIII.  M  ' 

MioDuet,  VI,  n.  268,  et  Ch.  Lenormaiit,  Glyptique ,  pi.  87, 
lettre  N. 

Tous  les  numismatistes  sont  unanimes  pour  reconnaître  que 
cette  pièce  a  dû  être  sortie  des  ateliers  égyptiens  ;  nous  ne  trou- 
vons cependant  nulle  ressemblance  avec  les  monnaies  fabriquées 
dans  ce  pays  :  le  flan  en  est  plat  et  mince,  tandis  que,  au  contraire, 
le  numéraire  d'airain  de  Cléopàtre  et  de  tous  ses  prédéces- 
seurs est  toujours  assez  épais  avec  des  bords  biseautés.  Le  bronze 
qui  a  servi  à  ces  émissions  semble  complètement  différent  de 
celui  de  la  pièce  ci-dessus.  Il  serait  peut-être  logique  de  re- 
porter cette  monnaie  à  une  des  villes  de  la  Cyrénaïque  ;  et  on 
trouvei'ait  probablement  la  localité  qui  l'a  émise,  en  recherchant 
en  quelle  cité  Antoine  passa  le  très- court  espace  de  temps  où 
il  obtint  l'honneur  du  consulat  pour  la  troisième  fois  ,  honneur 
qui  lui  fut  retiré  par  le  Sénat,  au  moment  où  Rome  autorisa 
ia  guerre  qui  devait  anéantir  la  gloire  et  la  fortune  de  ce 
personnage  à  Actium. 

On  connaît  des  deniers  d'argent  avec  ce  3"  consulat,  frappées 
en  Cyrénaïque  par  ordre  de  Scarpus  qui  y  commandait  la  VHP  lé- 
gion, rien  ne  semble  s'opposer  à  ce  qu'il  y  ait  aussi  fait  frapper 
des  pièces  de  cuivre. 


CLEOPATRE    VII     ET    MABr    ANTOINE  135 

448.  —  BACIAICCHC  KAEOiiATPAC  (légende  à  moitié  effacée). 

lij.  ETOVC.  KA.  TOV.  K.U.  E  t)EA  JSE'^jTEPX  (l'année  21  qui 
est  aussi  l'an  0  de  la  nouvelle  déesse).  Tète  nue  de  Marc- 
Antoine  à  droite.  Gravée,  pi.  VIII.  .E  '=■ 

Mionnet,    VI,   p.   33,  n.  267,    et  ea    second    lieu  ,  VIII,   sup. , 
p.  321,  n.  410,  classée  à  Aradus. 

.\iiisi  que  nous  l'avons  déjà  relaté,  dans  la  note  (jui  suit  le  n 
444,  cette  monnaie  est  d'une  importance  extrême  pour  l'his- 
toire des  régnes  de  M.  Antoine  et  de  Cléopàtre  :  elle  a  donné 
lieu  à  de  nombreux  commentaires  à  cause  de  la  daté  qui  figure 
au  revers  de  la  pièce.  Pellerin,  (1)  Eckhel,  (2),  Champollion 
Figeac,  (3)  et  Letronne,  (4)  ont  longuement  disserté  sur  cette 
double  date,  et  c'est  à  Champollion  que  revient  en  entier  l'hon- 
neur d'avoir  débrouillé  la  question.  11  a,  eh  effet,  donné  les  rai- 
sons les  plus  plausibles,  et  cela  d'une  manière  indiscutable  ;  se- 
lon lui,  le  point  de  départ  de  ces  doubles  dates  doit  être  fixé  à 
l'année  736  de  Rome,  époque  à  laquelle  Antoine  amena  captif 
le  roi  des  Parthes  Artabaze,  jusqu'aux  pieds  de  Cléopàtre, 
qu'il  salua  du  titre  de  reine  des  rois  ;  cette  femme  fut  telle- 
ment flattée  de  cet  acte  de  courtoisie  de  son  amant,  qu'elle  prit 
à  cette  occasion  le  titre  de  déesse,  et  qu'on  la  vit  affublée  du 
costume  et  des  attributs  d'Isis.  Ces  faits,  se  passant  dans  la  16' 
année  de  son  régne,  elle  data  ses  actes  de  cette  10'  année  comme 
reine,  mais  aussi  de  l'année  1  comme  nouvelle  déesse,  c'est-à- 
dire  première  année  d'un  second  règne  qu'elle  partageait  avec 
Marc  Antoine. 

Letronne  a  tenté  dans  son  article  déjà  cité,  publié  dans  la  Re- 
vue Numismatique  de  donner  l'époque  précise  où  ces  doubles 
dates  furent  inaugurées,  et  aussi  celle  à  laquelle  M.  Antoine  fit 
frapper  des  monnaies  h  son  nom  et  celui  de  Cléopàtre  :  il  cite 
deux  dates  et  ces  deux  dates  sont  complètement  erronées,  rien 
de  plus  simple  cependant ,  que  de  préciser  ces  époques. 


(1)  Médailles  des  Rois,  page  52  et  supplément,  tome  1 ,  page  6. 

(2)  Doct.  Num.  vcC.  tora.  4,  pag.  24. 

(3)  Annales  des  Laffides,  tome  2,  page3C0  et  seq. 

U)  lievue  Numismatique,  année  1843,  page  178  et  seq. 


136  CLÉOPATRK    VII    ET    MARC    AMOINE 

CléopAtre  avant  été  investie  du  pouvoir  l'an  de  Rome  703 
(51  av.  J.-C)  la  16"  année  de  son  règne  tombe  juste  en  l'an 
de  Rome  718  (30  av.  J.-C):  or,  les  monnaies  datées  de  l'an 
21,  et  6  du  nouveau  règne,  ont  dû  être  frappées  en  l'an  de 
Rome  723,  (31  av.  J.-C.)  ,  juste  une  aimée  avant  la  bataille 
d'Actium,  époque  de  l'anéantissement  de  la  fortune  d'Antoine 
et  de  sa  rojale  maîtresse. 


Monnaies  incertaines  de  bronze  des  rois 
d'Egypte 

119.  —  Tête  de  Jupiter  Ammon  à  droite. 

nj.  iiToiEMAioY  BAî:iAEns.  Aigle  au  repos  sur  un  foudre  à 
gauclie  ;  devant,  une  corne  d'abondance  ;  entre  les  jambes 
de  l'aigle,  XP,  monogr.  pi.  XII,  n.  55. Gravée,  pi.  IX.  jE  '•' 

Mioiinet,  VI,  n.  305,  et  Ch.  Lenormant,  Gli/ptique,  pi.  80.  n.  12. 

450.  —  Même  pièce,  d'une  plus  mauvaise  fabrique.  JE  " 

451.  —  Même  pièce;  d'un  beau  style.  JE  '" 

452.  —  Même  pièce;            id.                                ,  ^^ 

453.  —  Même  pièce;            id.  JE^ 

454.  —  Id.,  autre  division.  JE^ 

Cette  ilcrniére  pièce,  d"ua  stvlc  admirable,  a  été  publiée  par  Mion- 
net,  VI,  n.  350,  et  gravée,  pi.  78,  n.  8.  Et  aussi  par  Ch.  Lenormant, 
Gl>/2^tique,  pi.  88,  n.  5. 

Toute  cette  série  de  monnaies,  ainsi  que  les  n.  4C4,  488  et  495, 
ont  probablement  été  frappés  sous  Ptolémée  III;  la  fabrique 
en  est  très-belle.  On  voit  au  musée  Britannique  le  monogramme 
XP  figuré  sur  une  superbe  pièce  d'argent  de  la  reine  Bérénice  II 
frappée  en  Chjpre.  Ce  monogramme  doit  être  celui  d'un 
magistrat  monétaire,  qui  dirigea  les  nombreuses  émissions  de 
numéraire  que  nous  avons  déjà  mentionnées  dans  les  notes 
placées  aux  règnes  de  Philadelphe,  d'Arsinoé,  etc. 

455.  —  Type  des  pièces  précédentes  ;  entre  les  jambes  de  l'aigle, 

les  lettres  m  (frappées  à  Diospolis).  JE  '^ 


A      Masson    se 


Imp  LetTiercier  rA    C'    Pan;. 


MONNAIES    INCERTAINES  DES    ROIS  D'EGYPTE 


MONNAIES   INCEBTAINKS  DES  LAGIDES  137 

Mionnet,  VI,  a.  J40,  et   Ch.  Leiiurmant,  Gli/ptique.  pi.   89,  n.    'J. 
450.  —  Même  pièce.  '  .-E  '" 

457.  —  Même  pièce  ;  autre  variété  de  module.  A£.  " 

458.  —  Même  pièce      id.,  avec  .\i  ?au  lieu  de  M  (pièce  d'un  tra- 

vail d'art  remarquable).  ^-E  '• 

459.  —  Même  pièce;  d'un  moins  beau  style.  Al,  '- 

460.  —  Id.,  autre  variété  de  module.  ^  '" 

461.  —  Même  pièce;  entre  les  jambes  de  l'aigle,  t.  ^'E  '^ 
402.  —  Même  pièce;  module  différent.  yE  '" 

463.  —  Id.,  autre  variété;  la  corne  d'abondance  placée  en  con- 

tremarque. ^  '■' 

464.  —  Même  type;  le  monogr.  xp,n.55,  placé  en  contremarque 

sur  la  corne  d'abondance.  .-E  '- 

465.  —  Type  du  n.  449;  entre  les  jambes  de  l'aigle,  ic.  yE  '^ 
466    —  Même  pièce;  variée  de  module.                                 Al,  '" 

467.  —  Même  pièce;  entre  les  jambes  de  l'aigle,  a.  AL  ^ 

468.  —  Tête  de  Jupiter  Ammon  à  droite. 

^.  nTOAEMAiov  BAiiAEûs.  Aigle  sur  un  foudre  à  gauche, 
se  retournant  à  droite,  et  ayant  une  corne  d'abondance 
sur  l'aile.  zE  " 

469.  —  Même  pièce:  entre  les  jambes  de  l'aigle,  e-  Al,  " 

Miounet,  VI,  n.  3G2,  et  Ch.  Lenormant,  Gli/ptique,  pi.  89,  n.  II. 

470.  —  Variété    de    la    même    pièce;    entre   les  jambes   de 

l'aigle,  A.  Gravée,  pi.  X.  yE  " 

471.  —  Même  pièce;  module  différent.  ^  '" 

472.  —  Id.  ;  autre  variété.  Al,  " 

473.  —  Id.  ;  nouvelle  division.  jE  ' 

474.  —  Même  pièce;  entre  les  jambes  de  l'aigle,  m?  ..-E  " 

475.  —  Tête  de  Jupiter  Ammon  ù  droite. 

1^.  iiTo.vEMAior  BAïiAEn^.  Aigle  éployé  sur  un  foudre  à 
gauche,  se  retournant  à  droite;  entre  ses  jambes,  la 
lettre  e.  Gravée,  pi.  IX.  '  .  E  "  '/, 

II 


138  MC.NNAIES  INCERTAINES   DES    L.VGIDES 

Mionnet,  \l,  n.  369.  Cli.  Leiioimant,  Gbjptique,  pi.  89,  n.  10. 

476.  —  Même  pièce;  entre  les  jambes  de  l'aigle,  se.  /E  " 

Mionnet,  VI,  n.  370. 

477.  —  Même  pièce;  une  corne  d'abondance  en  contremarque 

devant  l'aigle.  JE.  " 

478.  —  Même  pièce;  entre  les  jambes  de  l'aigle,  wE.  JE  " 

479.  —  Id.  ;  autre  variété,  id.,  monogr.  n.  55,  XP.  yE  '• 

Mionuet,  VI,  n.  372,  et  la  [.ièce  suivante  sous  le  n.  373. 

480.  — Id,  ;  nouvelle  variété,      id.,      id.,      ru;  ou  te.  .'E  * 

481.  —  Tète  de  Jupiter  Ammon  à  droite. 

i^.   nTOAE>uiov  BAii.vEoi:.   Aigle  éployé  sur  un  foudre 
à  gauche  ;  entre  ses  jambes,  xp  monogr.  n.  55.  JE.  '"  '/j 

482.  —  Même  pièce;      id.     id.,  e.  M  '" 

483.  —  Même  pièce;  module  diffèrent.          •  ^E  ' 

484.  —  Id.,.        id.  ;  autre  division.  ^E  ■* 

485.  —  Même  pièce;  entre  les  jambes  de  l'aigle,  a.  JE  ^  '/> 

Mionuet,  VI.  n.  375. 

480.  —  Même  pièce;     id.     ià.,  .\.  JE^ 

487.  —  Id.       id.  ;  autre  variété,  id.     id.,  a.  --E 

488.  —  Même  pièce;  devant  l'aigle,  xp  monogr.  n.  55;  entre  les 

jambes  de  l'aigle,  ap  monogr.  n.  28.  JE  ■' 

480.  —  Même  pièce;  devant  l'aigle,  une  étoile  en  contremarque; 
entre  ses  jambes,  kp  monogr.  n.  33.  JE  ' 

490.  —  Même  pièce,  sans  lettres  ni  symbole.  JE  * 

491.  —  Tète  diadèmée  de  Jupiter  Ammon  à  droite. 

^.  nTOAEMAior  baiiaeqi.  Aigle  éployé  ,  sur  un  foudre  à 
gauche  ,  ayant  une  corne  d'abondance  sur  l'aile  droite, 
et  entre  les  jambes,  la  iettre  a  (pièce  très-mince).   JE  '"  ■ 

492.  —  Même  pièce  ;  entre  les  jambes  de  l'aigle,  s.  JE"^! 

493.  —  Tête  diadèmée  de  Jupiter  Ammon  à  droite. 

r).  nTOAEMAior  basiaeoi.  Aigle  au  repos,  sur  un  foudie 
;\  gauche;  une  corne  d'abondance  sur  l'aile;  entre  les 
jambes,  xp  monogr.  n.  55.  JE  ' 


MONNAIES  INCERTAINE*   DES  LAGIDES  139 

404.  Même  pièce  ;  entre  les  jambes  de  l'aigle,  :e.  ,-E  '' 

495.  —  Tète  diadémée  de  Jupiter  Ammon  à  droite. 

If  HTOAEMAiov  BASiAEils.  Aigle  SU  repos,  sur  un  foudre 
à  gauche,  un  sceptre  sur  l'aile;  dans  le  champ,  devant, 
la  fleur  de  lotus.  rE  '^ 

496.  —  Même  pièce  ;  d'un  module  différent.  ■       ^E  ■' 

Mionnet,  VI,  n.  329,  et  aussi  la  pièce  suivante,  n.  330. 

497.  —  Même  pièce;  nouvelle  division.  ^  *  7j 

498.  —  Id.      id.  ;      autre  division.  .E  ^ 

499.  —  Id.      id.;    même  module,  mais  moitié  du  poids.         JE^ 

Dans  la  note  placée  aprOs  le  n.  273,  nous  avons  indiqué 
(]ue  ces  cinq  pièces  pourraient  parfaitement  être  retirées  des 
incertaines  pour  être  groupées  à  la  suite  de  celles  classées  il 
Ef'laet'.s,  régent  du  roi  Ptolémée  Philométor. 

500.  —  Tête  laurée  de  Jupiter  à  droite.   ' 

lî).  iiTOAEMAiOY  BASiAEils.  Aigle  éployé  sur  un  foudre  à 
gauche;  devant,  une  corne  d'abondance;  entre  les  jambes, 
la  lettre  e.  Gravée,  pi.  X.  ^  ■ 

Mionnet,  sup.  IX,  n.  124. 

501.  —  Même  pièce;  entre  les  jambes  de  l'aigle,  a.  .,£  *> 

Mionnet,  VI,  n.  319. 

502.  —  Tète  laurée  de  Jupiter  à  droite. 

B).  I1TOAEMAOV  BAiiAKUs.  Aigle  au  repos  sur  un  foudre 
à  gauche;  entre  les  jambes,  la  lettre  a.  Oravée, 
pi.  I.X.  JE^ 

Mionnet,  sup.  IX,  n.  123.  et  la  pièce  suivante,  n.  134. 


503. 

—  Même  pièce;  ( 

antre  le 

is  jambes  i 

de  l'aigl 

e,  E. 

yE' 

504. 

—  Même  pièce  ; 

id. 

id. 

o? 

.-E^ 

505. 

—  Même  pièce; 

id. 

id. 

e. 

JE" 

506. 

—  Même  pièce  ; 

id. 

id. 

^ 

^  ■ 

507. 

—  Même  pièce; 

id. 

id. 

V. 

jE" 

508. 

—  Même  pièce; 

id. 

id. 

Tri 

nonogr 

.  n 

.  C1.^E« 

509. 

—  Même  pièce; 
Tée,  pi.  IX. 

id. 

id. 

£r 

id. 

n. 

62.  Gra- 

l"!''  MliNVVIKS  INCI.HTAI.NKS   l>i;S   LA(ill)ES 

Ces  dix  pièces  paraissent  cire  de  mèiiie  fabrique  tiiie  celles 
décrites  sous  le  ii.  50  il  80.  On  retrouve  entre  les  jambes 
de  l'aif^le  les  mêmes  abréviations  ou  les  mùoies  lettres  isolées. 
Ou  pourrait  grouper  ces  It)  monnaies  avec  les  autres,  malgré 
la  variété  de  pose  et  l'attitude  de  l'aigle. 

510.  —  Tûte  (Hiidémée  de  Jupiter  Ammon  à  droite. 

l'ij.  iiToAEMAKir  i!Ai:iAi;ii^.  Aigle  au  repos  sur  un  foudre 
à  gauche;  devant,  uue  massue;  entre  les  jambes,  ma 
monogr.  n.  11  (frappée  à  Panopolis.)  /E  '  ' 

511.  —  Même  pièce  ;  entre  les  jambes  de  l'aigle ,  m  ?       /E  '"  '/, 

Mionnet,  VI,  n.  355,  et  Ch.  l^enormant,  Glijptiqui',  pi,  SO,  n.7. 

512.  —  Même  pièce  ;     id.,  id.,  avec  Al  (Diospolis?)    .E '- 

Mio.'".n<'t,   \\,  n.   353,   et   les   trois   pièces  suivantes,  n.   357,  358 

et  ao.".. 

513.  —  Même  pièce;     id.,            id.,  avec  sk.  /E  * 

514.  —  Même  pièce,  sans  lettres.  ^E  '' 

515.  —  Même  pièce;  module  diiïérent.  ^E  *  '/i 

516.  —  Même  pièce;  nouvelle  division.  M  ^ 

517.  —  Tête  diademée  de  Juidter  Ammon  a  droite. 

li,.  rmiAKMAinv  lUiiAïui:.  Aigle  au  repos,  sur  un  foudre  à 
gauche;  devant  un  ti'ident.  M  ^ 

518.  —  Même  pièce;  devant  l'aigle;  la  Ilarpa.  Gravée,  pi.  IX.  yE  ' 

519.  —  Même  pièce.  /E  ^ 

520.  —  Même  pièce;  devant  l'aigle,  un  trépie<l.  M  '- 

521.  —  Même  pièce;  module  différent.  ^  ^ 

Cette  jolie  série  de  cincj  rares  pièces,  avec  des  symbole^ 
variés,  doit  avoir  été  omise  sous  Philadelphe  ou  son  successeur; 
le  travail  d'art  est  en  géncraleiuent  romaniuable. 

521  bis.  —  Tête  diademée  de  Jupiter  Ammon  à  droite. 

It).  in'dAEMAïur  DAiiAi'.ai;.   Aigle  au   repos  sur  un  foudre 
à  gauche;  devant,  le  Lotus.  .  JE.  ^ 

Cette  monnaie  d'un  as.sez  bon  style  parait  avoir  été  frappée 
sous  l'toléraéc  Xlll,  Auléte.  Nous  avons  constaté  que  les  mon- 
naies d'argent  avaient  été  gravées  par  d'assez  bons  artistes. 


A     Masser,    s;. 


Imp    Lemç;(.;*ri    cï   C'^  Fa 


MONNAIES    INCERTAINES  DES  ROIS  D'EGYPTE    PTOLEMEE  X   SOTER   II  . 
CLÉOPATRE  VET    PTOLÉMÉE  XII  ALEXANDRE  II  '  PTOLEMEE  XIV  DIONYSUS 


MONNAIES  IN<i:Ulxl\KS   lll>   l.Vl.llil.S  141 

Cette  pii?ce  fie  bronze  doit  aussi  être  l'œuvre  de  l'un  de  ces  gra- 
veurs. 

522.  —  Tète  diadémce  de  Jupiter  Ammon  à  droite. 

i';,.nTOAEMAioï  BAiiAEni.  Aigle  au  repos,  sur  un  foudre  à 
gauche;  devant,  une  étoile.  Gravée,  pi.  IX.  .E  ■' 

Cette  dernière  pièce  est  d'une  fabrique  assez  basse  ;  elle  est 
d'un  style  identique  avec  celle  publiée  par  Muller(l)  elle  pour- 
rait appartenir  au  fils  de  Soter  II,  Ptolémée  Apion. 

523.  —  Tète'diademée  de  Jupiter  Ammon,  à  droite. 

^.  nTO.VEMAlor  lîAiiAEus.  Isis  vètue  de  la  x/o/rt!,|(lebout  de 
face,  sur  une  base.  Al  - 

Miounet,  VI,  n.  376,  et  les  trois  pièces  suivante?,  n.  377,  378 
et  379. 

524.  —  Même  pièce  ;  module  différent.  JE  '^ 

525.  —  Même  pièce;  autre  division.  Oravée,  pi.  X.      ^-K  * 
520.  —  Même  pièce;  nouvelle  division.  /E  ^ 

Cette  belle  série  de  quatre  pièces  a  été  très-probablement 
émise  par  les  ordres  de  la  première  Cléopàtro.  Le  travail 
d'art  parait  parfaitement  contemporain  des  pièces  frappées 
pendant  la  régence  de  cette  princesse.  Le  type  d'Isis,  convient 
aussi  parfaitement  à  cette  reine,  qui  représenta  constammeiit 
cette  divinité  sur  ses  monnaies. 

527.  —  Tète  barbue  d'Hercule,   couverte  de  la  peau  du    lion, 
A  droite. 

li;.  nTOAEMAiov  BASIAEQS.  Aigle  au  repos,  sur  un  fomlre  à 
gauche.  ^E  '■' 

528.  —  Même  pièce  /E  ^ 

Mionnet.  W,  n.  384,  et  les  deux  pièces  suivantes,  n.  385  et  3SG. 

529.  —  Même  pièce.  ^E  " 

530.  —  Même  pièce.  Gravée,  pi.  X.  JE  '^ 

531.  —  Même  pièce.  JE  ^ 

532.  —  Même  pièce  ,  d'une  fabrique  barbare.  JE  * 

(1)  Numismatiqne  île  l'Afrique,  tome  I,  puge  141,  n"  377. 


142  MONNAIES  INCEERAINES   DES  LAGIDES 

533.  —  Même  pièce;  devant  l'aigle,  n\  monogramme,  n.   11, 

(frappée  à  Panopolis?)  JE  " 

53-4.  —  Même  tête  d'Hercule. 

R).  iiTOAEMAiOï  BAiiAEns.  Aigle  sur  un  foudre  à  gauche, 
se  retournant  à  droite,  ayant  un  caducée  sur  l'aile; 
entre  ses  jambes,  la  lettre  k.  M  "^ 

Mionnet,  VI,  n.  387,  et  pi.  78,  n.  6.  Ch.  Lenormant,  Glt/ptique, 
pi.  88,  n.  12.  .  .         . 

535.  —  Même  pièce,  d'une  moins  belle  fabrique,  sans  le  k.  A-]  " 

Mionnet,  VI.  n.  388. 

Cette  série  de  neuf  monnaies  généralement  d'un  très-bon 
travail,  pourrait  être  rangée  à  la  suite  de  celles  du  quatrième 
Ptolemée.  Voir  la  fin  de  la  note  placée  après  le  n.  240. 

536.  —  Tète  imberbe  casquée  à  droite. 

lil.  nxoAEMAior  liAriAEOS.  Aigle  sur  un  foudre  à  gauche, 

ayant  une  corne  d'abondance  sur^^l'ailc.  Gravée  pi.  X.  ^E  ^ 

Mionnet,  VI,  n.  396,  et  Ch.   Lenormant,  Ghjptique,  pi.  8'.),  n.  2. 

537.  —  Même  tête. 

it).  nxoAEMAiOY  BA^iiAEïi:;.  Aigle  sur  un  foudre  à  gauche; 
devant,  une  corne  d'abondance.  -^  ■* 

538.  —  Même  pièce  ;  module  différent.  ^E  * 

Mionnet,  Sup  IX,  n.  129,  et  Cli.  Lenormant,  Gii/ptique,  pi.  88, 
n.  20. 

D'après  leur  style,  ces  trois  pièces  paraissent  remonter  ;1 
l'époque  de  la  fondation  de  l'empire  des  Lagides.  Il  existe  des 
monnaies  de  Séleucus  I,  roi  de  Syrie,  qui  ont  beaucoup  d'ana- 
logie avec  celles-ci  et  comme  fabrique  et  comme  type  de  t.He. 


A     Massoh    3C 


Itnp    Len 


m^r  C'.*r 


ARYANDES  SATRAPE'  ALEXANDRE  FILS  DE  ROXANE  ARSINOE  11 
ANTIOCHUS  IV  ROI  DE  SYPJE    PTOLEMEE   ROI  DE  CHYPRE  (Onde  de  Cleopstre  Vil) 


143 


Nous  sommes  enfin  arrivé  au  terme  âe  notre  tAche,  pour  ce 
qui  concerne  du  moins  l'ensemble  fies  monnaies  royales  do 
l'Egypte.  L'attrait  de  la  découverte,  la  passion  de  la  curiosité, 
nous  a  conduit,  comme  jour  par  jour,  au-delà  de  nos  aperçus 
primitifs,  surtout  pour  les  annotations  placées  i\  la  suite  de  nos 
descriptions  des  monnaies.  Notre  sujet  se  présentait  sous  des 
aspects  si  divers,  si  particuliers  et  si  nouveaux,  que  notre  main, 
aussi  active  que  notre  pensée,  ne  se  lassait  pas  de  noircir  le 
papier  et  de  formuler  en  ébauche  rapide  les  traits  les  plus 
saillants  de  notre  examen. 

Notre  but,  avant  tout,  a  été  de  tenter  de  ftiire  briller  la  vérité 
sur  les  époques  numismatiques  de  cette  longue  période  de  l'an- 
tiquité, afin  qu'on  pût, en  quelque  sorte,  commencer  ;\  con- 
clure, par  les  vicissitudes  de  l'art  monétaire,  ce  que  ces 
diverses  phases  renfermaient  d'instructif  et  de  vraisemblable 
pour  l'histoire.  Entraîné  par  un  sujet  aussi  multiple  et  aussi 
intéressant,  nous  avons  trop  négligé  la  forme  et  le  style  du 
travail  :  nous  reconnaissons  sur  ce  point  toute  notre  insufi^sanee. 

(Quelques  amis  ont  eu  la  bonté  de  lire  nos  épreuves  et  ont, 
avec  juste  raison,  reproché  à  notre  précipitation  de  n'avoir 
pas  toujours  assez  ménagé  ,  envers  nos  savants  devanciers,  les 
termes  de  l'exquise  courtoisie.  Nos  aînés  avaient  en  efi'et  droii 
à  des  égards  et  à  des  respects  dans  cette  t;\chc  encore  plus 
ardue  que  la  nôtre;  nous  ne  pensons  pas  cependant  }•  avoir 
manqué;  mais,  sous  peine  de  contrevenir  à.  nos  convictions, 
nous  avions  le  pénible  devoir  de  relever  les  erreurs  dans  les- 
quelles leurs  investigations  s'étaient  égarées.  Leur  haute 
position  dans  la  science  ne  devait  pas  étoufter  notre  franchise, 
et  nous  avons  pensé  que  ni  leur  mémoire  ni  leurs  services  ne 
souffriraient  de  la  vivacité  de  nos  expressions.  Ils  sont  hommes 
à  supporter  l'analyse  et  les  contradictions.  On  partagera  nos 
passagères  impatiences,  quand  on  songera  à  ce  que  ce  classement 
nouveau  a  suscité  en  nous  de  tribulations,  d'embarras,  et 
imposé  de  veilles  (ce  travail  a  été  fait  rapidement,  pendant 
les    rares   loisirs    laissés  pas  nos  occupations   commerciales). 


144 

Pour  ai'ri  ver  à  nos  conclusions  délinilives,  nousavons,  répétons- 
le  encore,  été  forcé  de  faire  table  rase  de  tons  les  sjsti'mes 
acceptés  jusqu'ici,  d'oublier  en  quelque  sorte  notre  éducation 
première,  et  de  nous  plonger  dans  un  dédale  de  vérifications, 
de  contrôles,  pour  en  sortir  purifié  de  toutes  les  traditions 
antérieures. 

On  nous  a  encore  reproché,  et  avec  raison,  d'avoir  passé  sous 
silence  les  noms  de  deux  savants  de  distinction,  qui,  en  ces 
derniers  temps,  ont  lieaucoup  écrit  en  Allemagne  sur  le  sujet 
qui  nous  préoccupait  :  1  '  M.  le  docteur  Schledehaus  dans  le 
Munzstudien  du  docteur  Grote;  2'  de  M.  le  baron  Huber  dans 
le  Wiener  Numisnmtischen  Monatsheften  publié  par  le 
docteur  Egger,  de  Pesth.  Hélas  !  avouons-le,  la  langue  allemande 
nous  est  complètement  étrangère,  et  tout  dernièrement  encore 
nous  ne  connaissions  pas  les  publications  de  ces  hommes 
éminents.  Nous  avions  bien  l'emarqué,  à  une  époque  éloignée, 
l'excellent  Catalogue  rédigé  en  anglais  pour  la  vente  de  la  belle 
collection  du  baron  Huber,  et  c'est  même  la  lecture  de  ce 
Catalogue  qui  fut  l'origine  pour  nous  de  l'intérêt  tout  parti- 
culier que  nous  portions  à  cette  partie  de  la  numismatique 
antique.  Nous  avions  remarqué  que  M.  Huber  avait  tenté  un 
classement  rationnel  ;\  l'aide  des  types  et  des  fabriques.  Nous 
applaudissions  tellement  à  cette  innovation,  qu'aussitôt  que 
nous  avons  eu  connaissance  de  la  nouvelle  publication  de  cet 
auteur,  nous  nous  sommes  empressé  de  nous  en  faire  faire 
un  résumé  mais;  nous  avons  eu  le  regret  de  constater  :  que 
notre  imprimeur  avait  déjà,  dans  son  tirage,  dépassé  de  deux 
règnes  l'époque  que  M.  Huber  avait  antérieurement  traitée. 

Nous  avons  remarqué  que  iM.  Huber  semblait  décidé  à  mo- 
difier le  système  adopté  dans  son  Catalogue  de  1862;  cette  ins- 
piration est  malheureuse  selon  nous.  La  connaissance  positive 
des  monuments  en  nature  que  possède  ce  savant,  son  tact  tout 
particulier  et  son  érudition  pratique,  nous  auraient  probable- 
ment dotés  d'une  base  toute  nouvelle  de  classification  des  mon- 
naies Égyptiennes,  s'il  avait  hardiment,  franahement  considéré 
comme  non  avenu  les  deux  tiers  de  ce  qui  avait  été  écrit  sur 
cette  matière  ;  mais  ne  portons  pas  de  jugement  téméraire  sur 
une    œuvre  qui  n'est    encore    qu'ébauchée  :  l'auteur   n'a   pas 


145 

eneore  abordé  les  passages  réellement  difficiles,  où,  sous  peine 
de  sombrer,  il  sera  contraint,  s'il  veut  être  logique,  de  s'alléger 
de  tout  l'arsenal  scientifique  de  ses  devanciers,  et  de  voler  de 
ses  propres  ailes.  Il  lui  faudra  inévitablement  chercher  la 
réalité  par  les  époques  de  l'apogée  de  l'art  chez  le  peuple  égyp- 
tien. 11  lui  faudra  également  se  préoccuper  des  époques  de 
décadence,  et,  dans  ces  dernières  périodes,  observer  surtout  les 
pièces  qui  ont  des  dates  réelles,  chose  peu  aisée,  il  est  vrai,  dans 
toute  cette  confusion  de  règnes  :  et  alors,  à  l'aide  de  ces  deux 
fils  conducteurs,  la  fabrication  d'art  et  la  date  historique  cons- 
tatée, nous  ne  doutons  pas  que  ce  numismatiste  ne  sorte  heureu- 
sement de  ce  labyrinthe  qui  a  emprisonné  tant  de  savants  d'un 
réel  mérite. 

Pour  M.  Schledehaus,  nous  ne  connaissons  son  système 
que  depuis  quelques  jours;  grâce  à.  l'obligeance  accoutumée  de 
M.  A.  de  Longpérier,  nous  avons  pu  nous  procurer  les  n  '  1  ù  8 
de  la  publication  du  docteur  Grote  (1).  Nous  avons  constaté 
dans  cette  publication  ,  quatre  articles  des  plus  intéressants 
publiés  dans  les  n'^  II,  III,  VI  et  VIII;  ici  encore,  malheu- 
reusement pour  nous,  à  ce  moment  même  notre  imprimeur 
mettait  sous  ses  presses  la  huitième  feuille  de  ce  Catalogue  ; 
notre  siège  était  donc  fait;  il  ne  nous  restait  pas  même  la  res- 
source de  notes  tardives  pour  approuver  ou  contredire  les  idées 
de  M.  Schledehaus  ;  nous  eussions  été  très-heureux  de  pouvoir, 
dans  nos  annotations,  citer  son  nom  à  l'appui  de  nos  opinions 
sur  divers  passages  concernant  les  règnes  entre  la  première 
CléopAtre,  et  Ptolémée  Soter  II. 

Disons  que  c'est  avec  un  bien  vif  plaisir  que  nous  avons  cons- 
taté une  identité  de  vues,  sur  bon  nombre  de  règnes  ;  citons  entre 
autres  :  1°  celui  de  Ptolémée  Philopator  (2),  2"  les  belles  pièces 
!^  la  tête  d'Isis  attribuées  également  à  la  première  CléopAtre  (3)  ; 
notons  aussi  notre  parfait  accord  pour  les  monnaies  A  doubles 
dates  rangées  à  la  troisième  Cléopâtre  en  société  de  son  fils 
Alexandre  I"  (4);  (nos  numéros  364-365  et  365  bis,)  là  nous 

il)  Mi'(n:studie>i,  etc.  Leipzig,  1855  4  1862. 

(2)  Année  18G2,  pag^e  883. 

(3)  Année  1859,  page  342  et  suiv 

(4)  Année  1862,  page  892  à  894. 


146 

avons  seulement  regretti?  une  dissidence  sur  la  localiti'  oil  ces 
monnaies  ont  dû  iHro  frappées;  le  savant  allemand  pense  (1) 
qu'elles  ont  dil  sortir  de  l'atelier  de  Paphos  avec  l'emploi  du 
métal  provenant  des  mines  argentifères  de  ce  riche  paj-s.  Il 
semble  admettre  que,  malgré  la  rupture  qui  s'était  produite 
entre  Soter  II  et  sa  mère,  les  ateliers  chypriotes  que  Soter  II 
administrait  et  dont  il  devait  profiter  en  souverain  réel,  au- 
raient pu  être  contraints  de  battre  monnaie  aux  types  et  aux 
noms  des  ennemis  de  ce  souverain.  II  n'explique  pas  et  ne 
donne  aucune  preuve  à  l'appui  de  cette  conjecture,  qui  attri- 
buerait des  droits  de  suzeraineté  et  de  prééminence  A  la  reine 
d'Egypte  et  à  son  fils  sur  le  souverain  légitime  de  l'île  de 
Chypre. 

Ce  savant,  comme  la  plupart  de  ses  devanciers,  ne  paraît 
ici  avoir  pour  base  de  ses  assertions  que  les  lettres  riA,  initiales 
du  nom  de  Paphos  inscrites  sur  toutes  les  monnaies  avec  les 
doubles  dates.  On  ne  voit  en  effet  ces  doubles  dates  que  sur 
les  monnaies  avec  les  lettres  riA  ;  saisissons  encore  ici  l'occa- 
sion de  constater  que  ces  lettres  FIA  ne  i^euvcnt  surtout  men- 
fionner  ici  d'autres  ateliers  que  ceux  de  VEgypte.  Si  ces 
pièces  avaient  été  réellement  frappées  en  Chypre,  nous  mention- 
nerions également  l'existence  des  mêmes  monnaies  émises  à 
Citium  et  à  Salamine  ;  en  effet,  les  ateliers  de  ces  deux  villes 
étaient  encore  en  pleine  activité,  puisque  nous  constatons,  pré- 
cisément à  cette  même  époque,  des  monnaies  sorties  des  fii- 
briques  de  ces  deux  cités,  témoin  les  n.  313  et  315. 

M.  Schledehaus  parait  s'être  laissé  entraîner  ici  dans  un  dédale 
inextricable,  lorsqu'il  essaie  d'expliquer  la  continuation  des 
émissions  chypriotes  pendant  la  période  où  le  souverain  incon- 
testé de  l'île  de  Chypre  était  assez  puissant  et  assez  fortifié 
dans  cette  île  pour  aller  revendiquer  par  les  armes  la  couronne 
de  ses  pères,  dont  il  avait  été  spolié  si  traîtreusement  par  sa 
mère.  Nous  regrettons  bien  vivement  que  M.  Schledehaus  se 
soit  laissé  influencer  par  la  routine,  en  admettant  que  Chypre 
seule  a  eu  le  privilège  de  frapper  les  monnaies  avec  riA. 
Cette    manière  de  voir  semble  l'avoir    conduit  fatalement  A 

(1)  Mïinzstudieii,  aun<?es  1862,  page  803  et  suiv. 


147 

admettre  qu'à  la  fin  du  rè?ne  de  Soter  II,  le  monnayage  était 
tombé  dans  une  barbarie  telle  que  les  émissions  des  statères 
d'argent  durent  s'arrêter  ;\  cette  époque  de  complète  déca- 
dence. Nous  croyons  avoir  démontré  aux  règnes  de  Ptolé- 
mée  XIII,  Aulète,  et  îi  celui  de  son  jeune  frère,  le  roi  de  Chypre, 
que  les  émissions  non-seulement  se  prolongèrent,  niais  qu'il  y 
eut  même  une  renaissance  dans  le  travail  d'art  apporté  à  la 
gravure  des  coins.  Si  sous  les  règnes  de  Soter  II  et  de  son 
frère  Alexandre  I"'  ce  travail  fut  constamment  abandonné  à 
des  ouvriers  incapables,  en  revanche,  sous  Aulète,  ce  soin  fut 
confié  à  des  artistes  intelligents  et  habiles.  On  constate  souvent 
■ces  faits  de  renaissance  d'art  sous  les  souverains  cruels  ou 
prodigues,  tant  il  l'époque  grecque  qu'à  l'époque  romaine;  pour 
cette  dernière  époque,  citons  le  règne  dé  Néron,  de  Commode 
et  de  Caracalla  ;  c'est  sous  ces  trois  terribles  despotes  que  l'on 
peut  fixer  les  trois  grandes  étapes  de  l'art  monétaire  de  l'Em- 
pire romain,  toutefois  le  règne  d'Hadrien  excepté. 

Le  savant  allemand  nous  semble  avoir  aussi  quelquefois  trop 
suivi  les  errements  de  ses  devanciers;  il  s'est  laissé  entraîner 
aux  arguments  de  M.  F.  Lenormant,  qui  fait  partir  d'une  ère 
Chypriote  les  pièces  dont  les  dates  s'arrêtent  ;\  l'année  5-1  ;  cela 
l'a  entraîné  à  gratifier  Evergète  I"'  de  ces  monnaies  avec  dates 
élevées.  Qu'on  nous  permette  de  revenir  encore  ici  sur  les  com- 
mencements de  notre  travail  et  de  préciser  davantage.  Nous 
espérons  avoir  démontré  la  fausseté  de  cette  manière  de  voir 
dans  la  note  placée  après  le  n.  311,  page  82.  Ne  parait-il  pas 
singulier  que  des  hommes  de  goût  et  de  tact  artistique  aient  pu 
classera  une  époque  aussi  civilisée  que  celle  où  vivait  Ever- 
gète T"  des  monnaies  dont  le  travail  d'art  et  même  la  nature  du 
métal  constate  une  aussi  complète  décadence? 

En  revanche  nous  avons  remarqué,  et  cela  encore  avec  une 
pleine  satisfaction  à  la  page  90G  du  cahier  n.  VI,  les  constatations 
de  M.  Schledehaus  sur  les  monnaies  de  cette  même  série,  frap- 
pées pendant  les  années  40,  41  et  4'2,  monnaies  que  nous  avons 
décrites  non  au  premier  Evergète,  mais  au  second.  Le  savant 
allemand  signale,  page  907  pourSalamine,  deux  pièces  des  an- 
nées 40  et  42  comme  provenant  de  cet  atelier;  voilà  donc  une 
série  complète  des  deux  villes  que    nous  reconnaissons  (dans  la 


148 

note  placée  après  le  n.  811  page  80),  appartenir  incontestable- 
ment à  l'île  de  Chypre,  contrée  dans  laquelle  Evergète  II  s'était 
retirL-,  lors  de  la  révolte  des  Alexandrins,  qui  l'avaient  chassé 
de  son  palais.  Ce  qui  est  ici  d'un  grand  poids  pour  nous,  c'est 
l'absence  complète  de  monnaies  pour  les  années  40,  41  et  42 
avec  les  lettres  FIA  (1).  On  peut,  en  eH'ct,  constater  cette  lacune 
dans  ce  n.  VI,  page  906.  Or,  cette  lacune  constatée  pour  la 
seconde  fois,  semble  confirmer  pour  la  seconde  fois  auss;i,  ce 
que  nous  avons  démontré,  c'est-à-dire  que  la  généralité  des 
monnaies  avec  HA  avaient  di'i  être  frappées  en  Egjpte,  surtout 
à  partir  de  ce  règne  d'Evergête  II. 

Signalons  encore  une  opinion  de  cet  auteur,  qui,  pour  nous, 
a  encore  son  importance  (2)  :  celle  qui  a  trait  aux  petites 
pièces  lie  cuivre  avec  B.  A,  que  nous  croyons  être  notre 
n"  401.  C'est  à  tort,  dit  M.  Schledehaus,  et  nous  appuyons  son 
assertion,  qu'on  attribue  ces  monnaies  à  l'époque  d'Alexandre 
le  Grand,  car  leur  fabrication  indique  une  époque  beaucoup 
plus  récente,  etc. 

Certes,  disons-le  ici  avant  de  clore  ces  annotations  déjà  bien 
longues,  nous  n'avons  pas  la  prétention  d'avoir  dit  le  dernier 
mot,  même  sur  les  règnes  dont  les  dates  concordent  assez  net- 
tement pour  paraître  indiscutables  ;  nous  reconnaissons   dès   à 

(1)  M.  J.  P.  Six,  d'Amsterdam,  dont  nous  avons  iiieutionné  le  nom 
page  43,  etc.,  a  bien  voulu  continuer  à  nous  aider  de  ses  savants 
conseils  pendant  tout  le  cours  de  notre  publication  ;  nous  ne  savons 
réellement  comment  lui  exprimer  toute  notre  reconnaissance.  Ce 
savant  si  courtois  nous  assurait  il  y  a  quelques  jours  dans  sa  S' lettre 
datée  du  26  novembre,  qu'il  existe  au  Musée  de  Leyde  une  monnaie 
d'argent  avec  ITA  date'e  LM  (année  40).  Nous  regrettons  que  i\I.  Sis 
ait  omis  de  nous  dire  s'il  n'existait  pas  dans  le  champ  du  revers  un 
des  symboles  qui  nous  font  attribuer  ces  sortes  de  pièces  aux  villes 
Chypriotes  plutôt  qu'à  toute  autre  contrée  ;  mais  il  n'y  aurait,  il 
semble,  rien  d'insolite  à  admettre  qu'Evergète  eut  fait  frapper 
quelques  rares  monnaies  à  cette  date  de  la  40''  année  de  son  règne.  On 
a  vu  qu'il  fut  expulsé  du  trône  l'année  130  avant  J.-C.  et  cette 
année  130  correspond  justement,  à  l'an  40  de  ses  trois  premiers  règnes. 
Il  a  suffi  de  quelque  jours  d'autorité  en  cette  année  pour  que  la  date 
soit  changée  sur  les  coins,  l'extrême  rareté  de  la  pièce  ayant  cette 
date  (nous  la  croyons  unique)  prouve,  il  semble,  ce  fait  de  reste. 

(2)  MioiistiuUen,  n"  VllI,  année  1862,  page  154. 


149 

présent  avoir  commis  plusieurs  fautes  et  nous  saisissons  ici  l'oc- 
casion d'en  corriger  six,  dont  l'une  est  assez  importante  (1).  A 
la  fin  du  Catalogue  général  de  toutes  les  monnaies  de  l'Egypte 
nous  consacrerons  un  chapitre  aux  corrections  et  rectifications 
qui  nous  seront  indiquées.  Plusieurs  nous  ont  été  déjà  signalées, 
mais  nous  désirons  avoir  le  temps  de  les  étudier  et  expliquer 
les  raisons  qui  nous  ont  fait  émettre  une  opinion. 


(1)  1"  La  monnaie  n"  31,  doit  être  i-eport^e  au  règne  de  Phila- 
delphe  ;  nous  avons  retrouvé  une  pièce  à  ce  type,  ayant  le  A  derrière 
l'oreille  du  roi 

2"  Le  n"  164  sur  lequel  nous  avions  cru  lire  la  date  BZ,  (an  27); 
doit  être  lue  ainsi  B=  et  par  conse'qiient  classée  à  Evergète  I'^  c'est  la 
pièce -de'crite  par  M.  R.  St.  Poole,  iY!<m.  Chron.  1864,  pi.  VI,  n"  10. 

3"  C'est  à  tort  que  nous  avons  ëmis  l'opinion  pag.  47  (note  du 
n"  97),  que  la  lettre  L  abre'viation  du  mot  Al"K.\li.i.i:  devait  être  im- 
portée des  Chypriotes,  M.  Friedlander  a,  au  contraire, démontre'  dans 
la  Berliner  Bla(ter  fi'T  Mi'n:liunde,  vol.  IV,  page  146,  que  dans  le 
papyrus  cette  lettre  L  précède  toujours  les  nombres,  et  que  les  lettres 
qui  suivent  sont  des  chiffres  qui  expriment  des  dates.  C'est  aussi  à 
tort  que  nous  avions  dit  que  M.  R.  St.  Foole  était  du  même  avis, 
nous  avions  mal  traduit  le  passage  de  son  travail,  page  235  du 
Num.  Chron.  année  1866. 

4"  A  la  page  C4,  n"  2ô0,  on  a  mis  par  erreur  la  lettre  I'  pour  l'an- 
née 90,  la  lettre  aurait  du  être  ainsi  retournée  4,  autrement  on  pour- 
rait croire  à  une  date  plus  élevée  de  dix  années. 

5"  Pages  66,  75  et  84,  rectifier  ainsi  les  numéros  d'ordre  des 
règnes  et  aussi  le  surnom  de  Ptolémée  VIII. 

Page  66  et  suiv.  lire  Ptolémée  vi  Philométoh  au  lieu  de  Floté- 
mce  V//,- pages  75  et  suiv.  lire  Ptolémée  vu,  Evehgkte  11,  I'uvscon, 
au  lieu  de  Ptolémée  IX;  page  84  lire  Ptolé.mke  viii,  Elpator  au 
lieu  de  Ptolémée  VIII,  Philométor  II. 

Comme  on  peut  s'en  convaincre  page  66,  à  l'avant-derniôre  ligne 
de  la  notice  sur  Ptolémée  Philométor  nous  avions  exactement  établi 
notre  chronologie  :  mais  plusieurs  des  savants,  à  l'obligeance  desquels 
nous  avons  eu  recours,  nous  ayant  démontré  que  Letronae  et  tous 
nos  contemporains,  .anglais.  Allemands  et  Fran<;ais  avaient  reconnu 
que  Ptolémée  Eupator  devait  être  le  frère  aîné  de  Ptolémée  Philo- 
métor et  avait  par  conséquent  dû  régner  avant  lui,  avec  sa  mère  la 
■  première  Cléopàtre.  Ces  savants  n'ignoraient  pas  que  Ptolémée 
Philométor  eût  laissé  en  mourant  un  fils  très-jeune  qui  avait  été 
aussi  recognu  roi  sous  la  tutelle  de  la  seconde  Cléopàtre,  mais  ils 
donnaient  à  cet  autre  jeune  souverain  le  nom  de  Ptolémée  Philo- 
métor Il  ;  de  là,  une  véritable  confusion.  Nous  crûmes  cependant  de- 


150 

Pour  ce  (jui  a  triill  aux  dates  indiquant  i.a  durée  des  rognes 
que  nous  avons  inscrites  en  tête  des  notices  sur  les  divers  sou- 
verains, nous  avons  eu  soin  d'être  aussi  exact  que  possible  ; 
nous  nous  sommes  emparé  de  celles  des  biographes  qui  nous 
ont  paru  avoir  étudié  avec  le  plus  de  soin  ces  époques  difficiles 


voir  suivre  ce  classement  et  admettre,  malgré  le  dire  des  anciens  his- 
toriens, deux  l'ègnes  e'phémères  au  lieu  d'un. 

En  effet,  les  historiens  contemporains  sont  tous  unanimes  pour  re- 
connaître qu'au  moment  de  la  mort  de  Ptolcnue  V  Epiphane,  sa 
veuve,  Cléopàtre  \",  avait  pris  les  rênes  de  l'Etat  comme  régente  de 
sou  fils  aîné  PtoUmée  VI  Philomitor,  tous  disaient  qu'elle  n'avait 
alors  que  deux  fils,  le  second  étant  connu  sous  le  nom  de  PloU'nitfe 
Everijcte  II. 

N'ayant  qu'une  connaissance  assez  sommaire  de  la  majeure  partie 
des  anciens  auteurs,  on  doit  penser  que  nous  devions  être  très-in- 
décis sur  la  marche  à  suivre  pour  établir  notre  ordre  chronologique 
d'une  manière  rationnelle  ;  nous  eûmes  bien  la  pensée  de  nous 
adresser  à  un  de  nos  savants  académiciens,  dont  touta  la  compétence 
dans  la  science  des  inscriptions  antiques  lui  a  valu  d'être  choisi 
pour  achever  le  grand  ouvrage  de  Ph.  Lebas  ;  mais  notre  demande 
arriva  au  milieu  d'un  deuil  de  sa  famille.  De  plus,  M.  Waddington 
était  absent  de  Paris  et,  malgré  son  obligeance  si  connue,  ce  savant 
ne  put  répondre  à  notre  demande,  heureusement  pour  nous  que  ces 
jours  derniers,  à  son  retour,  il  a  bien  voulu  nous  communiquer  le 
renseignement  demandé,  et  ce  cuiieux  document  est  juste  arrivé  à 
temps  pour  être  intercallé  dans  la  seule  feuille  qui  restât  à  tirer  pour 
clore  cette  première  partie.  Comme  on  peut  le  voir,  cette  note  que 
nous  donnons  ci-dessous  jette  une  éclatante  clarté  sur  l'un  des  nom- 
breux points  obscurs  de  cette  chronologie  égyptienne. 

Inscription  trouvée  à  ApoUo,  dans  l'ile  de  Cypre  ;  Le  Bas  et  N\'ad- 
diugton.  Inscr.  de  l'Asie  n°  2809. 

lîaTiXîa  riTû>£^aLOv,  (-»£Ôv  E'jiraTopa. 

Tov  èYBaoi).£(û;  llToÀs[J.3ito'j  xai  Kanû.ianr^t 

KXeorraTpa^,  (-)c(iiv  <In>o^r,T6p<i>v, 

(Le  reste  :\  été  martelé.) 

Cette  inscription  prouve  définitivement  que  le  Ptolémée  Eupator 
mentionné  dans  différents  papyrus,  dans  une  inscription  de  Paphos 
(Corpus  Inscr.  Gr.  2618)  et  dans  les  textes  hiéroglyphiques,  est  bien 
le  fils  de  Ptolémée  VI  Philoniétor  et  de  sa  sœui'  Cléopàtre,  proclamé 
roi  à  la  mort  de  son  père,  et  mis  à  mort  quelques  mois  après  par 
son  oncle  Ptolémée  VII  l'hyscon.  Telle  etaitl'opinion  do  Châmpollion. 
Mais  les  derniers  autem's,  qui  ont  traité  cette  question  fort  conti'o- 


151 

à  déterminer  (1).  Mais  nous  nous  sommes  aperçu  tr<.ip  tard 
que  nous  avions  eu  le  plus  grand  tort  de  prendre,  pour  point  de 
départ,  le  système  des  dates  avant  Jésus-Christ.  Cette  méthode, 
est  radicalement  détestable  ;  elle  est  une  source  de  calculs  et  de 
tâtonnements,  dont  la  pratique  conduit  fatalement  à  des  écarts 
qui  varient  généralement  d'une  année  avec  tel  ou  tel  auteur, 
suivant  le  chronologiste  ijui  dirige  le  lecteur.  Cette  première 
année,  dite  de  J.-C,  ne  dura  en  fait  ciue  sept  jours  :  elle  prend 
comme  point  de  départ  le  25  décembre  de  l'an  753  de  Rome  et 
finit  le  l"  janvier  754.  Les  astronomes  font  preuve  d'intelli- 
gence en  ne  comptant  cette  première  année  que  comme  un 
zéro. 

Lorsque  nous  avons  accepté  la  tache  de  décrire  toutes  les 
monnaies  de  cette  importante  collection,  nous  avions  l'inten- 
tion bien  arrêtée  de  placer  des  annotations  à  la  suite  des 
monnaies  impériales  qui  auraient  pu  nous   offrir    un  intérêt 


versée,  ont  été  d'un  autre  avis  et  oni  proposé  différentes  explica- 
tions, qui  devront  être  abamlounees  désormais.  Il  reste  acquis  à  la 
science  qu'Eupator.  le  jeune  fils  de  Philométor,  régna  réellement 
pendant  quelques  mois  en  Egypte  et  à  Chjpre,  sous  la  tutelle  do  sa 
mère  Cléopâtre  ,  et  qu'il  doit  prendre  rang  dans  la  listes  des  souve- 
rains Lagides  comme  Ptolémée  VIII  Eupator.  Il  existe  quelques  rares 
médailles  d'uu  Ptolerace  incertain,  avec  la  date  L  A.  qui  dtàveut  lui 
appartenir.  Toute  la  question  a  été  discutée  et  tOuS  les  documents 
ijui  s'y  rapi  orient  ont  été  examinés  par  Franz  (Corp.  Inscr.  Gr.  t.  III, 
p.  285)  et  par  M.  Bonnet  de  Presle  (Notices  et  Extraits  des  manvs- 
rrits,  t.  XXIII,  2   partie,  p.  153). 

6"  C'est  également  par  erreur  que  nuus  avons  mis  le  mot  gravée, 
au  n"  285.  C'est  la  pièce  décrite  au  n'^  254  qui  est  figurée  planche  ^  1. 

(1)  Dans  un  travail  remarquable  inséré  dans  le  n"  de  janvier  1808 
de  la  Revue  Archéologique, U.  .\.-J.-H,\'inceut.  de  l'Institut,  trouve 
qu'il  est  extraordinairement  difficile  d'arriver  à  des  dates  précises 
pour  la  chronologie  des  Lagides.  Il  démontre  que  sous  Evergète  l"'. 
en  l'année  263  avant  notre  ère,  le  premier  dios,  commencement 
do  l'année,  coïncidait  avec  le  29  janvier.  Sous  Epiphaue,  43  ans  plus 
tard  ,  ce  premier  dios  tombait  le  28  octobre.  Et  encore  40  ans  après 
suus  Philométor,  ce  premier  dios  se  trouvait  être  le  dernier  jour  du 
mois  de  mai.  Nous  regrettons  encore  ici  de  n'avoir  pas  connu  plus  tôt 
cette  excellente  publication;  elh-  nous  eut  rendu  de  grands  seivices 
pour  les  dates  dos  sept  premiers  Ptok'uiues. 


ie2 

comme  types  historiques,  mais  surtout  pour  les  sujets  mytho- 
logiques et  astronomiques;  cette  série  étant  réellement  de.s 
plus  curieuses,  à  raison  des  sujets  qu'elle  fournit,  et  aussi  à 
cause  de  l'intérêt  qui  découle  des  dates  indiscutables  gravées 
sur  chacune  des  pièces  de  cette  si  nombreuse  suite.  On  sait  en 
effet  qu'elle  dépasso,  en  nombre  de  pièces  variées,  tout  ce  qui 
est  sorti  des  trois  ou  quatre  autres  grandes  provinces  ran- 
gées également  sous  le  joug  des  Romains,  et  c'est  avec  re- 
gret que  nous  nous  voyons  forcé  d'abandonner  ces  annotations. 
Le  programme  que  nous  nous  étions  imposé  pour  la  première 
partie  s'est  déjà  trop  considérablement  ainplilié  ;  nous  quittons, 
certes  avec  peine,  un  domaine  si  curieux  à  explorer,  et  nous 
devons  nous  borner  à  publier  dans  cette  seconde  partie  une 
liste  aussi  exacte  que  possible  des  préfets  de  l'Egypte  réduite  en 
province  romaine  ;  nous  aurons  soin  de  placer  ces  magistrats 
à  lit  suite  des  noms  de  leurs  Empereurs  toutes  les  fuis  que 
nous  aurons  des  dates  précises  sur  les  époques  où  ils  furent 
investis  de  la  puissance  souveraine  que  l'empereur  leur  délé- 
guait dans  le  gouvernement  do  ce  riche  pays,  que  les  Césars 
considéraient  avec  raison  comme  une  des  plus  précieuses  pro- 
vinces de  leurs  immenses  domaines. 


l'I..  XII 


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TABLE  DES  MONOGRAMiMES 


LES  NUMEEOS  CORRESPONDANTS 


1  No  3. 
S  -  5. 

3  —  7—135. 

4  _  12—13  -389. 

5  _  17  —  m    -  144  —   14G. 
G  —   19—  121. 

7  —  l'O. 

8  —  S5  —  2(3  —  32  —  122  — 
182. 

8  bis  —  25. 

»   —  27  à  30  —  50  à  01. 
«O  —  28. 

11  —  31  —  35  —  68  —  69  —  75 

—  102  —    120  —  129  —  2Û9 

—  207  —  268  —  324  —  349 

—  350—510  —  533. 

12  _  33  _  70  _  100  —  108. 
i'i   bis  —  100  bis. 

13  —   34   —   47   —    58  à  01  — 
127  —  130  —  131  —  389. 

14  —  40    —    119  —  173  bis  — 
394. 

15  —   18  —  41. 

10  —  21  —  42  —  76  —  101  — 

—  134  —390. 
lî  —  44. 

18  —   45. 

19  —  4  —  46  —  70   —  143  — 
385  —  386. 

20  —  51. 


21 


23 
2  1 


20 
2-î 
28 
2!» 
30 
31 
32 
33 
31 

3.-; 

3G 
37 
38 
3» 
-10 
41 

42 
43 
4  1 

43 


—  65  —  67  —  GS  —  70  — 
104—  168. 

bis  —  66. 

—  05—73  —  114. 

—  67. 

—  94  —  95  —  136  à  154  — 
198  —  215  — 3S4. 

—  96. 

—  97  —  172  à  180. 

—  105  —  113  —  205  —  488. 

—  105  —  169—  IC'i  bis. 

—  109—  118  -  150. 

—  110  —  172. 

—  112. 

—  115  —  237  —489. 

—  116. 
--   133. 

—  123. 

—  258. 

—  164. 

—  139. 

—  146  a  151. 

—  I.j5   —    157  —  160  —  161 

—  166. 

—  169. 

—  169  bis. 

—  172  —  173  —  174   à    178 

—  ISO. 

—  ISl. 

\i 


154 

10  - 

-  m. 

n   - 

-   181. 

48  - 

-  182. 

19  - 

-  199. 

KO  - 

-  501. 

r.i  - 

-  214. 

5«  - 

-  221. 

r.3  - 

-  231. 

r,î  - 

-  245 

IIAK  ou  KAlUt  non 


TA. 


55 

—  391  à  393  —  449  à  454 — 

464  —  479  —  481  —  488  — 

493. 

o6 

—  93  -  399. 

S? 

—  29  —  93. 

»8 

-  107  —  145  —  147  —  151. 

,%n 

-  142, 

«0 

—  109  bis. 

91 

—   358  —  508. 

ca 

—  509. 

TABLE  DES  VILLES 

ou  LE     MONNAIES  DES  LAGIDES  ONT  PU  ÊTRE  FRAPPÉES 


Alexandrie  ?  N'»  10  —  04  —  71  à  78  —  9'.)  —  103  —  104  —  184  à 
194  —  20-2  —  203  —  206  —  210  —  21 1  —  212  —  216  à  219  — 
223  —  220  il  230  -  232  —  233  —  237  à  241  —  259  A  200  —  270 
à  273-  2?Û  —  281  —283  à  285  —  317  à  323  -  325  à  333  -  341 
;-i  340  —  351  à  303  —  370  à  384  —  395  à  398  —  399  bis  à  401 

—  437  à  442  —  40(5  à  475  —  482  à  487  —  490  à  492  —  405  à 
507  —  514  à  510  —  517  A  532  —  536  à  538. 

Aniiorlio  de  Syrie,  445. 

Aradiis.  448. 

Arsinoé  ?  205. 

Beryte,  444. 

Cliaracmoba?  21  —  34  —  42  —  lOl  —  131  —  390. 

Cliyiirc  '?  93  —  207  —  399  —  418  à  430. 

Clysma?  47. 

Citiiini,  195  —  190  —  235  —  230  —  289  —  290  —  292  -  294  — 

i'95  —  302  —  307  —  308  —  315. 
Cyrênaïque?  1 1  _  83  —  91  —  391  à  393  —  447  —  449  à  454  - 

404  —  479  —  4SI  —  488  —  493. 
Damas?  33  —  79  —  100  —  100  bis  —  108  —  221  —  242. 
Diosi.olîs,2  —  8  —    208  bis  —  213  —  257  bis  388   —  455  à  400 

—  511—  512. 
Ephése  ?  222. 

Evespéris,  G  —  9  —  134  —  135  —  387. 

Gaza?  05  —  104. 

Ilvraeléoiiolis,  4  —  14  —  22—23  —  40  —  3S5. 

Uypalon?  l'J  _  40  —  394. 

.lopiiê  ?  165  à  108. 

Magdoliim??  27  à  30  —  50  à  61  —  389. 

Miiet?  17. 

Myos-lloruio.s?  109. 

Pauopolis  00  à  70  -  102  —  200  —  208—209  —  253  —  250  — 
258  —  207  —  268  —  278  —  282  —  299  —  303  —  309  —  310  — 
312  —  314  —  310  —  324  —  334  à  340  -  349  —  350  —  364  à 
375  —  401  3  417  —  510  —  530. 


15(5 

Paphos,  197  —  296  —  347  —  34B. 

Paraetoniuni,  2o  —  26  —  3?  —  182. 

Fatras,  443. 

riiacusa?  15  _  80  —  08  —  128  à  130. 

Philadolpliie  ?  181. 

Ptolêniaïs,  00    —    97  —  105  —  105  à  180  —   201  —  204  —  233 

bis  à  234  bis  —  248  à  251  —  254  —  255  -  279  —  287. 
Rliinocorura  î  35 —    111  à    l27. 
Sais?  24  —  199  —304  à  SOU  —  313. 
Salaniine,  224  —  225  —  252  —  288—  201  —  293  —  297  —  300 

.301  —  305  —  311. 
Sidon,  lOC  —  107  —  132  —  155  —  163  —  214  —  244. 
Stratouos  -~  Pjrgos?  31. 
Tjr.  94-  -  95  —  136  —  138  -  139  à  154  —  198  —  215. 


TABLE  CHRONOLOGIQUE 


Nous  avons  mis  eu  petites  capitales,  les  noms  des  Satra|iC3  et  des 
Rois  auxquels  on  peut  actuellement  attribuer  dos  mouna'es.  Ceux 
pour  losiiuels  nous  n'avons  pas  mentionné  le  renvoi  aux  pages 
du  texte,  manijuent  à  la  collection. 


Années  av.  J.-C. 

Vers  525 
323 

323  à  316 

315à311 

316  à  306 

323  à  306 


305  à  283 


285  à  283 

283  à  247 
242  à  222 


Anoées  av.  J.-C. 


222  à  205 


205àl81 


AnvANnÈs,  Satrape  d'Egypte. 
Alexandre  le  Grand. 

Philippe  Aride'e,  et   le  jeune  Alexandre. 

Alexandre  .Vegls 

Interrègne 

Ptolémée  (gouverneur  d'Egypte) .    . 

Rois  de  la  djnastie^des  Lngidcs. 


Ptolémée  1,  Soi  ER 

PtoLÉ.MÉE    SoTER    ET    BÉ- 
RÉNICE l'"  ?      . 
Bérénice  1  ^"^  (2"  femme 
de    Soter) 

Ptolémée  i,  Soter  et  Ptolémée  II  Piii- 

L\DELI>I1E    .... 


Ptolémée  ii,  Piiilahelpue 

Arsinoé    I"?  (2°   femme 
de  Philadelplie) .      ... 
Arsinoé  m  (3'  idem).. 
Soter  i,  Bérénice  1",  Philadelpiie  et 

Absinué  II.      ... 
Ptolémée  III,  Evebgète  1". 

BÉRÉNICE  II  (safemmei.. 
Ptolémée    m  et   Béré- 
nice II  ? 

Ptolémée  iv,  Phh.opvtor 

Arsinoé  III  (1''''  femme  de 
Pbilopator). 

PlIlLOPATOR    ET    SoSIBllS. 


282  à 
277  à 


49 


Ptolémée  v,  Epipiiane 

Cle'opàtre  l"  (sa  femme). 
Agathoclès ,    Sosibius    et 

Tlépolème,  régents.     .     204  à  202 
Aristoraène  re'gent.      .      .     202  à  196 


G 

y 

10 


11 

21 
22 

18 
23 

40 
45 

50 
52 

54 

56 
57 

62 
60 

63 


158 

Aiintes  a».  J.-l'.  innées  av.    J.-B. 

181  à  146  PtOLEMÉE  VI,  PlIILOMÉTOR 66 

Cléopathe    1'''   (sa    mère) 

Héi^onte 181  à  173         68 

JM.VRCL'S  Ae.milii'5  Lemdls 

tuteur 173         71 

El'LAEUS  et   Linn;eus   ré- 
gents  173  à  171         72 

Antiouhus  iv  (Roi  de  Sy- 
rie).  171  à  107         73 

Ptolé.mée  vii,EvERr.ÈTEii.     17Uàl61        75 

Ptoleraée    VI     et     Ptolë- 

mée  VII liîG  à  103 

PtOLÉMÉE       \I      l'iJILOMÉ- 

TOR  seul.      ■.      .      .      .      103  à  145         74 

rie'opàtre    n    (femme    ■!& 
Pliilometor). 

146,  6  mois    Ptolé.mée  viii,  Kipator   et    Cléopa- 

iRE  II  (sa  mère).  (I).      .  .      .       84 

140  A  117        Ptolé.mée  VII,  EvEnr.icTE  II  Phvscon 75 

l"   jiiirlie  de  son  îvv/iîf, 

seul.  '  140  à  130         78 

'■l' partie, son  rctovrd'eyil.     127  à  117         82 
Cleopàtre    il    (2"     femme 

d'Evergète). 
Cléopâtre    m    (3"   femme 
idem. 

130  à  127         Cl&pàtre  II   et   Ptoléme'e   IX?   Memphi- 

te?  (2) 84 

117  à  81  PtOLÉMÉE   X,   SûTER  II,   PlIILOMÉTOR 86 

Cléopâtre      IV  ,       Séle'iié 
(2-  femme  do  Soter  ii).. 


(1)  A'oir  à  la  page  149  l'article  5  de  la  note,  le  passage  concernant  ce 
Ptolémée.  Cette  note  rectifie  également  les  numéros  d'ordre  des  rois 
PtoUmée  VI  Philométor  et  Ptolémée  VII  Evergete  II. 

(2)  Nous  avons  laissé  entrevoir  page  ^4,  que  Cléopdtre  II,  avait  du  faire 
frapper  les  monnaies  n'^  321  à  333,  au  moment  où  el'e  se  laissait  ac- 
clamer par  le  jieuple  d'.\lexan.irie,  qui  venait  de  chasser  Evergête  II  ; 
elle  espérait  alors  laisser  la  couronne  au  fils  qu'elle  avait  eu  de  cet 
Evergote.  Un  nouvel  examen  des  pièces  nous  a  démontré  q'uelles  de- 
vraient au  contraire  être  attribuées  â  cette  même  Reine,  mais  avec 
Ptolémée  VIII,  Eupator,  surtout  celle  avec  le  nom  de  Cléopùtre  ,  il  n'y 
aurait  cependant  aucune  impossibilité  que  cette  reine  eût  fait  frapper 
des  pièces  au  m'mie  type,  la  second;  fois  qu'elle  obtint  le  pouvoir  suprême; 
seulement  aucun  acte  k  notre  connaissance,  du  moins,  ne  mentionne" que 
Ptolémée  Memiihite  ait  été  reconnu  Ro',  aussi  aurions-nous  du  peut-être 
éviter  de  donner  un  clnfl're  d'ordre  dans  la  série  chronologique  des 
I.agides. 


159 

Année!  av.  J.-C.                                                                                             Aniifes  av.  J.-C. 
117  à  107  CLÉOPATriE  III  ET  SOTER  II ^^ 

Ptollmée    \i,  Alexandre  1",    Roi   de 

Chypre 113  à  107         ;^8 

107  à88          Ptole.mee    xi,  Alexandre  1"  Roi  d'E- 
gypte  <"il 

ClfOpàtre  1  (sa  femme) 

107îl80          CLÉorATRE  m,  etPtolémée  ix,  Alexan- 
dre 1" 92 

89  à  88  Cluopâti-e  v.  (fille  de  Soter  II). 

Ptolemée    X,   SoTER    II    (2,.    partie     du 

règne 88  à  81 

81  6  mois         Clkopatre  v,  ifiUe  de  Soter  ii,  2''  partie 

du  règne 98 

Cli:oi>atre  v?et  Alexan- 
dre II? 81  19jours      104 

81  19  jours      Ptolemée  xii,  Alexandre  ii  ?.  ...    81         id.        106 

81  à  52  Ptolemée  XIII,  AiLÈTE 109 

l'-  partie  du  règue.      .     81  à  58  109 

2'  partie  id.,  son  retour 

d'exil 55  à  52  112 

Ck-opàtre  ou  Bcrènice  (sa 

fenuue) . 

58  à  57  Chopâti-c  VI,  et  Béréuice  d'Aulète  . 

57  à  5.")  Bérénice  m  ou  iv  seule 

Ptolemée,  krère  cadet 
d".\ELÉTK,  lande  Ch'i  ■ 
prc ;     81  à  58  115 

51  à  47  Ptoleme  XIV,  DioNYSis "^ 

PtoU'iiKO  xiv  et  Clco- 
pâtre  VII.       .      .      .         52  à  59 

i)l  à  30  ClÉOPATRE  vil,  PlIlLOP.VTOR .121 

Cle'opâtre  et  Jules  Céîar.  47 
C'I.'opàtre  et  Ptolemée  xv  47  à  44 
Ck'opàtrc  et  son  fils  Pto- 
lemée XVI  Césarion.      .  44  à  30 

ClÉOPATRE    VII    ET    M.VRC 

ANTOfNE 3(ià3ll  133 

.Monnaies   iiiecrluiiics  des  Lagidcs.  136 


Paris.  —  Imp.   .-\..-E.   Rochette,  Ii''  Montparnasse,  73-SO. 


INCOMPLIANCE  WITH  CURRENIT 
COPYRIGHT  LAW 
OCKER&TRAPPINC. 

AND 
INSTITUTEOF  FINE  ARTS 
RODUCED  THIS  REPLACEMENT  VOLUME 
ON  WEYERHAEUSER  COUGAR  OPAQUE  NATURAL  PAPER, 
THAT  MEETS  ANSI/NISO  STANDARDS  Z39.48-1997 
TO  REPLACE  THE  IRREPAFIABLY 
DETERIORATED  ORIGINAL.    2003 


NYUIFALIBRARY     ,    |,.|,,m|,| 

3   1162  03706187  7